Archives de catégorie : Zap du Net

Une selection d’articles choisis sur le net par E. Bolling

LE CONTROLE FISCAL RAPPORTE DE PLUS EN PLUS A L’ETAT. par Olivier Bertaux

Le 11/04/2016    Par Olivier Bertaux   dans Contribuables Associés

Si les redressements fiscaux augmentent toujours, ce n’est pas forcément le cas des sommes réellement encaissées par le Trésor. Cherchez l’erreur…

Bercy a communiqué début mars les derniers chiffres des redressements fiscaux. Ils sont en constante augmentation et s’élèvent pour 2015 à 21,2 milliards d’euros, contre 19,3 milliards d’euros en 2015. Soit 1,9 milliards de plus, après 3,2 milliards d’augmentation l’année précédente.

Et pourtant le nombre de contrôles fiscaux a diminué, passant de 51 740 à 50 168. La première réaction devant ces résultats est bien sûr de se réjouir de voir une administration qui renforce son efficacité et surtout en tire une fierté non dissimulée. On peut se dire que plus de 20 milliards pris sur les fraudeurs qui rentrent dans les caisses de l’État, c’est autant en moins qu’auront à payer les contribuables honnêtes.

La réalité n’est pourtant pas aussi idyllique. Car en y regardant de près, on s’aperçoit que les montants redressés comprennent 2,65 milliards d’euros au titre du fameux « STDR », service de traitement des déclarations rectificatives, appellation pudique de la cellule de dégrisement de Bercy chargée de négocier avec les contribuables indélicats le rapatriement en France des fonds non déclarés à l’étranger.

On peut donc dire que sans cette manne providentielle qui ne saurait s’éterniser, les contrôles auraient moins rapporté que par le passé. En outre, il faut savoir qu’obliger des contribuables à rapatrier leurs fonds en passant sous les fourches caudines de Bercy, c’est aussi en inciter d’autres à s’exiler définitivement car le fisc français pourra difficilement reprocher à un résident étranger d’avoir un compte à l’étranger…

Mais d’autres chiffres du rapport laissent perplexes. En effet, alors même que Bercy reconnaît lui-même que la TVA est la première source de fraude, on s’aperçoit qu’il s’agit du seul impôt pour lequel les redressements diminuent, passant en deux ans de 4,5 à 3,7 milliards d’euros.

Or, à part ceux qui se trompent parmi le maquis de taux existant, l’infraction à la TVA s’avère le plus souvent effectivement frauduleuse puisqu’il s’agit de ne pas reverser la taxe pourtant collectée ou de se faire rembourser un crédit de TVA fictif par un montage d’entreprises tout aussi fictives.

Fraudeurs et contribuables de bonne foi

Il est donc regrettable que la lutte contre la fraude à la TVA semble perdre en efficacité, alors même que les redressements en impôt sur le revenu ou en impôt sur les sociétés ne cessent de progresser. Or, pour ces derniers impôts, on sait très bien qu’à côté des réels fraudeurs, existent aussi des contribuables de bonne foi qui ne s’y retrouvent plus dans la jungle fiscale et commettent donc des erreurs sans réelle intention de nuire.

A ce propos, le rapport, au demeurant fort bien présenté et qui a le mérite de la transparence, distingue les redressements des entreprises et des particuliers, les premières subissant 14 milliards d’euros de rappels et les seconds 7 milliards d’euros. Mais sans distinguer ce qui relève de la simple erreur et ce qui témoigne de la mauvaise intention, ce qui n’est pourtant pas neutre.

Et si les entreprises ont l’air plus touchées que les particuliers, il ne faut pas oublier que les redressements des entreprises naissent souvent d’une simple anticipation de charge. C’est-à-dire que les entreprises cherchent à déduire le plus vite possible une dépense pour gagner en trésorerie. Et lorsque le fisc n’est pas d’accord, cela revient juste à reporter une déduction sur les années suivantes. Autrement dit, le redressement est vite compensé par une déduction ultérieure et le Trésor n’a alors gagné que les intérêts de retard.

21,2 milliards de redressements pour 12,2 milliards d’encaissements

Enfin, le rapport met en toute franchise le doigt sur le défaut essentiel des redressements : Pour 21,2 milliards d’euros de redressements, il y a eu seulement 12,2 milliards d’euros d’encaissement effectif, autrement dit à peine la moitié.

Cette différence béante et constante laisse la porte ouverte à diverses supputations : les contrôleurs n’étant pas ceux qui recouvrent l’impôt, n’ont-ils pas tendance à redresser pour atteindre leurs objectifs, sans se soucier du bien-fondé du redressement ? Combien de redressés à tort ont fini à terre à cause de contrôles excessifs ?

L’administration fiscale est-elle si bien organisée pour laisser filer la moitié de la recette ou se tromper à ce point dans le bien fondé des redressements ? La pression fiscale actuelle serait-elle à la fois financière et psychologique ?…

A la suite d’erreurs à répétition des services fiscaux, l’État a d’ailleurs dû verser récemment à un contribuable 100 000 euros d’indemnités pour préjudice financier et 10 000 euros en réparation du préjudice moral (TA Besançon, 18-12-2015, n° 1400721).

Pour la petite histoire, le ministre parle de résultats de la « lutte contre la fraude fiscale » en y englobant ce qui relève de la simple erreur de bonne foi et alors même qu’un redressement n’équivaut pas forcément à une condamnation. A croire que tout contribuable redressé est présumé coupable…

Olivier Bertaux

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (5 avis)
Loading...
2 090 vues

PME : la folie règlementaire qui détruit la croissance par Yves Monteray

 

Publié le 15 mars 2016 dans Entreprise et management

La folie réglementaire étouffe les PME, et la croissance du pays.
Par Yves Montenay

Je connais l’économie vue d’en bas, ayant été à la tête d’une entreprise fédérant des PME, ce qui me permet de comprendre aujourd’hui les lamentations de mes amis entrepreneurs ou experts comptables. Ces derniers sont des témoins précieux, car les petites entreprises les chargent du travail administratif pour lequel leurs patrons n’ont ni le temps ni en général la compétence nécessaire. Moyennant un coût assez élevé bien sûr, vu leur qualification juridique et informatique.

La folie réglementaire

Voici un extrait résumé d’une étude de France Entrepreneur qui recoupe mes constatations : « la frénésie réglementaire oblige à 50 jours de travail par an dans une entreprise de 3 salariés et absorbe près du tiers de la valeur ajoutée d’une entreprise sans salarié. Une entreprise de moins de 5 personnes doit remplir plus de 210 pages de déclarations chaque année. La charge pour une entreprise sans salarié est proportionnellement 25 fois plus lourde que celle d’une PME de plus de 50 personnes. Et il n’y a pas que les administrations. Banques, assurances, acteurs de l’enregistrement, centres de formalités des entreprises, chaque acteur ajoute sa pierre au mur de la complexité. » (texte complet sur « Simplifions vraiment le quotidien des entrepreneurs »)

Mais, dira-t-on, j’ai entendu parler de mesures de simplification. Certes, et il faut le saluer. Mais il s’agit d’améliorer des dispositions passées, et non de l’avalanche de dispositions nouvelles. Le problème est l’énorme monument fiscal et social qui va encore se compliquer terriblement avec le compte pénibilité. On aura le choix entre monter une nouvelle usine à gaz, ou renoncer à un traitement individuel et définir des catégories de travailleurs censés avoir un travail pénible dans toutes les entreprises. C’est exactement ce que cherchent certains syndicats pour se créer une clientèle, et l’on retombera sur les primes, « de charbon » ou autres, périmées depuis longtemps, mais « avantages acquis » toujours défendus bec et ongles par les successeurs. Les grandes entreprises publiques et l’administration ont été particulièrement imaginatives dans ce domaine.

Le numérique à la rescousse ?

En matière sociale et fiscale, le numérique simplifie certes les obligations bien rodées, mais permet aussi une complexité croissante, qui sans lui, n’aurait pu se matérialiser. Tous les ans de nouvelles complications épuisent les professionnels avec le rodage coûteux de nouvelles applications informatiques.

Les experts comptables, et les entreprises de service informatique qui sont derrière eux et derrière les patrons d’entreprises moyennes, ont ainsi un double rôle :

– d’abord ils sont des rouages indispensables de notre vie sociale : sans eux, plus de versement de salaires, plus de droits sociaux, plus de recettes pour l’État,

– ensuite ce sont les cobayes des dernières fantaisies législatives et réglementaires : il faut se mettre au courant, voir comment cela se traduit dans l’organisation (nouvelles données à fournir), payer l’expert comptable pour les traiter, constater avec lui que ce n’est pas possible sans tel changement de logiciel ou de matériel, voire de la loi elle-même, d’où un retour des professionnels vers les politiques, en général lent et inopérant, donc, en attendant, des demandes d’indulgence et de délais d’adaptation. Autant de temps et compétence soustraits à la véritable mission de l’entreprise : satisfaire ses clients.

Les grandes entreprises ont certes les moyens humains de faire face, mais cela leur coûte cher également. Elles délocalisent tout ce qu’elles peuvent, et utilisent de brillants cerveaux pour trouver le moyen de contourner la dernière folie, ou d’y trouver une faille… que l’administration refermera un ou deux ans après les avoir vu conseillées par la presse professionnelle. Encore une fois voici nos brillants cerveaux de part et d’autre en guerre pour un résultat final nul.

Et il n’y a pas que le fiscal et le social : parlez des normes à des artisans ou PME du bâtiment !

Je crois que nous avons là une réponse partielle à la question classique : « Où passe la productivité apportée par le numérique ? ». Réponse : « À compenser le massacre de l’économie par les ignorants qui nous gouvernent » : une idée, une loi, une commission qui va la compliquer pour tenir compte de telle contrainte ou de tel lobby (« Une motion de synthèse » dirait quelqu’un que nous connaissons tous). Et voilà 30 pages de plus dans tel ou tel code ! Certes, l’idée de départ est parfois bonne, mais lancée sans étude d’impact comme cela se fait pourtant couramment à l’étranger. Mais elle peut aussi être contre-productive : il peut s’agir d’une démangeaison idéologique, d’une pêche aux voix pour le prochain scrutin ou tout simplement du plaisir d’exercer le pouvoir et d’avoir son nom immortalisé par une loi !

Il ne faut donc pas s’étonner d’une croissance molle malgré les immenses cadeaux de la baisse du prix du pétrole et d’une dette quasi-gratuite ! Et en oubliant que sans les soutiers du clavier, la folie réglementaire nous ferait reculer chaque année.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
1 825 vues

Suicide des petits patrons : un drame muet et ignoré. Par Jacques Clouteau.

 

180 artisans et petits chefs d’entreprise se donnent la mort chaque année, plus de 10 « Charlie Hebdo » par an. Un drame muet dont personne ne parle.

Par Jacques Clouteau.

Voici quelques semaines, 17 personnes sont mortes sous les balles de fous-furieux, à Charlie Hebdo ou dans une épicerie kasher, suscitant une émotion que nous avons tous partagée. Immédiatement les hommes politiques ont réagi, les médias se sont dressés et la France s’est unie pour dire à ces malades de l’intégrisme et de la gâchette que nous n’avions pas peur d’eux.

Pendant ce temps de recueil, qui a duré une semaine, quatre artisans, agriculteurs et petits chefs d’entreprise se sont suicidés. Ruinés, saignés, écrasés, bafoués par une montagne de charges telle qu’ils n’ont pas pu la porter. Laissant une famille dans le deuil et des dizaines d’ouvriers sur le carreau.

180 artisans et petits chefs d’entreprise se donnent la mort chaque année, ce dont personne ne parle jamais. Un seul postier met fin à ses jours et la presse et la télévision dissertent largement sur le sujet… Mais un petit artisan au fond de la province, quelle importance, n’est-ce pas… Après tout ce n’est qu’un salaud de patron… Il n’avait qu’à mieux calculer…

Ils voulaient seulement faire vivre leur famille, voir leur entreprise prospérer. En Suisse, en Hollande, en Angleterre, au Portugal, ils auraient effectivement prospéré. En France c’est interdit. L’Urssaf et toutes les caisses d’assurance monopolistiques se chargent de vous le rappeler chaque fin de mois, en vous escroquant 54% de ce que vous avez gagné, afin de vous garantir une « protection sociale » que vous n’avez jamais demandée et qui vous protège tellement de tout qu’elle vous en fait crever…

Il faut aussi se souvenir que ce « modèle social français », élaboré en 1945, au sortir de la guerre, censé assurer à tous les citoyens une sécurité et un revenu même en cas d’accident de la vie (c’est inscrit dans le marbre de la Constitution…), en est arrivé 70 ans plus tard à les ruiner et les jeter à la rue quand il ne peuvent plus payer leurs « cotisations sociales ». Ah, j’oubliais, une fois sur le trottoir, le petit artisan pourra mendier le RSA…

Dans ce combat plombé, certains tiennent le coup, difficilement, et sont toujours à la limite de la survie, d’autres quittent le pays, les plus jeunes n’y rentrent même pas après leurs études. Mais 180 pauvres bougres, un tous les deux jours, n’y arrivent pas. Un massacre à la Charlie Hebdo chaque mois, et personne ne lève le poing pour dire « ça suffit »…

Les noms qui reviennent souvent dans ces drames, on les connait, ils fleurissent sur les panneaux à l’entrée de nos villes, au premier rond-point. Levez la tête et vous les verrez : CAF, CPAM, URSSAF, RSI, MSA, Pôle emploi, etc. Afin d’indiquer au bon peuple l’endroit où il peut aller quérir ses « droits » et ses allocations diverses pour boucler le mois sans trop travailler. Ces sigles abscons désignent un ensemble de caisses « sociales » qui n’ont de social que le nom, dont la critique est quasi-interdite, au pouvoir discrétionnaire et illimité, et qui vous mènent à la ruine si vous avez le malheur de ne pouvoir verser leur obole obligatoire et solidaire…

La suite, nous l’avons tous connue dans notre entourage : il n’y a pas de Restaurant du Cœur pour un petit artisan au bout de sa fatigue.

Hors ceux qui ont préféré le suicide, il y a les centaines de milliers d’autres, agriculteurs, artisans, commerçants, professionnels libéraux, qui ont un jour jeté l’éponge, fermé leur entreprise, laissé les employés au bord du chemin, perdu toutes leurs économies, et aussi perdu dans le même naufrage toutes leurs illusions. Il ne faut pas oublier, dans cette sinistre statistique, les enfants, les amis, les voisins de ceux qui ont cessé le combat, qui ont vu la fatigue, l’angoisse, la désespérance, et qui de ce fait jamais, jamais ne créeront une entreprise.

Derrière ce découragement des entrepreneurs, c’est un champ de ruines que nous pouvons contempler en ce début 2015 : 6 millions de chômeurs, 8 millions de pauvres, 3 millions de personnes assistées. La conséquence de la disparition des centaines de milliers de petits artisans, voici quelques années, ce sont les chômeurs d’aujourd’hui. Et la promesse de ceux qui nous quittent aujourd’hui, désespérés, ce sont les chômeurs de demain, nos enfants et petit-enfants qui nous regarderont dans les yeux dans quelques années et nous demanderont : « Qu’avez-vous fait du pays ? ».

Toutefois dormez bien, bonnes gens qui haussez les épaules à la lecture de ces lignes. Il paraît que la France possède le meilleur modèle social, que le monde entier nous envie… Alors relisez, vous qui avez traversé en diagonale le paragraphe précédent : 6 millions de chômeurs, 8 millions de pauvres, 3 millions de personnes assistées.

Mais ne craignez rien, on va l’améliorer encore ce modèle… Il suffit de détruire le libéralisme, de mener une vraie politique sociale, de travailler moins, de pressurer les riches, de faire payer les entreprises, puisqu’on vous le dit.. N’est-ce pas ?

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (3 avis)
Loading...
3 523 vues

La France est une usine à fabriquer des fonctionnaires: Pourquoi? par Thierry Benne

 

Par Thierry Benne paru dans IREFeurope.org

La France a créé 39 % des nouveaux emplois publics de la zone euro contre seulement 2.71 % des emplois privés ! Notre pays restera une usine à fabriquer des fonctionnaires tant que les politiques ne comprendront pas qu’il est temps de faire de vraies réformes.


LA SOURCE

Lors de l’émission télévisée “C dans l’Air” du lundi 18 janvier dernier sur France 5, le professeur de finance Philippe Dessertine – membre du Haut Conseil des Finances Publiques et expert habituel de ces débats – a révélé que sur les deux dernières années, la France venait de créer 39% des nouveaux emplois publics de la zone Euro, contre seulement 2,71% des emplois privés de la même zone. En deux chiffres, deux chiffres seulement, sont résumées tout à la fois les principales causes de nos échecs et notre incapacité à les surmonter. En effet, avec 66,6 millions de ressortissants, la population de la France représente à peine un peu moins de 20% de la population totale des 19 pays de la zone euro (environ 340 millions d’habitants). Et cette référence permet de s’apercevoir que, déjà plus que largement dotée, la France crée pratiquement deux fois plus (=39/20) d’emplois publics que la moyenne des autres pays de la zone euro, mais qu’à l’inverse elle génère à peine 14% ( =2,71/20, soit seulement un petit septième !) des emplois privés qu’elle devrait créer pour se situer simplement dans la moyenne européenne, qui inclut quand même des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie, plus durement touchés encore par le chômage.

L’ANALYSE

Ceci confirme pleinement qu’en dépit de toutes les déclarations officielles, des statistiques abondamment “revues” ou biaisées, sur ces deux dernières années la France a continué à être une usine à fonctionnaires et autres emplois publics. Et en dehors de toute véritable croissance et alors que le pouvoir a récemment revu à la hausse la grille de rémunérations des agents des cadres B et C et qu’il s’apprête à renégocier en période électorale la valeur du point pour l’ensemble de la fonction publique, cette nouvelle et inquiétante dérive des effectifs de l’emploi public signifie inévitablement davantage de charges, davantage d’impôts et ceux-ci ne suffisant guère, davantage de déficit et au final davantage de dette publique. Et qu’on ne nous accuse pas de vouloir supprimer des soldats, des gendarmes ou des policiers, tout analyste sérieux sait que les trois fonctions publiques – et surtout la territoriale – regorgent de postes en doublons ou en sous-emploi manifestes et qu’une réorganisation sérieuse des services (les exemples pointés par la Cour des Comptes – horaires de travail notoirement inférieurs aux seuils légaux, absentéisme injustifié, auto-détermination des temps de travail etc.- sont légion, mais les intéressés s’arc-boutent naturellement sur de prétendus “droits acquis” pour s’opposer à tout changement) aboutirait à une compression non négligeable des effectifs.

Le second chiffre, celui des emplois privés, se trouve hélas parfaitement en ligne avec le premier : les entreprises – et surtout les PME, celles les plus porteuses dans le domaine de l’emploi – accablées de charges, d’impôts et de contraintes de tous ordres (fiscal, social, réglementaire etc) renoncent à embaucher, les incertitudes de leurs carnets de commande leur interdisant de prendre le risque de se heurter à de nouvelles contraintes (seuils de 10 et 50 salariés notamment, même “atténués”) ou de devoir se lancer en cas de crise dans des licenciements économiques mal maîtrisés et toujours hasardeux. D’ailleurs et presque comme en contre-épreuve, la plupart des grandes entreprises françaises quand elles croissent, se gardent bien pour la plupart de renforcer leurs effectifs français et préfèrent – et de loin – faire croître leur main d’œuvre étrangère, infiniment plus compétitive sur le plan des coûts et plus souple quant au droit applicable.

Par ailleurs, le développement et l’élargissement continu et accéléré de l’assistanat sous toutes ses formes ont achevé de convaincre trop de travailleurs peu qualifiés et qui hésitaient encore, que leurs ressources nettes d’impôts et de frais professionnels ne baisseraient guère, voire parfois même augmenteraient quelque peu, s’ils passaient par Pôle Emploi, s’y installaient durablement, voire même en prenant le risque d’aller jusqu’à la fin de droits, qui ne correspond pas toujours au dénuement qu’on pourrait croire, surtout si les aides alors perçues sont opportunément majorées de quelques menus travaux au noir. Enfin, le dernier cadeau de plusieurs centaines de millions d’euros fait par le pouvoir l’année dernière aux intermittents du spectacle, en dépit des mises en garde répétées de la Cour des comptes, a achevé de montrer comme la France savait se montrer généreuse envers un électorat remuant et sensible.

Tout ceci confirme malheureusement que malgré toutes les promesses, toutes les annonces, malgré aussi d’innombrables rapports, le carnet des réformes, des véritables réformes, celles qui modifient les comportements et les enjeux pour le bien du pays, est resté désespérément vide. A qui fera-ton croire, notamment sur le seul plan économique auquel ce propos se restreindra volontairement, que :

01 – les micro-réformes des retraites résolvent le problème récurrent de leur financement, alors qu’on a dû tirer un trait sur la garantie du pouvoir d’achat de la quasi-totalité des pensions salariées privées et que ce décrochage n’est peut-être pas aussi provisoire qu’annoncé puisque le Conseil d’Orientation des Retraites pris sous le feu des critiques ne cesse, de rapport en rapport et de lettre en lettre, d’aggraver et dégrader ses prévisions de croissance et de chômage ?

02 – la dépense publique a été maîtrisée quand elle a continué à caracoler quasi-librement en bénéficiant d’une incroyable mansuétude de la Commission européenne qui se laisse insolemment balader par la France depuis plus de trois ans sur les fronts réunis de la dépense, du déficit et de la dette ?

03 – le problème de notre fonction publique pléthorique, de son emploi à vie et de ses retraites ait seulement été esquissé, bien qu’il porte nos prélèvements obligatoires à des taux déraisonnables et à un niveau quasiment inégalé ailleurs ?

04 – l’Éducation Nationale, pourtant forte d’un million d’agents, parvient à instruire correctement nos enfants, alors qu’ils ne cessent de dégringoler dans la plupart des classements internationaux et qu’on s’aperçoit que devenus adultes, nombre de nos concitoyens éprouvent toujours de réelles difficultés à lire, écrire ou compter ?

05 – la réforme et la simplification du bulletin de paye ne passe pas par l’inscription en haut du bulletin du super-salaire qui représente le coût total que l’employeur accepte de débourser à raison du travail fourni, avant la déduction – mais cette fois au titre de charges purement ouvrières – de l’ensemble des cotisations, impôts et taxes que l’État et les organismes sociaux prélèvent sur les salaires ? Le net serait bien entendu le même, à ceci près que le salarié prendrait immédiatement conscience du coût de tout ce que son travail finance, ce qui aurait sans nul doute pour des millions de Français des vertus pédagogiques et d’éveil à la solidarité très supérieures à ce que l’Éducation Nationale enseigne (souvent très mal) de l’entreprise.

06 – nos droits de protection, comme le code du travail ou la réglementation des loyers n’ont pas à force de complexité, de démagogie, de pointillisme et de surenchères dangereusement outrepassé leur rôle, au point de mettre directement en péril l’accès à l’emploi ou à la location des demandeurs qu’ils étaient censés favoriser ?

07 – on peut accroître inconsidérément notre dette publique, la gérer à la petite semaine, sans tenir compte de la détérioration constante de nos notations financières internationales, dont la sévérité est simplement retenue parce que notre pays a la réputation (guère usurpée d’ailleurs) de savoir lever efficacement l’impôt ?

08 – le Parlement peut continuer à voter sans réfléchir n’importe quelle loi fiscale, comme par exemple la nouvelle surtaxe foncière sur les terrains réputés à bâtir, sans même prendre la précaution de s’assurer des ravages qu’elle peut faire, des injustices patentes qu’elle peut créer, pour tenter ensuite en catastrophe et sous la pression des mécontentements de rogner a minima les abus les plus criants…N’importe quelle loi écologique aussi, comme pour les portiques Ecomouv, sans se soucier le moins du monde de sa mise en application et en reportant indûment sur l’automobiliste qui n’y peut mais une bonne partie du coût exorbitant (près d’un milliard d’euros quand même !) de son impéritie et de sa désinvolture.

Et la liste n’est évidemment pas close de toutes ces réformes indispensables évitées, écartées, reportées, dénaturées, mutilées, tout simplement parce que, face à la ligue des intérêts, des droits acquis et des conservatismes de tous ordres, le courage, la compétence et la constance sont devenus les vertus les plus rares qui soient dans un monde politique constamment obnubilé pour les élus par le seul souci de leur réélection, pour les autres par celui de leur reconduction ou de leur promotion.

LA CONCLUSION

Même s’ils sont perdus dans le flux de ces données qu’on nous baille quotidiennement et qui souvent nous saoulent, les deux chiffres cités en exergue mesurent l’écart abyssal qui existe entre nos créations d’emplois selon qu’ils sont publics ou privés. Ils dénoncent crûment une sorte d’incapacité “culturelle” nationale à créer de l’emploi marchand comme si, chez nous, l’emploi public phagocytait goulûment l’emploi privé. Ces “marqueurs” doivent donc être inlassablement rappelés au pouvoir, aux politiques, aux Français aussi. Car ces deux chiffres font partie de ces choses qu’en redisant sans cesse, on ne répète jamais assez. En affichant à la vue de tous le résultat de tous nos blocages, ils contiennent à eux seuls le résumé de presque tous nos problèmes et c’est un signal d’alerte rouge qu’on aurait tort de négliger.

Alors même qu’il échappe pour une fois à la manie des “pactes présidentiels” (sans doute parce qu’aucun d’entre eux ne s’est signalé par un véritable succès), même si cet ultime plan du pouvoir pour réduire le chômage, relancer enfin la croissance, desserrer le joug administratif qui contraint nos entreprises, avait par extraordinaire d’autres effets que de biaiser la lecture des statistiques du chômage, un immense effort resterait à faire pour le pays, afin qu’il retrouve enfin son dynamisme. Certes les charges publiques et sociales sont indispensables au fonctionnement de l’État et de nos collectivités territoriales et à celui de notre protection sociale. Mais ces charges ne doivent pas attenter par leur démesure et leur dérive incontrôlée au développement de notre économie, ni exposer la Nation à des risques inconsidérés de “default”. Surtout que l’alignement des planètes (euro faible + pétrole bon marché + taux d’intérêts infimes) tant vanté par le pouvoir pourrait fort bien se dérègler quelque peu et nous ramener beaucoup plus tôt que prévu à des réalités, qui seront d’autant plus dures que trop longtemps et trop imprudemment nous n’aurons pas voulu les voir.

 

 

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 815 vues

Les tyrans ont peur parce que nous sommes debout par Claude Reichman

   

Comment ne pas être hanté, quand on est français, par cette phrase du grand historien Arnold Toynbee : « Les civilisations ne meurent pas assassinées, elles se suicident. » ? Car c’est bien à un suicide collectif que nous assistons en ce moment dans notre pays.

Le mot qui caractérise le mieux l’état de la France aujourd’hui est l’impuissance. Nous ne manquons ni de brillants analystes, ni même d’imprécateurs, mais leurs propos n’ont pas le moindre effet sur l’action publique. Inexorablement, les dépenses publiques augmentent, les entreprises s’effondrent, le chômage progresse, l’insécurité gagne, au point que des Français massacrent des Français par dizaines dans des lieux publics. L’ordonnateur des pompes funèbres que le pays s’est donné pour président se satisfait de cette mission qui illustre à merveille le principe de Peter, selon lequel quand on est incapable d’assumer sa fonction, il faut, si l’on ne veut pas craquer, se consacrer à des tâches subalternes.

En réalité, la France est victime d’un croisement génétique qui la condamne à périr si l’on ne lui applique pas le seul traitement efficace, celui qui en brise la chaîne moléculaire. Et nous assistons en ce moment aux phases ultimes de la maladie.

Le communisme s’est installé en France en 1945 avec la création de la Sécurité sociale. En 1958, face à l’effondrement de l’Etat, le général de Gaulle donne tout pouvoir à l’exécutif. Les énarques, sortis de l’école créée à la Libération par Michel Debré, s’emparent progressivement de tous les leviers administratifs, économiques et enfin politiques, et adoptent avec bonheur le communisme qui va leur permettre de mettre en tutelle l’ensemble du peuple français. Sous ce régime, le pays s’étiole progressivement, tout en s’offrant à la concurrence européenne et mondiale et à une immigration massive.

Au fil des années, l’étau collectiviste se resserre, et voici qu’en cette année 2016 il en arrive à exiger des citoyens qu’ils se dénoncent mutuellement et qu’ils abandonnent, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, leurs ultimes libertés en devant se soumettre, sur simple décision administrative et sans contrôle judiciaire, à la fouille de leur domicile, à l’écoute de leurs conversations téléphoniques, à l’interception de leurs messages Internet et à des gardes à vues arbitraires et prolongées.

Rien que de logique dans cette évolution dramatique. Le collectivisme finit toujours comme cela, car son échec ne lui laisse plus d’autre choix que de martyriser le peuple pour l’empêcher de se révolter. Il ne reste plus dès lors qu’à attendre l’explosion de la colère qui emportera le régime et ses serviteurs dans un terrible tourbillon de violence et de sang, dont nul ne sait ce qu’il en résultera.

Peut-on encore interrompre cet enchaînement maléfique ? Beaucoup pensent que non, qu’on est allé trop loin dans la destruction du pays, que la masse des fonctionnaires et des assistés ne permettra jamais la moindre réforme, et que la classe politique, qui n’est composée que d’arrivistes qui ne voient dans le pouvoir que l’occasion de s’enrichir, n’a pas la moindre intention de changer quoi que ce soit au système qui tue la France.
Les mêmes ajoutent d’ailleurs que les médias rendent toute réforme impossible en refusant de donner la parole à ceux qui proposent des solutions crédibles et à l’efficacité garantie par les nombreuses expériences réussies dans les grandes démocraties mondiales.

Alors il reste Internet, mais beaucoup de ceux qui l’utilisent pour communiquer ne parviennent pas à franchir la barrière virtuelle et se contentent de compter les « likes » qui ponctuent leurs messages.

La situation est-elle vraiment désespérée ? Je ne le crois pas. Le combat que mènedepuis plus de vingt ans le MLPS, que j’ai fondé et que je préside, et que le Mouvement des Libérés est venu renforcer depuis trois ans, le prouve. En nous attaquant au monopole de la sécurité sociale, que nous avons fait supprimer dans les lois et que nous nous battons pour faire appliquer dans les faits en aidant tous ceux qui décident de s’en libérer, nous avons porté le fer dans les œuvres vives du régime, puisque c’est au communisme français et à son administration technocratique que nous nous sommes attaqués.

Nos adversaires sont aujourd’hui à l’agonie, tant leur échec est constaté par l’opinion unanime. Il ne nous reste plus qu’à leur administrer le coup de grâce, et c’est à quoi nous nous employons.

Demain, des millions de Français vont retrouver des ressources et de l’espoir, et surtout la liberté, en bénéficiant de la concurrence pour leur protection sociale et de la baisse de son coût qui en résultera. Chaque heure compte désormais. Que chacun, d’urgence, se libère, car le chaos peut survenir à tout moment. Comme souvent dans l’histoire, le sort d’un pays se joue en heures, même si, comme la France, il a des siècles d’existence et de gloire derrière lui.

Un observateur avisé de la société française disait récemment qu’au fond nous sommes les seuls résistants. Nous ne nous en faisons pas gloire, mais devoir. « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », disait Tocqueville. Aujourd’hui, en France, les tyrans ont peur parce que nous sommes debout !

Claude Reichman

   www.claudereichman.com

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (1 avis)
Loading...
2 298 vues

Rétrospective fiscale 2015 par Mathieu Le Tacon

Ou pourquoi la France est vice-championne du monde des prélèvements obligatoires

A l’heure où les traditionnelles lois de finances de fin d’année viennent d’être définitivement adoptées il n’est pas inutile de dresser le bilan de l’année fiscale écoulée.

 

Durant l’année 2015, l’innovation fiscale a été moindre que les années précédentes où elle avait frappé durement les contribuables. Les lois de finances de fin d’année ne contiennent pas de mesures significatives. Il faut noter la baisse de l’impôt sur le revenu de deux milliards d’euros qui bénéficiera à huit millions de foyers et permettra que désormais 54% des foyers soient exonérés d’impôt sur le revenu, ce qui pose un problème de démocratie dès lors qu’une majorité de Français pourrait voter l’augmentation d’un impôt qu’ils ne payent pas.

Des mesures anecdotiques en apparence marquent par ailleurs la déliquescence de notre fiscalité. Il en est ainsi de l’abaissement de 20 à 5,5% de la TVA sur les serviettes hygiéniques au prétexte que seules les femmes en ont besoin. Demain, les hommes demanderont le même taux sur la mousse à raser, pour des raisons du même ordre. Ainsi, la TVA devient un patchwork aux neuf taux dont les justifications se perdent dans les sombres intrigues de différents lobbies. Par ailleurs les entreprises vont bénéficier de quelques aménagements de seuils et sont destinataires de promesses renouvelées pour des baisses d’impôt à terme ! Enfin diverses mesures tendent à augmenter les taux ou alourdir les conditions d’imposition sur les indemnités de départ par exemple ou sur l’énergie…

Mais ce qui a été significatif en 2015 sur le plan fiscal en France, ce sont les limites que le droit européen est venu poser à l’imagination fiscale française. Deux décisions sont particulièrement importantes à ce titre.

Les contribuables non résidents ne devraient plus être passibles de la CSG

Dans ce cadre c’est en premier lieu la très attendue décision « de Ruyter » rendue par la CJUE le 26 février 2015 qui vient à l’esprit. Dans cette décision, répondant à une question préjudicielle posée par le Conseil d’Etat, la Cour de Luxembourg a confirmé que les prélèvements sociaux (CSG, CRDS, etc.), en ce qu’ils participent directement au financement de la sécurité sociale, doivent être considérés comme des « cotisations sociales » soumises en tant que telles au principe de non double cotisation posé par la règlementation communautaire.

De l’avis de tous les commentateurs cette décision devait sonner le glas de la « CSG des non-résidents » qui, depuis 2012, s’applique (au taux global de 15,5%) sur les revenus et gains immobiliers de source française des non-résidents fiscaux français.

Pourtant, après avoir pris tout son temps pour faire connaître les conséquences qu’il entendait tirer de la position de la CJUE, le Gouvernement a indiqué en fin d’année que, pour le passé, seuls les non-résidents communautaires seraient remboursés et, surtout, que pour l’avenir (grâce à une légère modification[1] de l’affectation budgétaire de la CSG des non-résidents, permettant de prétendre ne plus financer la sécurité sociale) les non-résidents fiscaux continueront à se voir appliquer des prélèvements sociaux sur leur gains immobiliers et revenus locatifs de source française.

Ce subterfuge législatif, si artificiel qu’il serait sans nul doute qualifié d’abus de droit s’il émanait d’un contribuable, ne manquera pas d’attiser de nouveaux contentieux.

Du reste l’objectif du Gouvernement (qui vient par ailleurs d’être à nouveau sanctionné en matière de CSG, cette fois par le Conseil constitutionnel[2] qui a retoqué son projet de CSG dégressive) était-il sans doute moins de trouver une parade juridiquement solide que de gagner du temps avant d’admettre l’échec d’un dispositif purement idéologique.

En tout état de cause, l’influence du droit communautaire ne se limite pas à la fiscalité des particuliers et s’étend largement à celles des entreprises.

Le principe de la liberté d’établissement ne permet pas d’avantager spécifiquement les entreprises françaises

Ainsi l’année 2015 a-t-elle été marquée par la jurisprudence « Groupe Steria SCA » rendue le 2 septembre dernier par la CJUE et relative, une fois de plus, à notre régime d’intégration fiscale.

Tous les fiscalistes savent que ce régime fiscal de groupe permet de neutraliser la quote-part de frais et charges de 5% propre au régime « mère-fille » et, ainsi, de faire circuler les dividendes intragroupes en totale exonération fiscale.

Or, si le régime mère-fille s’étend aux filiales européennes détenues par une société française, tel n’est pas le cas du régime d’intégration fiscale.

Il n’est donc pas surprenant que la CJUE ait considéré que le régime d’intégration fiscale français, en traitant différemment les dividendes versés par des filiales selon que celles-ci aient ou non leur siège social en France, constituait une violation du principe de liberté d’établissement.

Mais, là encore, ce qui surprend est moins le sens de la décision Groupe Steria SCA (dans la droite ligne de la jurisprudence déjà rendue par la CJUE en matière d’intégration fiscale) que la réaction du législateur.

En effet, contraint de mettre en conformité le régime d’intégration fiscale le législateur a choisi[3], non pas d’étendre la neutralisation la quote-part de frais et charges aux filiales européennes (ce qui aurait représenté un coût budgétaire significatif) mais de… supprimer la neutralisation de la quote-part de frais et charge en ramenant toutefois le taux de celle-ci- (dans le cadre de l’intégration fiscale seulement) à 1% contre 5% jusqu’à présent.

Au final, seuls les très grands groupes français, qui perçoivent d’importants dividendes de filiales européennes tireront profit de la jurisprudence Groupe Steria SCA. A l’inverse les groupes moins importants percevant exclusivement des dividendes de filiales françaises se verront (un peu) plus lourdement taxés, d’autant plus que les dividendes peuvent être imposés en cascade en cas d’interposition de plusieurs sociétés avant de parvenir à la société mère intégrante…

De ces deux jurisprudences rendues par la CJUE au cours de l’année 2015, retenons que le droit communautaire est un formidable outil à la disposition des contribuables pour lutter contre un législateur fiscal incapable de briser le cercle vicieux de la lourdeur et de l’instabilité de la fiscalité française.

La partie n’est toutefois jamais définitivement gagnée eu égard aux réponses législatives françaises, toujours étonnamment retorses, faces aux critiques communautaires.

Il est vrai qu’il faut une imagination débordante pour permettre à la France d’être, comme le relève l’OCDE, vice-championne du monde (après le Danemark) des prélèvements obligatoires.

Mathieu Le Tacon,
Delsol Avocats, pour l’IREF

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
1 756 vues

Les hauts fonctionnaires sont le problème, le privé sera la solution ! Par Claude Robert.

Comédie française credits gamebouille (CC BY-NC 2.0)

Chaque soir d’élections, le spectacle que nous sert notre classe politique est affligeant. Ne défile-t-elle pas sur les plateaux télévisés comme le ferait une troupe de théâtre en représentation perpétuelle ? Une troupe qui jouerait depuis toujours la même pièce éculée sans se soucier des spectateurs présents dans la salle ? Certes, à chaque tomber de rideau, parce qu’ils ne sont pas totalement aveugles, les acteurs de cette comédie constatent que les spectateurs se font un peu plus rares. Mais qu’ont-ils changé au fil du temps, dans leur représentation, pour pallier cette défection ? Rappelons-nous, il y a quelques années, à l’issue du dépouillement des résultats électoraux, tout le monde était satisfait de ses propres scores, tous les partis en lice se déclaraient vainqueurs, et tous rivalisaient d’arguments pour s’accaparer la victoire tout en se renvoyant dans la figure leurs bilans désastreux. Or, aujourd’hui, par la force des choses, ce ton-là est clairement passé de mode. Sous les coups de boutoir de la montée du FN, c’est-à-dire de la résurgence du réel, car il n’y a pas meilleur thermomètre que ce parti antisystème, les acteurs de notre comédie politique ont dû s’adapter. Mais croyez-vous qu’ils aient changé de pièce ? Absolument pas ! Ils se sont simplement contentés de re-toiletter leur profession de foi, et de nous réciter, malins comme ils sont, la main sur le cœur, le thème de la repentance : « nous avons compris le message », « unissons-nous au-delà des partis », « nous allons prendre des mesures à la hauteur des enjeux »… Promis juré, on se crache dans les mains, et on ne recommencera plus.

Lire la réaction de Nathalie MP au lendemain des élections : « Régionales 2015 : l’ensemble de la classe politique a perdu »

En réalité, cette pièce que l’on nous rabâche depuis si longtemps sans le moindre succès, et qui ne soulève même plus d’applaudissements, n’est que le résultat morbide d’une inadaptation totale du profil de ses acteurs. Dans un style quasiment pirandellien, mais sans l’humour ni le style, hélas, nous citoyens-électeurs-spectateurs sommes les otages d’une troupe incapable d’écrire la pièce dont nous avons besoin. Étant impotente, persuadée même que son rôle n’est plus que marginal1 compte tenu du regroupement des théâtres nationaux au sein du grand cirque européen, lui-même encerclé dans la grande comédie mondiale, cette troupe ne poursuit plus qu’un seul but : se maintenir à tout prix sur la scène. Continuer ses clowneries, se donner en spectacle quoi qu’il en coûte, tenter de profiter du théâtre tant que celui-ci peut l’entretenir, tel est son ultime objectif. Et pour l’atteindre, elle a su développer un incomparable savoir-faire : la maîtrise du verbe. Promesses, reniements, désinformation, langue de bois, diffamation, amalgames, omissions et diversions les plus sournoises sont les outils quotidiens de sa panoplie diabolique. Elle en use, elle en abuse, et elle en profite car jusqu’à ce jour, elle n’a rien trouvé de mieux. Et donnons-lui raison : elle est toujours là, sur les planches du théâtre national, à nous imposer son jeu perfide, telle un cordon de moules agrippées par vents et marées sur leur bouchot.

Théâtre national en quête d’acteurs

Méritons-nous ce spectacle immobile ? Devons-nous l’accepter jusqu’à la faillite du théâtre national ? Que nous manque-t-il finalement pour renouveler la pitoyable farce qui nous y est rejouée ? Il faudra bien résoudre un jour ces questions dont l’acuité ne cesse de croître au fil des élections. Mais avant toute chose, examinons le pourquoi de l’incompétence de la troupe. D’où proviennent ses acteurs ? Quel sont leur parcours ?

Beaucoup de spectateurs le savent, ces joueurs de comédie se ressemblent étonnamment. Parmi leurs caractéristiques communes, l’une d’entre elles saute aux yeux, et à y réfléchir, paraît totalement insensée : l’inexpérience ! Cette inexpérience est d’ailleurs multiforme, c’est dire combien elle est aggravante, puisqu’elle concerne l’absence de pratique du monde de l’entreprise, c’est-à-dire à la fois l’absence de pratique du pouvoir en situation de concurrence managériale, l’absence de pratique de la différence entre les notions d’efficacité et d’efficience2, l’absence de pratique de l’humilité devant le verdict du marché et des critères de rentabilité, et last but no least, l’absence de pratique de la sanction en cas d’échec… À cette liste effroyable s’ajoute d’ailleurs un travers mental qui rend un peu plus difficile encore l’adaptation de la troupe au monde réel : sa formation ! Il semble en effet que notre pays ait été le seul à avoir créé une « école du pouvoir » et à avoir décidé de fabriquer en série des hauts fonctionnaires, un peu comme on produirait, à l’instar de vulgaires poulets en batterie, des clones d’un spécimen génétique particulièrement avantageux. Michel Crozier, célèbre sociologue des organisations et ancien juré de l’ENA ne disait-il pas qu’il fallait fermer cette école sans délai, école dans laquelle il n’avait jamais vu « des étudiants aussi fermés d’esprit » ? L’analyse du parcours de notre actuel Président résume à elle seule l’incroyable dévoiement du processus de recrutement de nos hommes politiques : un parcours exclusivement à l’abri des ors de la République après un élevage au sein d’un douillet haras mitterrandien, puis un passage financièrement ruineux à la tête d’une petite bourgade du nom de Tulle.

enarques rené le honzec

 

Pour reprendre la métaphore pirandellienne, c’est comme si le théâtre national avait tristement choisi, depuis des décennies, de ne recruter que des acteurs muets, bègues, amnésiques, introvertis, timides, inexpressifs ou autistes. Observons froidement la trajectoire de notre pays : une part de marché mondiale divisée par deux en une trentaine d’années, un niveau d’imposition record pour nourrir une fonction publique ventripotente (davantage de fonctionnaires qu’en Allemagne, plus de ministres qu’aux USA), un taux de chômage des jeunes et des seniors digne d’un pays pauvre, un taux de suicide parmi les plus élevés du monde, une consommation d’anxiolytiques encore proche des sommets, une rentabilité des entreprises moindre que chez nos voisins, un droit du travail dissuasif, un exode des jeunes et des riches en croissance régulière, un recul constant de notre position en termes de création de richesse par habitant, une absence quasi-totale des secteurs industriels d’avenir, une croissance en berne, une exclusion de masse, des zones de non-droit, des inégalités odieuses mais persistantes entre public et privé… Il est plus que temps de renouveler la troupe. Mais avec qui ? Avec des acteurs qui ont fait leur preuve, ceux qui se sont frottés à la vraie vie, quelque soit d’ailleurs leur formation, et qui y ont obtenu de vrais résultats !

Les trésors cachés de la société civile 

Parmi les sociétés du Cac40 et les autres moins connues, nombreuses sont les réussites individuelles de capitaines d’industrie talentueux. Certaines de ces réussites ont été remarquées, mesurées de façon concrète, et leurs auteurs ont souvent suscité l’admiration de leurs pairs. Il faudrait que ces individus-là, doués d’efficacité et de rigueur, de puissance de travail et d’abnégation, se prennent de pitié pour notre pays à la dérive, et se proposent enfin pour en prendre la direction. Certes, il n’est pas facile de renouveler la troupe du théâtre national, elle se cramponne, son système de cooptation fonctionne à guichet fermé. Il existe cependant un moyen démocratique dont paradoxalement l’efficacité est en nette hausse : les élections. Parce que la caste politique a lassé la quasi-totalité de la population, parce que son discours a perdu toute crédibilité, parce que le système est au bord de l’implosion, nous assistons à l’émergence d’un parti qui n’a pour seule qualité de ne pas en faire partie ! C’est donc la preuve qu’il devient possible, pour des personnalités compétentes et extérieures au système, de se faire élire. Si en effet le FN est devenu le premier parti de France alors qu’il n’est pas plus compétent que la classe politique qu’il critique dans son ensemble, alors il existe bel et bien une possibilité de renouvellement. Quoi de plus iconoclaste et inattendu qu’un dirigeant provenant du privé ? Jamais cette possibilité n’a été probablement aussi forte qu’actuellement de favoriser l’élection d’une personnalité de la société civile. À ce titre, voici quelques-uns de ses représentants3 dont notre pays pourrait tirer le plus grand bien, parce qu’ils ont fait la preuve de leur efficacité et de leur courage, parfois même dans des situations difficiles, et si proches de l’inextricable fonction publique française :

Christian Blanc : alors Président de la RATP, il démissionne parce que le gouvernement ne le soutient pas dans sa réforme visant à instaurer un service minimum ! Il prend ensuite les rênes d’Air France à un moment très difficile pour l’entreprise, et qu’il arrive à redresser grâce à un plan drastique dont il obtient la mise en place par le biais d’un référendum auprès du personnel. Il démissionne ensuite parce que l’État lui refuse de nouveau son soutien pour le second plan de sauvetage qui s’imposait.

Thierry Breton : est arrivé à la tête de France Télécom à un moment où l’on parlait de faillite et de démantèlement. Il a fait un état des lieux des urgences et a mis en place un plan de sauvetage qui a porté ses fruits. L’opérateur français a restauré ses indicateurs, réduit considérablement son endettement tout en faisant face à une ouverture à la concurrence non feinte, certes arbitrée par le régulateur mais pas si facile que dans certains pays. Orange est actuellement l’un des tous premiers opérateurs mondiaux.

Carlos Ghosn : a sauvé Nissan alors que plus personne n’y croyait parmi ses concurrents. L’entreprise japonaise semblait vivre ses derniers instants. Il a su constituer un groupe mondial à partir de Renault, un groupe qui s’est hissé parmi les premiers constructeurs de la planète, et qui accumule les succès commerciaux. Étrange coïncidence, cet homme est actuellement en proie, lui aussi, avec les mauvaises manies de l’État, à croire que compétence et énarchie ne font pas bon ménage !

Bernard Arnault : a construit petit à petit l’empire LVMH, et s’est hissé parmi les premières fortunes mondiales en exploitant méthodiquement le marché de l’art du luxe, secteur auquel la France est si fortement associée…

Christine Lagarde : l’actuelle patronne du FMI a dirigé l’important cabinet d’avocats Baker & McKenzie, lequel a vu son chiffre d’affaires croître de moitié sous sa présidence.

Philippe Varin : il a rétabli le groupe sidérurgique en difficulté Corus, l’a sauvé de la faillite et l’a amené jusqu’à une OPA amicale lors de laquelle l’entreprise a été valorisée 15 quinze fois ce qu’elle valait avant son arrivée. A été nommé à la tête de Areva dont il a failli démissionner (encore un exemple de cette collaboration si difficile avec la caste politique) après avoir posé les premières briques du sauvetage de PSA malgré un contexte très lourd.

Etc…

Les hauts fonctionnaires sont le problème, le privé sera la solution

Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive, ni hiérarchisée, ce ne sont que quelques exemples. Parmi les actuels PDG des grandes entreprises, nombreuses sont les personnalités dotées de ce profil si rare dont le sommet de l’État semble si cruellement dépourvu. Un profil mêlant compétences théoriques et expérience opérationnelle, vision stratégique, leadership, connaissance des mécanismes macro et micro-économiques, relations internationales, expérience de la résolution de conflits sociaux, opportunisme commercial…

L’heure est grave, les chiffres sont tristement mauvais. Il est devenu urgent de réformer notre politique et de shunter les partis via des élections démocratiques totalement ouvertes. Mais il ne reste plus qu’une seule condition : que les candidats potentiels de la société civile prennent leur courage à deux mains, et se déclarent. Hélas, au vu de la façon dont le rapport de force s’organise entre formations politiques, il est presque trop tard pour éviter le carnage qui s’annonce en 2017 et qui risque de nous faire perdre encore cinq très longues nouvelles années.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
1 790 vues

Ces charges sociales qui pèsent si peu… Par Jacques Clouteau.

Pourquoi sous le vocable de « charges sociales » se cache la plus grande machine à fabriquer du chômage.

 

Burdens by Josh james (CC BY 2.0)

Nous sommes à la fin de l’année 2015.

Et depuis des décennies, j’entends des hommes politiques de gauche comme de droite, des journalistes de toutes opinions, des économistes de toutes obédiences, mâcher à chaque interview qu’ils accordent, avec onctuosité, le vocable de « charges sociales » : « Il y a trop de charges sociales, il faut baisser les charges sociales, il faut exonérer de charges sociales, etc… »

J’ai l’étrange et terrible impression que ces doctes personnes ne connaissent pas le sens de la première lettre du premier mot de ce vocable. Il est vrai que la plupart n’ont jamais mis les pieds dans une véritable entreprise et que la majorité n’en ont jamais créée. Ils ne savent donc pas ce qu’est de remplir un bordereau Urssaf et d’y agrafer le chèque qui vous plombe une trésorerie. Demander aux hommes politiques d’expliquer ce que sont les charges sociales, dans le concret, c’est un peu comme si vous demandiez aux fidèles, à la sortie de la messe, la signification du Kyrie Eleison. Tous savent le chanter, mais sans doute pas plus d’un sur mille serait capable de traduire et d’expliquer cette prière.

Ces gens qui prétendent nous gouverner et influencer notre opinion parlent de charges sociales comme si c’était un morceau de jambon dans lequel on pourrait tailler du gras selon les aléas de l’économie. Et surtout il semble fort qu’aucun d’entre eux, jamais, n’a cherché à savoir à quoi pouvaient bien correspondre ces fameuses charges sociales, et quelle mystérieuse entité se cachait dessous… Car s’ils l’avaient fait, voilà bien longtemps qu’on aurait changé de vocabulaire et que notre pays se porterait mieux.

Refluons une centaine d’années en arrière et imaginons la tête d’un honnête laboureur auquel un homme en noir aurait annoncé tout de go : « À partir de maintenant tu vas payer des charges sociales sur ton revenu ». Le mot « charge » lui aurait rappelé le contenu d’une charrette, pour l’adjectif « social » il aurait fait la grimace, quant à l’assemblage des deux termes, notre homme de la terre aurait soulevé son béret pour se gratter longtemps l’occiput. Et puis, au moment où l’homme en noir lui aurait susurré qu’en fait on allait lui enlever, pour son bonheur bien sûr, la moitié de son revenu, le laboureur aurait empoigné son tromblon et chevrotiné sans pitié l’escroc.

Dans le même registre, tentez d’expliquer aujourd’hui à un Américain que vous allez lui soustraire la moitié de son gain en cotisations sociales et apprenez à courir plus vite qu’il ne tire…

Revenons à aujourd’hui et, si vous le voulez bien, décortiquons en choses compréhensibles ce que sont réellement les charges sociales. Il s’agit tout simplement d’assurances obligatoires mises en place après la dernière guerre, et prélevées sur le salaire pour les salariés et sur le bénéfice pour les indépendants. Une assurance contre la maladie, une assurance contre la vieillesse, une assurance contre la perte d’emploi, une assurance contre la perte de revenu en cas de maternité, une pseudo-assurance pour se payer un éventuel temps de formation, une seconde assurance complémentaire contre la vieillesse car la première n’est pas suffisante, une assurance contre le veuvage, une assurance garantie des salaires si l’entreprise disparaît, et tout récemment une assurance mutualiste obligatoire car la première assurance contre la maladie n’est pas suffisante, etc. Dans ce monde dangereux, voyez-vous, il est important d’être bien assuré contre tout ! Ne manque plus qu’une assurance contre la famine et des magasins d’État chargés de nous fournir à manger… Ça ressemble furieusement au paradis soviétique tout ça…

Bien évidemment, on n’a jamais demandé leur avis aux gens qui allaient devoir payer ces assurances toute leur vie. Ils n’auraient pas compris, les pauvres. Il importe en effet que le prolétariat laborieux soit guidé par la lumière fulgurante des camarades cadres… On a seulement demandé, à chaque réforme, l’avis des partenaires sociaux (encore l’adjectif « social », décidément…), qui ont applaudi à tout rompre, d’autant que c’est à eux qu’on a confié les clés des organismes chargés de gérer les milliards de ces fameuses charges… Quand la soupe est bonne, on ne va pas cracher dedans…

Bien évidemment (bis), ce qui devait arriver arriva : quand on donne un capital à faire fructifier à un incompétent, il le gaspille. Et il demande encore plus de sous pour boucher le trou qu’il a creusé. On est à 250 milliards d’euros de pertes cumulées seulement pour l’assurance-maladie… Brillante gestion…

Bien évidemment (ter), il est totalement inacceptable de critiquer quoi que ce soit dans le système, sous peine de passer pour un individu réactionnaire et anti-social. Depuis un amendement de l’automne 2014 proposé par une brouettée de députés socialement corrects, c’est même devenu un délit passible de 15.000 € d’amende et six mois de prison.

Bien évidemment (quater), il devient de facto impossible de modifier ou de réformer, puisqu’on touche alors à un acquis social conquis de haute lutte ou imposé par un quelconque gouvernement progressiste (progressiste, pour celui qui paie, ça signifie progresser dans le pourcentage de taxes). Inutile de discuter avec un syndicaliste : il vous répondra que ce système est excellent et qu’il protège les salariés contre les aléas de la vie en obligeant les patrons à mettre la main à la poche. Il vous rajoutera sans doute un couplet sur le Conseil National de la Résistance. N’essayez pas de lui prouver que ledit système met ses enfants au chômage et ruine ses petits-enfants, il ne vous écoutera pas.

Si vous demandez à un salarié lambda comment se passe d’un point de vue financier le transfert des charges sociales. Il saura vous dire qu’on lui prélève des cotisations pour sa maladie et ses vieux jours, toujours trop à son goût. Il ajoutera dans la plupart des cas que heureusement, le patron paye aussi sa part. Il n’imaginera pas une seconde qu’en réalité c’est à lui qu’on vole tout cet argent, qui normalement devrait aller dans sa poche. Et que si on le lui laissait, il en ferait bien meilleur usage que les guignols incapables qui le spolient dans le système actuel.

Voilà comment, sous couvert d’une expression absconse, charges sociales, s’est mise lentement en place, entre 1945 et 2015, la plus monstrueuse escroquerie du siècle, la plus efficace machine à créer du chômage de masse, la plus belle mécanique à casser du pouvoir d’achat. Et curieusement, plus le terme demeure vague, plus il porte cette onctuosité sociale et protectrice, moins il devient possible d’en discuter sereinement. Et si toutefois, par le plus grand des hasards, on trouvait un jour dans un gouvernement un ministre qui ait quelques notions d’économie réelle, sa volonté de réforme serait immédiatement bloquée par les partenaires sociaux auxquels il ne manquerait pas de demander leur avis…

Si on veut transformer aujourd’hui la France en pays efficace, la solution est simple, et de nombreux grands pays l’ont adoptée, qui nous dépassent désormais dans les classements internationaux : on raye du vocabulaire le terme de charges sociales, on supprime d’un trait de plume l’ensemble des organismes para-étatiques qui gèrent si mal le risque de maladie, de vieillesse et de chômage. On dissout l’Urssaf, la sinistre police politique qui terrorise les entreprises et les mène à la ruine, ainsi que Pôle Emploi, qui n’a jamais créé d’emploi. On donne au salarié la totalité de son salaire, c’est-à-dire le net à payer + les cotisations salariales + les cotisations patronales et on laisse au travailleur indépendant l’intégralité de son revenu. Ensuite chaque citoyen s’assure librement contre les risques qu’il souhaite couvrir auprès de la compagnie d’assurance de son choix. Dans les dictionnaires, on nomme tout ça d’un joli mot : la LIBERTÉ… Pourquoi diable les Français se sont-ils laissés voler cette liberté pour laquelle ont combattu leurs ancêtres ?

Quant aux hommes politiques, ils ont une peur bleue de toute réforme sur le sujet de la Sécurité sociale. Posez la question à l’immense majorité d’entre eux, et vous aurez toujours la même réponse, copiée-collée sur le trouillomètre : « La Sécurité sociale, à laquelle les Français sont très attachés…, » le tout accompagné d’un sourire docte et mielleux. Ils y sont même tellement menottés, ces pauvres Français, qu’on leur interdit de la quitter…

La Sécurité sociale est le dernier monopole d’État communiste encore en place. Elle fait très mal son boulot d’assureur, elle engendre la ruine et la misère des entreprises, elle crée un chômage massif, elle décourage le courage et l’initiative en spoliant la moitié de la richesse produite par tous les travailleurs de France, au nom d’une solidarité qui ne protège que les plus abrités des citoyens.

Les charges sociales n’existent pas. Il n’y a pas de charges sociales. Il n’y a qu’une mafia qui vit sur le dos des travailleurs français et qui les ponctionne, chaque mois, de la moitié de leurs revenus.

Retrouvez sur Contrepoints tous les articles de Jacques Clouteau

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (1 avis)
Loading...
2 086 vues

De la délation à la défiance par Jean-Philippe Delsol

Le député socialiste Yann Galut veut protéger les délateurs. Déjà dans son rapport sur le projet de lutte contre la fraude fiscale déposé en 2013 il avait demandé d’inscrire dans la loi un amendement de M Eric Bocquet qui avait pour objet de reconnaître et d’encadrer le recours aux informations transmises par des « aviseurs ».

 

L’amendement n’avait pas été retenu au motif qu’il était inutile d’inscrire dans la loi ce qui est déjà une pratique habituelle de l’administration ! M. Galut revient à la charge avec une proposition de loi pour protéger les lanceurs d’alerte au sein de leur entreprise et les rémunérer au regard du « dommage moral et financier » que subiraient ceux qu’ils glorifient comme des « héros citoyens…esseulés, sans moyens, sans protecteurs, sans accompagnement ». Le ministre de l’Economie paraît ouvert au projet qui pourrait permettre d’inciter à la dénonciation des fraudeurs fiscaux.

Les mots sont des armes. En parlant de signalement, en appelant « lanceurs d’alertes » ceux qui se livrent à de la délation, le projet semble presque sympathique ! La pratique pourtant relève de périodes noires que la mémoire a conservées. Surtout si sont désormais officiellement admises des dénonciations anonymes que la République avait voulu interdire dès la loi du 9 octobre 1789 par laquelle les procureurs du roi ou fiscaux étaient tenus de déclarer s’ils avaient un dénonciateur ou non à peine de nullité et, s’ils en avaient un, de donner ses coordonnées.

Malheureusement la pratique des dénonciations anonymes a longtemps perduré ainsi qu’en témoignent régulièrement les décisions de justice qui en font état et les valident : Cassation chambre commerciale, 1er juin 2010 n° 09-16128, Cassation chambre criminelle, 28 juin 2006 n° 05-83.782 ou 3 octobre 2007 n° 06-82.317… Elle se poursuit peut-être encore en dépit de la demande formulée par Nicolas Sarkozy en 2007 pour l’interrompre. « A quoi sert-il, avait déclaré le Président de la république, d’expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c’est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Mais il avait admis la délation ouverte : « Si quelqu’un veut dénoncer, qu’il donne son nom et l’administration garantira son anonymat”. D’ailleurs, une loi du 21 janvier 1995 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité avait déjà prévu la rémunération des « indics » dont un arrêté du 20 janvier 2006 précise comment en est fixé, discrétionnairement, le montant et demande que l’identité de l’informateur soit conservée.

Pourtant, si la dénonciation anonyme relève d’une pratique vile et ignominieuse, la délation rémunérée n’est pas moins indigne. Et si les dispositions légales et réglementaires qui, par réalisme, permettent cette vilenie en matière de crimes et délits étaient généralisées, notamment en matière fiscale, l’esprit de la société française pourrait en pâtir. Car lorsque la délation est encouragée, lorsque l’Etat en vient à demander à chacun de suspecter son voisin et de rapporter, lorsque chacun peut satisfaire ses petites jalousies en en obtenant un prix, le tissu social se délite. La méfiance s’instaure entre des individus isolés et une bureaucratie étatique qui gère la mesquinerie élevée en règle de comportement. A grande échelle, c’est ainsi que tous les pays totalitaires ont fonctionné de l’Union soviétique à la Chine en passant aujourd’hui par Cuba et la Corée du Nord, pour que la police soit partout, entre collègues et amis comme dans les familles. Et pour autant la fraude fiscale n’en serait probablement pas mieux combattue. Au contraire peut-être tant l’institution de cette surveillance populaire inciterait chacun au secret tandis que les professionnels de la fraude fiscale, qui sont les vraies cibles à atteindre, sauraient s’organiser.

Et quand bien même ce serait un peu efficace, la fin ne justifie jamais les moyens sauf détruire à terme l’objectif recherché. Ceux qui justifient le vol de listes de comptes bancaires occultes ou de documents quelconques, accusateurs de pratiques illégales, au prétexte, bien souvent utilisé, que ça n’est que justice de voler des voleurs, légitiment en même temps les fraudeurs qui réduisent leurs impôts versés à un Etat mauvais gestionnaire et négligeant de leur argent.

Le meilleur moyen de réduire la fraude n’est pas de mettre la société sous contrôle généralisé, mais au contraire de la libérer de trop de dépenses et procédures inutiles et coûteuses. Face aux périls qui menacent notre société, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, tant au plan militaire et politique qu’au plan social et économique, plus que jamais le rôle des gouvernants est de favoriser la confiance plutôt que la défiance. De la confiance renaîtra naturellement la dynamique individuelle et sociale qui saura redonner force à notre pays

Jean-Philippe Delsol
du site irefeurope.org

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 049 vues

Le clientélisme électoral : où est passé l’intérêt général ? par Bernard Zimmern.

La France se meurt du clientélisme électoral.

par Bernard Zimmern le 1er novembre 2015

C’est chaque jour que le parti au pouvoir, le parti socialiste, distribue l’argent des autres à ses affidés pour les remercier, et surtout pour acheter leurs voix aux prochaines élections.
L’un des détournements les plus outranciers a été la suppression du jour de carence par Marylise Lebranchu pour se concilier la bonne grâce des fonctionnaires.

Mais c’est à tout moment que l’achat de voix par les faveurs non justifiées se produit, que ce soient les coups de pouce donnés aux traitements de la fonction publique, la démocratie larmoyante de François Hollande qui au lieu d’inaugurer les chrysanthèmes assiste aux premiers ébats de nos bambins sous le signe de l’amour pour tous, ou l’inégalité flagrante entre les avantages du privé et ceux du public que le parti socialiste considère comme son fief et tient d’ailleurs de près avec des syndicats qui ne sont plus des agents de progrès mais les agents de défense de positons acquises et de privilèges.

Le drame est que le parti opposé, qui devrait dénoncer ces abus, ne peut le faire, car il a lui aussi largement trempé dans la soupe et qu’il peut difficilement présenter des textes qui essayeraient de moraliser la vie publique.

C’est pourquoi cette moralisation s’arrête à moraliser le secteur privé, à interdire les parachutes dorés ou les primes de départ, mais ne s’indigne pas des transferts de joueurs de foot ou des primes que le secteur public s’attribue à lui-même.

Ce clientélisme atteint les institutions les plus importantes de notre démocratie, celles chargées d’assurer l’indépendance de ses règles de fonctionnement.

On sait qu’à la différence des anglo-saxons, la France dispose d’un système judiciaire différent pour les matières sui touchent l’État et celles qui touchent la vie privée des Français. Nous avons d’un côté les tribunaux judiciaires avec les tribunaux d’instance, ceux d’appel et au sommet la Cour de Cassation chargée de défendre le droit, et de l’autre les tribunaux administratifs dont la cassation est assurée par le Conseil d’État.

Les recrutements sont en gros très différents puisque les tribunaux judiciaires sont tenus par des juges issues de l’école de la magistrature alors que les tribunaux administratifs sont en principe tenus par des anciens élèves de l’ENA.

Il est intéressant de voir à chaque changement de majorité le chassé-croisé entre les hauts fonctionnaires qui occupaient les postes les plus élevés de l’administration sortante et ceux sortant notamment du Conseil d’État qui les remplacent.

À côté de ce remue-ménage, le « spoil system » américain, où les ministres et secrétaires d’État du gouvernement sortant sont remplacés par des cadres du parti gagnant, fait pâle figure, car le nombre de dirigeants ainsi remplacés est du même ordre que le nombre de ceux qui échangent ainsi leurs places en France alors que la taille de la France est 5 fois plus petite. Et au moins les jeux de chaises musicales se font au grand jour, pas dans les couloirs (dorés).

Il est amusant de noter la remarque qui aurait été faite à un avocat auprès du Conseil d’État, dont la coloration serait plutôt de droite, par un membre du Conseil d’État en partance pour occuper un poste dans l’administration socialiste du gouvernement Ayrault en 2012 : « vous allez enfin cher Maître, pouvoir gagner vos procès ». En une phrase laconique, on ne pouvait mieux caricaturer le spoil system à la française mais aussi poser la question de l’indépendance de nos institutions vis-à-vis du pouvoir politique et nous rappeler que le premier problème de notre pays est la distribution des honneurs, des places et des avantages ou privilèges pour se garder ou conquérir un électorat.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
1 833 vues

Chômage, victoire du socialisme par Bernard Zimmern

par Bernard Zimmern 

Il y avait une fois des entrepreneurs, ouvriers, contremaîtres, commerciaux sortis du rang et qui pour s’élever, innovaient créaient des produits depuis l’humble briquet jusqu’à la télévision en passant par la poêle sans gras.

Le métro, la photographie, la fermeture éclair, le béton armé sont les monuments à la mémoire des inconnus qui ont créé le cadre de vie dans lequel vivent les foules ; elles ignorent jusqu’à leur nom sauf lorsqu’il y reste attaché, comme la Tour Eiffel.

Mais ces inconnus ont eu le tort de devenir riches en réussissant, en exportant, en bâtissant et en faisant travailler leurs compatriotes.

 

Et tout occupés à développer leurs affaires, à investir, à prendre des risques, à inventer l’avenir, ils n’ont pas vu venir la classe parlante.
La classe parlante est un enfant de la démocratie où ceux qui comptent sont les plus nombreux, pas les riches ou les créateurs mais les pauvres, les paresseux, les timorés, les profiteurs.

La classe parlante comprend tous ceux qui ont compris cette grande faille de la démocratie et qui ont envahi l’espace du verbe pour embrigader le plus grand nombre à leur profit. On y compte en tête les politiciens, suivis par les journalistes dont 90% sont sortis des écoles du socialisme dont Sciences Po, puis les professeurs passés par Normale Sup et les hauts fonctionnaires issus de l’ENA.

Quel que soit le parti au pouvoir, c’est cette classe parlante que l’on entend dans les rapports dont on nourrit le grand public, jamais les entrepreneurs ; ceux-ci sont trop absorbés par leurs entreprises et la construction de l’avenir, par la nécessité de résister à la concurrence ou aux vents contraires de la conjoncture pour expliquer leur rôle, expliquer qui ils étaient et pas le masque dont on les a affublés.

Toute la classe parlante s’est donc mise à dénoncer les riches, à expliquer que loin d’avoir créé de la richesse, ils l’avaient dérobée, qu’heureusement l’État, défenseur des pauvres et des opprimés, venait les protéger et rétablir l’équité en distribuant l’argent de ces riches.
Mais comme il fallait respecter les formes, comme il n’était plus possible de confisquer en nationalisant comme cela avait été déjà fait en 1981 car cela avait tourné à la catastrophe économique, c’était par des voies moins visiblement créatrices de chômage qu’il avait fallu procéder pour exproprier les entrepreneurs : prélèvements fiscaux au nom de la justice sociale, prélèvements sociaux pour protéger, secourir, aider, subventionner, subventionner, subventionner.

Peu importait que les riches ne puissent plus investir, l’État allait le faire à leur place. Avec une efficacité cent fois moindre. Mais qui s’en apercevrait ? Ceux en charge de distribuer ou de financer avec l’argent des autres ne seraient certainement pas amenés à se plaindre publiquement car, se servant au passage, cela aurait été avouer leur duplicité.

Le socialisme a échoué au XXème siècle parce qu’il a été trop brutal, parce qu’il a atteint une autre valeur encore plus fondamentale que la richesse : la liberté.

Mais en faisant croire au peuple que c’était lui qui reprenait au nom de la justice ce qui lui avait été dérobé, la classe parlante a su éviter l’écueil sur lequel s’était brisé le socialisme au XXème siècle.

Un seul obstacle se dressait encore devant son triomphe : les descendants anglo-saxons de Luther. Ils enseignaient que la richesse n’est pas un mal mais un bien commun, qu’être pauvre et miséreux, ambition de beaucoup de pays catholiques, n’est pas un idéal pour l’homme sauf quand il est à l’abri du besoin.

Ils avaient su créer un concurrent dangereux du socialisme : la philanthropie ; permettre aux riches de ne pas consommer leur richesse en beuveries, en femmes et en voitures mais la mettre au service de leurs semblables à travers des fondations, des institutions sans but lucratif, dédiées à la santé, l’enseignement, la culture au profit des masses.

C’était une concurrence redoutable pour le socialisme, car la philanthropie qui passe par des dons spontanés et non par l’imposition forcée, exige du bénéficiaire du don de mériter ce don aux yeux du donateur, d’être meilleur que les autres, et elle introduit le poison le plus redouté par le socialisme : la concurrence, la différence par l’excellence.
C’est un poison violent pour le socialisme qui vit de l’uniformité imposée par l’État au nom de l’égalité.
Toujours à l’avant-garde des révolutions, la France avait donc mis en place les défenses qui interdisent la diffusion de ce poison : couper les vivres de la philanthropie, éviter que des cliniques privées, des universités privées, des centres de recherche privés ne viennent faire concurrence aux services publics et fassent éclater aux yeux du peuple leurs délabrements, leurs inefficacités, leurs prévarications. Et quand leur interdire leur financement s’avérait impossible, comme ce fut le cas pour l’enseignement privé, l’acheter, le corrompre.
La France est maintenant à la tête d’un mouvement mondial vers le socialisme et fière d’afficher par son chômage sa victoire sur les riches.

Elle affiche même qu’il ne s’agit pas d’une défaite du socialisme mais de son avant-garde ; il faut en remercier la classe parlante puisque ses éléments les plus avancés, ceux sortis de ses meilleures écoles, ont commencé à infecter les derniers survivants anglo-saxons de la croyance en la création, l’innovation, l’entreprise comme ascenseur social. Grâce à la classe parlante locale, ils sont parvenus à diffuser qu’il fallait enlever leur argent aux riches, que l’État était plus capable qu’eux d’investir et de la faire avec cette justice sociale dont eux, la classe parlante, sont les grands prêtres et les seuls défenseurs.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (2 avis)
Loading...
1 026 vues

Air France : la République des copains-coquins en difficulté par Eric Verhaeghe

Par Éric Verhaeghe.

avion C-FFYG EMB-175by Doug (CC BY-NC-ND 2.0)

Après la loi Rebsamen qui a permis à l’État d’infliger aux entreprises de grandes leçons sur le dialogue social et ses innombrables vertus, Air France donne le triste spectacle d’un naufrage où l’État employeur ou donneur d’ordres se révèle incapable d’appliquer le dixième des préceptes qu’il met en avant pour justifier ses diktats au secteur privé.

Air France et les copains-coquins

Il faut d’abord tordre le cou au mythe grotesque selon lequel Air France serait une entreprise privée comme les autres. Pour s’en persuader, rappelons simplement la réalité capitalistique du groupe. Privatisée en 1999, Air France ne compte qu’un seul actionnaire de référence : l’État français, qui détient 15% du capital. Le reste du capital est « flottant » avec une évolution du cours qui en dit long. Introduite en bourse en 2002 au prix nominal de 14€, l’action Air France n’en vaut même plus 7 aujourd’hui. Le petit épargnant français qui a cru à sa compagnie nationale a perdu 50% des économies qu’il y a placées en moins de 15 ans.

La réalité d’Air France est qu’en dehors de l’État, personne n’y exerce de véritable pouvoir et la compagnie ressemble beaucoup au capitalisme russe : ce sont des fonctionnaires qui l’accaparent aujourd’hui en prétendant qu’ils sont devenus, par l’opération du Saint-Esprit, des moghuls du capitalisme.

Le PDG du groupe Air-France KLM, Alexandre de Juniac, est conseiller d’État et ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, parachuté en 2011 pour remplacer Jean-Cyrille Spinetta, lui-même énarque. Le président d’Air France, Frédéric Gagey, est polytechnicien et ancien de l’ENSAE, inspecteur des finances. Ces cursus ne disqualifient pas les hommes. Ils disent simplement la proximité naturelle entre l’État et Air France, et l’appropriation de la compagnie nationale par une technostructure plus ou moins politisée.

De grâce, que ce havre des copains-coquins ne nous soit pas présenté comme l’exemple parfait de l’entreprise luttant dans un monde de concurrence libre et parfaite. Et si certains avaient encore un doute sur le sujet, la nomination du conseiller social de Valls à la direction des ressources humaines du groupe permet de dissiper toute hésitation.

Air France, paradigme du management public

Que le dialogue social soit épouvantable dans notre compagnie nationale est une évidence. La grève des pilotes, essentiellement traitée par voie de médias, au mois de mai, en avait donné un signe avant-coureur. Tous ceux qui ont activement lutté pour la réforme du dialogue social façon Rebsamen, avec force considérations sur les bienfaits de la négociation, ont donné une superbe démonstration de leur savoir-faire personnel en la matière.

L’expérience montre qu’il ne suffit pas de donner des leçons pour savoir les appliquer !

Les Français qui ont vu, médusés, le directeur des ressources humaines du groupe se heurter à la porte de la salle où se tenait le comité d’entreprise à l’origine de toutes les violences, essayer en vain de déverrouiller une serrure fermée par Gagey et Juniac en fuite, ont compris ce qu’était la gestion publique. Les officiers généraux du groupe ont prestement abandonné leur colonel sur le champ de bataille, lui laissant le soin de mourir au champ d’honneur pendant qu’ils se carapataient courageusement.

On imagine sans peine qu’après cet épisode glorieux, Gagey et Juniac pourront donner des conférences sur le management socialement responsable dans les toutes les grandes écoles de commerce du monde. Les mêmes ont courageusement, quelques jours plus tard, mis à pied sans salaire cinq auteurs présumés de violence. Le management par le courage et l’exemple est ici à l’œuvre.

Au moins, les Français n’ont plus d’illusion, les hauts fonctionnaires si soucieux de l’intérêt général et si prompts à dénoncer les petits patrons poujadistes et exploiteurs se révèlent de redoutables hyènes quand ils sont en position de responsabilité.

Les syndicats jouent leur partition

Dans ce concert de faux semblants, la position des organisations syndicales ne manque pas de piquant. Officiellement en effet, la CGT et FO cautionnent à des degrés divers les violences qui ont été commises en stigmatisant les violences patronales que constituent les licenciements. Pour un peu, on sortirait un mouchoir et on pleurerait, si on ne se souvenait pas que l’employeur violent est un faux nez de l’État et qu’aucun capitaliste n’a mis un euro dans le groupe.

Ces mêmes organisations syndicales oublient quelques détails sur la façon dont elles instrumentalisent le groupe et le conflit à leur propre profit.

La position de la CGT en constitue un superbe exemple. Chargée de la gestion des richissimes œuvres sociales du comité d’entreprise du groupe, la CGT s’est retrouvée à la tête du comité d’entreprise, qu’elle a tout droit envoyé en redressement judiciaire. Pendant des années, en effet, le comité d’entreprise a servi de refuge à tout un tas de copains qui ont vécu aux frais de la princesse. Rappelons quand même que les subventions accordées par Air France à ce comité flirtent avec les 100 millions d’euros annuels, soit un tiers des économies annuelles que le groupe cherche à réaliser…

Comme la CGT, FO, l’autre syndicat qui trouve tant d’excuses à ceux qui ont violenté le directeur des ressources humaines, oublie savamment de rappeler que les patrons provocateurs d’Air France sont issus des rangs de l’État et prospèrent dans une ex-nationalisée toujours détenue par l’État. Mais on imagine que FO qui, comme la CGT, est dominée par ses fédérations de fonctionnaires, préfère mentir à ses militants en faisant vivre le mythe d’un capitalisme agressif qui détruirait les emplois.

On s’amusera lundi prochain de voir Jean-Claude Mailly se rendre à la Grande Conférence Sociale où il négociera des prébendes pour son organisation : là, une présidence pour l’un des bureaucrates syndicaux de sa confédération, ici une réglementation favorable qui préservera les circuits de financement de sa maison si pauvre en adhérents.

C’est le jeu du syndicalisme français que de prendre des postures si semblables à celles du pouvoir exécutif : faites ce que je dis, mais ne faites surtout pas ce que je fais.

Valls rappelle qu’Air France est d’abord une entreprise publique

Le gouvernement a tenté de faire vivre le mythe selon lequel Air France était une véritable entreprise. Il s’est donné l’illusion que les dirigeants d’Air France n’étaient pas aux ordres et qu’ils étaient de vrais patrons. Le problème dans la vie est qu’on peut bien se mentir entre puissants arpentant les couloirs de la Cour, tôt ou tard la vérité finit par éclater aux yeux des petites gens qui n’ont pas de malice.

Ainsi, après avoir rendu en grande pompe visite à l’état-major d’Air France pour y dénoncer les gueux qui avaient fomenté cette jacquerie, Manuel Valls découvre peu à peu l’imposture des mammouchis qui dirigent la compagnie aérienne. Outre que cinq manants ont été arrêtés à l’aube devant leurs enfants pour subir le supplice de la roue en place de Grève, les super-managers Gagey et Juniac se sont sentis obligés d’en rajouter une louche en les suspendant sans le sou et sur-le-champ.

On leur conseille d’abord vivement de ne pas se tromper parce que, si la justice innocente les cinq incriminés en question, l’équipe Gagey et Juniac risque de se retrouver dans de beaux draps… C’est un coup à présenter sa démission dès le lendemain de la relaxe, voire le soir même.

En outre, on peut se demander quel intérêt les deux lascars peuvent avoir à jeter de l’huile sur le feu dans un conflit qui tourne vilain. Gagey et Juniac peuvent bien s’imaginer être de grands entrepreneurs prêts à conquérir le monde, et se pousser du col pour se distribuer Légion d’Honneur et autres rubans qui permettent d’identifier les mérites économiques pour ceux qui peinent à les prouver, ces petits mensonges n’abusent qu’eux. Ils sont d’abord à la tête d’une entreprise publique qui s’enfonce sans discontinuer dans le marasme, pendant que ses concurrents internationaux gagnent de l’argent.

Ce rappel-là devrait les rendre modestes et les convaincre d’abandonner leurs airs de cow-boys avant que leur maître l’État ne les y contraigne. Le petit mot de Manuel Valls sur le plan social qui pourrait être évité en dit long sur l’imposture qui se dissipe : Air France devrait rapidement revenir à une logique étatiste où, peu ou prou, le contribuable devra venir en aide au pauvre salarié d’Air France victime de la violence patronale.

Puisque, c’est bien connu, la solidarité consiste à sacrifier l’intérêt général à quelques intérêts particuliers.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
1 853 vues

Cash : surveillez vos poches ! Par Bill Bonner.

poche vide credits Peter Gerdes CC BY-NC-ND 2.0

Oui, septembre est arrivé. Comme prévu, la volatilité boursière augmente. La Guerre zombie s’intensifie. Les investisseurs prennent peur.

Les gens perdent confiance. Ils perdent probablement confiance dans les dirigeants d’entreprises, par exemple. Qui veut détenir les actions de sociétés gérées par des idiots qui achètent leurs propres actions à prix record juste avant une liquidation boursière ?

Ou peut-être se demandent-ils quelle part des 200 000 milliards de dollars de dettes mondiales peut être remboursée ?

À moins qu’ils ne commencent à réaliser à quel point les politiques de la Fed sont frauduleuses ?

Mais maintenant… attention ! Titubant sous les coups des deux dernières semaines, attendez-vous à une contre-attaque vigoureuse des zombies et de leurs alliés.

L’un ou l’autre gouverneur de la Fed — voire Janet Yellen elle-même — se présentera et nous dira de ne pas nous inquiéter d’un retour à « la normale ». Nous sommes bien trop avancés dans la bizarrerie pour revenir la normalité, désormais.

À coup sûr, les sherpas de Wall Street vont faire les gros titres en expliquant que les marchés deviennent parfois déraisonnablement craintifs. Ils avertiront les investisseurs que le moment est venu de faire la chasse aux « bonnes affaires ». Le Dow à 25 000 ! Pourquoi pas ?

Ils ont peut-être raison. Il ne peut qu’y avoir une explosion inflationniste à un moment ou à un autre. Les actions grimperont en flèche. Mais pas avant de s’être effondrées.

Attention à la contre-attaque…

En attendant, surveillez vos arrières. Une sérieuse contre-attaque se prépare. Elle concernera les lignes de ravitaillement. Les compères et les autorités tenteront de nous couper de nos finances et notre ligne de retraite, nous prenant au piège entre l’enclume de la déflation boursière et le marteau de l’inflation des autorités. Il n’y aura pas d’issue, pas de sortie possible.

La semaine dernière, le Financial Times a publié un article appelant à l’abolition du cash. Il parlait de mettre à la retraite « une autre relique barbare » affirmant que les espèces causent « beaucoup de distorsions dans le système économique ». Vous imaginez un peu ? Le cash cause des distorsions économiques ! Selon le Financial Times :

« L’existence du cash, un instrument au porteur à taux d’intérêt zéro, limite la capacité des banques centrales à relancer une économie déprimée. Le souci, c’est que les gens pourraient  échanger leurs dépôts contre des espèces si une banque centrale faisait passer ses taux en territoire négatif »…

Bien entendu, l’article répétait également les accusations familières : le cash finance le terrorisme, l’évasion fiscale et le marché noir. Rendre le cash illégal, dit-il, « faciliterait la tâche d’un gouvernement décidé à écraser l’économie informelle ».

Vous voyez où tout ça nous mène, n’est-ce pas, cher lecteur ? Si les autorités peuvent bannir le cash, elles vous auront entièrement en leur pouvoir. Vous investirez quand elles voudront que vous investissiez. Vous achèterez quand elles veulent que vous achetiez, ce qu’elles veulent que vous achetiez.

Vous serez contraint de conserver votre argent dans une banque — une banque contrôlée, bien entendu, par les autorités. Vous direz que vous aurez « de l’argent à la banque », mais ce ne sera pas vrai. Tout ce que vous aurez, c’est un crédit auprès de la banque.

En l’état actuel des choses, la banque aura du cash réel — mais de loin pas assez pour satisfaire ses engagements. Si cette nouvelle attaque réussit, de par la loi, vous n’aurez plus de cash du tout. Vous serez cerné. Si les autorités veulent vous forcer à dépenser… ou investir… votre argent, elles imposeront simplement un « taux d’intérêt négatif », qui n’est rien de plus qu’une taxe. À Chypre, ils ont ponctionné les plus gros comptes d’une taxe de 50% simplement parce que les banques n’avaient pas assez d’argent. En Argentine, elles ont carrément été fermées. Lorsqu’elles ont rouvert, les dépôts en dollars avaient été convertis en pesos, avec une perte de 66% !

Quand l’État se servira dans vos poches

À mesure que les actions baissent, vous pouvez vous attendre à ce que de plus en plus de gens veuillent détenir du cash. Si les valeurs baissent de 10%, le cash a, en termes relatifs, grimpé de 10%. Les gens en voudront. Mais si cette manœuvre d’encerclement fonctionne, vous ne pourrez plus obtenir de cash réel. Tout ce que vous aurez, c’est une demande envers les débiteurs les plus insolvables de toute l’économie.

En 2008-2009, quasiment toutes les grandes banques étaient au bord de la faillite. Mais si elles réussissent à nous isoler du cash, ça n’arrivera plus jamais. Parce que les banques n’auront qu’à se servir chez nous — avec l’approbation pleine et entière des banques centrales, des gouvernements et des zombies un peu partout.

Plusieurs de nos lecteurs nous ont déjà raconté qu’ils avaient eu des problèmes pour retirer du cash de leurs propres comptes. Les banques traînent des pieds. Elles imposent des plafonds de retraits. Elles veulent que vous veniez en personne… et ainsi de suite.

Pour l’instant, l’impossibilité d’obtenir du cash rapidement est simplement ennuyeuse. Mais attendez. Il ne faudra pas longtemps avant que de nouvelles initiatives pour « stimuler » la demande soient annoncées. Peut-être que les taux négatifs suffiront. Peut-être y aura-t-il un crédit d’impôts général. Mais tôt ou tard, le marteau de l’inflation s’abattra. Et votre incapacité à retirer du cash deviendra plus qu’ennuyeuse : elle se muera en plaie mortelle. Vous serez prisonnier d’un compte en banque domicilié dans une institution en faillite. Les autorités et leurs compères bancaires vous diront quand et comment accéder à votre propre argent.

Les autorités annonceront un « jour férié ». Peut-être que les transferts vers des vendeurs d’or ou des comptes en devises étrangères seront déclarés illégaux. Ou peut-être qu’il faudra simplement beaucoup de temps — pendant que votre épargne perd rapidement sa valeur — pour sortir votre argent.

Pour plus d’analyses et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Bill Bonner.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 139 vues

FONCTION PUBLIQUE: LA SCLÉROSE DE LA FRANCE par H16

Certains petits-déjeuners sont des traquenards. On croit s’enfiler tranquillement quelques innocentes viennoiseries, voire un œuf et du bacon, quand, soudain, entre le jus de fruit et le thé ou le café, on déclare bêtement que le statut des fonctionnaires français est inadapté au monde moderne. Immédiatement, le bacon se rebelle, l’œuf tourne, le jus de fruit se renverse et le café bout. Ce jour-là, plutôt que parler, le petit Emmanuel aurait mieux fait de se concentrer sur sa confiture …Eh oui ; vendredi 18 septembre au matin, Emmanuel Macron, invité à un petit-déjeuner-débat organisé par le think-tank « En Temps Réel », a décidé de remettre en question le statut de la fonction publique, tabou pourtant clair notamment en Socialie et plus encore lorsqu’elle est dirigée à gauche, qu’il a déclaré n’être plus « adéquat » dans certains cas. Pour un Macron complètement débridé, c’est clair : maîtriser les déficits publics et parvenir à redresser la situation passe par une réforme du statut de la fonction publique pour un certain nombre de missions qui ne le justifient pas.
gifa olivia wilde surprised

Surprise. Stupeur. Ahurissement. Consternation. L’audience présente au petit-déjeuner a probablement dû recracher quelques petits bouts de croissants dans un cri étouffé en prenant conscience de toute l’ampleur de la déclaration du ministre : une remise en cause du statut de fonctionnaire, mais, mais, mais vous n’y pensez pas, mon brave, ce n’est plus une réforme, c’est une mutinerie que vous fomentez-là !

La stupeur n’a cependant pas empêché l’information de parvenir jusqu’au Chef de l’État, alors en train de bricoler de la médaille du côté de Tulle. Ce dernier a profité de l’occasion pour écraser rapidement toute velléité de son ministre à remettre en cause le tabou du statut de fonctionnaire. Il y a des choses qui ne se disent pas, même en privé, même en off, même dans un think-tank, même lorsqu’on a été choisi comme faire-valoir réformiste du gouvernement. Pour l’ « entourage » du président, il fallait réagir vite sous peine de laisser s’installer un doute, abominable, concernant le statut de la fonction publique.

gifa lolcat : Sniffage de chatonQuant à Manu les bons tuyaux, il a bien vite rectifié le tir : « Ouh là là, une réforme, vous n’y pensez pas, sans langue de bois ni provocation, ce n’est pas ce que je voulais dire, on m’a salement déformé le propos, je n’étais plus moi-même, une overdose de jus de fruit ou de bacon, pas d’autre explication, j’ai été drogué, la sniffette au chaton ne m’a pas réussi et tout ça » a-t-il rapidement déclaré (en substance) à l’AFP, histoire de bien montrer sa totale allégeance au patron et enlever toute envie aux uns et aux autres de seulement envisager la question.

Fouyaya, on pourrait croire qu’on a ainsi évité l’incident grave… En fait non, l’incident a bel et bien eu lieu, et la gravité s’en ressent déjà : les habituels excités du service public et les thuriféraires du Tout À l’État se sont levés comme un seul parasitehomme pour s’écrier que les déclarations du ministre étaient insupportables. Au premier rang des exaltés, on retrouve sans mal le député Yann Galut, qui dévoile clairement le fond de sa « pensée » :

« Je trouve qu’à quelques semaines des élections régionales, où l’on doit mobiliser notre électorat, où l’on doit réaffirmer nos valeurs de gauche, reprendre une fois de plus des propositions qui sont de droite, des mots qui sont de droite, je pense que c’est irresponsable de la part du ministre de l’Économie »

Notez au passage que si le Galut s’est tout remonté le bourrichon au point de demander la démission du gouvernement, c’est avant tout parce que les déclarations de Macron risquent bien d’amoindrir encore un peu le futur score électoral catastrophique du PS. Entre deux bouffées de panique, le pauvre député du Cher comprend confusément que son poste est menacé à terme par les vaguelettes du ministre, et, comme une bonne partie de la gauche actuelle, perdre son mandat serait une catastrophe pour notre homme qui n’a jamais connu autre chose que la politique et ses coulisses. Pour lui, comme pour tous ceux qui ont hurlé et qui font actuellement tout pour minimiser les propos de Macron, même si l’évidence des positions qu’il tient leur crève les yeux (et leur fend le cœur, les pauvres petits choux), il fallait réagir et tenter le tout pour le tout pour que jamais, ô grand jamais, une réforme de ce statut ne soit envisagée.

gifa sad rabbitQue voulez-vous, la France et sa fonction publique sont des petites choses fragiles et colériques qu’il ne faut, sous aucun prétexte, bousculer ou même effleurer. Les tabous, devenus omniprésents, ont consciencieusement sécurisé tous les domaines en verrouillant tout discours qui pourrait porter sur la pertinence des 35 heures (elles ont créé de l’emploi, un point c’est tout), sur le travail du dimanche (inutile et destructeur familial), sur l’épaisseur du code du travail (seule garantie d’une couverture parfaite de tous les cas possibles), et sur le statut même des fonctionnaires.

La sclérose est maintenant totale, et si l’on a encore le droit (ouvert à débat) de penser, en revanche, plus rien ne peut être dit et encore moins fait, et ce, même lorsqu’on tient compte de l’ampleur réelle des précédentes « réformes » de Macron, nanoscopique. La moindre évocation d’un changement un peu courageux entraîne des levées de boucliers, des hurlements et des appels à la démission sans la moindre nuance, paralysant complètement le législatif et l’exécutif du pays, et ce, au détriment évident de ceux qu’ils entendent protéger — un paquet de fonctionnaires auraient en réalité tout intérêt à une refonte massive de leur statut, qui injecterait, enfin, un peu de méritocratie dans un système devenu particulièrement démotivant, ce que beaucoup sont largement prêts à reconnaître.

Le bilan est sans appel : plus rien ne bouge dans le pays, notamment depuis l’avènement des lois sur les 35 heures (en 2000), lois qui ont scellé l’avenir d’un pays qui a officiellement choisi de travailler moins là où tous les autres choisissaient de travailler plus et plus longtemps. Or, un corps (fut-il social) qui ne montre plus aucun mouvement, aucun signe de vie pendant plusieurs années peut légitimement être déclaré mort. Eh oui : en réalité, Galut, Maurel, Lebranchu, Lienemann, Narassiguin et tant d’autres, Hollande compris, en s’opposant à toute discussion de fond sur ces tabous, montrent un attachement morbide au système social français, cadavre mort depuis longtemps, et refusent de le laisser reposer enfin en paix, comme des enfants immatures incapables de comprendre que l’animal familier est décédé et ne reviendra plus.

Malheureusement, pendant qu’ils s’accrochent encore et encore, le cadavre pue de plus en plus.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 501 vues

Combien la carrière de Michel Sapin a-t-elle coûté au contribuable ? par Eric Verhaeghe

Par

Michel Sapin (Crédits Parti Socialiste, image libre de droits)

Alors que Michel Sapin a annoncé son intention de postuler auprès de son ami (et témoin de mariage) François Hollande pour une fin de carrière confortable au Conseil Constitutionnel, une question se pose : combien la carrière de Michel Sapin a-t-elle coûté au contribuable ? Pour la commodité de l’exercice, on reprendra les chiffres actualisés au tarif de 2015.

Le coût d’un normalien

Les fait d’armes de Michel Sapin commencent à l’École Normale Supérieure où il entre en 1974, et dont il sort en 1978 pour intégrer l’ENA.

Ces quatre années de scolarité donnent lieu à une rémunération (hors budget de l’École qu’il faudrait ajouter à ces chiffres…) de 1.300 euros par mois nets. En quatre ans, il faut compter une rémunération nette de 62.000 euros, auxquels on ajoute une cotisation de près de 10% pour la maladie (soit 6.200 euros) et une cotisation retraite qu’on fixera à 50% en fourchette basse (les cotisations sont fluctuantes dans le public), soit 31.000 euros.

Le coût des études à Normale Sup (hors subventions à la scolarité) s’élève donc à 100.000 euros pour 4 ans, uniquement en rémunérations.

Le coût d’un énarque

Dans la foulée de Normale Sup, Michel Sapin est entré à l’ENA où il appartenait à la fameuse promotion Voltaire. Le coût de la scolarité d’un énarque est évalué aujourd’hui à 168.000 euros.

En 1981, quand Michel Sapin sort de l’ENA, il a donc déjà coûté 268.000 euros au contribuable.

Le coût d’un député

De 1981 à 1991, Michel Sapin enchaîne les postes de député. Il exerce à l’Assemblée Nationale diverses fonctions comme celle de vice-président ou de président de commission.

Un député coûte (c’est le produit du budget de l’Assemblée par le nombre de députés) environ 980.000 euros par an. La carrière de Michel Sapin à l’Assemblée aura donc coûté 9.800.000 euros au contribuable.

Entre 1975 et 1991, la dépense du contribuable pour Michel Sapin s’élève donc à 10.068.000 euros.

Parallèlement, Michel Sapin est conseiller régional du Centre de 1981 à 1986, soit 60 mois à 2.300 euros bruts, pour une addition finale de 138.000 euros.

De 1989 à 1994, il est conseiller municipal à Nanterre, soit une rémunération de 2.700 euros bruts annuels pendant 5 ans : 13.500 euros s’ajoutent désormais à la somme totale, soit 10.219.500 euros.

Le coût d’un ministre

Du 15 mai 1991 au 29 mars 1993, Michel Sapin occupe des fonctions ministérielles, d’abord comme ministre délégué à la Justice, puis comme ministre de l’Économie et des Finances. Ces 22 mois et demi coûtent en moyenne 9.900 euros par mois (hors frais de réception etc.).

En 1993, Michel Sapin n’est pas réélu. Nous lui appliquons arbitrairement la règle qui veut qu’un ministre sortant perçoive son salaire ministériel pendant 6 mois de « préavis ». Soit 28 mois et demi payés coûtant 9.900 euros au contribuable : 282.000 euros.

L’addition s’élève maintenant à 10.453.500 euros.

Le coût d’un président de conseil régional

En 1992 (quelques mois avant de quitter ses fonctions ministérielles), Michel Sapin devient président du conseil régional du Centre. Il occupe ce mandat jusqu’en 2000, soit 96 mois à 5.500 euros par mois. Le total des rémunérations qu’il a perçues à cette occasion s’élève à 528.000 euros.

L’addition totale s’élève désormais à 10.981.500 euros.

Le coût du maire d’Argenton-sur-Creuse

En 1995, Michel Sapin devient maire d’Argenton-sur-Creuse, fonction qu’il occupera par intermittence jusqu’en 2012. Durant cette période de dix-sept ans, il alternera entre les fonctions de maire (13 ans) et de premier adjoint (4 ans).

Le maire d’Argenton coûte officiellement 25.000 euros par an, alors qu’un adjoint coûte 10.000 euros. Michel Sapin percevra donc 325.000 euros en tant que maire, et 40.000 euros comme premier adjoint.

L’addition s’élève désormais à 11.346.500 euros.

Michel Sapin est en outre adjoint au maire depuis mai 2012, soit un rajout de 35.000 euros environ.

Peu ou prou, l’ardoise s’élève désormais à 11.380.000 euros.

Le coût du conseiller général de l’Indre

De 1998 à 2004, Michel Sapin cumule ses différents mandats avec celui de conseiller général de l’Indre. Cette période de 72 mois donne lieu à une rémunération mensuelle de 1.500 euros, soit 108.000 euros.

Nous passons à 11.488.000 euros !

Le coût d’un membre du Conseil de la politique monétaire

Durant deux ans, Michel Sapin exerce cette fonction officiellement payée à la moyenne de la rémunération la plus basse et de la rémunération la plus élevée attachées au grade de conseiller d’État. Par commodité (aucun chiffre clair n’existant sur le sujet), on placera cette rémunération à 4.000 euros par mois, soit une somme globale de 96.000 euros perçue en 2 ans.

L’addition s’élève maintenant à 11.584.000 euros.

Le coût de son passage au gouvernement Jospin

Michel Sapin fait, entre mars 2000 et mai 2002, un nouveau passage ministériel. Ces 26 mois, auxquels nous ajoutons les 6 mois de « préavis » réglementaires, soit 30 mois, coûtent 297.000 euros.

L’ardoise est à 11.881.000 euros.

Le retour à la présidence de la région

De 2004 à 2007, Michel Sapin reprend la présidence du conseil régional du Centre. Ces trois années à 5.500 euros coûtent 198.000 euros en rémunération. Soit une addition qui s’élève désormais à 12.079.000 euros.

La députation de 2007 à 2012

Michel Sapin retrouve un mandat de député en 2007. Cette législature de 5 ans coûte à nouveau au contribuable la bagatelle (tout compris) de 4.900.000 euros.

Le coût actualisé de Michel Sapin s’élève désormais à 16.979.000 euros.

À nouveau ministre depuis 2012

Depuis mai 2012, Michel Sapin occupe un fauteuil ministériel à 9.900 euros par mois (hors dépenses somptuaires). Il est très probable qu’il occupe ce fauteuil jusqu’en décembre 2015, avec le préavis de 6 mois qui va bien. Le total à payer serait donc de 47 mois à 9.900 euros. Soit un total de 465.000 euros.

L’addition monte à 17.444.000 euros.

Coût d’un conseiller constitutionnel

Le coût moyen d’un conseiller constitutionnel est de 15.000 euros (frais de fonctionnement compris). Dans l’hypothèse où Michel Sapin n’occuperait plus que ce mandat à compter de mars 2016, s’ouvrirait pour lui une phase de 9 ans, soit 108 mois dont le coût individuel pour le contribuable serait de 15.000 euros.

Soit, un total pour 9 ans de 1.620.000 euros.

La carrière actualisée de Michel Sapin aura coûté, à la fin de son mandat, 19.064.000 euros.

Cette carrière totale sera de 45 ans. Le coût moyen annuel de sa carrière pour le contribuable sera de 424.000 euros, soit 35.000 euros par mois, hors frais de fonctionnement afférents aux postes de ministres ou de conseiller territorial.

En outre, ces sommes s’entendent hors du coût de sa retraite, bien entendu. 

TOUTE SA VIE DANS UNE PANTOUFLE EN OR, à nos frais….
E.Bolling

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (1 avis)
Loading...
2 170 vues

Exil fiscal : Portugal, Asie, Londres, les eldorados des Français! (courage, fuyez!)

 

Selon un rapport du ministère des Finances remis à la fin du mois aux parlementaires, la France fait face à une véritable hémorragie ces dernières années.

PAR LE POINT.FR

D’après un rapport du ministère des Finances, 75 % des exilés fiscaux actuels ont moins de 40 ans.AFP©PHILIPPE HUGUEN

À en croire RTL qui s’est procuré les grandes lignes d’un rapport du ministère des Finances, remis à la fin du mois à des parlementaires, l’exil fiscal est de plus en plus préoccupant. Conséquence, un trou béant dans les caisses de l’État.

Concrètement, ceux qui partent pour échapper à Bercy sont de plus en plus jeunes et de plus en plus riches. Et quand ils sont plus vieux – les retraités -, ils sont aussi de plus en plus riches ! Le constat est accablant : près de 75 % des exilés fiscaux actuels ont moins de 40 ans. Il s’agit des forces vives du pays, des jeunes aux profils prometteurs, souvent envoyés à l’étranger par leur entreprise. Un phénomène qui se généralise en Asie et à Londres qui voient des colonies entières de Frenchies poser leur valise.

Le Portugal, repaire de retraités

Nouveauté pointée dans ce rapport, un nouvel eldorado a trouvé grâce aux yeux des retraités depuis trois ans : le Portugal. En exonérant de tout impôt pendant 10 ans ceux qui résident au moins six mois sur son territoire, le pays a réussi un joli coup. De 252 dossiers par an en moyenne en 2012, le nombre de dossiers en attente serait actuellement passé à plus de 2 000, selon certaines sources portugaises citées par RTL.

Mais ce petit drame fiscal ne s’arrête pas là. En effet, en 2012, les retraités qui choisissaient l’exil payaient en moyenne 3 948 euros d’impôts. Ceux qui partent aujourd’hui paient 64,3 % d’impôts de plus, soit 6 489 euros d’impôt sur le revenu par an. Forcément, le trou dans les caisses de l’État est considérable : en 2012, 251 Français aux revenus annuels supérieurs à 300 000 euros s’étaient exilés. En 2013, ce chiffre a presque triplé – 659 départs – et beaucoup de spécialistes jugent que le phénomène ne s’est pas ralenti depuis deux ans… Ceux qui restent devront-ils compenser les pertes fiscales induites par ces départs ? Dans l’affirmative, il ne faudra pas s’attendre à ce que cela change de sitôt.

 

COURAGE, FUYEZ. 
FUYEZ AVANT D’ÊTRE DÉPOUILLÉ PAR BERCY!
SI J’EN AVAIS ENCORE LES MOYENS, JE LE FERAI, SANS REGARDER DERRIÈRE MOI.
DE TOUTE LES FAÇONS, IL N’Y AURA BIENTÔT PLUS RIEN A VOIR…
E.BOLLING

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (2 avis)
Loading...
2 422 vues

CRISE DES ÉLEVEURS: LE PAYSAN EST AUSSI UN ENTREPRENEUR.

Quelles mesures pour débloquer la situation ? Le point de vue d’un pro.

Par Daniel Sauvaitre.

agriculture  matthias ripp(CC BY 2.0)

Cet été, sécheresse, canicule, cours bas à la production pour la viande et le lait ont mis l’agriculture à la une et les agriculteurs dans la rue.

Les éleveurs ont ainsi dit leur exaspération envers les normes, les contrôles et les prix bas qu’ils subissent. Ils ont fait savoir au gouvernement, à la grande distribution et à la population toute entière qu’une partie grandissante d’entre eux n’arrive plus à joindre les deux bouts et court tout droit à la faillite.

Blocages de routes et blocus contre certains commerces ont permis un très large écho à leur action revendicatrice dans tous les médias.

Après un peu de retard à l’allumage, le gouvernement a annoncé à coups de millions illusoires un plan de soutien à leur filière en crise avant d’enjoindre les clients des éleveurs à payer plus cher lait et viande.

Les turbulences très vives un peu partout en France ont aussi été l’occasion d’un grand débat sur les causes et les responsables de cette situation.

La question est maintenant de savoir si les diagnostics opérés, les arguments développés dans les journaux et à la télévision par toutes les parties prenantes éclairent utilement la voie à suivre pour installer de meilleurs équilibres économiques et un revenu satisfaisant pour les éleveurs.

Pour vivre au quotidien une situation très similaire en tant qu’arboriculteur et viticulteur, mais aussi comme représentant des organisations de producteurs de pommes, de poires et d’autres fruits et légumes, je n’en suis pas vraiment sûr.

Les messages perçus lors des manifestations ou issus de nombre de déclarations dans les médias font état de prix d’achat en dessous du prix de revient que subissent les éleveurs de la part de leurs coopératives, de négociants, d’abattoirs et de la grande distribution. Ces derniers bien entendu sont dénoncés pour tirer exagérément les prix vers le bas et faire de bonnes marges sur le dos des producteurs. La concurrence déloyale au sein de l’Europe est aussi très vivement dénoncée, tout comme l’empilement de normes franco-françaises. Et pour finir, c’est la politique agricole commune trop libérale qui est désignée comme le modèle à remettre en cause au plus vite.

L’argumentation semble assez largement convenir aux médias et à certains politiques raccords avec l’opinion publique qui en profitent eux aussi pour dénoncer un modèle productiviste à bout de souffle et montrer que le salut passe par le bio et les circuits courts.

François Guillaume, ancien président de la FNSEA devenu ministre de l’Agriculture en 1986 et aujourd’hui membre de Debout la République a même repris la plume dans Le Figaro pour proposer le retour des prix garantis et des quotas. Si la description qu’il fait du quotidien kafkaïen d’un agriculteur est poignante de vérité, c’est bien à un grand bond en arrière kolkhozien qu’il nous invite pour nous affranchir de ce qu’il considère être les horreurs du libre échange. Chacun y va gaiement de son simplisme pavé de bonnes intentions qui nous conduirait pourtant tout droit vers l’enfer.

Au risque de l’impopularité et de choquer les âmes sensibles, je crois utile de rappeler brutalement quelques fondamentaux qui ne transparaissent pas vraiment dans cette information délivrée en boucle au public ces jours-ci.

Le paysan est un entrepreneur libre

Un paysan est en entrepreneur libre et responsable, informé de l’environnement légal et réglementaire qui encadre son activité. Il est conscient de la concurrence et des conditions de l’accès au marché pour ce qu’il se propose de produire. Il est seul avec ses assurances et son patrimoine face à ses créanciers en cas de difficulté. Rien ne lui est garanti, ni les récoltes, ni les primes, ni les clients pas plus que les prix de vente ou la stabilité des règles et des termes de la concurrence. Et pour le consommateur final auquel il destine ce qu’il produit, à tout instant il doit avoir en tête le célèbre constat implacable de Coluche formulé ainsi : « quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent d’en acheter pour que ça ne se vende plus ».

Le fameux prix de revient dont on parle beaucoup ces jours ci est évidemment une donnée extrêmement importante qui permet de savoir pour l’entrepreneur à partir de quand il gagne ou perd de l’argent. Chaque paysan a le sien, toujours différent de celui d’un autre. Le marché s’en soucie comme d’une guigne pour la fixation du prix de l’échange qui découle de la confrontation de l’offre et la demande et de l’accord entre les parties.

Qu’il résulte du règlement qui lui est fait par sa coopérative ou par un négociant privé, le producteur est responsable de son prix de vente. Accepter de confier sa production à un opérateur sans savoir à quel prix elle lui sera payée est évidemment aussi de sa seule responsabilité.

Bien heureusement, personne n’est obligé de faire ce métier très risqué qui relève, comme beaucoup d’autres, à la fois du casino et de la roulette russe tant les paramètres influant sur le résultat sont nombreux et difficiles à maîtriser. Je pense même qu’il faudrait faire signer une décharge à ceux qui s’aventurent au-delà de la limite de sécurité communément admissible par le commun des mortels pour s’assurer qu’ils sont en pleine possession de leurs facultés intellectuelles et lucides sur les dangers qu’ils encourent.

Aussi lourd que cela soit à porter, revendiquer et être conscient de sa responsabilité et de sa liberté sont les premières des conditions à remplir pour chercher à mieux maîtriser son destin économique et influer positivement sur le cours des choses. S’afficher comme victime relève alors de la tactique et de la ruse pour obtenir de l’aide. Rien de plus.

À mon sens, dans la crise que subissent les éleveurs, il faut distinguer ce qui est structurel et largement indépendant de leur volonté de ce qui est nettement plus conjoncturel et où ils sont clairement à la manœuvre et partie prenante.

L’activité de l’éleveur s’exerce en France, dans un pays qui, au-delà des règles européennes communes, se donne les siennes propres. Salaire minimum, droit du travail, droits sociaux, normes sanitaires et environnementales, obligations administratives, encadrement du partage des terres et de la taille des exploitations, impôts et taxations divers, autant de paramètres qui sont déterminants pour la compétitivité de l’éleveur vis-à-vis de ses concurrents européens et mondiaux. Quelle que soit la performance technique et organisationnelle de l’éleveur, l’impact de ces critères externes est décisif dans le jeu concurrentiel auquel il participe.

Il se trouve malheureusement pour l’éleveur comme pour de nombreux entrepreneurs d’autres secteurs de l’activité économique que la France a fait ses choix politiques sans tenir compte des impacts négatifs sur sa compétitivité comparativement à celle de ses concurrents. Pourtant les marchés sont de plus en plus ouverts en Europe, mais aussi dans le monde.

L’inadaptation française

Parfaitement démocratique, la France, comme la Grèce, est seule responsable de ses choix inadaptés et de leurs implications. L’intérêt des manifestations bruyantes de ces dernières semaines par les éleveurs est bien entendu de relier quelques effets douloureux et méconnus des causes du peuple validées par les urnes.

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet. À cette aune, même la fille aînée de l’église n’a pas fini de se faire moquer d’elle. Attachée à ses dogmes sociétaux et à ses tabous normatifs, la France n’en finit pas de geindre et d’accuser les autres nations de ne pas avoir fait les mêmes choix qu’elle. Pays des droits de l’homme, elle se croit toujours le phare du monde. Mais d’ici peu il y aura beaucoup de place de la cave au grenier devenus vides des productions qui jadis les encombraient.

Il est saisissant de voir la réaction du ministre de l’Agriculture face à la crise. Là où on aimerait qu’il ait un plan pour redonner aux producteurs une compétitivité comparable à celle dont bénéficient ceux d’outre Rhin, il esquive ses responsabilités sur ce terrain politique miné par la sacralisation corporatiste de tous les immobilismes.

Non sans talent de diversion politique, comme les éleveurs en détresse il pointe assez cyniquement du doigt les acheteurs. Il les invite à faire un effort pour payer plus cher. Et c’est ainsi que l’on assiste médusé au soutien par un ministre de la République d’une entente sur un prix du cochon à 1,40 euro. Je suppose que Bruno Lasserre, le président sourcilleux de l’Autorité de la concurrence, est en vacances loin de l’hexagone. En tout cas, il est étonnamment muet. Dans le même temps où les procès pour entente pleuvent dans le monde agricole avec de très lourdes amendes à la clef, Stéphane Le Foll conspue le refus du respect de l’entente. De la pure gesticulation qui perpétue le mensonge criminel de la possibilité légale d’un prix minimum garanti. Et c’est le même ministre qui par la main de fer d’un préfet interdit aussi à la ferme des mille vaches d’en avoir plus de cinq cents quand elles se multiplient à plus de mille hors de nos frontières.

Voilà comment le gouvernement œuvre au quotidien à la perte de compétitivité de la France et à la réduction de la production qui en découle tout en faisant croire le contraire en simulant un soutien aux éleveurs par le verbe. L’agriculture n’a pas l’apanage de cette duplicité. Il n’y a pas que dans le cochon que l’art consommé de la communication s’est substitué à l’action pour le gouvernement. Bien d’autres domaines en pâtissent.

Je note quand même qu’au fil des jours, c’est bien cette revendication pertinente d’une plus grande compétitivité de la France qui est ciblée par la profession. Et c’est bien là l’action structurelle déterminante qui doit être conduite politiquement  pour inverser la tendance, si tant est que cela soit vraiment souhaité. À défaut, l’élevage aussi diminuera en France.

Le cadre structurel actuel n’étant malheureusement pas promis à bouger rapidement, que peut-il être amélioré du côté du conjoncturel ?

Comment se démarquer

Baisse de la consommation de viande, hausse de la production en Allemagne et en Espagne, embargo russe ont conduit à une surproduction poussant à proposer des prix de plus en plus bas pour vendre. Puisqu’il est impossible de stocker et de garder les bêtes au-delà de la qualité et du poids requis une fois ceux-ci obtenus.

La baisse des cours en dessous du seuil de rentabilité fait disparaître les exploitations les plus fragiles. L’offre finit par diminuer et les prix remontent, jusqu’à la prochaine surproduction suscitée par la rentabilité retrouvée de ceux qui ont pu résister. En dehors d’événements exceptionnels comme un embargo ou une épidémie, la régulation de l’offre et de la demande se fait sans grands à-coups. Mais il y a toujours des événements exceptionnels et des concurrents incités à produire par des prix qui pour d’autres ne sont déjà plus suffisants.

Dès lors qu’un producteur entre sur un marché de matière première banalisée, d’une qualité standardisée et où les origines comptent peu, la compétition se fait sur le prix. Seuls les plus performants s’en tirent. Et nous avons vu qu’une excellente technicité et productivité peuvent ne pas suffire face à des conditions structurelles de coût plus performantes. Les éleveurs français sont donc à la peine.

Dès lors, tout producteur doit chercher à se différencier pour entraîner une préférence positive pour son produit. Cela commence par l’identification de l’origine France qui, associée à une bonne qualité, permet de susciter un réflexe patriotique qui se valorise d’une partie de la différence de compétitivité manquante. Cela se poursuit par les labels, les marques, les qualités spécifiques et originales, la contractualisation avec des distributeurs qui eux aussi sont à la recherche de différentiation pour leur commerce. Tout ce qui permet de débanaliser et de créer de la valeur reconnue par le client est à rechercher. Dans un monde ouvert et dans un pays qui a fait le choix de normes plus exigeantes que dans d’autres pays producteurs, seule une originalité et un lien particulier tissé avec les distributeurs et les consommateurs peuvent compenser le handicap du coût de production.

Toutes les niches sont à explorer. Et elles le sont déjà amplement. Vente directe au consommateur à la ferme, magasins de producteurs, label bio, label rouge, marketing de marques fleurissent dans la campagne et sur les étals. Nombre de producteurs se prennent en main. Et il reste encore beaucoup à faire et à innover dans ces domaines.

Pour autant les standards européens et mondiaux progressent sans cesse et la part en volume des quantités produites soumises à ces concurrences reste de loin la plus importante. Il parait alors complètement inconcevable que la France renonce à se rendre compétitive et abandonne progressivement à d’autres une part de plus en plus élevée de sa production.

Je le répète, la légitimité du combat professionnel porte essentiellement sur ces questions organisationnelles nationales. Je suis beaucoup moins convaincu dès lors que la colère s’adresse aux concurrents ou aux clients. S’ils enfreignent la loi, c’est aux pouvoirs publics d’agir. Mais si ce n’est pas le cas, c’est un très mauvais signal qui est adressé à ceux dont on revendique par ailleurs la coopération ou dont le pays est notre client pour d’autres productions. Le résultat à moyen terme risque de s’avérer contre-productif par rapport à ce qui était escompté. Les industriels, les distributeurs, pas plus que les producteurs n’aiment agir durablement sous la menace ou la contrainte de leurs fournisseurs.

Finalement c’est la Cooperl, la coopérative qui appartient à ses 2500 producteurs et qui commercialise 70% de la production de porcs en France qui a sifflé la fin de la mascarade du prix de 1,40 euros fixé dans le bureau du ministre et devenu le prix plancher du marché au cadran de Plérin. En demandant le retour du marché libre et en pointant vers le ministre de l’Agriculture la responsabilité de l’absence de compétitivité de la France, la vérité de la situation apparaît enfin au grand jour.

Demander à la Cooperl de payer les cochons de ses coopérateurs 1,40 euros le kilo alors que la coopérative est incapable de répercuter son coût d’achat auprès de ses clients conduit nécessairement à lui faire assumer des pertes. Pertes qui retomberont au final sur les coopérateurs puisque ce sont eux qui ont la responsabilité financière de la coopérative. Difficile de faire plus illusoire comme promesse à un producteur.

Chercher à s’élever dans les airs en se tirant par les cheveux ne fonctionne que dans la tête du ministre malheureusement. Inviter la Cooperl à revenir enchérir au marché au cadran au prix fixé à l’avance de 1,40 euros a quelque chose de surréaliste et d’imbécile qui ne rassure pas sur la rationalité en haut lieu.

On peut au passage se demander si la défense d’un prix franco-français par la coopération des producteurs et des distributeurs en adéquation avec l’origine France est compatible avec un marché au cadran dont les transactions représentent moins de 20% du marché. La contractualisation de gré à gré en dehors de la « transparence » du cadran permettrait de mieux segmenter les prix en fonction des débouchés en France et à l’exportation.

La question s’est posée pour la tomate. Mais l’esprit d’Alexis Gourvennec planait encore trop fort pour que le débat technique puisse avoir lieu sereinement. Rien n’a bougé depuis. Pourtant cette « transparence » dès lors qu’elle ne concerne qu’une petite partie des transactions peut donner lieu à des manipulations à l’opposé de l’effet recherché. Peut-être la déflagration de ces derniers jours permettra-t-elle de retravailler cette question essentielle pour des cotations différenciées selon les marchés. Avec pour objectif de valoriser collectivement l’origine France auprès des clients français pour compenser en partie les surcoûts qui doivent y être assumés.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 538 vues

VIVE LES EXILES FISCAUX ! par le Parisien Libéral.

Par Le Parisien Libéral.

exit credits Paluska via Flickr ( (CC BY 2.0)

Il y a de plus en plus d’exilés fiscaux, et c’est une bonne nouvelle !

Certes, l’expression « exil fiscal » ne décrit pas exactement la réalité, puisque parmi les gens qui partent, tous ne sont pas riches. Mais ces forces vives ou retraitées qui ont choisi d’habiter Genève, Bruxelles, Luxembourg ou Londres sont autant de votes avec leurs pieds de Français qui n’en peuvent plus de la façon dont notre pays fonctionne, et qui refusent de couler avec lui, parce qu’ils en ont les moyens financiers, intellectuels ou psychologiques.

Un enseignement pour la « droite » française : la social-démocratie de droite n’a pas marché. Les départs ont commencé à s’accélérer sous Fillon, vous savez, celui qui a tenté d’élever le mur de Berlin fiscal qui cerne la France, en créant l’exit tax. Quand on crée une taxe sur le patrimoine de ceux qui partent, les départs ne ralentissent pas, au contraire. Autre fait à noter : les migrants et autres réfugiés, quand ils le peuvent, s’installent en Allemagne ou surtout en Angleterre. Il faut croire que eux aussi ne croient pas plus que cela aux vertus de la sociale-démocratie à la française.

Que peut-faire le gouvernement ? D’ailleurs, devrait-il faire quelque chose ? S’il considère qu’à long terme, les départs de jeunes, d’étudiants, d’entrepreneurs ou de grosses fortunes fait peser sur le pays le même risque que le départ des Huguenots, alors le pouvoir devrait agir. De plus, on peut aussi ajouter qu’on ne peut pas faire vivre un pays uniquement avec des professions réglementées, des fonctionnaires, des chômeurs, des capitalistes de connivence ou des retraités. Il faut aussi tous ceux qui, par leur énergie, créent de la richesse.

Mais le plan du gouvernement est à la fois simple et compliqué : il s’agit de démentir l’idée que les impôts ne peuvent qu’augmenter puisque la France, en déficit chronique, ne prélève pas assez de richesse pour faire fonctionner ses services publics et financer le social, ou alors dépense trop, et mettre fin à l’idée ancrée que l’instabilité juridique et fiscale ne cessera jamais. Autrement dit, il faudrait qu’Emmanuel Macron parvienne à convaincre ses collègues Valls, Eckert et Sapin que la France aurait à gagner en préférant le programme du Parti Libéral Démocrate à celui du Parti Socialiste. Bon courage à lui !

En attendant, dans un pays qui refuse de voir la réalité, le vote avec les pieds des exilés fiscaux est la meilleure réponse possible face à un État hors de contrôle.

 

Pourquoi ne suis-je pas parti, plutôt que de me faire plumer et ruiner par un contrôle et un redressement fiscal complètement abusif!
Redressement d’escroc confirmé par Francis Le Poizat: qui sait  de quoi il parle : https://www.temoignagefiscal.com/controle-fiscal-enfin-on-sait/ et https://www.temoignagefiscal.com/contribuables-sensibles-sabstenir-video/
J’aurais du foutre le camp et créer de de la richesse ailleurs et surtout la conserver…
E.Bolling

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 216 vues

LES EXPATRIES DANS LE COLLIMATEUR… par Phoebe Ann Moses

Par Phoebe Ann Moses

Target Grunge Symbol-Nicolas Raymond-(CC BY 2.0)

Alors il y aurait de plus en plus de Français qui s’exileraient à l’étranger ? De plus en plus de jeunes. De l’exil fiscal. Olivier Faure, un député PS qui ne manque pas d’imagination,1, souhaite appliquer à ces expatriés le régime qu’Obama applique aux siens, soit un rattrapage de la différence entre les impôts réellement payés et ceux qu’on « aurait dû » payer dans son pays.

Ce député jette l’opprobre sur ces Français, les suspectant immédiatement d’exil fiscal, les accusant de se soustraire à l’« effort commun ». L’effort commun, c’est bien sûr, quand un député ne paye pas d’impôt sur son « indemnité de fonction » (qui représente plus de 1400 euros) ; l’effort commun, c’est encore quand un député ne paie pas les mêmes cotisations sociales que les autres Français : là où l’artisan paie 15% de ses revenus, le salarié en paie 21% et le député … 0,5%. Dans le même esprit de solidarité, Michèle Delaunay, disait récemment qu’il est populiste de contester l’impôt. Unesolidarité tellement évidente quand on parle de léguer à l’État ses 5,2 millions d’euros de patrimoine(sans doute gagnés à la sueur de son front). Ces socialistes sont impayables.

Rattraper la différence d’impôts est totalement illogique, mais c’est ce que fait l’administration américaine : considérant que l’argent est « dû », le fisc demande aux contribuables de payer la différence, eux qui n’ont dans leur pays d’origine, ni emprunté les routes, ni utilisé l’école pour leurs enfants, ni demandé le ramassage de leurs poubelles. Pourquoi diable aller leur demander de contribuer à « l’effort commun » ?

Ce genre de décision est d’un autre âge : ces politiques ne réalisent pas que les enfants d’aujourd’hui ne seront pas « d’un pays » mais « du monde » : que l’étudiant d’aujourd’hui va partir rapidement à l’étranger pour ses études, et ne reviendra peut-être pas de si tôt. On n’est plus citoyen d’un pays mais citoyen du monde, pour reprendre l’image d’épinal chère aux écologistes de tout poil. Mais c’est une idée intolérable à des politiques comme Barack Obama ou François Hollande, qui veulent coûte que coûte rattraper les citoyens qui veulent voir du pays.

Manuel Valls a d’ailleurs commandé récemment un rapport intitulé Retour en France des Français de l’étranger, qui lui a été remis mi-juillet. Le Premier ministre voulait savoir ce qui pourrait faire obstacle au retour de ces « chers » Français, et tout faire pour les ramener dans le giron de leur mère patrie ; et du fisc, mais ce n’est évidemment pas dans le rapport. Et puis ce n’est pas non plus présenté ainsi. Il est plutôt écrit que « le retour en France ne doit pas être un frein à la mobilité internationale ». On aura tout vu ! Faire comme si on se préoccupait de laisser partir les Français confortablement en pensant à leurs bonnes conditions de retour, au moment où l’obsession générale est de faire revenir ces méchants exilés fiscaux.

nurse with a patient-Seattle Municipal Archives (CC BY 2.0)

Le rapport est intéressant à plus d’un titre : il liste tous les obstacles rencontrés par les expatriés qui souhaiteraient rentrer au bercail. Scolarité des enfants, assurance maladie, retraite, impôts … Finalement, tous les problèmes qu’ils rencontrent ont un rapport direct avec l’État, qui va tout mettre en œuvre pour faire revenir des personnes parties réussir ailleurs. Et attention : en «recommandant fortement » aux Français qui veulent partir, de s’affilier avant leur départ à des organismes d’État qui pourront assurer la continuité des prélèvements fiscaux jusque dans les coins les plus reculés du monde.

Dans le domaine de l’assurance maladie, par exemple, la situation des expatriés de retour est un peu comparable à celle d’un étranger en France et on découvre des informations bien curieuses. On apprend ainsi, que lorsque l’expatrié était dans un pays sans convention avec la France, il a été radié de la Sécurité sociale et a dû prendre une assurance maladie privée. Et de retour en France, il a toutes les peines du monde à se faire reconnaître comme assuré, l’administration ayant besoin d’un peu de temps pour rassembler toutes les pièces nécessaires aux vérifications d’identité. Curieuse inertie quand on connaît la célérité de cette même administration quand il s’agit de rattraper ceux qui veulent la quitter pour s’assurer… dans le privé !

De plus, il faut justifier de 3 mois de séjour en France pour avoir droit à la moindre prestation sociale. Mais ces Français de retour n’ont pas de justificatif de domicile puisqu’ils viennent d’arriver. Ils ne peuvent donc même pas prétendre à la CMU ! Mais le rapport leur propose une solution, l’aide humanitaire :

« Afin de répondre au cas par cas à ces situations, la CNAMTS accorde à titre dérogatoire le bénéfice de la CMU aux assurés revenant sur le territoire français dès le premier jour de leur résidence en France, moyennant un engagement de résidence de plus de trois mois sur le territoire (…) En outre, les assurés français qui ne bénéficieraient à leur retour en France de couverture maladie à aucun autre titre pourraient également être pris en charge dans le cadre du dispositif de l’aide médicale d’État (AME) dite «humanitaire», sur décision individuelle et ministérielle.

Ces réponses ad hoc mises en place pour répondre aux situations particulièrement difficiles que connaissent certains assurés de retour en France paraissent satisfaisantes ».

N’est-ce pas ?

Mais il faut aussi inscrire les enfants à l’école. Ce qui est soumis à la présentation d’un justificatif de domicile. Or dans la plupart des cas, les expatriés ont vendu leur logement avant leur départ et de retour, sont hébergés chez des proches. Le domicile n’est donc pas définitif. Cela pose des problèmes lorsqu’il faut inscrire les enfants à l’école … proche du domicile ! Et de plus, les enfants devenus totalement bilingues seraient sans doute plus à leur place dans des classes bilingues. Las ! On sait ce qu’il est advenu de ces classes d’élèves trop favorisés ! Mais pas de panique :

« Un système de labellisation des établissements capables d’offrir des enseignements avancés en langues sur le territoire national pourrait être envisagé ».

Schizophrénie française ! On veut que les expatriés reviennent en assurant qu’on fera tout pour améliorer leur retour … tout en ayant déjà tout arrangé pour le leur compliquer ! Détricotage perpétuel de ce gouvernement qui nous a habitués à faire un pas dans un sens et trois pas dans l’autre. Tout cela ne donne en effet guère envie de revenir.

Mais l’erreur la plus flagrante est d’avoir imaginé un seul instant que ces Français sont partis par facilité et qu’ils rentreront parce que ce sera plus simple de revenir. Ce n’est pas du tout cela : on part pour diverses raisons, la facilité n’en est jamais une, car il est extrêmement complexe de quitter son pays, sa famille, ses amis, éventuellement son travail, et de se fabriquer une nouvelle vie sociale ailleurs. Et si on ne revient pas plus vite, ce n’est pas non plus parce que c’est compliqué : on revient parce qu’on n’a pas le choix, parce que le contrat professionnel est terminé, parce que ça ne s’est pas bien passé, pour un tas de raisons qui n’ont rien à voir avec la facilité.

Encore une fois, l’analyse de la situation n’apportera aucune solution car, encore une fois, les causes ont été mal identifiées, et les solutions apportées, avec leur lot de nouveaux fonctionnaires encore une fois ne résoudront rien2

tand des tijds-Jesper2cv (CC BY-NC-ND 2.0)

Ce qu’il faut comprendre c’est qu’aujourd’hui et plus encore demain, on ne dépendra plus de son pays d’origine puisqu’on sera amené à se déplacer. Dépendre de la Sécurité sociale quand on habite à l’étranger n’a pas plus de sens que payer des impôts dans un pays où on ne vit pas ! Ce protectionnisme fiscal et assurantiel ne répond plus aux exigences du XXIème siècle. Chaque être humain doit pouvoir voyager et vivre où bon lui semble, avec dans son bagage sa propre assuranceet de quoi payer des impôts là où il travaille et où il utilise les services de l’État.

De même, comment envisager de calculer la retraite de chaque Français parti à l’étranger, parfois dans plusieurs pays, alors qu’on en est encore à mutualiser les cotisations : la capitalisation est l’unique solution à envisager pour que chaque personne mette de côté un pécule pour elle-même, quel que soit l’endroit du monde où elle ira. Mais non : en France, on préfère se lancer dans de savants calculs pour répartir « équitablement » toutes ces économies.

« Faire en sorte que le retour en France ne soit pas un frein à la mobilité internationale » : que Manuel Valls ne s’inquiète pas, son administration bien lourde, bien chère, bien nourrie est certes une catastrophe, mais n’est pas le frein principal au retour en France. S’il souhaite vraiment favoriser la mobilité internationale, qu’il laisse les Français s’assurer individuellement, qu’il relâche l’emprise de l’État sur eux.

En revanche, avec des « je n’aime pas les riches », des « voyous » lancés aux expatriés par Olivier Faure et même des « nantis » ou « fraudeurs » lancés par les employés de l’Assurance maladie aux Français de retour3, on a bien compris qu’en France, il ne fait pas bon essayer de réussir.

    1. « j’ai beaucoup de mal à comprendre que l’on se dise à la fois fier d’être Français et qu’en même temps on ne soit pas fier de participer à l’effort commun »
    2. Voir page 77 du rapport quelques-unes des propositions de solutions laissant penser qu’il va falloir recruter du personnel : « renforcer l’offre de Pôle emploi sur l’accompagnement au retour d’expatriation, en formant quelques conseillers Pôle emploi par agence aux problématiques de réinsertion  professionnelle après une expatriation, développer et diffuser, en lien avec les acteurs de la mobilité internationale en France et à l’étranger, une boîte à outils de l’insertion professionnelle, identifier l’ensemble des facteurs susceptibles de complexifier le traitement des dossiers des assurés de retour de l’étranger au sein des CPAM, confier à la CNAF le versement des prestations familiales des fonctionnaires détachés, améliorer la transmission des dossiers des contribuables entre le service des non-résidents et le service des impôts du lieu du nouveau domicile, permettre que les périodes d’interruption de travail postérieures au 1er janvier 2014 indemnisées par la CFE au titre des risques maladie maternité invalidité et accidents du travail maladie  professionnelle soient reportées au compte CNAV des assurés…»
  • « Les retours d’expérience des Français de l’étranger rentrés en France insistent sur le mauvais accueil réservé par les personnels des services administratifs, qui peuvent (…) porter un regard sans nuance sur la situation des expatriés, considérés à tort comme des nantis ou des fraudeurs.»

 

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 569 vues

JUSQU’À LA TOMBE et même au delà /2

Manitas de Plata est mort à l’âge de 93 ans

Par AFP,
Manitas de Plata.[Pascal Guyot / AFP/Archives]

Manitas de Plata, chantre de la musique gitane et du flamenco, s’est éteint à 93 ans dans une maison de retraite du Midi, où après avoir avoir vendu des millions de disques, ce flambeur et artiste de génie a fini ses jours ruiné.

 

Le virtuose qui avait perdu toute autonomie avait été placé par sa famille en maison de retraite en août dernier. “Mon père est mort de vieillesse entouré de sa famille“, a dit à l’AFP sa fille Françoise, qui était aussi sa tutrice.

Le guitariste gitan, de son vrai nom Ricardo Baliardo, était né le 7 août 1921 à Sète dans la roulotte familiale. Son père était marchand de chevaux. Mais c’est son oncle qui le poussa vers la musique et lui trouva son pseudonyme: Manitas de Plata, littéralement “petites mains d’argent” en espagnol, mais plutôt “doigts de fée”.

Successeur de Django Reinhardt, Manitas de Plata, qui signait avec des lettres bâtons, y ajoutant les dernières années une espièglerie, un S transformé en dollar, s’est produit sur les scènes mondiales les plus prestigieuses. Il a triomphé (14 fois) au Carnegie Hall de New York, en décembre 1965. “Mon meilleur souvenir”, a-t-il toujours affirmé. Il a aussi illuminé le Royal Albert Hall de Londres. “Il y avait eu quatre fois sept mille personnes”, s’amusait-il.

Tout est parti des pèlerinages aux Sainte-Maries de la mer, le rassemblement des gitans en Camargue au début des années 1960. Longtemps il ne voulut rien, mais le photographe Lucien Clergue finit par le convaincre d’aller jouer à New York alors que les Américains avaient traversé l’Atlantique pour l’enregistrer.

Instants magiques

 

Son dernier concert remontait à 2010, à l’ouverture de la Feria des vendanges à Nîmes. Il était alors accompagné d’une trentaine de guitaristes.

Depuis, assis dans son fauteuil, pantalon noir et chemise rouge, il ne jouait plus. “Je suis malade“, lançait-il d’emblée à tous ses visiteurs, le regard triste dans ses yeux céruléens. Mais parfois l’envie était trop forte. Aussi il prenait sa guitare et devant quelques privilégiés, il laissait courir ses doigts engourdis par les rhumatismes sur les cordes.

Manitas de Plata, volontiers flambeur, qui draguait au volant de sa Rolls, a reconnu 13 enfants et faisait vivre toute sa tribu (femmes, enfants, oncles, neveux) soit quelque 80 personnes. Il a laissé 80 disques enregistrés et 93 millions d’albums vendus à travers le monde.

Mais il ne lui restait rien. Lui qui fut l’ami de Pablo Picasso, qu’il appelait “papa”, de Salvador Dali ou encore de Jean Cocteau, a fini sa vie dans le capharnaüm d’un minuscule studio à La Grande Motte(Hérault) face à la mer, entouré d’une foultitude d’objets, dont sept guitares ou un disque d’or cassé. Il n’était toutefois jamais seul car une… jeune femme s’occupait de lui. La dernière, Nathalie.

Il vivait à La Grande Motte depuis plusieurs années. il avait ses habitudes sur les terrasses du Front de Mer mais on le voyait s’affaiblir”, a commenté le maire UMP de la ville, Stephan Rossignol, affirmant que “les Grand-Mottois” étaient “tristes aujourd’hui” de la disparition d’une “légende”, “du plus grand guitariste gitan de tous les temps, l’un des plus grands artistes du XXe siècle”.

J’ai joué avec le coeur et j’ai toujours vécu au jour le jour“, avait confié à l’AFP Manitas lors de son 90e anniversaire, en tirant sur sa cigarette. Et de réitérer sa définition de la passion, cette fois limitée, dans l’ordre, “à la musique et aux femmes”.

il avouait alors n’avoir jamais économisé et quelques soucis avec le fisc. A 90 ans, il continuait à payer son redressement fiscal.

Il assurait pourtant n’avoir pas de regret. Ou juste un seul: “Après moi, il n’y a personne en France. Je suis inquiet pour la musique gitane”.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (1 avis)
Loading...
2 371 vues

JUSQU’À LA TOMBE et même au delà…

Omar Sharif : sa bataille secrète contre le fisc français

Omar Sharif a été accusé par le fisc français d'avoir délibérément «éludé l'impôt».

L’acteur, décédé le 10 juillet, a mené pendant une décennie une bataille juridique contre le Trésor public. En cause, des revenus évalués à un demi-million d’euros en 2002 et 2003 et non déclarés à l’administration.

Advertisement

Il avait réussi à garder ce combat secret jusqu’au bout. Omar Sharif, décédé le 10 juillet à l’âge de 83 ans, se battait contre le fisc français depuis une dizaine d’années, révèle ce lundiBFM Business. Le Trésor public accusait l’acteur de ne pas avoir déclaré ses sources de revenus français en 2002 et en 2003.

À cette époque, Omar Sharif exerce son activité professionnelle en France et séjourne à Paris au Royal Monceau, dans le VIIIe arrondissement. Ses revenus pour cette période sont alors évalués aux alentours d’un demi-million d’euros. L’acteur a en effet touché 273.600 euros pourMonsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran de François Dupeyron, 35.819 euros pour la série Les Mythes urbains, et enfin 137.204 euros pour une collaboration à Tiercé magazine.

Un redressement fiscal en 2005

Puisqu’il tire alors l’essentiel de ses revenus de ses activités françaises, Omar Sharif est considéré, pour cette période, comme un résident fiscal français. L’affaire se complique lorsque l’administration découvre que l’acteur possède un compte en Suisse auprès de la banque UBS. Il lui aurait servi à entretenir un second compte français déclaré, ouvert au CIC. L’acteur aurait alors viré de Suisse en France près de 521.289 euros. Le Trésor public décide donc de l’imposer sur cette somme et lui notifie, en 2005, un redressement fiscal.

Omar Sharif se défend. Il affirme être résident fiscal égyptien et vivre dans l’appartement cairote de son fils. Une explication jugée insuffisante par le fisc français, qui estime d’ailleurs que l’acteur a eu une «intention délibérée d’éluder l’impôt». Le Trésor public lui impose donc une pénalité de 40% pour mauvaise foi. En première instance, les juges l’exemptent de cette pénalité, avant de la rétablir en appel. Le dernier épisode de cette affaire s’est déroulé au printemps dernier. Le Conseil d’État avait alors rejeté le pourvoi de l’acteur.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 413 vues

L’AUTRE EXIL DONT ON NE PARLE PAS: L’EXPATRIATION DES JEUNES par J.Y Archer

 D’après les Échos, l’exil fiscal s’accélère chez les hauts revenus. Mais pour Jean-Yves Archer, le plus préoccupant est l’exil des jeunes diplômés. 28% d’entre eux envisagent leur avenir professionnel à l’étranger.


Jean-Yves Archer est économiste. Il dirige le cabinet Archer et anime le think tank de recherche économique Archer 58 research. Il est diplômé de l’ENA (promotion de 1985) et titulaire d’un doctorat en économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. En savoir plus sur son site.


Le pic de l’exil n’est pas encore atteint

Depuis des années des parlementaires, tels que Charles de Courson, Philippe Marini ou Alain Lambert et Jean Arthuis tout autant que Jérôme Cahuzac (lorsqu’il était dans l’opposition, en charge de la présidence de la commission des Finances de l’Assemblée Nationale) ont tenté d’obtenir des chiffres exacts quant à l’impact de l’exil fiscal sur nos finances publiques.

Bien souvent, les réponses ont été parcellaires voire lacunaires au grand dam des élus communistes que sont le sénateur Pierre Laurent et le vif député André Chassaigne toujours préoccupés par l’ISF et les «riches».

Des derniers chiffres connus, il ressort que l’année 2011 a été charnière ce qui montre que la pression fiscale accrue de la dernière année du mandat de Nicolas Sarkozy a eu un effet immédiat: tant sur le nombre d’expatriations que sur le plan électoral. Certains regretteront donc que la Ministre du Budget d’alors n’ait pas versé un avis politique argumenté au cœur du dossier technique qu’elle devait traiter. Vaste sujet.

Un point de repère est acquis: l’année 2013 a vu 3744 expatriations en provenance de contribuables dotés d’un revenu fiscal de référence excédant 100.000 Euros. Soit une augmentation de 40% par rapport à l’année 2012. Les Français ont donc l’épiderme sensible en matière fiscale comme l’a appris à ses dépens le toujours surprenant Pierre Moscovici dont le socle de certitudes a clairement du mal à être validé par les lois de l’économie. Mais, hic et nunc, doit-on encore parler de certitudes? Triste sujet.

Si la moyenne des revenus des expatriés fiscaux s’élève à 265.832 Euros par an, les assujettis à l’Impôt de Solidarité sur la Fortune qui quittent notre pays ( environ 750 par an ) détiennent un patrimoine moyen de plus de 6 millions d’Euros.

En matière d’ISF, les chiffres avancés sur le rendement de cet impôt sont à prendre avec précaution. Depuis la crise de 2008 il y a eu une accélération comparative des prix de l’immobilier ( valeur refuge ) dans les grandes villes et surtout à Paris. A partir du moment où le prix moyen du mètre carré est au-delà de 7000 Euros, bien des ménages se sont trouvés redevables de l’ISF du fait de la valeur de leur seule résidence principale, par-delà l’abattement lié à celle-ci.

Dès lors, au plan d’ensemble, le départ de grandes fortunes est difficile à retracer sauf à prendre ses sources dans le registre de la vie des affaires. Qui ne se souvient de la tentation belge du Président Bernard Arnault? Qui ne voit où résident les familles Darty, Zacharias ( ex-Vinci ), Defforey ( Carrefour ) Wertheimer ( Chanel ), etc ou nos grands sportifs avec une mention particulière aux joueurs de tennis?

Tout ceci relève de calculs individuels qui ont leur degré de légitimité et de légalité – parfois ondulante – qui sont éloignés de la logique de personnalités comme Pierre-Emmanuel Taittinger qui s’estiment redevables face à la nation qui les ont vues s’épanouir pendant tant d’années. La France me coûte mais je dois à la France aurait pu être une maxime, déjà du temps de La Rochefoucauld.

Le Président Kennedy avait déclaré pour sa part qu’il fallait cesser de se demander ce que son pays pouvait faire pour soi et au contraire se demander ce que l’on pouvait faire pour lui. Sur un plan fiscal, voilà une interrogation digne de réflexions posées. Grand et beau sujet.

Sur le plan humain, on ne peut que constater que le pic de l’exil des jeunes n’est pas atteint.

Patrick a réussi une école de commerce, il a 26 ans: voici près de deux ans qu’il travaille dans la finance à New-York.

Clara a terminé un master de sociologie, elle a 24 ans: voici près d’un an qu’elle travaille pour une association humanitaire au Chili.

Hadj a lutté pour parvenir au statut d’ingénieur: venu d’un quartier sensible du nord de Montreuil, il est désormais installé en Australie dans le secteur de la construction.

Jean-Michel a décroché au plan scolaire: plutôt que de continuer la «galère «en France, il a rejoint Shanghai et trouvé une place dans une entreprise de commerce textile.

Quatre exemples pris parmi des milliers qui dessinent les quatre côtés de ce carré complexe que l’on nomme expatriation et parfois, de manière plus connoté, exil.

Une phrase court dans le pays comme une rumeur: «Si vous avez de l’argent et de l’âge, partez pour Bruxelles. Si vous êtes entreprenant et jeune, partez pour Londres». De fait, la rumeur a bien un fondement statistique. Laissons ceux qui pensent que l’herbe est nécessairement plus verte dans le pré d’à-côté alors que la réalité est – heureusement – dotée d’une capillarité plus fine comme vont le démontrer les futurs succès de l’Ecole 42 de Xavier Niel et l’incubateur de start-up de la halle Freycinet. Notre France est loin d’être inerte. Même si le propos du tonique Philippe Bourguignon ( Ex-Pdt du Club Med et d’Accor ) demeure terriblement fondé: «les entrepreneurs français doivent être encore plus forts que les autres tellement il y a de contraintes «. ( BFMtv 11 mai 2013 ).

A côté du départ médiatisé de personnes ayant rencontré le succès ( Gérard Depardieu, etc ) qui peuvent induire un effet d’entraînement, il est à noter une élévation du nombre de jeunes qui s’expatrient.

Notre Nation est confrontée à une sortie du territoire d’un potentiel Antoine Riboud ou Claude Bébéar des années 2030. Ce sont autant d’emplois nationaux évaporés pour demain.

La première des grilles d’analyses relève de la sphère économique. Notre pays a incontestablement une difficulté avec sa jeunesse. Même celle qui est bien formée et adaptée à tel ou tel profil de poste doit accepter de passer par la case des stages puis la case répétitive des CDD avant de pouvoir se poser sur l’échiquier de la vie professionnelle dans l’espoir d’enfin démarrer une carrière. Ce temps de latence entre la sortie du système éducatif et le moment où l’emploi semble stable est une période vécue comme longue et difficile pour les jeunes. Comment reprocher l’expatriation face à une société dont les entreprises ne vous accueillent parfois que du bout des lèvres?

Parallèlement, certains pays proposent des situations pécuniairement plus intéressantes. Cela étant, il faut regarder les cas à la loupe. En effet, déjà Keynes écrivait sur «l’illusion du salaire nominal», et bien des financiers français de Londres conviennent que si les rémunérations sont supérieures, la vie quotidienne est plus coûteuse, à commencer par l’incontournable prix du logement. Le vrai raisonnement consiste à établir l’indice de parité du pouvoir d’achat.

Toujours au plan économique, la spécialisation internationale entraîne désormais un brassage des cerveaux. De la même manière que les Etats-Unis savent attirer des informaticiens indiens de haute volée, ils savent proposer à nos jeunes entrepreneurs en biotechnologies des conditions remarquables. La France propose parfois un emploi, là où d’autres pays façonnent une carrière. Tel est le défi.

Envie de travailler tout de suite et d’être reconnu ( tentation de l’hubris ), perspectives d’évolution professionnelle, optimisation fiscale comparée sont les trois grandes clefs explicatives de l’exil des jeunes.

Exil qui peut par conséquent s’expliquer mais ne justifiera jamais d’oser gommer le «poids des morts et des savants qui ont fait la France» pour reprendre les termes de l’historien Pierre Chaunu.

Selon le Ministère des Affaires étrangères, près de 285.000 français âgés de 25 à 35 ans seraient résidents étrangers. Par ailleurs, il faut noter la tendance: selon le baromètre Ifop-Deloitte, 28% des jeunes diplômés envisagent leur avenir professionnel à l’étranger contre 13% en 2012.

Cette grille d’analyse économique est pertinente mais trop réductrice car il faut la croiser avec trois autres éléments: liberté et envie de découverte, esprit pionnier, fierté d’appartenance.

Quand on vient de passer la borne de ses vingt ans, on ne peut concevoir la vie comme un parcours balisé voire fléché à l’excès. Fort heureusement, on détient une part de rêve et une envie de découverte. A l’heure de l’avion, le Brésil est à la France ce que Morlaix était à Paris il y a cent ans. Qu’il s’agisse d’un brillant diplômé ou d’un jeune issu de la diversité scarifié par les discriminations, comment ne pas comprendre que la soif de découverte est un ressort du jeune adulte?

En addition de ce ressort de l’esprit de découverte, il y a aussi l’esprit pionnier. Certains se voient en Sylvain Tesson, d’autres en golden boy de Wall Street. Peu importe. Ils ne se voient pas au 37ème étage d’une tour à La Défense à émettre des rapports et à lire les aléas budgétaires auxquels sont confrontés notre pays.

Dernier point qui doit être évoqué, c’est précisément la notion de fierté d’appartenance. De nombreuses entreprises semblent attractives pour les jeunes: des classements sont régulièrement établis et sacrent ainsi L’Oréal, AXA, Danone, Nestlé, etc. Les pays n’échappent pas à cet énoncé de préférences. Or, pour des raisons multiples, la France a souvent décroché dans le cœur de bien des jeunes. Si un pays vous fait positivement vibrer, on ne le quitte pas pour un taux marginal d’imposition légèrement plus élevé. En revanche, un pays atteint de sinistrose et atteint d’un rapport difficile à l’Autre ( le vivre ensemble ) ne saurait être attractif. Oui, notre Nation a devant elle le défi de redevenir séduisante pour sa jeunesse: tout n’est pas question d’économie mais de rupture avec une identité froissée.

«La vie n’est pas ce que tu crois. C’est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme des mains, ferme des mains, vite. Retiens-là. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu’on grignote, assis au soleil». Jean Anouilh, Antigone.

La jeunesse actuelle est mûre plus tôt qu’autrefois et sait promptement apprendre à fermer les mains. L’eau de la vie est une notion qu’elle visualise mieux que ces aînés mais il est clair qu’elle veut vivre bien souvent sous d’autres rayons du soleil que ceux que la France propose. France de l’Hexagone comme France ultramarine où les taux de chômage sont alarmants.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 003 vues

IMPÔTS: LES FRANÇAIS LES PLUS RICHES S’EXPATRIENT TOUJOURS PLUS.

Les départs à l’étranger des Français les plus aisés ont augmenté de 40 % en 2013. Une inquiétante fuite des gros contribuables…

SOURCE AFP

 Le Point.fr
Le ministère de l'Économie et des Finances à Bercy, photo d'illustration.
Le ministère de l’Économie et des Finances à Bercy, photo d’illustration.©GUY Christian

 

 

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
2 632 vues

NOS ELUS, les PILLEURS D’ÉTAT.

 

NOS ELUS CEUX QUI NOUS PILLENT.
NOS ELUS CEUX QUI VIVENT SUR NOTRE DOS…

LE LIVRE DE PHILIPPE  PASCOT: PILLEURS D’ETAT

https://www.temoignagefiscal.com/category/zap-du-net/

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (11 avis)
Loading...
6 485 vues

A PARTIR du 28 JUILLET, ON PEUT ENFIN TRAVAILLER POUR SOI ! par Marie Visot

28 juillet, jour de «libération fiscale» pour les salaries français.

Alors que le taux d'imposition réel du salarié moyen atteint 45,27% en moyenne dans l'Union européenne, il bondit à 57,17% en France.

INFOGRAPHIE – En un an, ils ont dû travailler deux jours de plus pour financer les dépenses publiques du pays.

PUBLICITÉ

Les Français seront probablement soulagés – ou furieux selon leur humeur – d’apprendre que depuis le début de cette semaine ils ne travaillent plus pour l’État. Ce lundi, en effet, marque le premier jour de l’année où leur production ne part pas en impôts et charges. L’an dernier, le salarié moyen a travaillé jusqu’au vendredi 26 juillet pour financer les dépenses publiques ; cette année, il lui a fallu «donner» deux jours de plus, jusqu’au 28 juillet, selon l’Institut Molinari (un think-tank libéral basé à Bruxelles), qui vient de publier son étude annuelle sur le «jour de libération fiscale».

Certes, comme le rappelle cette étude, «un grand nombre de pays de l’Union européenne ont tenté de rééquilibrer leurs comptes publics en augmentant la fiscalité pesant sur les employeurs et les ménages». Mais, alors que le taux d’imposition réel du salarié moyen atteint 45,27 % en moyenne dans l’Union européenne, il bondit à 57,17 % en France. Seule la Belgique fait pire, à 59,6 %. Suivent ensuite l’Autriche, la Hongrie, la Grèce, l’Allemagne.

Le classement 2014 montre que le salarié français est en théorie parmi les mieux payés de l’UE. Son employeur débourse en effet 55.314 euros. Mais il est particulièrement fiscalisé, avec 31.622 euros de charges, impôt sur le revenu et TVA. Il ne reste in fine au salarié moyen que 23.692 euros, «ce qui le met au 10e rang de pouvoir d’achat réel».

La pression fiscale et sociale française ayant continué d’augmenter en 2014, «en dépit des appels répétés à la pause fiscale», l’employeur français doit désormais débourser 233 euros pour que son salarié moyen dispose de 100 euros de pouvoir d’achat. C’est 3 euros de plus qu’en 2013. Ces chiffres apportent «un éclairage sur les crispations françaises avec, d’une part, des employeurs inquiets de l’envolée du coût du travail et, d’autre part, des salariés ayant parfois l’impression d’être des laissés pour compte», notent les auteurs de l’étude.

Dérapage des comptes publics

L’importance des prélèvements obligatoires pesant sur le salarié français pourrait s’expliquer par une gestion plus rigoureuse des finances publiques… Or, comme le souligne l’étude, «ce n’est malheureusement pas le cas»: la France continue de présenter le «double inconvénient» de figurer à la fois «dans la catégorie des pays les plus fiscalisés, mais aussi dans la catégorie des pays enregistrant les plus forts dérapages des comptes publics l’an passé». Et d’enfoncer le clou: «Aucun autre pays ne pratique une fiscalité plus importante et n’a des finances publiques aussi déséquilibrées.»

Le concept de «jour de libération fiscale» tient ses détracteurs. Ceux-ci ne manquent pas d’arguments. Ils mettent en avant un système socio-fiscal qui ponctionne, certes, mais aussi redistribue. Sous forme soit d’allocations (familiales…), soit de remboursement comme pour les soins, ou encore par la mise à disposition de services et de biens (éducation, infrastructures…). L’Institut Molinari voit ce jour davantage comme le «moment à partir duquel le salarié recouvre la liberté d’utiliser, comme il veut, son pouvoir d’achat, en consommant ou en épargnant». Si l’on en croit les promesses de François Hollande, il devrait l’an prochain arriver un peu plus tôt…


Jour de libération fiscale

Le jour de libération fiscale s’obtient  en rapportant le salaire brut moyen des salariés grevé de l’ensemble de charges et impôts qu’ils acquittent directement ou indirectement (charges sociales patronales et salariales, impôt  sur le revenu, TVA) au nombre de jours de l’année. «Cela permet de mesurer  le coût réel des services publics  et de la Sécurité sociale pour le salarié moyen», fait valoir l’institut économique Molinari – qui se base  sur les données du cabinet EY.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (aucun avis)
Loading...
4 684 vues