Deux poids et deux mesures face à la barbarie

Seuls quelques principes séparent la civilisation de la barbarie.

Un, particulièrement, ne peut accepter aucune exception : « nul ne peut se faire justice lui-même, en son nom où au nom d’un groupe, d’une croyance. »

Tout acte répressif passe impérativement par un jugement préalable, rendu par une justice libre, qui définit la hauteur et la forme de la répression.

Notre civilisation très avancée — trop avancée ? — a poussé le principe jusqu’à la suppression de la peine de mort même après jugement, considérant que la mort d’un autre homme ne peut pas être décidée même par des juges.

Lorsqu’il y a meurtre, il faut donc se poser la question primordiale : est-on face à un geste de défense instinctif plus ou moins légitime, ou face à un acte précédé du jugement personnel du meurtrier ?

Le premier cas peut éventuellement exister dans le cadre de la civilisation, le deuxième ouvre la porte de la barbarie.

Deux événements viennent à quelques mois d’intervalle illustrer la perception de ce principe.

Novembre 2022

A Bullecourt un contribuable juge un inspecteur des impôts coupable d’une agression mortelle à son encontre et le tue.

Juin 2023

A Nanterre un motard de la police juge un jeune conducteur automobile coupable de mise en danger potentielle de sa vie ou de celle d’autrui et le tue.

Par deux fois il ne s’agit pas de donner la mort face à une menace mortelle visant le meurtrier, donc par deux fois il s’agit d’un acte de barbarie.

La réaction du pouvoir va être diamétralement opposée à l’occasion de ces deux morts.

A Bullecourt

La victime sera décorée, le meurtrier suicidé accusé sans procès.

Bien plus, pour avoir posé la question de la nécessité de connaître la vérité sur le niveau plus ou moins mortel d’agression vécu par le meurtrier avant son passage à l’acte, je serai mis en garde à vue et immédiatement condamné pour « apologie de meurtre »

A Nanterre

La victime n’est pas décorée, elle sera faussement accusée de mise en danger de la vie du meurtrier, accusation qu’heureusement des vidéos de témoins viendront contester et réduire à néant.

Le meurtrier se voit absous par la majorité de la population et personne n’y trouve une apologie de meurtre… Une cagnotte est ouverte à son bénéfice, les initiateurs ne sont pas poursuivis pour apologie de meurtre.

Pourtant, sur les principes, les deux meurtres paraissent identiques : il s’agit de deux jugements individuels, sans intervention d’un juge, que les meurtriers ont trouvé suffisant — au moins sur le moment — pour justifier leur décision de donner la mort.

Quant aux deux poids et deux mesures face à la barbarie, je vous laisse en juger…

Bien à vous. H. Dumas.

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

2 réflexions sur « Deux poids et deux mesures face à la barbarie »

  1. L’Etat est bien responsable de toute insécurité. Toutes les institutions sont gangrenées. Toutes les valeurs de la République sont bafouées.
    Adultes, adolescents et enfants sont « déconstruits » par des méthodes, des informations, des enseignements mensongers pour abrutir les populations.
    Ex : Les victimes sont punies, les agresseurs sont impunis. Comment réagir selon les circonstances ? Nul ne le sait hormis les délinquants !
    Nous marchons sur la tête…
    On en arrive à se poser les questions :
    – Qui suis-je ?
    – Où vais-je ?
    – Que fais-je ?
    – A quoi ai-je droit ?
    – Que SAIS-JE !?

  2. No comment !
    Belle synthèse digne d’un véritable juge d’instruction.

    – La culture en France c’est ce qui manque le plus à certains et Jean Rostand se posait la question – Qu’est-ce que la culture ?=
    La culture ce n’est pas avoir le cerveau farci de dates, de noms ou de chiffres, c’est la qualité du jugement, l’exigence logique, l’appétit de la preuve, la notion de la complexité des choses et de l’arduité des problèmes. C’est l’habitude du doute, le discernement dans la méfiance, la modestie d’opinion, la patience d’ignorer, la certitude qu’on n’a jamais tout le vrai en partage; c’est avoir l’esprit ferme sans l’avoir rigide, c’est être armé contre le flou et aussi contre la fausse précision, c’est refuser tous les fanatismes et jusqu’à ceux qui s’autorisent de la raison ; c’est suspecter les dogmatismes officiels mais sans profit pour les charlatans, c’est révérer le génie mais sans en faire une idole, c’est toujours préférer ce qui est à ce qu’on préférerait qui fût.( J.Rostand 1968)

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