Partout, c’est l’impuissance et la stupéfaction devant l’absurde rigueur des bureaucrates qui nous gouvernent. Il faut interdire, punir et réglementer, et cela en toute bonne conscience, puisque c’est pour le bien commun sanitaire.
Un informaticien de Cherbourg en poste à Paris ôte son masque ce lundi matin pour manger un pain au chocolat. Des policiers le croisent, le contrôlent parce qu’il a le masque sur le menton. Les esprits s’échauffent, et ils l’emmènent au poste après un vif échange. 135 euros pour non port du masque et 3 fois 68 euros pour outrage.
Gare de Lyon, 31 août dernier. Robin, 22 ans, se fait quant à lui coincer pour avoir mangé un Kinder Bueno dans le métro. Lui aussi s’est emporté face à deux policiers en civil qui lui avaient ordonné de remettre son masque.
Visiblement, dans ces cas précis, la police sait mieux que vous quand vous avez faim et quand vous devez manger. En cas de contestation, préparez-vous à payer. C’est mesquin, c’est la France de 2020.
LE PETIT POUVOIR LOCAL
Mais il n’y a pas que certains éléments de la maréchaussée qui se sentent pousser des ailes. Certains élus locaux essaient d’en profiter pour asseoir leur petit pouvoir et dicter leurs préférences aux citoyens en espérant que le flou de la règlementation joue en leur faveur.
Vendredi 28 août, quand la préfecture, en lien avec la mairie de Paris, a rendu le masque obligatoire partout à Paris (pour ensuite rétropédaler assez lamentablement), une adjointe au maire a déclaré benoîtement que du coup il était interdit de fumer dans la rue. Heureusement, dans ce cas précis, l’élue s’est vite fait recadrer. Mais dans l’ambiance hygiéniste d’aujourd’hui, on peut se demander si ce n’était pas un coup d’essai…
Les élus locaux ne sont pas en reste quand il s’agit de montrer leurs muscles et de rassurer les flippés du covid. Les masques obligatoires et les couvre-feux se multiplient un peu partout en France, en fonction de circonstances que seuls les édiles locaux et les préfets sont capables d’évaluer.
Là encore, ce qui compte, c’est de rouler des mécaniques en écrasant les citoyens ordinaires qui vivent de leurs commerces, et pas de la consommation d’impôts. Vous vendez une glace un peu après le blackout ? Attention, le Préfet débarque, la nuque raide, pour faire respecter la loi et l’ordre.
BLACKOUT PARTOUT, LIBERTÉ NULLE PART
Et ce n’est pas tout. Au nom du bien commun sanitaire, et pour en finir avec ce satané virus qui n’arrête pas de circuler, on va tuer le commerce local. La Chicorée, célèbre restaurant lillois connu pour son ouverture 24 h sur 24 h est désormais au bord de la faillite, comme bon nombre de commerces qui n’ont pas les reins suffisamment solides pour endurer les prises de décision politique autoritaires antilibérales et anti-commerciales.
Partout, c’est l’impuissance et la stupéfaction devant l’absurde rigueur des bureaucrates qui nous gouvernent. Il faut interdire, punir et réglementer, et cela en toute bonne conscience puisque c’est pour le bien commun sanitaire, l’aide aux personnes vulnérables et le combat commun contre l’égoïsme.
Mais le cœur du problème, c’est que les règles sanitaires sont floues, changeantes, impénétrables et donc largement laissées à l’appréciation de la multitude d’exécutants qui peuvent très bien choisir de les appliquer ou pas. Peut-on manger et fumer à Paris alors que le masque est obligatoire ? Le préfet, sphinx impavide, n’en dit rien, et laisse ces menus détails à l’appréciation de ses policiers.
L’ÉROSION DE L’ÉTAT DE DROIT
Ces tracasseries incessantes qui participent à l’effacement du capital culturel et informel qui tisse la confiance entre les citoyens d’une même nation, érode aussi le fondement de l’État de droit. Comme l’avait très bien vu Hayek dans La Constitution de la liberté, la liberté défendue par les libéraux demande le respect de l’égalité devant la loi.
Elle est la même pour tous, et doit être suffisamment claire, transparente et univoque pour que chacun puisse la comprendre et lui obéir, gouvernants comme gouvernés. Et bien entendu, elle devrait s’appliquer autant aux honnêtes citoyens qu’aux racailles. C’est assez facile de casser les pieds des citoyens ordinaires tout en s’empressant de ne rien faire en réponse à la demande croissante de justice face à l’ensauvagement du pays.
L’idée ici est simple, héritière de la grande tradition de la Rule of law : c’est à la loi qu’on obéit, pas aux hommes et à leurs variations d’humeur. Réintroduire le pouvoir des petits chefs à tous les niveaux du pouvoir étatique revient à s’en séparer et à réhabiliter l’arbitraire. Il est plus que temps de sortir de l’état d’exception permanente justifié par la crise sanitaire.
Contrôle des masques ! Le triomphe autoritaire des petits chefs
J’apprécie votre article comme un juste constat, mais il reste au niveau de l’indignation. Nous pouvons et nous devons aller plus loin puisqu’il y a des victimes et des morts par non respect de l’Etat de droit et de l’égalité de droits. Là il s’agit alors d’un crime en bande organisée par trahison de la Constitution.
Votre renvoi à l’Etat de droit donne une grande partie des clés sur lesquelles on peut s’appuyer.