Les manipulations écologiques du gouvernement

Comment rendre compétitif un produit normalement invendable ?

Nous avons deux exemples typiques et qui sont, juste par hasard, en rapport avec la « vision écologique du gouvernement » :

– la voiture électrique,

– les éoliennes.

Les dernières statistiques disponibles pour janvier montrent une évolution significative du marché de l’auto.

Le marché a globalement chuté de 13.4% en janvier par rapport à janvier 2019 alors que les immatriculations de véhicules électriques ont bondi en janvier et représentent désormais 8,2% de l’ensemble des nouvelles immatriculations (10.952 voitures), contre seulement 2% en janvier 2019. La Renault Zoé est même 3ème avec 5.000 véhicules vendus derrière la Peugeot 208 et la Renault Clio. La part de marché des véhicules hybrides rechargeables est passée en un an de 0,7% à 2,8% (3.734 immatriculations en janvier 2020).

Le marché de la voiture électrique serait-il en train de décoller … enfin ; apportant une confirmation éclatante aux déclarations du ministère de la ville qui vient d’affirmer : « La question écologique est au cœur des préoccupations des Français, mais 80% des émissions de CO2 viennent de la Ville » ?

En fait, ces statistiques sont trompeuses et l’adage selon lequel « au royaume des aveugles les borgnes sont rois » trouve ici sa plus parfaite application.

Que se passe-t-il ?

Après une forte augmentation des ventes en décembre (+27%) liée à un phénomène d’anticipation d’achat de voitures qui allaient être fortement « malussées » au 1er janvier, nous assistons surtout à un effondrement des ventes de véhicules thermiques neufs.

Cet effondrement est évidemment en rapport avec la forte augmentation de la désormais fameuse taxe carbone dont le coût devient complètement délirant avec des variations énormes et quasi inexplicables pour un même véhicule ! Le malus peut désormais monter jusqu’à 20.000 € et des marques comme Mercedes (-50%) et BMW (-17%) enregistrent des reculs très importants ; ce qui n’a rien d’étonnant quand on apprend qu’un simple Dacia Duster 1.3 essence à 18.500 € se retrouve devoir supporter un malus de 1.276€ contre 540€ en 2019 !

Par ailleurs, les constructeurs se sont aussi livrés à des manipulations du marché en reculant certaines immatriculations sur 2020, notamment de voitures électriques, pour éviter des amendes fiscales pour dépassement des quotas de CO2 (qui entrent en application en 2020).

Le meilleur rapport qualité/prix ?

La question qui vient à l’esprit est évidemment : ne serions-nous pas en présence d’un marché complètement manipulé à travers la fiscalité mais aussi les interdictions de circuler en ville, la politique de bobos anti voiture notamment à Paris (fermer des places de parking n’augmentera pas les capacités des transports en commun déjà saturés) et à Grenoble ?

On peut effectivement le penser car, à bien y regarder, le marché de la voiture électrique n’existe que par la grâce d’une décision politique qui cherche à tout prix à l’imposer.

Or, il faut aussi être conscient que cette manipulation du marché est très rarement à l’avantage du consommateur car elle créé de faux prix puisque le consommateur n’a plus la démarche d’acheter le produit présentant le meilleur rapport qualité/prix !

Cette situation est tout à fait comparable à celle des éoliennes dont on sait qu’elles n’existent que parce qu’elles sont subventionnées au niveau du rachat du prix de l’électricité (par le biais de la CSPE sur votre facture d’électricité) et que, si on arrête les subventions, le marché éolien s’écroule tout seul car qui serait assez idiot pour acheter une électricité quatre fois plus chère que celle provenant des centrales nucléaires ?

A n’en pas douter, l’arrêt des subventions aurait le même effet sur le marché de la voiture électrique ; surtout que les constructeurs eux-mêmes ne sont pas du tout convaincus par sa viabilité et sa rentabilité. Ils n’en produisent que parce qu’on leur impose d’en fabriquer. D’ailleurs, qui serait assez fou pour acheter une voiture qui coûte trois fois plus cher tout en ne possédant qu’à peine la moitié de l’autonomie d’une voiture à moteur diesel récente ?

Le seul avantage la voiture électrique se situe dans le fait que, dans les embouteillages, elle ne consomme pas.

On se situe donc, tant pour la voiture électrique que pour les éoliennes, dans des marchés artificiels qui n’ont pas plus de consistance que les paradis artificiels. Ils n’existent que parce qu’il y a une volonté « politique » (ou plutôt idéologique) de les imposer au travers un discours officiel faisant largement la place à la propagande et à une fiscalité ultra favorable !

Pour l’éolienne : on la présente comme verte, rentable et efficace ce qu’elle n’est pas puisqu’elle est aléatoire avec un taux de charge au mieux de 20% (c’est à dire que 80% du temps elle ne produit rien). On force à la fermeture des centrales nucléaires amorties et rentables en invoquant une transition énergétique verte alors que les éoliennes sont tout sauf vertes (ce sont surtout des milliers de tonnes de béton et d’acier).

Pour la voiture électrique : On taxe à mort le véhicule thermique, on manie l’argument massue et culpabilisant de la pollution (vous n’avez pas honte de tuer des bébés avec vos sales diesels ?) et le pire c’est que l’orientation idéologique en faveur de la voiture électrique n’est même pas justifiée scientifiquement puisque l’on sait qu’elle pollue beaucoup plus en amont et en aval de son usage et que le critère de la fiscalité de la quantité d’émission de CO2 n’est même pas pertinent puisque ce gaz n’est ni un polluant ni même un gaz à fort effet de serre.

Tout compte fait, la voiture électrique est un mauvais produit cher, lourd (au moins 500 kg de batteries) et invendable s’il n’est pas fortement subventionné et d’ailleurs, il y a 20 ans tous les essais de lancement avaient échoué ! Cela n’empêche pas le gouvernement britannique de prévoir l’interdiction de la vente de voitures autres qu’électriques à compter de 2035 ce qui prouve que cette vision idéologique n’est pas que française !

On peut alors comprendre que Tesla profite de cette politique notamment en ce qui concerne sa valorisation boursière qui progresse dans des proportions absolument ahurissantes et ses partisans nous vanteront les qualités des Tesla qui effectivement semblent être ce qu’il y a de mieux sur le marché ; mais avec le problème d’un cout rédhibitoire. La « petite » Model 3 commence à 60.000€ ce qui ne la rend accessible qu’aux seuls bobos ; et d’ailleurs Tesla est en passe de devenir un produit geek et branché dans le cadre d’une démarche identique aux produits Apple, avec ses fans inconditionnels malgré une qualité d’assemblage souvent approximative !

Néanmoins, le propre d’un marché complètement manipulé par des fonctionnaires et des politiciens c’est qu’il ne dure que jusqu’au moment où la politique change (voir le diesel) et c’est alors la catastrophe !

L’Etat est un grand manipulateur.

On sait que la voiture a toujours été la « poule aux œufs d’or fiscale » de l’Etat qui a pu accumuler les taxes sans qu’il y ait jusqu’ici retournement du marché … jusqu’au jour où l’effet Laffer entre en jeu ; c’est à dire que la taxe jugée excessive finit par tuer le marché et provoque une diminution des rentrées fiscales !

En effet, l’impôt, surtout lorsqu’il est assis sur la consommation, a une double caractéristique qui rend son usage délicat :

– c’est une dépense nette, sans contrepartie, qui ampute le pouvoir d’achat, et il peut être mal accepté surtout s’il est apparent ou trop apparent,

– au-delà d’un certain seuil, il est dissuasif mais pas nécessairement dans le sens escompté. Le consommateur refuse de le payer et n’achète pas le produit taxé !

La stratégie de l’Etat est alors de déterminer le niveau de ce seuil et l’avenir nous dira si l’Etat fonctionnaire n’a pas été trop loin dans sa mise en œuvre d’un impôt qui n’est que punitif.

Visiblement, le gouvernement a décidé de passer à la vitesse supérieure avec le nouveau malus ; et surtaxer un produit indispensable est évidemment une solution de facilité devant laquelle l’Etat fonctionnaire n’a jamais reculé.

Or, à bien y regarder, cette « stratégie » est à l’opposé de ce qu’il faudrait faire !

La logique voudrait que l’on favorise la mobilité et que l’on fasse des voitures légères et aérodynamiques. On fait l’inverse en poussant à l’achat de coûteux monstres de deux tonnes qui ne sont ni économiques ni écologiques et on pénalise une partie importante de la population pour qui la voiture est un instrument indispensable de déplacement parce qu’il n’y a aucune alternative.

On me fera observer que c’est l’union européenne qui a mis en place, depuis le début de l’année, l’obligation de respecter un plafond de 95 grammes par kilomètre en moyenne sur l’ensemble de leur gamme, sous peine de fortes amendes pour les constructeurs.

Seulement, ces contraintes visent les constructeurs eux-mêmes et non les consommateurs et l’impôt à 20.000€ est bien une « création purement française ». Le présenter, en outre, comme écologique est un abus de langage digne de la Novlangue Orwellienne alors qu’il s’agit juste d’une amende sanctionnant le délit d’achat (même si on ne l’appelle pas comme cela) d’un véhicule considéré comme polluant !

Or, par son coté complètement excessif, il va tuer le marché des voitures d’une taille supérieure à la Renault Clio alors qu’il ne faut pas oublier que, derrière le massacre fiscal, il y a les emplois de toute la filière automobile et que les constructeurs n’hésiteront pas à se délocaliser si les difficultés s’avèrent trop insurmontables ; ce dont E Macron et son inénarrable ministre, Bruno Le Maire, ne semblent même pas avoir conscience puisqu’ils veulent désormais se lancer dans le « pacte productif vert ».

Leur objectif officiel est de pousser à une production industrielle sans émission de CO2 tout en parvenant au plein emploi alors qu’on peut être absolument sûr que cela aboutira au résultat exactement inverse par le biais d’une atteinte à la liberté d’entreprise et du fait  de contraintes réglementaires inutiles mais aux effets délétères !

Autrement dit, l’Etat fonctionnaire, par pure idéologie, fait n’importe quoi …

Cela est désormais une habitude mais les français, logiquement, s’y adaptent !

Les gilets jaunes se sont révoltés contre l’augmentation du prix du carburant parce qu’elle entrainait une forte augmentation de la dépense quotidienne. Le mois dernier, le consommateur vient de réagir à cette envolée fiscale en plébiscitant la voiture (diesel) d’occasion dont le marché vient de connaître une forte progression ; mettant clairement en échec la stratégie fiscale du gouvernement !

Reste à savoir comment va réagir ce dernier face à cette nouvelle attitude qui ressemble bien à une forme de résistance fiscale … si celle-ci se confirme pour les mois prochains !

Bien cordialement à tous !

Licence de publication : La reproduction de cet article n’est autorisée qu’à la condition de le reprendre en totalité, d’en rappeler l’auteur et le site originel de publication.

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

3 réflexions sur « Les manipulations écologiques du gouvernement »

  1. Le Séhodeu, le Séhodeu, il y a un truc auquel ils n’ont pas encore pensé : faire payer la taxe carbone aux incinérés, parce qu’un four crématoire ça pollue grave mon bon Monsieur, ça en fait du mazout et du gaz de ville gaspillés inutilement alors qu’il existe une solution parfaitement bio : le ver de terre. Et oui 167000 incinérations par an sur 540000 décès en France et pas une foutue de taxe carbone dessus, il faut dire que derrière chaque mauvaise idée, derrière la supercherie du CO2 et l’incinération on retrouve toujours les mêmes : ces couillons de frères trois points.

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