Ces failles de la Vème République qui provoquent la colère populaire

Encore une fois, je vais vous rappeler tout le mal que je pense de la Vème République et de son système de monarchie élective !

On sait que les français ne peuvent plus voir E Macron en peinture mais que celui-ci s’accroche à son poste comme une moule sur un rocher. Il refuse de partir et refuse de tirer les conséquences de la situation qu’il a lui-même provoquée ; tout comme il refuse de voir l’impopularité massive qu’il rencontre auprès des français …

La raison n’est même pas constitutionnelle, elle est bassement matérialiste et purement personnelle : s’il abandonne ses fonctions, il n’est plus rien et retourne dans l’anonymat comme F Hollande qui rêve encore aujourd’hui un retour qui n’aura pas lieu. Pour un individu narcissique, il est évident qu’un tel affront est absolument inacceptable ; compte non tenu du fait qu’il a en tête des calculs visant à le faire rebondir vers un poste international prestigieux après la fin de son mandat en 2027.

La conséquence la plus immédiate est que les tensions montent et il n’y a pas de solution en vue !

Or, partout ailleurs en Europe, lorsque le chef du gouvernement perd la majorité, il démissionne et disparaît !

Ah oui, mais non, car E Macron n’est pas le chef du gouvernement !

C’est le chef de l’Etat !

Or, et c’est bien là le problème, avec la Vème République, c’est bien le président qui a tous les pouvoirs, le premier ministre n’étant qu’un pouvoir délégué qui agit au nom du président et selon ses instructions.

En Allemagne, il y a bien un président mais il n’a aucun pouvoir et par conséquent ne gêne pas le fonctionnement normal des institutions basé sur les majorités politiques. Si la majorité change, le chancelier s’en va …

Il faut comprendre, à ce stade, qu’il s’agit là juste d’un lamentable artifice constitutionnel mis en place en 1958 pour permettre au général De Gaulle de gouverner sans être empêtré dans des combinaisons politiciennes ; ce qui fait que pendant longtemps les chancelleries européennes se sont posé des questions à propos de ce montage si particulier, et en fait unique, en cas de cohabitation : mais c’est qui le chef ?

Le premier vice de la Vème République

C’est qu’il ne prévoir qu’un système de pouvoir sans partage, monarchique basé sur une majorité à l’assemblée nationale. Il a supprimé de ce fait la culture de la coalition pour n’adopter qu’un régime de majorité et de conflits idéologiques à l’assemblée nationale tout en favorisant l’irruption de partis extrémistes qui ne peuvent s’entendre avec … personne.

On en avait déjà vu les effets avec la cohabitation qui n’avait pas été prévue ni par De Gaulle et ni par M Debré ; le général De Gaulle ayant sans doute intégré (mais ni F Mitterrand ni J Chirac) qu’il démissionnerait s’il perdait la majorité à l’assemblée nationale.

La réforme effectuée sous Sarkozy de 2008 n’a pas permis la résolution de ce problème.

Mais que se passe-t-il quand il n’y a plus de parti majoritaire à l’assemblée ?

On le voit, c’est l’instabilité gouvernementale à coups de motions de censure comme sous la IVème république dont le principal vice était, on l’oublie aujourd’hui, son système électoral basé sur la proportionnelle qui diluait les majorités (sous la Vème c’est le scrutin uninominal majoritaire à 2 tours qui permet de dégager, en principe, une majorité pour le candidat élu) !

Le deuxième vice de la Vème République ?

C’est l’irresponsabilité politique d’un président de la République qui va utiliser tous les expédients pour essayer de surnager dans le marasme politicien et institutionnel qu’il a lui-même provoqué !

Et qui a organisé cette irresponsabilité qui, aujourd’hui, rend la situation insoluble ?

Oui, c’est bien le général De Gaulle qui, lors d’une conférence de presse (arrangée) restée célèbre, avait éructé, un brin énervé, « pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans je commence une carrière de dictateur ? »

Il n’en avait pas besoin, il avait déjà tous les pouvoirs ; surtout qu’avec la modification constitutionnelle de 1962 il avait obtenu des français (bien naïfs) qu’il soit élu au suffrage universel avec pour résultat de créer une ambiguïté politique désastreuse !

L’idée de base était que le président n’était responsable politiquement que devant les français mais la pratique a fait que le président est finalement totalement irresponsable politiquement et surtout pas devant les français.

E Macron a-t-il à un moment ou un autre pris acte de la contestation populaire et du changement de majorité ?

Absolument pas, il a juste intrigué en nommant des premiers ministres qui lui convenaient à lui mais ni à l’électorat ni aux partis politiques …

Dès lors, la question induite qui se pose est : qui est légitime pour parler au nom du peuple français ?

Le président élu par tous les français (ou du moins la majorité d’entre-eux) ou les députés élus eux aussi par tous les français ?

Car, la situation ne peut aboutir qu’au blocage institutionnel lorsque le président, qui a perdu toute légitimité réelle mais pas constitutionnelle, puisqu’il a été élu pour 5 ans et peut légitimement prétendre poursuivre son mandat jusqu’à son terme, ne veut pas abandonner ses fonctions malgré la modification de la structure électorale de l’assemblée après des élections qui lui ont été défavorables.

A ce jour il n’y a pas de réponse  … et ce blocage ne peut amener évidemment que la contestation et les violences de la part de français qui estiment avoir été trompés … d’où la facilité de déclencher des mouvements comme celui du 10 septembre.

En effet, du fait de son irresponsabilité politique, le président n’est pas assujetti, comme les autres chefs de gouvernement en Europe, à la modification des rapports de force au sein de l’assemblée et ne peut pas être dégagé. Il se sent donc invulnérable ; ce qui convient d’ailleurs fort bien à sa personnalité quelque peu provocatrice.

Les français l’ont constaté puisque, malgré sa débâcle électorale, il a nommé M Barnier et F Bayrou qui n’étaient ni l’un ni l’autre issus d’une majorité parlementaire ; et S Lecornu encore moins !

La cadence des nominations démontre d’ailleurs une évidente fébrilité du président à cet égard … alors qu’il préfère jouer les divisions plutôt que le rassemblement.

Inévitablement, il se créé une distorsion entre la volonté du président et la réalité de l’électorat ; ce qui permet de penser que nous nous approchons du déni de démocratie et d’un blocage institutionnel tout à fait préjudiciable.

Aujourd’hui nous sommes dans l’impasse alors qu’une solution serait de supprimer le premier ministre (l’épisode Barnier l’a prouvé) et de rendre le président responsable politiquement tout en supprimant son élection au suffrage universel pour le remplacer par une élection par les députés !

Question subsidiaire : pourquoi E Macron a-t-il nommé si vite S Lecornu premier ministre alors qu’il avait intentionnellement mis des mois à nommer M Barnier ?

Parce qu’il savait, comme tout le monde, que l’agence Fitch allait se prononcer sur la note de solvabilité de la France et que l’absence de premier ministre et de gouvernement ne pouvait qu’aggraver les choses !

Il a même peut-être espéré (naïvement) que le pays échapperait à la dégradation de AA- à A+ mais cela n’est pas arrivé !

Pourquoi ces considérations ?

Parce que la France va désormais devoir emprunter plus cher alors qu’elle doit emprunter 300 Mds€ par an ; ce qui va nous coûter une fortune et relève, contrairement à ce qu’a faussement affirmé F Bayrou, totalement de la responsabilité des hommes de pouvoir qui nous ont amenés à cette situation par leurs décisions hasardeuses !

Le budget 2026 ne va pas y résister et … ceux d’après encore moins !

Bien cordialement à tous !

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, diplomé de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage ma vie entre la France et la Grèce. Pour moi, le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

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