Exigez votre liberté !
La dépense publique fait le lit de la dictature. Il faudrait graver cette formule dans le marbre. Et bien sûr dans la Constitution. Il n’est pas difficile de démontrer comment s’effectue le passage de la démocratie à la dictature par l’effet de la dépense publique. Il suffit de considérer l’histoire de la France depuis 1958, date de création de la Ve République.
Tant que le général de Gaulle a été aux commandes, le risque a été contenu. Le général pensait – et le disait à ses ministres – que la dépense ne devait pas dépasser le tiers de la production. Malheureusement, le chef de l’Etat avait aussi fait sienne l’idée que les hauts fonctionnaires étaient les plus qualifiés pour diriger l’Etat. Le ver était donc dans le fruit. Car dès que la dépense publique s’est envolée, les énarques s’y sont ébroués comme les crocodiles dans la mare. Et ils ont dévoré tout ce qui passait à leur proximité, sans compter les razzias plus lointaines.
A mesure que les énarques créaient des organismes censés diriger l’action de l’Etat, et s’y taillaient de juteuses sinécures, l’argent du secteur privé disparaissait dans ces officines tandis qu’on ajoutait des impôts à l’impôt pour alimenter le flux. Et à chaque prélèvement supplémentaire, c’était une liberté qui disparaissait. Par exemple la liberté, pour un entrepreneur, d’engager du personnel pour améliorer son efficacité. Sachant que toute embauche se traduisait par des charges nouvelles, le patron y renonçait et l’entreprise se recroquevillait sur elle-même. Ce fut le début d’un cycle infernal dans lequel a disparu l’industrie française. En même temps le chômage de masse faisait son apparition et ne disparut plus jamais, même si la virtuosité des technocrates à dissimuler la réalité fit merveille dans la création de formations bidon et d’emplois inutiles.
Ajoutons aussi que le patron étant devenu l’ennemi, le régime fit en sorte d’éliminer les plus prestigieux pour faire peur aux autres et débarrasser le terrain pour y implanter en majesté de somptueuses satrapies. En fait, la France revivait l’affrontement d’Athènes et de l’empire perse, à ceci près qu’il n’y eut pas, cette fois, de courageux citoyens pour affronter et vaincre l’immense flotte de Xerxès Ier et gagner les quelques décennies de répit qui permirent l’éclosion de la culture occidentale.
C’est alors que la France a perdu la partie. Par la faute de ses citoyens, mais surtout par l’emprise croissante de l’Etat, qui présent dans chaque acte libre par un impôt, une taxe, une loi, un règlement, paralysait toute tentative de vie autonome. Même la vie politique y perdit sa liberté, les citoyens donnant la préférence aux partis qui promettaient une large distribution de subsides étatiques.
Depuis, notre pays vit une interminable agonie civique. L’Etat interdit par son omniprésence toute initiative privée. Les populations immigrées qui sont venues en foule jouir de l’Etat providence ne se sont pas assimilées, sans doute parce qu’elles étaient trop nombreuses, et fournissent un support passif mais précieux aux actions de l’Islam conquérant. L’insécurité croît de façon exponentielle, à mesure que la France s’appauvrit, et l’on ne voit pas l’issue du drame qui se déroule sous nos yeux et en notre présence.
La dictature n’est pas à venir, elle s’est déjà installée. Pendant l’épidémie de Covid, les médecins ont eu à subit les diktats et les sanctions de leur Ordre professionnel, qui obéit avec le petit doigt sur la couture du pantalon aux injonctions du gouvernement, en contravention avec les lois qui protègent le libre exercice médical. La libre expression des opinions est traquées par les officines du pouvoir qui n’hésitent pas à embastiller, contre toute garantie constitutionnelle, ceux qui, flamberge au vent, croient qu’on peut encore jouer les Cyrano de Bergerac au pays des petits hommes gris.
Y aura-t-il un évènement imprévu qui portera le peuple aux barricades ? Nul ne peut le savoir. Les situations languides s’achèvent rarement en sursaut salvateur. Mais le meilleur espoir que peuvent nourrir les démocrates tient à la force de la construction européenne. Ses défauts ne sont plus à démontrer, mais elle porte en elle un principe magnifique que les Etats européens ont gravé dans le traité de l’Acte unique en 1986 et qui s’énonce ainsi : « L’Union européenne constitue un espace sans frontières intérieures où les marchandises, les personnes, les services et les capitaux peuvent circuler librement. »
Face à l’obscurantisme de l’Etat français, seule la concurrence peut apporter le salut à nos entreprises et rendre à la France la force économique qui balaiera toutes les menées dictatoriales.
Pour une fois, je conclurai par une citation du gouvernement chinois de Xi Jinping, mais à l’envers. Dans les rues de Shanghai des drones ont diffusé cette injonction : « Contrôlez votre désir de liberté ! » Je propose que dans les rues de toutes les villes de France des haut-parleurs proclament : « Exigez votre liberté ! »
Claude Reichman