C’est le panneau que les établissements d’enseignement devraient installer au-dessus de leur entrée principale.
Il dit que l’enseignement est un ascenseur social. Il ne dit pas, à juste titre, que c’est le seul. Il sous-entend qu’il en est d’autres.
Il ne pose pas le débat en termes d’obligation, de soumission, mais au contraire il évoque un service que chacun peut refuser. Mais qu’il serait mal venu de détruire, de ne pas laisser intact pour ceux qui veulent en profiter.
Il conseille, mais de façon neutre, de participer au grand élan de l’ascension sociale. Qui, suffisamment répandu, devient bénéfique à toute la société.
Il instaure, dès le départ, un rapport de confiance et de respect qui n’a rien à voir avec l’ordre, la servitude ou la discipline imposée. Qui, au contraire, suggère le contrat consenti et évoque un résultat matériel complémentaire aux satisfactions intellectuelles supposées.
Car enfin, il y a bien un problème entre l’enseignement, les élèves et les parents d’élèves. Chacun se plaignant des autres.
Traditionnellement, c’est l’Education Nationale qui porte le chapeau.
Or, le problème ne vient-il pas de l’idée que ce font les protagonistes de la réalité des établissements d’enseignements ?
Cette idée n’est-elle pas un peu trop théorique, ou au contraire trop intéressée ?
Déjà, la notion d’enseignement obligatoire est malvenue, l’enseignement devrait être séducteur et non obligatoire. Mais aussi lucide, transparent.
Que ce soit à travers les connaissances acquises, voire le diplôme obtenu, la majorité de ceux qui prennent la peine d’étudier ne sont pas mus par une simple satisfaction personnelle. Ils espèrent un retour. Hélas, ils rêvent souvent de transformer ce retour directement en pouvoir, social ou économique. Autant les avertir qu’ils font fausse route, que ce qu’ils peuvent espérer est moins terre à terre.
L’ascenseur social n’a pas d’autre vertu que de nous mettre à l’étage supérieur, libre à nous d’y avoir l’activité ou les buts que nous souhaitons, ou qui nous seront accessibles en fonction d’autres critères complémentaires à la connaissance.
Situer précisément la place de l’enseignement, ne pas faire croire qu’il s’agit de l’unique trajectoire, mais qu’elle reste respectable, que ceux qui ne la respecte pas ne sont pas obligé de la casser, me parait enfoncer une porte ouverte, encore faut-il localiser cette porte ouverte.
Sont-ils si nombreux à la voir ? Rien n’est moins sûr.
Beaucoup croient que les études terminées, la suite est toute tracée. Ils ont tout faux. Et pourtant, c’est dans cette idée qu’ils sont endoctrinés dès leur plus jeune âge.
De ce fait, en réaction, d’autres refusent l’enseignement, signe pour eux de toutes les tares dont ils accusent ceux qui réussissent. Alors qu’il n’y a pas de rapport direct entre l’instruction et, disons, la réussite telle qu’elle est souvent abhorrée.
Le panneau laisse supposer les limites de l’enseignement, qui n’a aucune raison de subir la haine qu’engendre chez certains la hiérarchie sociale. Il demande de ne pas casser en cas de refus d’utiliser.
A quoi sert de casser un ascenseur ? Juste à monter ensuite les étages à pied. Ce qui peut parfaitement se faire sans casser l’ascenseur. Et peut-être d’arriver alors au constat que celui qui est monté à pied est finalement plus robuste que celui qui a pris l’ascenseur, donc plus performant à l’étage atteint.
Oui, ce panneau « Ceci est un ascenseur social, ne le cassez pas, utilisez-le », me parait de nature à faire que ceux qui rentrent dans un établissement d’enseignement soient avertis de sa réalité, de ses limites et de ses potentialités sociales.
Que donc soient désamorcées la plupart des réactions néfastes liées aux erreurs d’attente de l’enseignement.
Restent évidemment, à la discrétion de chacun, les émotions personnelles de l’enseignement, des études, c’est un autre problème, dont nous ne nous mêlerons pas, puisqu’il est personnel.
Bien à vous. H. Dumas
« -Oh, M’sieur le Conseiller d’orientation, rien qu’en vous écoutant causer pendant plus d’une heure, je crois que je viens de trouver subitement ma voie ! »
« -Quoi, déjà ? C’est formidable, mon garçon ! Et, si ce n’est pas indiscret de ma part, cette voie, quelle est-elle ? » –
« -Ma foi, tout à fait identique à la vôtre ! »
« -C’est-à-dire ? »
-« Aider les autres à trouver la leur ! »