Ce territoire, situé à proximité de l’équateur, à la frontière du Brésil, a le statut de département d’outre mer depuis 1946, tout comme la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, et Mayotte depuis 2009.
Elle présente les caractéristiques d’une économie de type colonial dans laquelle le principal employeur est l’Etat (31% des emplois) et où une population relativement faible (250.000 hts) vit essentiellement de transferts massifs d’argent venant de la métropole. Les recettes publiques sont de 900 millions d’€ par alors que les dépenses sont de 1.900 millions soit 1 md € de transferts annuels (4.000 € par personne et par an) (Données 2009).
Fortement importatrice (les importations sont de 950 millions € pendant que les exportations sont seulement de 120 millions € soit un taux de couverture de 12.5%), la Guyane ne produit pratiquement rien. L’agriculture ne représente rien ou presque (4.4% du PIB) mais il est vrai que la population n’a pas accès aux terres agricoles puisque 90% des terres relèvent du domaine foncier privé de l’Etat !?!
Le résultat est que la Guyane importe du bois alors qu’elle dispose d’une forêt primaire gigantesque qui recouvre 95% du territoire !
L’industrie ne représente que 17% de l’activité !
Le taux de chômage moyen dépasse officiellement les 21% (double de la France métropolitaine) et celui des jeunes dépasse probablement les 40% dans une population qui est très jeune et en forte croissance.
Le problème est que la départementalisation a fait de la Guyane un îlot de richesse au milieu d’un océan de pauvreté ; créant de ce fait un appel d’air vis-à-vis des populations défavorisées des pays limitrophes tels que Brésil, Guyana mais probablement aussi Venezuela, Haïti.
Seulement, cette richesse locale et somme toute relative est totalement artificielle puisqu’elle ne repose que sur des transferts sociaux (surnommés « argent braguette ») provenant de la métropole.
Il existe bien un îlot de prospérité au niveau de l’enclave de Kourou mais cela ne concerne que le personnel détaché de métropole en vue des tirs des fusées Ariane et Soyouz. Par contre, cette enclave représente au moins 26% du PIB local ; ce qui démontre autant que faire se peut le caractère artificiel de la structure économique de ce département.
Ce département subit un quadruple paradoxe :
– L’économie est entièrement tournée vers l’Europe alors que la Guyane est située en zone Amérique !
– la population recherche un mode de vie occidental à l’européenne qui coûte forcément cher puisque importé de métropole,
– la population vit pour une bonne part des allocations (toujours insuffisantes) ce qui l’entretient dans une dépendance et un assistanat vis-à-vis de la France !
– Le problème est que le smic s’applique (du fait de la départementalisation) et les salaires moyens sont donc beaucoup trop élevés pour la structure économique de la Guyane et pour permettre à des entreprises de fabrication de prospérer eu égard au montant des revenus des pays limitrophes surtout que l’autarcie et la fermeture des frontières ne sont qu’une utopie !
Evidemment, l’irruption persistante de clandestins pauvres originaires des pays voisins crée un sentiment d’insécurité avec de nombreux vols.
Le département apparaît relativement peu équipé au niveau des infrastructures. Seules arrivent à prospérer des activités de commerce de détail type supermarché (grands et petits) où les guyanais viennent dépenser leurs allocations et comme beaucoup de produits sont importés de métropole, les prix sont forcément plus chers qu’en métropole.
Seulement, ce schéma n’est pas unique car il se reproduit pour tous les autres départements d’outre mer dont la Réunion et Mayotte dans l’océan indien.
La Réunion concentre les contrastes en étant le département qui compte le plus d’allocataires du RMI et le plus de « riches » (assujettis à l’ISF).
L’île connaît une très forte croissance démographique du fait de la natalité mais aussi des métropolitains (appelés zoreilles) qui viennent y passer leur retraite. En vingt ans la population est passée de 600.000 à 900.000 habitants !
La Réunion, présente la même structure économique avec la même prédominance de l’emploi public avec des effectifs pléthoriques résultant souvent d’une démarche clientéliste vis-à-vis de l’électeur.
Le nouveau maire de St Louis a ainsi découvert qu’il avait deux fois plus d’employés municipaux titulaires que la moyenne nationale et qu’il ne pourrait réduire les effectifs, et une charge financière à la limite du supportable, que sur plusieurs dizaines d’années au fur et à mesure des départs en retraite ; autant dire jamais !
Le chômage y est aussi structurellement très élevé et il y a régulièrement des émeutes dans le quartier du Chaudron (à St Denis) !
Toutefois, contrairement à certains mouvements indépendantistes antillais ou guyanais, les réunionnais n’ont jamais demandé l’indépendance car ils savent qu’ils auraient trop à y perdre !
L’économie est basée là encore sur les transferts massifs de fonds de la métropole vers la Réunion et sur les allocations ; bien qu’il existe, contrairement à la Guyane, un secteur du tourisme assez bien développé. Les recettes publiques étant de 2 mds d’€ tandis que les dépenses publiques s’élèvent à 5 mds € , il en résulte donc un déficit de 3 mds € entièrement financé par la métropole !
Par contre, à la Réunion, on a su financer des infrastructures tout à fait correctes, conformes au strandart métropolitain, dont la route du littoral la plus chère du monde (dite route de la corniche) mais les réunionnais aiment la voiture et ils peuvent donc s’adonner à leur passe temps favori : rouler … à tel point que le dimanche soir il y a des embouteillages invraisemblables sur la 4 voies menant à St Denis.
Or, l’île sœur, Maurice, ancienne colonie britannique, a une structure économique très dynamique et très différente, basée sur l’exportation (principalement de produits textiles) et plus récemment l’ingénierie financière alors qu’elle est partie d’un niveau presque zéro lors de son accession à l’indépendance en 1968 avec une économie basée alors sur la monoculture de la canne à sucre.
La croissance économique y est forte (3.8% par an) mais évidemment le salaire moyen y est bien plus faible qu’à la Réunion.
Pour revenir à la Guyane, ces manifestations constituent, à n’en pas douter, une opportunité de la part des habitants avec le but de bloquer le système juste avant les élections car il représente une bonne chance d’obtenir d’avantage d’argent gratuit des autres !
L’Etat, faible face à des mouvements de cette nature, après avoir formulé des excuses dont on peut se demander le fondement, se trouve dans l’incapacité de répondre efficacement aux demandes des manifestants et ne trouve comme échappatoire que de fournir toujours plus d’argent à des manifestants qui, évidemment, en veulent toujours plus !
Et ce schéma se reproduit partout dans les confettis de notre ancien empire colonial. Nous nous rappelons les émeutes de la Guadeloupe il y a quelques années …
C’est encore le cas avec Mayotte, île des Comores restée française au moment de l’indépendance en 1973-1974, à la suite des manipulations françaises, avec l’effet pervers de créer là encore un îlot de richesse au milieu de la pauvreté et de jouer le rôle d’un aimant sur les populations alentours !
Aujourd’hui les comoriens d’Anjouan, Mohély et de la Grande Comore, qui évidemment ne bénéficient pas de l’argent de la métropole et après plusieurs expériences gouvernementales hasardeuses accompagnées de coups d’état, tentent de passer à Mayotte.
Ils prennent tous les risques pour franchir les 80 km d’océan indien qui séparent Anjouan de Mayotte et échapper à la misère à bord de kouassa-kouassa (barques).
Le système s’est même organisé de telle façon que les femmes comoriennes puissent venir accoucher à Mayotte; ce qui fait que des familles de clandestins se retrouvent avec un enfant né sur le sol français, de nationalité française, avec l’effet induit que non seulement on ne peut plus les expulser mais qu’en plus ils ont dès lors droit aux allocations : entraînant le dérapage d’un système qui devient totalement incontrôlable.
Cet afflux de clandestins a provoqué une augmentation de la délinquance et une émigration de ces populations vers la Réunion puis la France métropolitaine.
On a créé une économie artificielle fondée sur l’assistanat et les allocations auprès d’une population qui évidemment sera toujours demandeuse de plus d’assistanat et d’allocations !
Le système n’est désormais plus qu’un puits sans fond !
Créer une économie productive et exportatrice dans tous ces territoires aurait nécessité des transferts massifs d’argent de la métropole pour assurer d’une part la formation des habitants et d’autre part l’implantation d’infrastructures et d’industries compétitives et exportatrices ; ce que la France n’a jamais eu les moyens de faire, aujourd’hui moins que jamais !
L’idéologie et la nostalgie de l’empire colonial ne sont pas morts mais ils nous coûtent très cher à une époque où nous n’en n’avons plus les moyens et on peut se demander quel est l’intérêt de conserver ce type de relations avec des territoires lointains à l’utilité plus que problématique; l’argument de la présence stratégique française sur la planète entière n’étant que le faux nez d’un système qui n’arrive pas à se réformer et à s’adapter à un monde en perpétuelle évolution !
Bien cordialement.
Un bon papier.
Merci
Excellente description des DOM TOM. Pour LA REUNION, où je passe ma retraite, je cherche une solution en partie dans la comparaison avec MADERE, une île assez semblable sur le plan géologique, mais fort différente sur le plan économique.
Découverte en 1415, alors que, ni l’Afrique, ni l’Amérique n’étaient encore connues, le roi du Portugal y a fait venir uniquement des colons portugais, mais aucun esclave n’y a jamais été introduit.
Chaque colon recevait une concession et devait la cultiver (racines dans le sol, petits pois sur tiges, arbres à fruits au-dessus, vigne sur les remparts des ravines) et y élever chacun une vache en étable. Avant eux l’île était déserte et le fenouil sauvage (Funchal) avait envahi le bas tandis que les hauts étaient occupés par de grands arbres permettant la confection de madriers d’où le nom de Madère. Pas une goutte d’eau de pluie n’y est perdue collectée dans des petits canaux, les levadas permettant d’irriguer des milliers de concessions .
Le tourisme y est très développé alors même qu’il n’y a ni sable ni lagon. La circulation automobile, très encombrée à LA REUNION y est facilitée à MADERE par des tunnels autoroutiers à quatre voies. Tout n’est pas adaptable vers notre ile. Mais la canne réunionnaise pourrait être remplacée en grande partie par des cultures de légumes, de fruits, de fleurs.