Je veux parler du retour de vacances. En ce qui me concerne, il s’agit d’un retour statique, puisque je ne suis pas parti. Mais, habitant une ville de vacances, je participe à la transhumance estivale sans me déplacer.
Quand les vacanciers quittent ma ville, quand les établissements qui les reçoivent se vident, j’ai l’impression moi aussi de partir, de faire ma « rentrée ». C’est un peu comme à la gare, quand le train du quai voisin démarre, nul n’échappe, tout en restant sur place, à l’impression que c’est son propre train qui part.
Cette rentrée 2012 est pénible, ça ne va pas. C’est vrai, les socialistes ne sont pas ma tasse de thé, mais la droite non plus, alors…
Bien sûr, la certitude que le libéralisme, tel que je le souhaite, n’est pas pour demain, ni pour après-demain, ne me porte pas à la joie.
Pas plus que les annonces d’impôts terrifiants à venir. Encore moins la traque des riches sur le point de devenir un sport national. Et pourtant, je ne suis pas riche, ne paie pas beaucoup d’impôts, si j’exclus les sur-impôts indus que me réclament les « fous de Bercy ».
L’avalanche de blogs racistes qui forcent mon adresse mail ne m’apporte aucune satisfaction.
Chaque déclaration socialiste m’effondre, différemment de ce que produisait en moi les déclarations de la droite. Ces dernières me mettaient dans une colère noire, celles des socialistes me désespèrent. Probablement l’exact envers de la réaction d’un socialiste. J’en arrive à me demander si je préfère la colère ou le désespoir.
En clair, c’est le bordel et sans espoir.
Partir, oui, mais où et comment ?
Rester et résister, mais à quoi ? A la connerie ambiante ?
Je vous le dis, ça ne va pas. Sale rentrée.
C’est dans cet état d’esprit que, hier, je réfléchissais au « progrès ».
Cela tenait au fait que l’on nous bassine, jour après jour, sur les dangers du progrès, sur les épouvantables nuisances qu’il serait en mesure de nous causer, ou qu’il nous aurait déjà causées. Alors je me suis dit : mais le progrès, c’est quoi ?
J’ai pris mon Larousse préféré, et là, surprise, ce n’est pas grand-chose le progrès : « …développement des connaissances, changement graduel par amélioration ou aggravation… » Tout ça pour ça ?
J’aurais à vous proposer une autre définition, plus personnelle, donc peut-être fausse où probablement critiquable, mais qui me convient mieux : « c’est dépasser les limites connues ».Cette aspiration me parait tellement, strictement, humaine.
S’il en fallait une preuve, j’irais la chercher dans l’extraordinaire livre de Richard Bach« Jonathan Livingston le goéland ». Cette recherche des limites, puis ce souhait irrépressible de les dépasser, c’est l’originalité de l’homme, sa différence fondamentale avec l’animal. C’est ce qui l’a fait passer du dessin rupestre à l’email.
Le progrès est-il bon ou mauvais ? La question est idiote, le progrès est, un point c’est tout. Sa traduction en bien ou en mal ne dépend pas de lui, mais de la perception que l’on en a, qui elle-même dépend de l’angle de vision de l’observateur.
Vous l’aurez compris, tous les anti-progrès me gonflent. Tout ces gens qui ne pensent que retour à la case départ, enfin, une case départ dont bien des hommes aimeraient qu’elle soit leur case arrivée. En fait tous ces « restons en là », « c’était tellement mieux avant » me compriment les tempes, me donnent mal à la tête, m’enferment.
Je veux repousser les limites, toutes, y compris celle de la richesse, de la fête, du travail, de la connaissance, de la géographie, du monde connu et habité, etc…
Hélas, chaque jour un peu plus, je suis obligé de subir le dépassement des limites de la seule bêtise. Pour le reste, ceinture. C’est sans doute cela qui me gâche la rentrée.
J’espère que pour vous c’est mieux.
Bonne rentrée, bien cordialement. H. Dumas