« La Montagne » de Jean Ferrat chantait des paysans solides bien dans leur peau et dans leur paysage, des citadins étriqués dans des barres de HLM meublées de formica, le travail sans compter comme recette du bonheur et la retraite de fonctionnaire comme avenir peu enviable ….
Mais d’un espace de vie rurale, la montagne est devenue source de profit. La neige est devenue l’or blanc grâce aux loisirs qu’elle procure et aux sports qu’elle génère, d’abord en faveur de quelques-uns, et puis bien sûr, démocratisation oblige, pour tout le monde, jusqu’à devenir une composante obligée des programmes scolaires.
Aujourd’hui, les stations nées de cet appétit font faillite. Sauf les stations huppées accueillant des étrangers fortunés. Les capitaux investis viennent de l’étranger. Les Français n’ont plus les moyens de les fréquenter. On parle russe à Méribel, américain à Megève, arabe à Courchevel et chinois au Club Med.
Colette chantait Saint Tropez comme un paradis en voie de perdition, sans empêcher BB, quelques années après, de s’y installer. Depuis, la Côte d’Azur est devenue mi-russe, mi-saoudienne. Et le reste des côtes françaises en passe de devenir étrangères.
Pareil pour les logements devenus si chers qu’il n’y a plus de parisiens qu’en banlieue – de plus en plus loin de la tour Eiffel – et plus de citadins français moyens qu’à la campagne, sous le vocable de « rurbains », pour donner raison à Alphonse Allais !
Pareil pour les entreprises, les clubs sportifs, ports ou aéroports repris par des nouveaux riches venus d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique lorsque ce n’est pas par la maffia internationale.
L’économie, c’est simple. Elle se résume partout à l’offre et à la demande. L’économie libérale s’en tient à la seule volonté des producteurs et des consommateurs. Ce sont eux qui équilibrent le marché. L’économie administrée, elle, décide de l’offre – de son volume et de son montant – et réduit la demande au strict nécessaire.
Dans la première économie, les riches entretiennent les flux. Dans la seconde, c’est l’État qui crée les flux. Dans la première, il y a de plus en plus de richesses. Dans la seconde, de moins en moins. Dans la première, on se gave de liberté et le pouvoir politique est moins fort que le pouvoir économique. Dans la seconde, on souffre de restrictions et on subit un pouvoir politique autoritaire. Dans la première, il y a des riches, des moyens-riches, des moyens-pauvres et des pauvres. Dans la seconde, quelques rares riches apparentés au pouvoir et surtout des pauvres. Globalement positif ! comme disait Ferrat.
La première est évidemment préférable à la seconde. Mais difficile à sauvegarder sans effort.
Il n’y a de lendemains qui chantent que lorsque la nation prend les moyens de son indépendance.
Il n’y a pas d’économie prospère dans un pays dont la nation travaille moins que ses concurrents.
C’est le seul message qui justifie la réforme – bien timide – des retraites.
Tout le reste est « littérachiotte ».