On sait que la France est un pays adepte de l’étatisme et c’est d’ailleurs le plus étatique de tous les états européens. Les français, en général, aiment l’Etat car il est censé répondre à tous leurs besoins et, bien souvent, ils en appellent à lui à chaque fois qu’il y a un problème car, dans l’esprit de la population, il a « LA » solution.
En gros, la maxime française n’est plus « liberté, égalité, fraternité » mais « L’Etat s’occupe de tout » …
Seulement, ce n’est pas sans quelques effets pas toujours favorables car le fonctionnement de l’Etat obéit à des spécificités bien particulières pas toujours positives.
Pour commencer, l’Etat, réputé si bienveillant, ne fonctionne pas selon des règles de droit commun ; notamment parce qu’il dispose de la « puissance publique » ; c’est à dire du droit exorbitant de contraindre ses citoyens administrés, de manière quasi infinie, sans lui-même en subir les conséquences car le droit qui lui applicable n’est pas celui du citoyen ordinaire.
Cela lui permet de compenser ses insuffisances et ses erreurs par la possibilité d’user et d’abuser d’un pouvoir régalien de modification des règles du jeu mais aussi d’extorsion, et il faut bien le dire de prédation, sans jamais remettre en cause son fonctionnement ; ce que l’on peut résumer par l’adage « il n’y a aucun problème qui ne saurait être réglé par un nouvel impôt » !
Du fait de cette puissance dite « exorbitante », il accepte mal la concurrence d’un secteur privé souvent plus efficient ; et, lorsqu’il se mêle d’activités purement économiques, il a une tendance inéluctable à mettre en place un système fait de monopoles, sans considération de couts, avec des effets collatéraux bien connus (la SNCF et ses dettes colossales et ses grèves incessantes, EDF et la RATP).
En fait, déconnecté du système économique dont il ne dépend pas puisque ses ressources sont constituées par les impôts qu’il fixe, l’Etat fonctionne sans considération de couts en raisonnant de manière binaire en termes d’entrées et de sorties fiscales !
Les hommes de l’Etat ne conçoivent le fonctionnement de l’économie que dans un cadre administré, à la soviétique, c’est à dire contrôlée, surveillée, règlementée, punie, sans aucune notion de cout et de rendement ou de compétitivité et fausser le marché et la libre concurrence est une pratique habituelle ; même si c’est sous couvert de considérations sociales ou de prétendue protection de français qui n’ont rien demandé.
Ils n’hésitent pas, non plus, lorsque leur action n’atteint pas le but poursuivi, à fausser les règles du jeu ou tout simplement à manipuler le marché ; d’où une instabilité législative, règlementaire et fiscale car, dans leur esprit, c’est en modifiant ou en augmentant les règles et les contraintes qu’on va corriger les erreurs du passé !
Cela les amène à agir avec une vision exclusivement politique sur des secteurs de l’économie sans avoir aucune notion ni technologique ni économique notamment par le biais de plantureuses subventions. Nous en avons des exemples flagrants avec les éoliennes qui sont incapables de fournir un courant stable ou encore avec l’hydrogène que l’Etat subventionne sans réserve en espérant qu’on pourra l’utiliser comme source d’énergie … au mépris des lois de la physique !
Ces considérations politiques, voire purement électoralistes, perturbent nécessairement le processus de décision et aboutissent à ne pas toujours prendre la meilleure décision et bien souvent la plus mauvaise ce qui n’est pas si grave puisque les erreurs de gestion, les abus et les dépenses inutiles, très nombreuses, sont rarement sanctionnés.
Fatalement, faute d’un contrôle efficace des dépenses et des couts, l’Etat est toujours en manque chronique de moyens et d’argent alors que la dépense publique représente 56% du PIB … tout en étant incapable de se réformer.
Ce phénomène est aggravé par le fait que les agents de l’Etat obéissent à un pouvoir hiérarchique dont les plus hauts personnages vivent dans une bulle déconnectée des réalités sociales ; notamment parce qu’ils bénéficient de salaires très largement supérieurs à la moyenne française mais aussi de nombreux avantages et privilèges (appartements, voiture de fonction, services gratuits notamment voyages, téléphone …) et à la fin d’une retraite totalement hors du commun tout en exerçant leurs fonctions sans jamais avoir fait la preuve de leur compétence en dehors d’un concours réussi à l’ENA !
Néanmoins, les représentants de l’Etat sont persuadés d’agir pour le bien commun et se pensent irremplaçables alors qu’ils ne produisent rien et vivent de l’argent des autres !
Tout s’est accéléré dans les années 70 lorsque le système administratif a pris le pouvoir pour déborder largement de sa mission initiale de simple exécution et devenir le décideur politique. On ne compte plus les hauts fonctionnaires devenus présidents ou ministres.
Malheureusement, cette caste de hauts fonctionnaires se conduit essentiellement comme un prédateur sur une proie avec ses biais idéologiques anti entreprise, anti libérale, anti riches, fiscaliste à outrance.
Le pire, c’est qu’en contrôlant tous les rouages de l’Etat, le système fonctionne désormais pratiquement sans contrôle ni contre-pouvoir (la Cour des Comptes n’a aucun pouvoir) et seulement par le biais d’un contrôle a posteriori par le Conseil d’Etat et le Conseil Constitutionnel dont on sait qu’ils sont complètement inféodés au pouvoir de l’Etat fonctionnaire parce que leurs membres sont … des fonctionnaires !
Conséquence inéluctable, nous subissons une augmentation constante de la pression administrative et règlementaire avec toujours plus de contraintes et d’interdictions parce que, lorsque le système étatique est devenu dominant et tentaculaire, sans que rien n’intervienne pour le freiner ou le contrôler, il étend son influence sur tous les secteurs du pays.
Et, le pire est que ce système étatique finit par se persuader qu’il a toujours raison et qu’il agit pour le bien commun alors qu’il agit essentiellement pour le bien de ses membres !
En fait, tout pouvoir, confronté à une vérité qui le dérange, commence par l’occulter, puis la nie quand il ne peut pas l’occulter, puis la minimise quand il ne peut plus la nier, puis s’exonère de toute responsabilité quand il ne peut plus la minimiser.
Conséquence de cette conséquence, s’il y a des problèmes, c’est toujours de la faute des autres en particulier des … fraudeurs ou des mauvais français !
Nous en avons un exemple récent avec le gouvernement de F Bayrou qui impute la responsabilité de la situation aux français et n’a évidemment pour solution que de charger un peu plus une barque fiscale déjà surchargée puisque, dans leur esprit, la dépense publique est la seule pour ne pas dire l’ultime solution.
C’est ainsi que le gouvernement actuel étudie la remise en cause de l’abattement de 10% sur les retraites ; abattement qui constitue, selon la terminologie administrative, une « dépense fiscale » intolérable estimée à 5 Mds€ !
Par contre, il n’envisage nullement de réduire ses dépenses notamment celles des 792 agences de l’Etat dont le cout est estimé à 156 Mds€ alors que leur opacité fait qu’elles échappent à tout contrôle bien que l’on sache qu’elles servent à recaser les copains (ex le CESE Conseil Economique Social et Environnemental).
Effet pervers supplémentaire : le système tend à favoriser ses membres et ses affidés c’est à dire les fonctionnaires qui ne cotisent pas à hauteur de leurs revenus (le système de retraite des fonctionnaires est déficitaire de 50 Mds€ par an).
Enfin, les politiciens français sont désormais issus majoritairement de la fonction publique et n’ont donc qu’une vue … de fonctionnaire ; tout comme les syndicalistes dominants qui sont eux-mêmes issus de … la fonction publique
Le système finit par être verrouillé par le biais d’un arrosage judicieux de subventions au profit d’un certain nombre d’organismes susceptibles de porter une voix différente et notamment la presse (radio, télé, papier) la rendant tributaire d’un pouvoir qui lui distribue si généreusement un argent qui n’est pas le sien mais bien celui des contribuables !
Et comme le système fonctionne de plus en plus mal, les représentant de l’Etat utilisent des expédients, tout comme l’URSS en son temps. Parce qu’il ne faut pas se voiler la face : le système mis en place, qui dure depuis 50 ans, atteint désormais ses limites avec une dette publique devenue incontrôlable, un déficit budgétaire supplémentaire et « imprévu » de 50 Mds€ dont on est incapable d’expliquer l’origine tandis qu’aucune mesure n’est prise pour stopper cette dérive qui finira par tous nous emporter !
Il faut être lucide, l’omniprésence du contrôle de l’administration, avec ses contraintes, nuit à la compétitivité économique ; ce qui amène les entreprises à délocaliser pour survivre. Et plus l’Etat règlemente et fiscalise, plus les entreprises délocalisent ; ce qui explique d’une part un secteur industriel très faible et d’autre part une fonction publique très élevée car il faut bien … embaucher les chômeurs !
Car, le fait que la France entretienne une fonction publique surdimensionnée a forcément un cout que l’on retrouve dans les charges sociales et fiscales et cela explique notamment que le cout horaire du travail français soit le plus élevé de l’Union Européenne alors que nous assistons par ailleurs à une smicardisation importante de la population en âge de travailler. (Pour rappel : pour les salaires au smic les charges sociales sont réduites).
Et, face à l’effondrement économique le seul slogan qui a été trouvé, d’une pauvreté intellectuelle absolue, a été : faire payer les riches !
En fait, l’Etat n’est pas la solution, il est le problème !
Bien cordialement à tous !
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