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Le rejet de Emmanuel Macron est de plus en plus marqué dans l’opinion et conduit à s’interroger sur ses chances réelles de réélection en 2022. Le simple fait que le président de la République prononce une longue allocution après 22h le 25 mars a provoqué des milliers de messages hostiles ou sarcastiques sur les réseaux sociaux. Rapproché des signes inquiétants qu’envoient les sondages, la désaffection vis-à-vis du président rappelle le décrochage dans l’opinion qu’avait connu Giscard en mars 1980 à un an du scrutin.
Emmanuel Macron a utilisé la traditionnelle prise de parole d’un président après un Conseil européen pour s’adresser longuement et directement aux Français. Son allocution puis le jeu des questions-réponses ont été en effet retransmises en direct, au même titre qu’une allocution présidentielle programmée. Mais en l’occurrence, cette intervention n’avait pas été annoncée. Et elle a eu lieu à 22h passées.
Il n’en a pas fallu plus pour déclencher des réactions, par milliers, sur les réseaux sociaux. Le ton est souvent très hostile, reprochant au président de troubler la tranquillité d’une fin de soirée à domicile : « Quel est l’intérêt de cette allocution ??? Ça ne pouvait pas attendre demain ? Bonne nuit Macron » tweetait une internaute quelques minutes avant. N’est-il pas normal que l’on veuille écouter le président en période de « pandémie » ? Mais comment peut-il avoir aussi peu de respect des Français que de les déranger à une heure aussi tardive. Et surtout pour ne rien leur dire ? Tel est le ton le plus répandu.
Il est vrai qu’une partie des internautes a préféré le sarcasme : « Ok l’allocution de Macron à 22h30 c’est abusé mais on peut encore craindre le texto « tu dors ? » de Jean Castex sur les coups de minuit ».
Décidément, Macron ressemble de plus en plus à Giscard !
Paradoxalement, les réactions que nous citons disent combien les Français accordent encore du poids à la parole présidentielle. Mais la prise de parole des chefs de l’État successifs a toujours obéi à des règles implicites. L’une d’elles est que le président parle soit dans le cadre d’une conférence de presse – genre institué par le Général de Gaulle – en journée, soit lors d’une allocution tenue vers 20h. Un président français ne s’invite pas chez les gens, on lui ouvre sa porte. Quand Valéry Giscard d’Estaing avait organisé des « dîners chez les Français », cela était mal passé dans l’opinion.
La comparaison avec Giscard n’est pas fortuite. On observe, concernant Emmanuel Macron au printemps 2021 un phénomène qui rappelle furieusement ce qui s’était passé au printemps 1980, à un an de la campagne présidentielle. Des sondages d’intentions de vote montrant de mauvais reports de voix au second tour ; et une désaffection marquée de l’opinion. Tous les commentateurs prédisaient la réélection du président sortant ; mais son conseiller Michel Pinton, analyste perspicace des enquêtes d’opinion, lui avait suggéré de ne pas se représenter. Pourrait-il arriver la même chose à Emmanuel Macron pour qui les sondages montrent qu’il devra faire face à une abstention massive au second tour, s’il se représente en 2022 ?
La France sous cloche depuis un an aura bien entendu en 2022 des réactions imprévisibles. Mais comment ne pas dresser l’oreille quand on entend un tel dialogue entre deux twittos :
– « Finalement c’est pour quand le retour des jours heureux. Quelqu’un a une date ? » demande l’une.
– Et son interlocuteur de répondre : « « Le retour des Jours Heureux » ? Emmanuel Macron l’avait fixé comme un objectif lors d’une allocution. Mais au vu de ce qu’il fait pour y arriver, force est de constater, qu’ils ne commenceront que quand ce ventriloque partira et qu’on n’entendra plus parler de lui ! »
Le plus jeune président de l’histoire de notre pays, issu de l’Inspection des Finances, élu au centre par deux votants sur trois pour moderniser le pays est-il parti pour ressembler jusqu’au bout à Valéry Giscard d’Estaing ?
source : https://lecourrierdesstrateges.fr
Vont-ils avoir le courage de se déplacer pour renverser la table?