D’autres hommes politiques vont naître !

D’autres hommes politiques vont naître !

Le désordre mondial n’est pas près de cesser, car toutes les nations sont contraintes de revoir leur stratégie. Cela va des plans militaires aux plans commerciaux, en passant par le jeu des alliances. L’Amérique de Trump a donné un grand coup de pied dans la fourmilière et plus personne dans l’univers ne sait exactement où il en est. Les Européens devraient être en principe les mieux lotis, puisqu’ils se sont unis dans un ensemble de près de 500 millions de personnes et que leur production commune est supérieure à celle des Etats-Unis. Mais ils ont commis l’erreur de confier le pouvoir à un organisme, la Commission, qui théoriquement ne gouverne pas puisque ce sont les Etats, réunis en Conseil, qui le détiennent, mais comme il est de règle quand vous laissez les commandes à un organisme quel qu’il soit, il s’en empare et régente bientôt l’ensemble. Sans qu’on sache ni ce qu’il veut ni où il va.

Les Etats-Unis ont pris leurs distances avec l’alliance militaire occidentale, mais ils ne sont pas devenus nos ennemis. Tout juste nos concurrents. En vérité, ils l’étaient déjà. Le peuple américain est lui-même déboussolé. Il vivait depuis des siècles dans la vénération de La Fayette, qui était venu, au nom de la France, les aider à se débarrasser des Anglais, et voilà que d’un coup tout est changé. On fait à présent ami-ami avec Poutine, qui continue à bombarder l’Ukraine après avoir dit qu’il arrêtait, et le président américain dit que tout se passe bien, tandis qu’il accable de taxes les producteurs français de champagne et de cognac. On n’est plus très loin, Outre- Atlantique, du désamour envers un président vraiment imprévisible. Mais le trouble s’est emparé de l’Occident.

N’oublions pas non plus qu’il y a maintenant huit milliards d’habitants sur terre et que cela ne fait qu’accentuer les effets de foule que Gustave Le Bon  annonçait déjà à la fin du dix-neuvième siècle. Oui, nous sommes bien à l’ère des foules. Il suffit de regarder la télévision. Partout d’immenses manifestations, des spectacles de chanteurs et de chanteuses devant des foules en extase, des footballeurs venus des tropiques pour amuser le public européen venu en masse et rouler dans les plus belles limousines du marché, un monde enfiévré où l’on ne connaît pas de plus grand plaisir que de singer les bancs de sardines ou les vols d’étourneaux. Oui, décidément, le monde a bien changé depuis les dernières décennies. Il va donc falloir s’adapter.

L’Occident a toutes les armes pour s’adapter au nouveau cours du monde. Nos grands penseurs ont tout dit, depuis la Grèce antique. Il suffit de les écouter, c’est-à-dire de les relire. J’ai eu la chance de faire du latin et du grec au lycée. J’y pensais en écoutant mes confrères universitaires commenter le covid sur les plateaux de télévision et tenir des propos souvent oiseux dont une culture classique les aurait sagement éloignés. D’où ma conclusion péremptoire : pour les futurs médecins, moins de maths et plus de grec. Il faut dire que l’époque n’est plus aux savants, mais aux « influenceurs », c’est-à-dire à des ignorants dotés d’une caméra et d’un micro. De temps en temps cependant, on a la satisfaction d’entendre à la télévision un vrai savant, doté du bon sourire de l’indulgence, se moquer gentiment d’un présentateur pressé de faire passer la publicité à l’antenne.

La technique est à l’origine de tous les grands changements de l’humanité. L’imprimerie a permis à tout le monde de lire la Bible et déclenché les guerres de religion. La radiodiffusion n’a qu’un siècle. Elle a permis les diatribes d’Hitler, mais aussi les causeries de Reagan, écrites de sa main et qui ont vaincu le communisme. A chaque génération de faire son miel des dernières découvertes et de les utiliser pour le bien de l’humanité. Mais il faut savoir que les querelles humaines sont parfois interminables. Pensons que la lutte entre musulmans sunnites et chiites trouve son origine dans la dispute pour la direction de l’islam, à la mort de Mahomet en 632, entre son gendre Ali, inspirateur des chiites, et les autres prétendants.

Aujourd’hui, l’irruption de l’intelligence artificielle change à nouveau la donne. Elle sera imbattable pour les taches administratives, mais pour ce qui est de la créativité, mieux vaut faire confiance à l’intelligence humaine. J’ai eu toutefois la satisfaction de constater que Grok, l’intelligence artificielle d’Elon Musk, après un long dialogue, avait cédé à mes arguments en découvrant et en admettant qu’elle ignorait certains d’entre eux, et validé la fin du monopole de la sécurité sociale. Le général de Gaulle avait coutume de dire « ça fait mille ans que je le dis ».

Le génial Francis Blanche disait : « Quand un homme politique n’est pas cru, il est cuit ». On est arrivé à ce stade de notre vie démocratique. Plus personne ne croit les hommes politiques, et ces derniers ne parviennent pas encore à s’en rendre compte. Ils vont bien sûr devoir se faire une raison. D’autres hommes politiques vont naître du désordre général. C’est la loi de l’espèce humaine. Elle cherche toujours des guides. Une fois qu’ils sont discrédités, elle en cherche d’autres. La grande foire aux hommes providentiels est ouverte. Bonne chance à tous et que le meilleur gagne !

Claude Reichman

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2 réflexions sur « D’autres hommes politiques vont naître ! »

  1. Les USA dominent l’UE et ce n’est pas prêt de cesser. La preuve la majorité des pays européens s’arment toujours auprès des USA. Je pense que les USA en accord avec l’UE veut forcer la création d’un état européen fédéraliste comme les USA avec Jean MONET l’avaient prévu après la seconde guerre mondiale. Seul le Général De Gaulle s’y état opposé, mais l’esprit de collaboration a repris le dessus et M. Jacques Chaban Delmas ami de ma famille de la résistance (comme M. Gaston DEFFERRE, me l’avait indiqué en 1987 l’or de l’inauguration du centre culturel Gaston Defferre à Haiffa en Israël et m’avait conseillé de m’engager pour lutter contre; ce qui m’a conduit à un engagement citoyen. Il faut donc maintenant plus que jamais agir pour changer cet état d’esprit pour retrouver le goût de l’absolu et du risque.

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