L’approche de Noël m’a donné envie de republier le récit de ma rencontre avec le Père Noël. Dans notre famille, les décorations sont en place, l’attente est heureuse même si les évènements ne le sont pas. Cher Père Noël, on n’attend plus que vous.
C.R.
J’ai rencontré le Père Noël !
Depuis des années, j’ai l’habitude, à l’approche de Noël, de parler aux pères Noël que de nombreuses enseignes mettent en faction devant leur porte. Ce sont toujours des hommes de condition modeste qui gagnent ainsi un peu d’argent. Ils hésitent le plus souvent à me parler, comme s’ils montaient la garde devant le palais de Buckingham, mais très vite ils se détendent et ce qu’ils me disent tous, c’est qu’ils prennent très au sérieux leur mission dont le but, finalement, est de donner de la joie au peuple, qui retrouve à travers eux des souvenirs d’enfance et des joies oubliées.
Mes rencontres de cette année n’ont pas failli à l’habitude, jusqu’à hier quand le dernier père Noël que j’ai abordé m’a fait une révélation stupéfiante. « A vous, je peux bien le dire, je suis vraiment le Père Noël », m’a-t-il confié. Comme je hochais la tête en souriant, il ajouta : « Je comprends votre scepticisme, mais quand je vous aurai dit la raison de ma présence en France, vous me croirez. »
Il me demanda de tirer sur sa barbe, qui se révéla vraie. Il en fallait plus pour me convaincre, et il le comprit aisément. Aussi entreprit-il de me narrer les circonstances qui l’avaient conduit dans notre pays.
« Sachez, me dit-il, que je vis en France depuis que votre pays a été libéré de l’Allemagne nazie. J’ai abandonné sans regret le Grand Nord et y laisse mes rennes aux bons soins des natifs de cette contrée, qui ont l’habitude de vivre en bonne intelligence avec ces merveilleux animaux. Quant à moi, dont le monde est la patrie, je pouvais me fixer où je voulais, pour peu que le collège des bienfaiteurs, où je siège, ne soit pas choqué par ma conduite. »
– Mais pourquoi la France ? lui dis-je.
– Parce que je pressentais que de grandes choses s’y produiraient, qui me conforteraient dans ma mission. Voyez-vous, le régime qui s’est instauré chez vous à la Libération était inspiré par des imposteurs, qui avaient pour ambition de me retirer ma fonction en l’assumant eux-mêmes. Leur outil était l’Etat, qu’ils chargeaient de prélever toute la richesse que le peuple pouvait produire pour lui en restituer d’infimes miettes qu’ils n’osaient pas appeler des cadeaux et qu’ils avaient baptisé prestations sociales.
– Mais enfin, Père Noël, il n’y a aucun rapport avec des cadeaux qu’on se fait à soi-même et les vôtres qui, si j’ose dire, tombent du ciel !
– Vous avez raison. Mais la crédulité humaine est sans limite. Un cadeau est un cadeau, on ne veut pas voir plus loin. Les autres peuples sont plus durs à tromper, mais le vôtre a été en quelque sorte « dressé » à croire en la bonté des autorités par des siècles de règne monarchique. Lorsque j’ai compris cela, j’ai pris la décision de m’installer en France pour surveiller la concurrence.
– Que pouviez-vous faire ? Un coup d’Etat ?
– Mais non. J’ai le moyen de semer un terrible désordre en comblant de cadeaux des personnes qui ne les méritent pas et de susciter ainsi une jalousie mortelle entre les citoyens, qui finissent toujours, en pareil cas, par se massacrer entre eux. Et alors il ne reste plus rien des imposteurs, que chacun rend responsable du climat délétère qui règne dans le pays.
– Ce que vous me dites est effrayant. J’avais de vous l’image d’un être bienveillant.
– C’est exactement ce que je suis. Ma bienveillance est celle du pater familias, qui veille à la bonne entente dans sa famille. Je ne suis pas intervenu jusqu’à présent parce que les imposteurs ont progressivement perdu la partie. Plus grand monde en France ne croit aux cadeaux de l’Etat. Je sens qu’il ne faudra pas longtemps avant que vous vous donniez un président qui rétablira les bons principes.
– On n’a pas l’air de prendre ce chemin en ce moment.
– Il faut être patient.
– Facile à dire pour vous, vous êtes éternel.
– J’avoue que cela aide. Mais j’ai connu l’un des vôtres, un certain Aristote, qui me disait : « Le choses qui suivent les lois de la nature sont toujours naturellement les plus belles qu’il est possible qu’elles soient. » Vous verrez, cela va s’arranger chez vous.
– Aristote ! Nous patientons depuis vingt-trois siècles !
– Les temps viennent. Vivez avec l’espoir. Au fait, m’avez-vous fait une commande ? Comme vous m’êtes sympathique, je vais l’améliorer.
– Merci Père Noël, votre message d’espoir me comble et me suffit. Me permettez-vous de faire état de notre conversation ?
– Bien sûr. C’est même pour cela que je vous ai parlé.
Il s’éloigna dans la nuit, et je restai un long moment à le regarder disparaître. J’avais le vague espoir qu’il reviendrait sur ses pas pour continuer notre conversation. Mais il m’avait dit l’essentiel et me laissait une mission. J’ai tenu à la remplir sans délai.
Claude Reichman
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Monsieur l’Arracheur de dents honoraire
près Montparno-en-Lutèce,
En guise de chant d’hiver comme de pseudo-cantique,
et ne serait-ce que vous faire honneur en la circonstance,
votre Père Noël, modèle 2025, eût bien mieux fait
d’entonner cette fois
un certain : “MAINE-MONTPARNASSE”,
cher à Marie Laforêt !
Plus particulièrement ce passage éloquent :
“LA RUE DE RENNES EST UNE TERRE FERTILE.”
Ce sont, paraît-il, les paroles préférées d’un jeune loup,
tout de bleu vêtu et de beaucoup d’allure,
sûr de lui-même,
fier de son mauvais coup
et très très haut placé,
qui, devant sa glace et jusque dans son bain,
les fredonne à peu près chaque jour,
et presque toujours en ricanant !
Lui aussi aura eu une vie en forme de conte,
non pas de Noël,
mais bien plutôt de Perrault,
à moins que ce ne soit des “Mille et une Nuits” !
Car, figurez-vous que par une métamorphose de base,
en tout point digne de celles d’Ovide,
il se prétendit “grand-mère” dès l’origine,
tant par la tournure que par la coiffe !
Seulement, voilà, un jour que l’on espère plutôt prochain,
ses oreilles fort longues, voire, trop pointues,
finiront bien par dépasser vraiment…
de part et d’autre de son bonnet de coton !
Chronologiquement parlant,
veuillez noter, d’ailleurs, qu’il n’en était pas
à son premier déguisement,
puisque,
lycéen-antéchrist et homme de paille de bonne heure,
il sut très bien jouer aussi, les bras en croix,
l’épouvantail à moineaux, qui effraie les enfants,
dans une kermesse scolaire, apparemment “bon enfant” !
Et c’est signé : “Un amateur de devinettes” !
C’est un beau conte de Noël, mais j’ai bien peur qu’il ne reste qu’un conte encore longtemps malgré l’optimisme du Père Noël et sa confiance en notre patience!