Tout commence en chacun de nous, très tôt, dès que notre prise de conscience individuelle nous permet de comprendre notre présent et d’envisager notre avenir.
Alors, ce que nous pensons de nous, ce que nous en espérons, va se trouver confronté au regard immédiat des autres et à ce que, eux, perçoivent de nous et de notre avenir.
C’est à cet endroit que les choses se passent, c’est là que prend ou ne prend pas le ciment social, le bloc de béton social.
Pour certains, pas de problème, ils vont facilement réussir à adapter, au présent et au futur, leur vision personnelle d’eux-mêmes à la perception que les autres ont d’eux. Ils s’intègrent naturellement au groupe.
Sont-ils très nombreux dans ce cas ? J’en doute, mais … peut-être.
Pour les autres, deux cas de figure :
-1- Ils s’estiment plus que ce que les autres leur accordent.
Leur présent va être difficile. Leur avenir demandera une énergie hors du commun pour rattraper le retard. Est-ce souhaitable ? Quoiqu’il en soit, peu y arrivent.
Le plus souvent pour eux, la jalousie sera en embuscade. A tout moment elle trouvera à s’exprimer, empoisonnant leur rapport aux autres.
Ils sont les soldats de la contestation perpétuelle, les mal-baisés en boucle, les abonnés aux surenchères cyniques des politiques peu scrupuleux, qui savent que ce ne sont pas les promesses qu’ils font qui leur attirent cette clientèle mais son malaise personnel.
Ils arrivent assez facilement au point de non retour. Cet endroit où l’homme peut préférer la chute des autres — quitte à en payer le prix — à l’idée que ceux-ci lui sont — ou pensent lui être — supérieurs.
-2- Ils s’estiment moins que ce que les autres leur accordent.
La aussi la situation est difficile. La crainte de ne pas « être à la hauteur » va les hanter. Leur rêve va se limiter au trou de souris, paradis inaccessible.
Evidemment, les autres ne cessent de les mettre en avant, proportionnellement à l’idée qu’ils se font d’eux, ce qui les panique.
Le plus souvent pour eux, c’est la contrition qui est en embuscade. Ils ne cessent de renier leur réalité, se dévalorisant, mais dévalorisant aussi tous ceux qui sont comme eux : beaux, riches, intelligents, bien nés, etc…
Ils sont particulièrement dangereux, et aussi la proie des politiciens véreux qui voient en eux des complices exemplaires justifiant l’idée de rabaisser l’élite.
Tout à leur trouble, ils peuvent aller jusqu’à renier complètement leur réalité pour détruire leur image dont ils ne se sentent pas dignes. Mais aussi, ils peuvent exiger le même sacrifice de ceux qui ont la même image qu’eux.
Peu nombreux, ils sont particulièrement recherchés par les hommes politiques qui les exposent comme des bêtes de foire. Ils sont la caution qui justifie la traque de l’élite par les jaloux.
Dans les deux cas
L’harmonie collective va se trouver rompue. Pour qu’un groupe fonctionne correctement, il est nécessaire que chacun soit à la place qu’il mérite, mais aussi à celle qu’il souhaite.
Cette place peut dépendre de l’idée de justice du groupe, de sa capacité à répondre à cette problématique, mais lorsque son accès est parasité par une déviance individuelle, les choses se compliquent.
Le cynisme
Soyons objectifs, les deux cas de figure exposés ci dessus touchent une grande majorité d’hommes. Ils sont plus la norme que l’exception.
Or, globalement, nos hommes politiques, dont le cynisme est légendaire, font leurs choux gras de ces disfonctionnements personnels, les intensifiant au besoin.
Il n’est pas de jour sans que la propagande politique flatte la jalousie ou la contrition, pas de jour sans que ceux qui soufrent de ces désordres ne soient retournés sur le grill de leur souffrance, pour le seul bénéfice des politiques qui se moquent des conséquences générales ou individuelles de leurs manipulations.
Le cynisme est roi.
Alors que l’antidote est pourtant simple, il se nomme : la sincérité.
Un mot et une attitude qui n’ont plus court. Dommage.
Ceux dont je vous parle, chair à canon de nos politiques, qui cherchent simplement à se calibrer par rapport aux autres, finalement à se connaître pour mieux vivre, n’ont besoin, face à cette recherche, que de sincérité.
Elle seule leur permettrait, pas à pas, de s’intégrer à leur juste valeur dans le groupe social. Cette intégration réussie est le vrai lien social. Ce n’est pas un problème d’argent ou de consommation, juste un problème humain.
Jamais les propagandes politiques destructrices ne seront assez haïes pour le mal qu’elles font à ceux, si nombreux, qui tout simplement se cherchent, cherchent la cohésion entre leurs rêves personnels et leur réalité gérée par les autres.
La sincérité sociale et politique est la clef nécessaire à la bonne marche d’une démocratie.
Il resterait toujours les indécrottables présomptueux, les prétentieux et les orgueilleux jamais satisfaits de leur sort, aussi les sournois qui dissimulent sous une fausse modestie leurs ambitions, mais tout ceux-là sont une minorité, si visible qu’elle en est risible. Oublions-les.
Bien cordialement. H. Dumas