On parle évidemment de la haine du mieux pour les autres. Pas tous les autres, ceux auxquels on pense pouvoir se comparer pour diverses raisons.
Parce qu’ils ont la même activité, ou qu’ils appartiennent au même village, ou qu’au contraire ils sont très différents. Les motifs ou les occasions sont multiples d’entrer en voie de comparaison et de trouver qu’alors le mieux des autres est immérité ou mensonger, qu’il doit être ramené à notre estimation.
Il est clair qu’au contraire le mieux pour soi est toujours justifié, même s’il n’est attaché à aucun mérite. Le comble étant le gros lot du loto, lorsqu’il est remporté par un voisin, une connaissance ou soi-même.
Nous connaissons tous les ravages de cette haine du mieux.
C’est elle qui ralentit le progrès de l’humanité, qui entretient les rumeurs indispensables à l’égalitarisme qui n’est que la volonté de tricher face au mieux.
Pour imager les frontières de cette tare humaine, observons le football où les spectateurs sont avides de mieux, mais exclusivement pour leur équipe, et où les joueurs, de leur côté, ramènent le problème à leur seule personne, indépendamment des équipes dont ils dépendent.
Cette haine du mieux aurait-elle un avantage, pour l’humanité ?
On pourrait prétendre qu’elle serait un filtre, un passage obligé pour le mieux, qui permettrait de le trier en rendant simplement son acceptation plus étayée.
Certains vont même jusqu’à prétendre que le mieux n’existe pas, qu’avant lui toutes choses étaient égales, qu’il ne change rien, que l’énergie qu’il demande est du temps perdu. Que donc, et c’est le paradoxe : c’était mieux avant.
En gros, les croyances visant à capter le pouvoir finissent toutes par imposer l’idée que le mieux est un péché.
Et pourtant, que ce soit pour soi ou pour les autres, le mieux n’est-il pas un idéal vital ?
N’est-ce pas lui qui, accepté, permettrait à l’humanité de progresser, de rompre ses chaînes ?
Évidemment. Donc, en réalité, la difficulté tient au fait que l’interprétation du mieux est si personnelle qu’il en existe pratiquement sept milliards sur terre.
Il n’y a donc pas de solution, la guerre des mieux est irréversible et infinie, elle s’inscrit dans le cadre sacré de la liberté de penser, sans laquelle l’homme n’est plus un homme mais un robot.
Le conflit à venir entre l’homme et le robot est-il là ?
Bien à vous.
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