L’administration est à la fois l’arbre de vie et le poison mortel des sociétés.
C’est elle qui a hébété Hannah Arendt lorsqu’elle l’a découverte sous la forme d’Eichmann et comprit que décapiter celui-ci ne résoudrait aucunement les dérives de folie dont elle est capable, qui ont affreusement meurtri le peuple juif.
Cette révélation a isolé durablement Hannah Arendt tant l’administration est indissociable de l’organisation sociale, au point que le déni qui l’entoure touche chez les laïques au sacré, pendant qu’il fait semblant de l’être chez les religieux.
Essayons d’y voir clair.
L’administration est un outil intellectuel organisationnel, qui agit dans un groupe donné, dont la particularité tient au fait que son expression matérielle est une contrainte imposée.
Cet outil, bien que fait de personnes, est totalement impersonnel, sans quoi il ne peut exister. C’est le nœud du problème.
L’administration n’a pas de direction par elle même, elle n’obéit qu’à un maître fort, en l’absence de ce maître elle fonctionne en vase clos, à son seul bénéfice.
L’administration est si importante pour une société que bien souvent sa seule conquête justifie les combats politiques, notamment dans nos démocraties.
Malheureusement, la plupart du temps, l’heureux élu n’a ni la personnalité ni la raison nécessaire à la maîtrise de cet organe vivant, improbable, qu’est l’administration.
C’est là que tout bascule.
Conscient que la maîtrise de l’administration demande de la force, la population finit par croire, si son administration se dérègle anormalement par autoallumage, que la force seule suffira à la remettre à son service.
D’où la fumeuse notion de l’homme providentiel.
C’est une erreur constante et destructrice. Car, si la force qui s’empare de l’administration n’est pas mesurée et intelligente les résultats sont alors catastrophiques. Rappelons que l’administration n’a pas d’autorégulation.
Loin d’être une garantie de la maîtrise de l’administration, l’homme fort ou « providentiel » qui en prend le commandement peut au contraire amplifier la folie administrative.
La solution est pourtant simple
L’administration est réversible. C’est-à-dire qu’elle peut être chargée d’organiser une société à partir des décideurs vers les usagers. C’est le cas de l’administration d’Etat, telle que nous la connaissons. Dans cette configuration, elle tend régulièrement à outrepasser ses prérogatives, celui qui reçoit ses directives n’ayant pas de possibilité d’exprimer son mécontentement autrement que par des appréciations, qui restent sans effet.
Mais, comme l’a fait remarquer avec justesse Von Mises, l’administration peut aussi fonctionner dans l’autre sens. Par exemple, en étant au service des consommateurs.
Ceux-ci ont le pouvoir de juger alors de son efficacité, il leur suffit, en cas de mécontentement, de ne pas consommer. L’administration sera alors obligée d’expliquer aux décideurs les raisons de cette désaffection.
Conclusion
Le mal qui touche notre pays est directement lié à la folie qui s’est emparée de son administration.
Les français croient régler le problème en cherchant aveuglément un homme fort, à poigne, pensant que cette poigne contraindra cette administration qui les étouffe bien plus surement que le réchauffement climatique.
Malheureusement, les candidats forts qui s’offrent à eux ne pourront que les trahir, puisqu’ils imaginent, c’est dans leurs programmes, renforcer les pouvoirs de l’administration au motif que leurs objectifs seraient de bien meilleure qualité que les objectifs de ceux qui sont en place.
C’est une escroquerie, doublée d’une prétention que seule une bêtise insondable peut entretenir. Le résultat sera catastrophique.
La seule solution passe par l’inversion du système actuel.
C’est à dire la mise sous la dépendance des usagers de l’administration du pays. Cela ne peut se faire que par une privatisation totale de tout ce qui peut être privatisé, soit pratiquement tout.
Reconnaissons qu’aucun candidat, de quelque bord que ce soit, ne propose un tel schéma. Et s’il en était un, aurait-il des électeurs ? Non.
Alors, que faire ? Hélas, rien.
Bien cordialement. H. Dumas