LA DETTE MÈNE SOUVENT A LA RÉVOLUTION. par IVAN RIOUFOL

 



par IVAN ROUFIOL  de   claudereichman.com
Michel Sapin est de ceux qui font du mal à la politique et à sa crédibilité. Il est devenu le parangon de la désinvolture et du toupet. La France « tient impeccablement les dépenses » et a « pris ses responsabilités », a ainsi assuré ce mercredi le ministre des Finances en commentant le budget 2015. C’est ce qui explique sans doute que la dette publique vient de franchir les 2 000 milliards d’euros (30 300 euros par Français, bébés compris).

Celui qui avait promis avec emphase la baisse du chômage et des déficits cautionne cette fois-ci la prévision d’une croissance de 1% en 2015. Mais comment croire cet apparatchik qui, avec une assurance désarmante, dit n’importe quoi ?

D’ailleurs le Haut conseil des finances publiques a immédiatement qualifié « d’optimiste » cet objectif annoncé. Sapin n’est évidemment pas le seul à afficher une telle indifférence pour ceux à qui il s’adresse. Cela fait quarante ans que les Français se font gruger par une classe politique qui a décidé, droite et gauche confondues, de faire vivre le pays à crédit.

Mais le niveau de la dette est devenu tel que la nation, liée à des créanciers étrangers, a perdu pour longtemps sa souveraineté financière. « La France coule », titrait mercredi Le Figaro. Pour autant, on apprend par exemple que les crédits alloués à l’aide médicale d’Etat (AME), dispositif qui offre la médecine gratuite aux clandestins (plus de 600 millions d’euros pour 2014) seront augmentés de 73 millions supplémentaires en 2015.

Cette addiction à la dette, aggravée par les taux d’emprunt dérisoires qu’offre actuellement le « dealer de crédits » qu’est la Banque centrale européenne de Mario Draghi, met évidement la France à la merci de la moindre saute d’humeur de ses prêteurs, de la moindre panique boursière. D’autant que les mesures d’économies que le gouvernement ne cesse de promettre sont très en-deçà des urgences.

L’histoire nationale montre, en tout cas, que les endettements insupportables mènent souvent à des révolutions. Les déficits accumulés par les rois – qui furent de ce point de vue aussi irresponsables que leurs successeurs républicains – conduisirent notamment à 1789. Les petits épargnants et les rentiers de l’époque furent les premières victimes des « assignats », cette monnaie fictive gagée sur les biens de l’Eglise et créée pour tenter d’éviter la banqueroute. Mirabeau disait d’elle : « Douter de la valeur de l’assignat c’est douter de la révolution, c’est un crime« . Ce à quoi la rue insolente chantonnait : « Les écus sont les écus, les assignats des torche-culs ».

Si le pouvoir socialiste persiste à se comporter avec une telle irresponsabilité, qui se retrouve également sur bien d’autres sujets tout aussi explosifs, le peuple pourrait bien décider de répéter l’histoire.

Ivan Rioufol

 

 

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