Nous avons vu hier l’axe sanitaire du gouvernement, examinons aujourd’hui l’axe économique.
L’axe économique : l’Etat paiera
Les problèmes sont de deux ordres, ils concernent d’une part les entreprises et d’autre part les Etats eux-mêmes !
Les entreprises :
L’Etat paiera et il offre une garantie de 300 Md€ aux entreprises !
Il ne faut toutefois pas prendre cette déclaration, aussi spectaculaire soit-elle, comme un engagement ferme ; c’est une simple promesse politique destinée à rassurer la population devant les conséquences du confinement et de la fermeture des entreprises.
Il ne faut jamais oublier l’adage incontournable : Les promesses n’engagent que ceux à qui elles sont faites !
Il s’agit en outre d’une déclaration de fonctionnaire qui n’a aucune idée des conséquences et des implications de la situation créée par la décision administrative du confinement qui signifie l’arrêt pur et simple du pays pour une période indéterminée …
Deux types de mesures sont prévus :
- Un plan de 45 Md € dont l’essentiel – 32 Md€ – passera en report ou annulation de charges sociales et fiscales. Les dispositions de chômage partiel pour les salariés contraints de cesser de travailler coûteront 8,5 Md€ sur 2 mois. Le but est d’éviter les faillites, défaillances d’entreprises et des vagues de licenciements massifs.
- Une promesse de 300 Md€ qui est en fait un mécanisme complexe dans lequel l’Etat se porte garant des prêts susceptibles d’être consentis par les banques aux entreprises. Le gouvernement a d’ailleurs demandé aux banques de « jouer le jeu » mais il n’y a aucun motif de jeu dans un tel mécanisme somme toute extrêmement risqué !
Ces deux mesures appellent les observations suivantes :
- Nous nous lançons à corps perdus dans l’économie administrée qui sera entièrement pilotée par Bercy ; ce qui va nécessiter des quantités énormes de fonctionnaires pour prendre toutes les décisions utiles rapidement. Vous me voyez extrêmement perplexe quant à ce point … quand on connait les méthodes pointilleuses de l’administration ! On va avoir un bouchon administratif et des milliers de dossiers en souffrance avec autant de risques de dérapages !
- L’Etat fonctionnaire va prendre des engagements financiers qui vont vous engager fiscalement pour des années sans que vous ayiez donné votre accord ni que le parlement ait délibéré à ce propos car il faudra bien payer les cautions qui devront être actionnées ; ce qui représente autant de dettes à rembourser.
- Enfin, les sommes promises risquent de s’avérer très largement insuffisantes si le blocage de l’économie dure plus d’un mois. Grosso modo un mois d’activité économique c’est 300 Md€ !
Et encore faut-il que les banques prêtent aux entreprises pour leur permettre de faire face à l’arrêt d’activité.
Car l’hypothèse ministérielle de départ relève de la théorie. Il faut être lucide, ce ne sera pas open bar !
Les banques ne prêteront pas à tout le monde ; il vont demander des garanties car elles savent que le problème du remboursement se posera dans 6 ou 8 mois quand les entreprises devront faire face à leurs échéances et charges d’exploitation actuelles qui ne sont nullement annulées mais simplement reportées !
Or, pour l’instant, apparemment, les commerçants et artisans recevront une allocation unique, sous conditions, de 1.500 € pour le mois ; autrement dit, pas vraiment de quoi faire face aux charges d’exploitation d’une entreprise …et on sait que le PIB et les chiffres d’affaires perdus ne sont pas rattrapés. Aucun délai n’est donné quant à la date de paiement alors que l’URSSAF continue à prélèver « normalement » les cotisations.
Les usines ferment ainsi que les PME et les commerces ; mais qui tiendra le coup ?
Les assureurs sont aux abonnés absents !
Toute la chaine logistique va finir par s’écrouler, les pénuries vont apparaître !
Il faut être lucide, on ne pourra pas éviter un certain nombre de faillites ; et, par un phénomène de dominos qui peut devenir très rapidement incontrôlable, les 45 Md€ seront très vite, très insuffisants …
Il ne faut pas non plus omettre de prendre en considération que le secteur public, par un réflexe corporatiste, commencera pas se protéger lui-même et que ce sont les entreprises privées seront les plus, voire les seules touchées.
Malgré les promesses de Bruno Le Maire et de E Macron, d’empêcher les faillites, les dégâts seront probablement impressionnants !
Par ailleurs, nos brillants politiciens fonctionnaires, tous pétris de leurs convictions étatistes, parlent déjà de nationaliser certaines grandes entreprises en difficulté ; les noms d’Air France-KLM et Renault sont déjà évoqués !
En effet, par manque de trésorerie, Air France et Renault pourraient sauter ; ce qui, en ce qui concerne la deuxième, validerait a posteriori la vision des japonais de Nissan …
Là encore, il faut prendre cela pour une déclaration politique car la question qui demeure est : quels moyens l’Etat peut-il engager ?
L’Etat paiera mais il n’a pas d’argent, il n’a que des dettes (2.450 Md€ à ce jour). Les espoirs de ressources ne peuvent donc provenir que de vos impôts présents et futurs ou des emprunts faits auprès de prêteurs français, étrangers ou de la BCE par le biais d’une émission monétaire massive !
Les Etats :
Des tensions sont très vite apparues sur le marché obligataire et les taux de la dette italienne, pays le plus fragile de la zone €, se sont envolés à 3% alors que l’on sait que la dette italienne est insoutenable (la Grèce est hors concours) !
Les taux de la dette française sont remontés d’un coup de 1% et ont abandonné le territoire négatif.
Ce n’est pas un secret que les investisseurs commencent à se méfier de la dette de certains Etats de la zone € car, si des marges de manœuvre budgétaires existent pour certains pays (Allemagne, Pays-Bas), il n’y a, contrairement aux assurances de Bruno Le Maire, pas de marges de manœuvre budgétaires dans plusieurs pays fragiles (Italie, Belgique, Espagne, France).
C’est à dire que ces pays, ou plus exactement les populations, risquent de payer l’inconséquence du refus de faire les réformes qu’il fallait absolument faire pour diminuer le poids de la dépense publique et l’endettement !
Les dirigeants de ces pays risquent d’être responsables, devant l’Histoire, d’une magistrale faillite qui pourrait emporter la zone € puis l’Union Européenne elle-même !
G Darmanin, ministre du budget, anticipe, officiellement, un déficit budgétaire à 4% pour 2020 et un ralentissement de croissance de 1%.
Encore une fois, on est en plein dans le déni de réalité ou … dans le mensonge étatique comme l’a révélé Mme Buzyn !
Il est plus que probable qu’on est loin du compte ; ce sera très certainement au-delà de 6% en espérant que ce ne soit pas 10% (soit 250 Md€) avec une violente récession (réduction du PIB) d’au moins 3 à 4% !
Ces chiffres sont tout simplement ceux de la dernière crise de 2007-2008 et à l’époque la dette publique n’était pas égale à 100% du PIB !
Autrement dit, nous allons au-devant d’une récession économique gravissime dont il faudra assumer les conséquences !
La dette publique va bondir de 2.450 à 2.800 Md€ soit environ 120% du PIB, si tout va bien, et il est illusoire de croire que cela va arranger les choses !
J’imagine néanmoins que E Macron et son gouvernement ont reçu des assurances de Christine Lagarde, présidente de la BCE ; laquelle vient d’annoncer un plan de 750 Md€ destiné à financer les besoins des Etats et des (grandes) entreprises ?
Le problème est que si les besoins de la France seule sont de 300 Md€ pour un seul mois, on imagine aisément que 750 Md€ seront très vite, très insuffisants, pour les 27 membres de l’UE !
Les USA annoncent, de leur côté, un ensemble de mesures représentant 6.000 Md$ ; ce qui semble beaucoup plus proche de la réalité pour un ensemble économique comparable !
Evidemment, la BCE va créer de la monnaie ex-nihilo c’est à dire que l’on va faire marcher la planche à billets … génératrice d’inflation.
Le but sera d’une part d’assurer la solvabilité budgétaire des Etats et d’autre part d’empêcher des écarts de taux (spreads) sur les dettes des Etats ; écarts qui pourraient mettre en difficulté des pays comme l’Italie ou la France si les taux du crédit montent au-delà de 4% l’an !
Car, si les taux montent trop haut, la dette de ces pays va alors progresser de manière exponentielle et mettre en danger tout le système !
Sans l’€, l’affaire se terminerait tout simplement par la faillite de l’Etat italien qui ne pourrait que monétiser sa dette intérieure avec l’impression monétaire massive au prix d’une hyperinflation qui ruinera rapidement toute la population sans pour autant pouvoir rembourser ses dettes extérieures !
Evidemment, les dettes contractées ne pourront jamais être remboursées ; ce qui signifie qu’elles resteront, et pour longtemps, dans le portefeuille de la BCE et que leur destruction ne pourra intervenir que par le biais d’un mécanisme inflationniste qui va laminer les salaires et les patrimoines sur une période de 10 à 30 ans !
En ce qui concerne l’évolution de l’Union Européenne, il est évident qu’il fallait aller dans le sens d’un fédéralisme plus accentué lorsque les conditions étaient favorables ; cela n’a pas été fait et ce n’est pas dans un moment de crise comme celui-ci que cela se fera car nous nous situons plutôt dans le moment du repli et du chacun pour soi !
Bruno Le Maire a déclaré : « On va faire simple. On va faire massif et on va faire solidaire », Or, quand on nous parle de solidarité, il faut comprendre avant tout « impôts futurs », car, ce qui nous pend au nez, c’est que nous allons payer le prix fort pour toutes ces dérives et que nous aurons surtout une violente augmentation de la fiscalité avec probablement une hausse de la TVA qui va passer de 20 à 25%.
Les français devront se poser la question de la réalité de la protection de l’Etat tant vantée ; bien que, à n’en pas douter, nos politiciens fonctionnaires n’hésiteront pas à prétendre que tout cela n’est nullement de leur faute mais est dû au capitalisme international, mondialisé, apatride alors que la cause profonde du mal est le surendettement des Etats qui a obligé à maintenir des taux d’intérêts les plus bas possibles pour empêcher des défauts !
En attendant, ce sera, une nouvelle fois, une grande victoire de l’interventionnisme étatique la française !
Le seul « avantage», si l’on peut dire, c’est que le prix du pétrole baisse, remettant en cause les dépenses insensées faites au nom d’une écologie idéologisée et fiscalement subventionnée !
En plus, on « découvre » qu’il y a du pétrole, beaucoup de pétrole alors que certains annonçaient que l’Arabie Saoudite était « presque à sec » !
La réalité qui va nous exploser à la figure, c’est que les systèmes modernes sont complexes et par conséquent fragiles et ne sont absolument pas adaptés à un arrêt total d’activité !
La seule question que tout un chacun doit désormais se poser est : qui paiera la facture de toutes ces inconséquences ?
On nous parle de tsunami sanitaire, j’ai bien peur qu’on ait droit ensuite à un tsunami économique aux conséquences incalculables car elles risquent d’être apocalyptiques !
On n’avait vraiment pas besoin de ça !
Bien cordialement à tous !
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Si la crise économique déclenchée par la bravade burlesque du gouvernement -animée par Edouard Philippe (qui fait campagne municipale au Havre « en même temps », on ne sait jamais) et d’Emmanuel Macron, maintenant chef-de-guerre (sept fois pour ceux qui n’entendent pas bien) – dure un trimestre, cela va impacter un quart du PIB français estimé à 2.456 milliards pour 2020, soit quand même 614 milliards.
Si on relativise ce montant, on pourrait bien avoir un manque de richesses produites de l’ordre de 150 milliards au grand minimum (ce qui n’est pas produit est définitivement perdu CQFD) ce qui représenterait une récession de -6%.
On est loin, très loin du chiffre annoncé de 1 % par Bruno Le Maire.
A voir.
Mais d’où vient ce « pognon de dingue » ? Et bien du déficit, pardi, selon https://www.aft.gouv.fr/fr/publications/communiques-presse/20200318-modification-programme-financement :
» L’impact de la crise sanitaire et les mesures de soutien à l’économie annoncées par le gouvernement pour y répondre augmentent le besoin de financement de 15,1 milliards d’euros par rapport à la Ioi de finances initiale (LFI) pour 2020. Le déficit budgétaire est ainsi porté à 108,5 milliards d’euros, contre 93,1 milliards d’euros prévus dans la LFI pour 2020.
« Dans ce contexte, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a arrêté le détail du programme révisé de financement pour 2020.
« Les émissions de moyen et long terme nettes des rachats s’établiront à 210 milliards d’euros (+5 milliards d’euros par rapport à la LFI pour 2020) tandis que la variation des titres d’État à court terme (BTF) est portée à 27,5 milliards d’euros (+17,5 milliards d’euros par rapport à la LFI pour 2020). ».
A suivre sur ce site gouvernemental. Ce sera vite vu.
« Pour la dette il suffit de suivre https://www.aft.gouv.fr/fr/principaux-chiffres-dette
« Préparez quand même votre solidarité, car il faudra bien payer, enfin je m’adressais uniquement aux riches à partir le 2.000 euros par mois (il y en a tellement moins à partir de 4.000 euros)
Quant à : « Les dispositions de chômage partiel pour les salariés contraints de cesser de travailler coûteront 8,5 Md€ sur 2 mois. Le but est d’éviter les faillites, défaillances d’entreprises et des vagues de licenciements massifs. La population active au sens du Bureau international du travail (BIT) est estimée à 29,7 millions de personnes, soit 143 € par mois et par personne active ! https://www.insee.fr/fr/statistiques/3676623?sommaire=3696937
Oui, vous avez entièrement raison !
Je parle dans l’article de 3 à 4% étant entendu qu’il s’agit d’un minimum !
B Le Maire est en permanence à côté de la plaque parce qu’il est dans la communication immédiate dans le cadre d’une « stratégie » gouvernementale visant à « rassurer les français » !
Comme je l’ai dit aussi, il ne connait rien à l’économie -il répète les données macro économiques qui lui sont communiquées par Bercy !
Je suis en train de me pencher sur cette question : la récession sera probablement supérieure à 6%
Nos voisins Belges ont de la suite dans les mauvaises idées :
https://www.lalibre.be/debats/opinions/coronavirus-toutes-les-victimes-ne-pourront-etre-aidees-financierement-il-faudra-choisir-5e739cecd8ad582f31bafd7f
« En plus, on « découvre » qu’il y a du pétrole, beaucoup de pétrole alors que certains annonçaient que l’Arabie Saoudite était « presque à sec » ! »
Je me souviens des affirmations officielles passées (la fréquentation des archives est toujours intéressante) : après le choc pétrolier de 1979 l’institut français du pétrole déclarait aussi que les puits étaient presque à sec : rien de nouveau sous le soleil…
Je me souviens aussi d’une émission de télé au cours de la première guerre du golfe, un géologue (du genre honnête) avait déclaré qu’à Bassora il y avait 7 nappes de pétrole de 50 kilomètres de long les unes au dessus des autres, donc le manque de pétrole…
Tout cela sans compter les immenses réserves de gaz non encore explorées que comporte notre planète.
Voyons quand même le côté positif des choses, ce choc économique ne devrait quand même pas avoir les conséquences d’une guerre : l’outil de production n’est pas détruit et la main d’oeuvre n’a pas été tuée.
Confinés, nous avons le temps de lire, de nous informer, aussi, je vous invite à remonter le temps par une intervention à L’ANAJ-IHEDN
Pour une » nouvelle conférence inédite :
L’art de la non-décision ou comment donner l’illusion de l’action ?
Pierre CONESA
Ancien adjoint au Directeur de la Délégation aux Affaires stratégiques
Ancien Directeur général de la C.E.I.S
Auteur de “”Surtout ne rien décider, petit manuel de survie en milieu politique” (2014)
Jeudi 23 octobre 2014
19h30 à 21h00
Ecole militaire
Amphithéâtre Desvallières »
https://jeunes-ihedn.org/wp-content/uploads/2014/10/ANAJ-IHEDN-CONESA-SURTOUT-NE-RIEN-DECIDER.pdf
https://jeunes-ihedn.org/conference-lart-de-la-non-decision-ou-comment-donner-lillusion-de-laction/
Bonne lecture
on va va la faire a la grecque ..
pleins de fonctionnaire
on fait du black
on encaisse les aides
et on attends …attends …attends
bref on rembourse jamais 🙂