Archives de catégorie : Zap du Net

Une selection d’articles choisis sur le net par E. Bolling

Et le prix du gnangnan politique est décerné à … Bruno Le Maire ! par NATHALIE MP

Parmi les séquences médiatiques du week-end, on a surtout retenu l’étrange amnésiemâtinée de connivence calculée qui a saisi Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il s’est retrouvé plus ou moins inopinément face au Président de la République. Quelle injustice pour Bruno Le Maire ! Son registre est certes moins sexy puisqu’il parle de comptes publics, mais à écouter le festival de petites phrases creuses et de platitudes politiquement correctes qu’il nous a servi ces derniers jours, c’est à se demander si côté langue de bois ce ne serait pas lui le meilleur d’entre tous.

Comme souvent quand Bruno Le Maire s’exprime, c’est toujours le côté « bon élève gendre idéal » qui apparaît en premier. Samedi dernier, nous avons donc eu droit au discours qui s’est imposé chez tous les dirigeants qui veulent montrer du sérieux dans la gestion des affaires nationales, ne serait-ce que pour ne pas encourir trop sévèrement les blâmes et autres procédures pour déficit excessif de l’Union européenne :

« Il n’y a pas de prospérité durable avec des comptes publics qui ne sont pas bien tenus. » (8 septembre 2018)

« Enfin un peu de lucidité ! » serait-on tenté de dire. A vrai dire, notre ministre de l’économie est coutumier de ces déclarations très orthodoxes. Il y a un an, il écrivait déjà en en introduction du projet de loi de finances pour 2018 :

« Si la dépense publique était la réponse à tout, nous devrions donc avoir le chômage le plus bas et le taux de croissance le plus élevé en Europe. Nous en sommes loin. » (27 septembre 2017)

Et encore tout récemment, dans l’émission Les 4 Vérités sur France 2 (voir la vidéo en fin d’article), il donnait la définition de ce qu’il appelle pompeusement « la nouvelle prospérité française » :

« La nouvelle prospérité française, elle ne doit pas être bâtie sur la dépense et sur la dette, mais sur la croissance et le travail. » (6 septembre 2018)

A l’entendre, avec l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017, nous serions donc entrés dans un cycle radicalement nouveau, celui où la sphère publique arrête de dépenser à tout va comme c’était le cas par le passé.

Un passé où les acteurs actuels du « nouveau monde » étaient déjà impliqués jusqu’au cou, Macron comme ministre de Hollande et Le Maire comme ministre de Sarkozy. Mais laissons cela. Il nous suffit de constater que la nouvelle prospérité française a visiblement pris un peu de retard à l’allumage, si ce n’est du plomb dans l’aile :

Le budget établi pour 2018 n’a nullement entériné ces sages préceptes, les dépenses et les prélèvements obligatoires ont continué à augmenter, la croissance française, loin de décoller, se tasse plus que jamais rendant l’objectif de 2 % pour 2018 inatteignable, et le chômage n’a pas reflué de façon significative (tableau ci-contre).

En fait de comptes tenus, Bruno Le Maire s’est contenté de nous annoncer dans la foulée que le déficit public serait en dessous de la limite fatidique des 3 % en 2018 et 2019, grâce (attention, violons) aux « efforts considérables » de l’Etat, des ménages et des entreprises. Que les particuliers et les entreprises soient sans cesse ballotés d’une décision fiscale à une autre, certes. On pense à la hausse de la CSG couplée à la baisse des cotisations salariales ou à l’invraisemblable fiasco la taxe à 3 % sur les dividendes. Mais quels efforts de l’Etat ?

Il faut savoir tout d’abord que jeudi dernier l’INSEE a publié un communiqué dans lequel il indique avoir accédé aux demandes d’Eurostat, l’organisme de la statistique de l’Union européenne, à propos de la dette de la SNCF et de la recapitalisation d’Orano (ex-Areva).

Il en résulte que le déficit public rapporté au PIB qui était de 3,4 % pour 2016 et de 2,6 % pour 2017 remonte à 3,5 % et 2,7 % pour ces deux années respectivement. De la même façon, la dette publique atteint maintenant à 2 257,8 milliards d’euros à fin décembre 2017 au lieu des 2 218,4 milliards précédemment notifiés, soit 98,5 % du PIB contre 97 % (voir tableau ci-dessus).

On pourrait facilement se dire qu’il s’agit là d’un simple ajustement de méthode comptable qui ne change rien de fondamental. En réalité, ceci signifie qu’en laissant des dettes telles que celle de la SNCF en dehors du périmètre de nos comptes publics, on se berçait d’une sorte d’illusion qui conduisait à repousser les indispensables réformes de structures à plus tard. Cette nouvelle alerte sur la fragilité de notre comptabilité nationale doit absolument être entendue.

Il faut reconnaître ensuite que lorsqu’on a obtenu un déficit de 2,7 % du PIB après de nombreuses années situées au-delà de 3 %, et qu’on a déjà annoncé 2,3 % pour les deux années suivantes, il n’est guère fabuleux de faire machine arrière en promettant tout juste qu’on sera en dessous de 3 %. Et ceci d’autant moins que le déficit public moyendes 28 pays de l’Union européenne se situe actuellement à 0,5 % et celui des 19 pays de la zone euro à 0,1 % du PIB.

Quelles que soient les félicitations que M. Le Maire se décerne avec complaisance à propos de la politique menée depuis 15 mois sur le mode « c’est vrai que c’est plus long et que c’est plus difficile, mais ça donnera des résultats solides », et même s’il lui est facile d’écarter d’un revers de main négligent la critique sur la baisse de la croissance sous prétexte qu’elle émane de l’entourage de François Hollande, la France continue à s’aveugler dangereusement sur les réformes indispensables à faire en matière de baisse de dépenses et de remise à plat des missions de l’Etat. 

On voit surtout Bruno Le Maire déployer beaucoup d’activité pour aller chercher de la taxe partout. Dernière idée en date, qu’il pousse à fond et qui a été discutée ce week-end par les pays membres de l’UE : la taxation des GAFA à hauteur de 3 % de leur chiffre d’affaires sous un prétexte des plus fumeux de justice fiscale réclamée d’après lui par les peuples européens.

S’il était véritablement question de couper dans les dépenses, on pourrait envisager de commencer à rembourser la dette publique et baisser les impôts de façon importante, choc fiscal qui serait bénéfique à l’activité. L’attitude de Bruno le Maire laisse plutôt penser qu’il cherche prioritairement à combler le déficit par une fiscalité accrue.

Du reste, la mesure annoncée de réduire les effectifs de la fonction publique de 4500 personnes a de quoi faire rire. C’est une boutade, l’épaisseur du trait, quand on songe que nous avons 5,5 millions de fonctionnaires.

Il est également question grignoter trois francs six sous d’économie en revalorisant les pensions à un taux (0,3 %) inférieur à l’inflation (2,3 %) qui s’accélère nettement ces derniers mois. Or pour toucher leur retraite, les retraités ont versé des cotisations prélevées sur leur salaire pendant toute leur vie active. On pourrait donc s’imaginer que le montant de cette retraite est en rapport  direct avec ce qu’ils ont payé pour cela.

Mais non. Dans notre système obligatoire et collectivisé de retraite par répartition, le montant de la pension est strictement politique. Au-delà de considérations techniques sur l’espérance de vie et l’âge de départ en retraite, il dépend surtout des besoins de l’Etat pour tenter de masquer son incurie générale – « maîtriser les dépenses publiques » dirait le Premier ministre – comme nous en avons la preuve éclatante aujourd’hui. Le cynisme de l’Etat est sans limite.

Mais vous pouvez compter sur le gentil Bruno Le Maire pour faire mine de comprendre les frustrations de ses concitoyens. Interrogé, sur le lien qui semble cassé entre le Président et les Français qui ne voient toujours rien venir après plus d’un an de gouvernance Macron, il fait assaut de dolorisme et de volontarisme dans un déchaînement de mots d’un creux abyssal :

« Nous sommes face à la vérité de Français qui sont impatients, qui ont beaucoup souffert, qui depuis des décennies affrontent le chômage de masse, qui sont inquiets sur ce que va devenir la France. (…) Il va falloir faire preuve, encore plus pendant les mois qui viennent, de fermeté, de constance et de détermination. » (Les 4 Vérités, 6 septembre 2018)

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Et vous pouvez compter sur lui également pour nous faire comprendre à demi-mot que le seul cynisme qui existe en France est celui des entreprises. Faisant commodément l’impasse sur la démence fiscale et la furie réglementaire de l’Etat, il explique avec beaucoup de tranquillité que si la croissance n’est pas au rendez-vous, c’est tout simplement parce que les entreprises n’innovent pas, ne forment pas, n’investissent pas et ne rémunèrent pas assez.

Lui, Bruno le Maire, éducateur en chef d’entreprises indisciplinées, va changer tout cela. D’où sa loi PACTE, sorte de loi Macron bis examinée actuellement à l’Assemblée, qui est censée « faire grandir les entreprises » et repenser leur rôle social.

Faire grandir les entreprises ou leur mettre les bâtons dans les roues ? On se le demande, surtout quand on l’entend ensuite déclarer qu’il est hostile à l’idée de considérer le travail dominical dans la loi PACTE, tandis qu’il se montre au contraire très favorable à un amendement LREM qui obligerait les entreprises à « révéler les écarts entre les niveaux de rémunération et repérer les déséquilibres ».

Autrement dit, dans l’esprit de Bruno Le Maire, tout ce qui est de nature à favoriser l’activité économique est à rejeter et tout ce qui entrave la liberté d’entreprendre au nom d’une fausse notion de la justice sociale est à encourager. A ce rythme, la nouvelle prospérité française n’est certainement pas pour demain mais le politiquement gnangnan se porte bien, merci Bruno.

Pour conclure, je vous laisse découvrir l’inénarrable Bruno Le Maire et toutes ses certitudes d’énarque dirigiste qui n’a rien connu d’autre dans toute sa carrière que les postes politiques (hormis deux ans d’enseignement avant l’ENA). Voici l’intégrale de son passage de jeudi dernier dans l’émission Les 4 vérités (08′ 04″). Je préfère vous prévenir, c’est extrêmement pénible :

sur le web  https://leblogdenathaliemp.com/2018/09/10/et-le-prix-du-gnangnan-politique-est-decerne-a-bruno-le-maire/#more-44441


Illustration de couverture : Le ministre de l’économie Bruno Le Maire dans l’émission Les 4 Vérités de France 2 le jeudi 6 septembre 2018. Capture d’écran.

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Championne du monde… de l’impôt sur les sociétés par JEAN-MARC VITTORI

La France affiche désormais l’impôt sur les sociétés le plus lourd des pays avancés. Elle devra absolument accomplir la baisse promise pour les années à venir pour revenir dans la moyenne.

Donald Trump a joué un sale tour à la France. Jusqu’à l’an dernier, les Etats-Unis étaient le pays riche qui taxait le plus lourdement ses entreprises. Mais cette année, le président américain a  brutalement abaissé le taux fédéral de l’impôt sur les sociétés de 35 % à 21 %. Dans  le classement de l’OCDE , c’est désormais la France qui est la championne du monde avec son taux de 33,3 % Et elle gardera en principe sa triste couronne l’an prochain, même si le taux sera ramené à 31 %. Elle devrait enfin la céder en 2020 avec une baisse prévue à 28 %. Une dizaine de pays seront alors devant elles, dont l’Allemagne et le Japon. S’ils ne réduisent pas leur taux d’ici là…

Course vers la moyenne

Car la tendance est claire. Depuis 2000, le taux moyen de l’impôt sur les sociétés dans les 36 pays de l’OCDE  a reculé de 33 % à 24 % , même si le mouvement a été moins rapide depuis la crise financière. Les pays veulent attirer les entreprises avec une fiscalité raisonnable – ou tout au moins éviter de les faire fuir. Ces derniers temps, la baisse est d’ailleurs plutôt venue des pays qui avaient la main lourde. Les experts de l’OCDE parlent d’une course vers la moyenne plutôt que d’une course vers le bas.

La France doit absolument rester dans cette course si elle ne veut pas sortir du radar des grandes entreprises. Les fiscalistes de Bercy affirment volontiers à qui veut les entendre que ce taux n’est qu’un affichage car de nombreuses niches permettent d’éviter aisément le coup de massue. Mais hélas, ce beau discours ne porte pas jusqu’à Shanghai ou San Francisco où les entrepreneurs pressés se contentent de jeter un coup d’oeil sur l’affiche.

Taxation environnementale

Les experts gouvernementaux expliquent que  le taux a été ramené dès cette année à 28 % pour les profits inférieurs au demi-million d’euros, et que le taux normal va baisser par étapes à 25 % en 2022. Ils ont bien sûr raison et c’est tant mieux. Mais le rythme est lent quand on le compare au mouvement américain. Il est soumis aux aléas politiques au cas où le gouvernement voudrait faire un jour un « geste ». Et d’ici là, les autres Etats pourront aussi diminuer leurs taux.  Le Royaume-Uni joue cette carte à fond pour tenter de retenir les firmes après le Brexit.

Cette baisse de l’impôt ne doit pas peser sur le déficit public, qui risque déjà de devenir un problème pour le gouvernement. Dans leur rapport, les experts de l’OCDE soulignent la nécessité d’avancer dans la taxation environnementale, au-delà des seuls carburants. En la matière, la France est en en retard. Voilà un magnifique chantier pour un nouveau ministre de la Transition écologique qui devrait avoir à cœur de prouver sa capacité à travailler avec le reste du gouvernement.

sur le web  https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0302212230870-championne-du-monde-de-limpot-sur-les-societes-2202612.php#xtor=EPR-3038-%5Bnl_ideesdebats%5D-20180906-%5BProv_paywall%5D-1

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Après l’affaire Benalla, Macron est-il devenu l’obligé de la haute fonction publique? Par Éric Verhaeghe.

Les annonces d’Édouard Philippe concernant les arbitrages budgétaires pour 2019 confirment qu’Emmanuel Macron est le président des fonctionnaires avant d’être le président des riches.

Les annonces sont froides et sans ambages. Le gouvernement, dixit Édouard Philippe, supprimera progressivement la taxe d’habitation, et progressivement seulement. Il s’apprête à désindexer fortement les retraites et certains minima sociaux (0,3% d’augmentation pour une inflation qui s’approche de 2%). En contrepartie, il préserve la fonction publique en ne supprimant que 4.500 postes, là où il en faudrait 12.000 par an jusqu’à la fin du quinquennat pour tenir l’engagement de 50.000 suppressions en 2022.

LE PRÉSIDENT DES FONCTIONNAIRES REND UN ARBITRAGE DE L’ANCIEN MONDE

À chaque arbitrage budgétaire, la même chanson revient : faut-il ou non éviter des coupes sombres dans la fonction publique pour préserver la paix sociale ? Car les fonctionnaires sont ceux qui préparent les dossiers au jour le jour, qui préservent la sérénité des ministres et qui, d’une façon ou d’une autre, tiennent le système. Les affronter en leur demandant de travailler plus et mieux suppose toujours une bonne dose de courage.

Le gouvernement Philippe n’a pas échappé au dilemme. Entre un Emmanuel Macron, inspecteur général des finances, et un Édouard Philippe, conseiller d’État, sans surprise, la balance a penché en faveur des fonctionnaires : ils subiront peu de suppressions de postes. La police verra même augmenter ses effectifs pour la énième fois.

Les efforts seront pour les autres. En particulier pour les pauvres. Les pensions de retraite seront partiellement désindexées. Comme les allocations logement. Comme les allocations familiales.

LES MAUVAIS ARGUMENTS D’ÉDOUARD PHILIPPE

4.500 postes supprimés, ce n’est même pas une goutte d’eau dans le million de fonctionnaires que l’État appointe. Pour justifier ce faible chiffre de suppressions, Édouard Philippe a utilisé les arguments de la base syndicale dans la fonction publique : il faut attendre des gains de productivité pour supprimer des emplois.

Tous ceux qui ont pratiqué les gains de productivité ont entendu cette mauvaise rengaine : on améliore d’abord avec le personnel existant, puis on supprime les postes. Autant demander à des salariés de creuser leur propre tombe professionnelle. Comme si les fonctionnaires allaient faire différemment des autres, et mettre au point méthodiquement des réorganisations qui permettent de se passer d’eux.

Il existe une loi éternelle dans le monde du travail : ceux qui ont un travail ne choisissent jamais de le perdre en prouvant à leur encadrement qu’ils sont inutiles. La logique des organisations veut qu’un salarié préserve son emploi en expliquant à qui veut bien l’entendre qu’il est indispensable.

Bref, Édouard Philippe vient d’expliquer que Macron ne supprimerait pas les emplois qu’il a promis de supprimer.

LA POLICE AUGMENTE SES EFFECTIFS

De façon très révélatrice, Édouard Philippe a d’ailleurs annoncé qu’il créerait 2.000 emplois dans la police et la gendarmerie, DGSI incluse. Après l’affaire Benalla, on comprend bien le sens de cet arbitrage.

Cet été, l’exécutif a pu mesurer l’immense pouvoir de nuisance de la hiérarchie policière. Et encore, l’enquête n’a-t-elle pas cherché à savoir ce que contenait la fameuse armoire forte de Benalla, déménagée juste avant la perquisition. On ne peut s’empêcher de penser qu’un rapport de force s’est installé entre la police et le gouvernement, à l’abri des microphones et des télévisions. Tous ceux qui aujourd’hui entendent reprendre la police en main s’exposent-ils à des manoeuvres de déstabilisation ?

L’histoire le dira peut-être un jour. Mais il est curieux de mettre en résonance les chiffres de 10.000 suppressions de poste qui circulaient avant l’été, et ces soudaines créations d’emplois dans la police après l’affaire Benalla.

CAP 2022 BIENTÔT ENTERRÉ ?

Au passage, on peine à voir quelles seront les mesures préconisées dans le fameux rapport CAP 2022 qui seront mises en pratique dans la fonction publique.

Il s’agissait de réformer l’État et de diminuer la dépense publique. Toutes ces idées ont-elles volé en éclats ? Sont-elles abandonnées en rase campagne ? Après avoir hésité à publier le rapport, le gouvernement pourrait tout simplement décider de ne rien en faire. Et de considérer que la fonction publique n’a plus d’effort à faire.

L’AFFAIRE BENALLA INTIMIDE-T-ELLE LE GOUVERNEMENT ?

Pourquoi la fonction publique est-elle si bien protégée par Emmanuel Macron ? Répétons-le, avant les vacances, c’est-à-dire avant l’affaire Benalla, il était question de 10.000 suppressions de postes, ce qui était déjà modeste. On est comme par magie tombé à 4.500 suppressions, ce qui est à peine le minimum syndical.

Faut-il voir dans ce revirement estival une conséquence immédiate de l’affaire Benalla ? Macron a-t-il mesuré en juillet son extrême faiblesse face à ses fonctionnaires ? L’affaire Benalla a-t-elle sonné comme un avertissement de l’État profond, de la technostructure, lancé à un exécutif qui voulait se montrer trop entreprenant ?

Cette version est d’autant moins à exclure que l’exécutif affiche son optimisme sur les suites de l’affaire. Visiblement, tout porte à croire qu’après ces arbitrages budgétaires, les choses devraient rentrer dans l’ordre. Pour Emmanuel Macron, pas pour le pays.

sur le web:  http://eric-verhaeghe.entreprise.news/2018/08/27/apres-laffaire-benalla-macron-est-il-devenu-loblige-de-la-haute-fonction-publique/

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Prélèvement à la source : le stade suprême de l’oppression fiscale Par Erwan Le Noan.

L’administration est très efficace pour collecter l’argent dont elle souhaite disposer. Dernière invention en date : le prélèvement à la source.

Un article de trop Libre

Dans un pays où les dépenses publiques atteignent le niveau record de 53,9% du PIB en 2017, il est remarquable que cette ponction massive de richesse par les collectivités publiques se passe sans heurt. Cette capacité à porter atteinte au droit de propriété, de façon semi-consentie, illustre l’efficacité de l’administration qui a su développer les instruments pour collecter efficacement l’argent dont elle souhaite disposer. Dernière invention en date : le prélèvement à la source.

PRÉLÈVEMENT À LA SOURCE : « TOUT LE MONDE Y GAGNE »… SURTOUT L’ÉTAT !

D’après Gérald Darmanin, il s’agirait d’ « une vraie simplification ». Le ministre du Budget ajoute : « Tout le monde y gagne ». Il aurait dû ajouter : « surtout l’État ».

Pour les services fiscaux, les avantages sont évidents. L’argent entrera plus rapidement, plus facilement. L’État réalisera des économies (mais aucun poste ne sera supprimé…). Demain, il pourra même faire varier les taux sans que le contribuable ne s’en aperçoive trop !

Pour le contribuable, justement, c’est une autre histoire. D’abord, il verra sa feuille de paie baisser. Ensuite, il n’échappera pas à la contrainte de la déclaration de revenus. Enfin, dès lors qu’il bénéficie d’une exonération (don, services à la personne…), il se trouvera visiblement dans la situation de devoir payer à taux plein pour n’être remboursé que de longs mois plus tard.

Quant aux entreprises, les voici transformées en agents de l’administration fiscale : demain, ce sont elles qui devront prélever l’impôt de leurs salariés et répondre aux multiples questions légitimes qu’ils auront face à ce mécanisme complexe.

Avec le prélèvement à la source, la société est mise au service de l’administration : c’est un extraordinaire outil d’externalisation de la complexité sur les contribuables. Une démocratie moderne devrait être inversée, l’État fonctionnant comme une plateforme de services, dont la vitrine simple et fluide cache un dédale de démarches compliquées, au service des citoyens.

L’État contemporain s’est mué en une extraordinaire machinerie dont le but est de prélever efficacement le maximum de ressources sur la société.

RÉGRESSION DE LA SPHÈRE PRIVÉE

Le prélèvement à la source est ensuite une nouvelle illustration de la façon dont l’État fiscal marque un recul lent et inexorable de la liberté. En premier lieu, à travers une régression de la sphère privée.

Lorsqu’on lui présenta le projet d’impôt sur le revenu, au tournant du XXe siècle, le Parlement s’offusqua : aller chercher dans les revenus des contribuables était une intolérable atteinte à leur intimité !

Aujourd’hui, les salariés verront leur taux d’imposition généralement révélé à leur employeur, dévoilant des informations jusque-là inconnues de lui. Quant à l’État, il continue de collecter, centraliser et accumuler toujours plus de données sur les citoyens…

CONTRÔLER LA SOCIÉTÉ

En second lieu, à travers une progression du contrôle social, au nom de l’efficacité. Les exemples abondent : pourquoi faire la chasse aux particuliers qui partagent occasionnellement leur voiture ou leur logement, si ce n’est pour mieux les taxer ? Est-ce un hasard si, lorsqu’il pense régulation des GAFA, Bruno Le Maire ne parle que de la façon dont il pourra les taxer plus ?

Le prélèvement à la source s’inscrit dans cette logique : l’État contemporain s’est mué en une extraordinaire machinerie dont le but est de prélever efficacement le maximum de ressources sur la société, sans qu’il soit certain que les prestations fournies en contrepartie soient réellement à la hauteur… Un seul chiffre pour l’illustrer : le taux de chômage des jeunes est supérieur à 15% depuis 1982 (sauf un trimestre en 1989).

Cet article a été publié une première fois en mai 2018.

sur le web  https://www.contrepoints.org/2018/08/24/315862-prelevement-a-la-source-le-stade-supreme-de-loppression-fiscale

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PORTUGAL: LE FISC PRÊT A TOUT POUR VOUS IMPOSER SUR VOS RETRAITES…

Retraites au Portugal : le fisc veille  Par 

Lisbonne et le Portugal sont devenus une destination tres prisee des retraites francais.
Lisbonne et le Portugal sont devenus une destination très prisée des retraités français.

Le pays est devenu le nouvel eldorado des jeunes retraités attirés par l’exonération d’impôt sur les revenus étrangers. Mais tout n’est pas si simple…
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LA STRATÉGIE CHINOISE DE LA FRANCE

 Je ne sais si vous avez vu passer cet article du Figaro divulguant qu’en 2016 déjà, l’état français avait sous contrôle direct ou indirect, en tant qu’actionnaire donc via l’Agence des participations, pas moins de 1702 entreprises, de tous ordres, tailles et secteurs.

Défense

Le parvis de la Défense au bas de la Grande Arche. Architecture communiste ?

Un graphique aide à comprendre comment cela se structure :

La source se trouve ici-il-suffit-de-cliquer.

Cela m’a conduit à me confronter à diverses réflexions.

À l’heure où la Chine, depuis des années, glisse inexorablement vers toujours plus de capitalisme – ô certes, encore relatif.

À l’heure, cette semaine même, où les Corées se parlent de nouveau et donc où celle du Nord va suivre, de plus en plus, l’exemple de la Chine.

À l’heure où Cuba l’isolée s’est enfin timidement ouverte, et où le Venezuela n’en finit pas de tuer son communisme.

Pourquoi la France – pardon – l’oligarchie au pouvoir en France choisit-elle d’étendre toujours plus les tentacules de son état central pour le contrôle de ses entreprises ?

LA CHINE CAPITALISE SON COMMUNISME

Il y a quelques semaines, nous avons republié dans ces colonnes un articles, un témoignage apporté par un entrepreneur français qui revenait parmi nous après 15 ans en Chine, découverte ainsi il y a quelques vingt ans.

Christian Lévitan s’étonnait de trouver une France qui prenait selon lui le chemin inverse d’une Chine, laquelle sortait à grands pas de la torpeur et de la terreur purement communistes :

« Nous ne nous en rendons pas compte car l’Hexagone baigne dans des certitudes inculquées depuis plus de trente ans. Nous sommes bardés de vérités absolues comme nos projets pour l’emploi qui se succèdent sans suite dans le néant. Pendant ce temps-là, la Chine dite communiste fourmille d’imagination et de raisons pour occuper son monde. Les gens s’enrichissent aussi vite que les Français s’appauvrissent. » – Christian Brunet-Lévitan

Et c’est bien ce qu’on voit dans les divers reportages : la Chine reste centralisée autour d’un parti omnipotent, mais celui-ci lâche de plus en plus la bride à un capitalisme de connivence qui descend dans les strates et touche de vastes pans de la population.

La Chine distille du capitalisme au sein de son communisme. Je pense qu’elle prépare lentement la chute du régime communiste. Un jour peut-être, le président à vie actuel, Xi Jinping, fera-t-il comme un Mikhaïl Gorbatchev en 1991, qui profita de sa position pour disloquer et démanteler une Union soviétique qui n’attendait (plus) que cela.

Mais la Chine n’est pas notre sujet. Revenons à « la France ».

LA FRANCE COMMUNISE SON CAPITALISME

Nous avons donc vu que « la France » (enfin, ceux qui sont au pouvoir d’un territoire connu sous ce nom, je dirai les Francos, pour bien faire le lien entre ce régime et l’autre), les Francos donc, ont mis en place toute une stratégie de contrôle d’une large part du secteur industriel, bancaire et économique en général de ce pays via l’actionnariat étatique.

Ces entreprises, celles des premiers rangs, selon le graphique, sont sauf accident au CAC40. Et souvent de présence internationale, j’y reviendrai. Mais à elles seules, cela ne donne ni ne peut donner le contrôle aux Francos des milliers d’entreprises de ce pays. Alors ils emploient d’autres armes.

LES SUBVENTIONS

Une première arme prend la forme des subventions et autres primes, prix, réductions d’impôt. Elle vise les PME et leur innovation. La subvention piège la PME, comme le miel attire l’insecte qui s’y colle et n’en sort plus.

Label Bastiat

Le Label Bastiat récompense ceux qui résistent aux subventions.

Sans être actionnaires, les Francos influent sur les PME en ne « récompensant » que celles qui font ce qui est politiquement correct. Et peu à peu en entreprise, on finit par penser « vert », par penser « durable » ou encore à croire que la COP21 ou 22 ou bientôt 2000, c’est bon pour les affaires – alors qu’évidemment, rien n’est moins vrai.

C’est un processus lent et pernicieux, mais diablement efficace à long terme. Les Francos ont le temps pour eux, ce sont des bureaucrates grassement payés. Un produit de la démocratie. Et elle est leur arme. Voyons comment.

LOIS ET BUREAUCRATIE

Pour les entreprises qui ont encore réussi à passer à travers les mailles, on resserre le filet : les lois contraignantes et coûteuses pleuvent et la bureaucratie est là pour que rien n’aille vite. Et que seuls les gentils cocos disposent de passe-droit.

La caricature en France est bien sûr celle du droit du travail et son instrument de torture en la personne de l’inspection du travail.

La croissance des équipes et des paperasseries en « resources (in)humaines » est une manière d’alourdir la pression de la menace d’une illégalité totalement illégitime. Elle permet au passage de peu à peu convaincre des patrons que, oui, pourtant, il faut veiller à l’égalité dans l’entreprise.

Pour l’anecdote, un « grand patron » a récemment été condamné par l’inspection du travail alors même que dans son entreprise, on développe le culte hypocrite de l’égalité impossible. Il faut dire que son entreprise résistait aux communistes.

Et puis il faut mentionner aussi toutes les profession libérales. Enfin, libérales… Prenons juste l’exemple des médecins, qui avec la Sécu sur le dos, chaque jour un peu plus, sont devenus des quasi-fonctionnaires payés une misère. La profession a pour la plus large part été mise, avec la complicité de l’Ordre, sous le contrôle jacobin des Francos. Et la tendance est similaire pour la plupart de ces professions.

PERFUSION ÉTRANGÈRE

Le dernier étage de la fusée est celui où on retrouve la logique chinoise, inversée. Il est spécialement pernicieux.

La Chine s’est largement développée ces 20 ou 30 dernières années grâce à la mondialisation. Celle-ci lui a permis de drainer les / des richesses mondiales chez elle par la production occidentale déplacée sur son territoire.

La France fait l’inverse avec ses grandes entreprises. EDF par exemple se développe aux quatre coins du monde. C’est un des plus gros groupes mondiaux dans son domaine. Et qui c’est qui paye des taxes à la France sur les profits faits un peu partout ?

On peut dire que la stratégie des Francos est de pousser à la croissance de nos « fleurons » à l’étranger, pour qu’ils drainent des fonds au pays, ce qui vient nourrir le communisme local qui en a bien besoin, vu l’appauvrissement général.

La question de la stratégie chinoise est alors simple : jusqu’à quand ?

Alain Peyrefitte avait posé la question de l’échéance pour la Chine dans son « Quand la Chine s’eveillera ». Il a été entendu, ils se réveillent. Mais quand la France s’éveillera-t-elle à son tour du communisme ?

SUR LE WEB:   Euclide  https://vu-dailleurs.com/2018/05/03/la-strategie-chinoise-de-la-france/

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L’impôt à la source : ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas par Simone Wapler

L’impôt à la source sera en France un fiasco de plus. Le véritable impôt à la source dont tous nos gouvernants rêvent est l’inflation. Est-elle encore possible ?

L’impôt à la source est une pseudo-réforme du gouvernement Hollande qui n’a jamais été vraiment justifiée sur le fond. Je ne vois pas vraiment en quoi transformer les entreprises en collecteur d’un nouvel impôt en sus de la TVA peut s’appeler « réforme ». Mais avec un peu de communication habile, 58% des Français s’y déclaraient favorables (1). C’est d’ailleurs peu étonnant dans la mesure où 60% des Français ne paient pas cet impôt.

impôts - part de français payant l'impot sur le revenu au plus bas depuis 5 décennies

Si j’étais fonctionnaire à Bercy ou politicienne de carrière déterminée à vivre aux dépens des contribuables, j’aurai proposé de faciliter le recouvrement de l’impôt sur le revenu en imposant par la force légale (décret) la mensualisation et le prélèvement automatique. Mais je ne suis ni fonctionnaire, ni politicienne et j’écris sur les misères des citoyens soumis à la Parasitocratie, mes mauvaises idées sont donc sans conséquences nuisibles.

Le « vilain petit secret » de l’Amérique de Donald Trump…… et comment les élites mondiales vont y mettre fin… Ouvrant ainsi des opportunités de gains à trois chiffres pour les investisseurs français !Cliquez ici pour tout savoir.

Entérinée en 2015, cette procédure de prélèvement à la source aurait dû être mise en place en 2018. Son instauration a été reculée à 2019 et pour certaines catégories ce pourrait être 2020… Désormais beaucoup d’élus estiment que finalement ce n’est pas une bonne idée.

Les Echos sur ce sujet :

« Richard Ferrand, patron du groupe LREM à l’Assemblée nationale, s’en serait ouvert directement à Emmanuel Macron : le futur prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, censé entrer en vigueur en janvier prochain, risque de revenir en boomerang dans la face de la majorité. Outre le mauvais timing – les Français verront leur salaire fondre en direct sur leur feuille de paie dès janvier alors qu’ils craignent pour leur pouvoir d’achat – les obstacles techniques se multiplient. Dernier en date, le sort réservé aux salariés à domicile, si complexe que Bercy réfléchit à les exonérer de l’impôt en 2019. Au risque d’un contentieux pour rupture de l’égalité des citoyens. »

La Parasitocratie se prendrait-elle finalement au piège de sa turpitude ? Ce serait comique. Et si, comme moi, l’idée d’égalité des citoyens devant l’impôt vous fait glousser de rire, voilà notre matinée égayée (ne me remerciez pas, cette lettre est gratuite).

Dans notre belle démocratie, l’arsenal fiscal est conçu pour être inégal. Une majorité reçoit de l’argent « gratuit » et vote pour toujours plus d’avantages dispensés par les élus et financés par une minorité bien ciblée.

Ce qui se voit, au moment de glisser un bulletin de vote, ce sont les avantages. Ce qui ne se voit pas ce sont les nuisances qui en découlent. Si la majorité s’aperçoit que finalement son argent gratuit lui coûte très cher, la Parasitocratie est en danger.

La plupart des « souverainistes » enragent car ils ont perdu la main sur l’impôt le plus juteux, celui dont l’assiette est la plus large : l’inflation. Avec l’inflation, un gouvernement  sans s’encombrer de lois ou de discussions budgétaires  vole facilement tous ceux qui stockent de l’argent. C’était l’impôt à la source souverain par excellence.

Désormais, la Parasitocratie politique nationale est tributaire de la Parasitocratie financière de la Banque centrale européenne et de celle des instances européennes ayant lâché la « souveraineté monétaire ».

Comment lever l’impôt à la source, l’inflation, avec la « guerre commerciale »

De l’autre côté de l’Atlantique, Trump, comme tous les adeptes du levier du crédit et de la dette, sait que l’inflation est son amie.

Trump va peut-être réussir à lever cet impôt magique qu’est l’inflation grâce à sa « guerre commerciale ».

Sa « guerre commerciale » renchérit toutes sortes de produits et ses effets commencent à se voir dans les chiffres d’inflation.

Récemment, l’indice des prix à la production intermédiaire (les dernières étapes, juste avant le produit final) a bondi, franchissant en rythme annuel le cap des 3%.

Evolution annuelle de l'indice des prix à la production intermédiaire

Les prix du bois (effet des taxes sur les bois canadiens et chinois), des services de blanchisserie (effet des taxes sur les lave-linges) sont déjà en forte hausse.

En plus des taxes à l’importation, le rebond des prix du pétrole a renchéri les prix des transports.

Tout va bien. Les benêts applaudissent la défense des travailleurs dont les salaires n’augmentent pas.

Suivi de la croissance des salaires

[NDLR : Si l’inflation se réveille vraiment, ce sera la ruée vers l’or. Découvrez ici comment vous placer et profiter de la fiscalité très douce de cette pièce.]

Les citoyens américains ne le voient pas encore mais le prélèvement à la source de l’impôt-inflation semble bien se mettre en place.

Ce qui permet de méditer le principe de notre économiste Frédéric Bastiat :

« Dans la sphère économique, un acte, une habitude, une institution, une loi n’engendrent pas seulement un effet, mais une série d’effets. De ces effets, le premier seul est immédiat ; il se manifeste simultanément avec sa cause, on le voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas ; heureux si on les prévoit.

[…]

Mais cette différence est énorme, car il arrive presque toujours que, lorsque la conséquence immédiate est favorable, les conséquences ultérieures sont funestes, et vice versa.

[…]

Du reste, il en est ainsi en hygiène, en morale. Souvent, plus le premier fruit d’une habitude est doux, plus les autres sont amers. Témoin : la débauche, la paresse, la prodigalité. Lors donc qu’un homme, frappé de l’effet quon voit, n’a pas encore appris à discerner ceux quon ne voit pas, il s’abandonne à des habitudes funestes, non-seulement par penchant, mais par calcul.

Ceci explique l’évolution fatalement douloureuse de l’humanité. L’ignorance entoure son berceau ; donc elle se détermine dans ses actes par leurs premières conséquences, les seules, à son origine, qu’elle puisse voir. »

Au temps de Bastiat, la Parasitocratie n’avait pas la prétention de piloter l’économie. Elle se contentait encore de taxer. Elle a depuis fait des progrès, hélas…

 

sur le web:  http://la-chronique-agora.com/impot-a-la-source/

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Bruno Le Maire, un ministre en décroissance Par Jean Nouailhac

Le ministre de l’Économie n’a rien trouvé de mieux que de rejeter sur d’autres la responsabilité du sévère recul de la croissance au premier semestre.

Bruno Le Maire a commente le ralentissement inquietant de la croissance sans evoquer la hausse continue des depenses publiques. Un deni, selon notre chroniqueur.
Bruno Le Maire a commenté le ralentissement inquiétant de la croissance sans évoquer la hausse continue des dépenses publiques. Un déni, selon notre chroniqueur.

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Le salarié moyen français récupère 2 jours de pouvoir d’achat en 2018 tout en restant le plus taxé de l’Union européenne

Il travaille jusqu’au 27 juillet pour financer les dépenses publiques. C’est 2 jours de moins que l’an passé et 45 jours de plus que la moyenne de l’UE.

Sa situation devrait s’améliorer significativement l’an prochain. L’écart se réduirait entre la France et les deux autres champions de la fiscalité, Autriche (9 jours) et Belgique (10 jours).

Paris, le 27 juillet 2018 – Grâce à des données calculées par EY, l’Institut économique Molinari publie pour la 9ème année consécutive son étude sur la pression fiscale et sociale réelle du salarié moyen de l’Union européenne (UE). Ce classement présente la spécificité de chiffrer la pression fiscale et sociale réellement supportée par les salariés moyens, pour l’année en cours avec une méthodologie robuste et uniforme dans toute l’UE, permettant d’appréhender l’impact réel des impôts et charges et de leurs évolutions.

JOURS DE LIBÉRATION FISCALE ET SOCIALE 2018 DU SALARIÉ MOYEN

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AU SEIN DU TRIO DE TÊTE, LA FRANCE S’ÉLOIGNE DE L’AUTRICHE ET DE LA BELGIQUE

Comme l’an passé, les 3 champions de la fiscalisation du salarié moyen sont la Belgique, l’Autriche et la France, mais l’écart s’est creusé entre la France et les deux poursuivants, dont l’ordre s’est inversé.

La Belgique est 3ème sur le podium, avec une libération fiscale et sociale le 17 juillet, 10 jours plus tôt qu’en 2017. L’ex numéro 1 (jusqu’en 2015), puis n°2 (en 2016 et 2017) est désormais 3ème avec 54,24 % de pression fiscale et sociale sur le salarié moyen.

L’Autriche devient 2ème avec une libération fiscale et sociale le 18 juillet, le même jour que l’an passé. D’une année sur l’autre la pression fiscale et sociale a légèrement augmenté, de 54,28 % à 54,32 %.

La France reste la championne de la fiscalité de l’UE pour la 3ème année consécutive. La libération fiscale et sociale intervient le 27 juillet, deux jours plus tôt que l’an passé. Cette évolution correspond à la baisse de la pression fiscale et sociale, de 57,41 % à 56,73 % liée à la mise en œuvre d’une partie des baisses de charges promises lors de la campagne présidentielle.

Avant de disposer de 100 € de pouvoir d’achat réel, le salarié moyen doit faire face à 131 € de charges et d’impôts en France, contre 119 € en Autriche et en Belgique Par comparaison, la moyenne de l’UE est de 84 €.

Dans 6 pays, plus de la moitié des revenus liés au travail sont prélevés au titre des impôts et charges : France, Autriche, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie. Le salarié moyen n’a pas de maîtrise directe sur plus de 50 % des fruits de son travail, son influence sur la prise de décision étant, au mieux, indirecte.

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UNE PRESSION FISCALE ET SOCIALE QUI BAISSE EN MOYENNE DANS L’UE

Le taux réel d’imposition du salarié moyen de l’UE est désormais de 44,52 %, en baisse de -0,28 % par rapport à 2017.

Pour la 4ème année consécutive, la fiscalité supportée par le salarié moyen baisse (-0,75 % par rapport à 2014). En revanche elle reste toujours supérieure à ce qui était constaté en 2010 (+0,53 %).

Sur un an, 16 pays de l’UE participent à la baisse des prélèvements sur le salarié moyen et 12 constatent une hausse.

L’écart entre les 19 pays de la zone euro et les 9 pays hors zone euro cesse de s’accentuer. La zone euro bénéficiait initialement d’une fiscalité plus favorable, mais la situation s’est inversée en 2014. La zone euro ressort à 44,80 % contre 43,92 % pour les autres pays de l’UE en 2017.

DES CHARGES ET IMPÔTS QUI BAISSENT ENFIN EN FRANCE, MAIS MOINS VITE QU’AILLEURS

Pour la première fois depuis le lancement de cet indicateur, le salarié moyen français récupère du pouvoir d’achat. Son jour de libération fiscale et sociale était passé du 26 juillet en 2010, au 28 juillet en 2014 puis au 29 juillet en 2016. Les calculs 2018 montrent enfin une inversion de tendance, avec un jour de libération fiscale et sociale au 27 juillet.

Depuis le changement de gouvernement, la réforme des charges salariales a commencé à entrer en œuvre. Elle permet au salarié moyen de récupérer +244 € de pouvoir d’achat en 2018. C’est moitié moins que ce qui avait été annoncé lors de la campagne présidentielle.

L’an prochain, la baisse des charges sociales va encore améliorer la donne pour le salarié moyen, avec une économie de l’ordre de +400 € en année pleine en 2019. Mais elle n’est pas de nature à elle seule à modifier le classement de la France. Même si elle avait été opérationnelle toute l’année, la France serait restée cette année la championne de la fiscalité de l’Union européenne.

Seule la transformation du CICE en baisse pérenne de charges patronales en 2019 sera de nature à résorber l’écart constitué au fil des années entre la France et les deux autres champions de la fiscalité que sont l’Autriche et la Belgique.

LE SALARIÉ FRANÇAIS RESTE LE PLUS FISCALISE DE L’UE, AVEC DES CHARGES SOCIALES SUPÉRIEURES AU POUVOIR D’ACHAT RÉEL

Le salarié moyen français est en théorie parmi les mieux payés avec 56 815 € (6ème rang de l’UE), mais il est si fiscalisé (56,73 % de charges et impôt sur son salaire complet, 1er rang de l’UE), qu’il ne lui reste que 24 582 € en pouvoir d’achat réel (11ème rang de l’UE).

Alors que son employeur fait face à un coût du travail du même ordre que les pays du Nord de l’UE, le salarié moyen a un pouvoir d’achat intermédiaire entre celui des pays du Nord et des pays du Sud.

Pourtant mieux payé que le Suédois ou le Danois, le salarié moyen français dispose de 21 % de pouvoir d’achat en moins que le premier et de 33 % en moins que le second.

À elles seules, les charges sociales (28 039 €, 1er rang de l’UE) représentent plus que le pouvoir d’achat réel (24 582 €, 11ème rang), situation unique dans l’UE.

PLUS DE CHARGES ET D’IMPÔTS NE SIGNIFIE PAS PLUS DE BIEN-ÊTRE

L’étude montre que la pression fiscale et sociale française n’est pas synonyme de mieux vivre.

Le croisement avec des travaux de l’OCDE (Comment va la vie ?) montre que la France, 1ère de l’UE en taux d’imposition réel du salarié moyen, n’est que :

- 11ème de l’UE dans la dernière livraison de Better Life de l’OCDE (22 pays de l’UE notés),
- 12ème en termes de satisfaction vis-à-vis de la vie,
- 12ème en termes de santé perçue,
- 17ème en termes de chômage.

La qualité de vie semble meilleure dans plusieurs pays ayant une pression fiscale et sociale moindre : c’est le cas de pays à tradition sociale bismarckienne (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Belgique…), des pays beveridgiens (Royaume-Uni, Irlande…) et de tous les pays du Nord (Suède, Finlande, Danemark).

CITATIONS

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari et co-auteure

« La fiscalité sur le salarié moyen baisse enfin en France et c’est une excellente nouvelle.

Depuis le lancement de cet indicateur de l’IEM, le jour de libération fiscale et sociale n’avait cessé de reculer, du 26 juillet 2010 au 29 juillet 2017. La France est devenue le pays fiscalisant le plus son salarié moyen, sans que les indicateurs montrent que les Français en retirent un quelconque supplément en termes de bien-être.

Pour la première fois depuis 2010, les salariés moyens récupèrent 2 jour de pouvoir d’achat supplémentaire. La baisse des charges sociales mise en œuvre par le nouveau gouvernement français va dans le bon sens, même si son ampleur est à ce jour inférieure aux promesses de campagne et aux baisses de charges et d’impôts constatées en Belgique et Autriche dans les dernières années.

À moyen terme, l’enjeu français reste d’accentuer les baisses de charges et d’impôts. Cela passe par une remise à plat du périmètre de l’action publique et, contrairement aux idées en vogue, par une rupture avec le mouvement d’étatisation de la protection sociale. L’expérience montre qu’en termes de protection sociale la centralisation n’est pas la panacée, loin de là. »

Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari, co-auteur

« Dans les dernières années, on a passé beaucoup trop de temps sur des sujets non stratégiques comme la forme idéale du bulletin de paie ou le prélèvement à la source. On a oublié trop souvent l’enjeu sociétal que constitue la baisse des charges et des impôts sur les salariés.

Nous sommes devenus au fil du temps les champions des charges et des impôts sur les salariés moyens. Conséquence, la croissance est plus faible en France que dans le reste de l’Union européenne. Le chômage reste anormalement élevé et diminue moins que partout ailleurs. Nos déficits publics ne se résorbent pas significativement et la dette s’envole.

2018 marque enfin une rupture, avec l’amorce d’une baisse de la fiscalité en France. Espérons que ce mouvement se renforcera dans les années à venir. »

James Rogers, chercheur associé à l’Institut économique Molinari, co-auteur

« En dépit des bonnes nouvelles, les salariés français et belges consacrent toujours plus de la moitié des sommes distribuées par leurs employeurs en charges et impôts.

Cela vaut la peine de se demander pourquoi ils ne reçoivent pas en retour les meilleures écoles, les meilleurs soins de santé ou les retraites les plus généreuses et pourquoi ils ne sont pas en tête des indicateurs de développement humain ou de bien être. »

À PROPOS DES AUTEURS ET DE LA MÉTHODE

Le Jour de libération fiscale et sociale est le jour où le salarié moyen arrête en théorie de payer des charges et des taxes et peut disposer à sa guise des fruits de son travail.

La particularité de cet indicateur de liberté économique est de rendre concrète la situation des salariés moyens de l’UE en intégrant la fiscalité sur le travail (charges sociales et impôt sur le revenu) et la consommation (TVA) de chaque pays. Les calculs des charges sociales patronales, salariales et des impôts sur le revenu sont faits par EY pour les 28 pays de l’UE.

L’étude est écrite par Cécile Philippe, Nicolas Marques et James Rogers de l’Institut économique Molinari (IEM).

L’Institut économique Molinari (Paris-Bruxelles) est un organisme de recherche et d’éducation indépendant. Il vise à stimuler l’approche économique dans l’analyse des politiques publiques, en proposant des solutions alternatives et innovantes favorables à la prospérité de l’ensemble des individus composant la société.

Institut économique Molinari.

Sur le web:  http://www.institutmolinari.org/le-salarie-moyen-francais-recupere,3428.html

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Taxer les yachts, ça ne paie plus ! par Jean Nouailhac

La France a très souvent montré le mauvais exemple en matière d’impôts : avec sa dernière taxe sur les yachts, elle bat tous les records… d’overdose fiscale !

Par 


Sept yachts seulement avaient ete concernes par la hausse des nouveaux << droits de passeport >> du rapporteur general Giraud, dont six etrangers et un seul francais
La France a très souvent montré le mauvais exemple en matière d’impôts : avec sa dernière taxe sur les yachts, elle bat tous les records… d’overdose fiscale !

Sept yachts seulement avaient été concernés par la hausse des nouveaux « droits de passeport » du rapporteur général Giraud, dont six étrangers et un seul français

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L’État ne distribue que ce qu’il s’approprie Par Thierry Afschrift.

Le système de redistribution autoritaire, tribut à l’Etat-providence, est la source du pouvoir des politiciens et bureaucrates. Il n’a en réalité aucune légitimité.Ce n’est bien sûr pas par hasard qu’on parle de redistribution ou même de distribution. C’est un choix idéologique.

Les États – et leurs subdivisions territoriales et leurs autres entités publiques, comme les caisses et organismes de Sécurité sociale – partent du principe qu’ils ont le droit de « distribuer ».

Ils font comme si le patrimoine de chacun formait vraiment un Tout, un ensemble qu’ils seraient, par quelque mécanisme d’essence divine ou à tout le moins souveraine, chargés de répartir. Ils se croient investis d’un droit de fixer les termes d’un « partage » des ressources qu’ils veulent considérer comme « communes ». Or, nous savons que les biens qu’ils veulent ainsi distribuer sont, à l’origine, c’est-à-dire avant intervention de l’autorité, individuels, et que les partages ne sont pas des décisions d’autorités, mais des contrats librement consentis par des copropriétaires.

Comme toujours, l’appareil d’État ne demande qu’à accroître son pouvoir.

Décider de redistribuer les revenus, voire les biens, c’est, pour l’autorité, se reconnaître le droit de prendre à chacun ce qu’elle décide d’attribuer à d’autres. C’est un processus sans limites : si tous les biens peuvent être redistribués, c’est qu’ils sont entièrement à la disposition de l’autorité redistributrice, qui a le pouvoir de fixer de manière autoritaire le revenu de chacun.

La redistribution que nous connaissons est une redistribution autoritaire. Elle est l’oeuvre du Pouvoir.

Ce pouvoir repose sur une espèce de présomption que tout est à tout le monde, et qu’aucune propriété n’est définitivement acquise, puisqu’elle n’est qu’un élément d’un ensemble que l’autorité peut s’approprier, notamment en vertu de son pouvoir fiscal illimité. Ce pouvoir présuppose aussi que, chargé d’agir pour un « Bien Commun », notion d’origine religieuse et jamais définie, l’État le fera effectivement. On suppose aussi que la redistribution des revenus décidée par l’État sera plus juste, ou parfois dite plus efficace que celle qui résulte des activités librement choisies et des contrats librement conclus.

Certes, cette distribution étatique n’a été pleinement exercée que dans des États intégralement communistes : l’URSS naguère – ou Cuba encore aujourd’hui – pouvait ainsi décréter que l’État s’attribue le produit du travail de tout le monde et décidait, sans devoir taxer les revenus, du salaire, du logement et du travail de chacun.

Nos systèmes dits démocratiques, en fait sociaux-démocrates, ne passent pas par la confiscation totale des revenus de chacun, mais sont fondés sur la même idée de distribution des revenus globaux. Produits idéologiques de la doctrine socialiste mêlée aux dogmes chrétiens, les États d’aujourd’hui se contentent de s’approprier l’impôt ou les cotisations parafiscales, environ la moitié du revenu de chacun.

Une part de ce revenu est d’ailleurs souvent perçue à la source, auprès des employeurs, de sorte que cette quotité des recettes de l’État est, comme dans les États communistes d’antan, confisquée avant même d’être perçue. Le rêve de tout tyran, même élu, est réalisé : il ne doit plus se livrer à des rapines et ses victimes savent à peine ce qu’il leur prend. Ce sera encore mieux lorsqu’en libérant les assujettis – que ce mot est exact ! – de la corvée de la déclaration fiscale, l’État se servira sans même que ses sujets se rendent compte des revenus qu’ils n’ont pas perçus !

Dans tous les cas, les États se reconnaissent le droit de prélever ce qu’ils veulent, pourvu que, formellement, la loi qu’ils édictent le permette. En principe, ils considèrent avoir le droit de prendre n’importe quelle part du revenu de chacun pour l’attribuer suivant les critères qu’ils ont choisis souverainement.

Et ils appellent cela redistribution pour faire oublier qu’ils ne peuvent distribuer que ce qu’ils ont pris, par la contrainte, à ceux qui l’ont librement gagné.

Ils font ainsi prévaloir une distribution politique, c’est-à-dire décidée par un Pouvoir, sur une acquisition économique des richesses souvent créées.

L’État utilise la force publique pour s’approprier les richesses destinées, via la redistribution, à être attribuées à ceux qu’il a choisis. La violence est ainsi consacrée comme mode légitime d’acquisition des biens, pourvu qu’elle soit l’oeuvre de l’État.

En général, l’État tente de justifier ces prélèvements et attributions en se fondant sur un « idéal de justice » : les revenus sont censés être plus justement attribués après son intervention que selon ce qui résultait de leur acquisition initiale. Et en particulier, l’État fait valoir que la redistribution profite aux pauvres, à ceux qui ont le plus de besoins à satisfaire.

Jamais l’État n’explique toutefois pourquoi ce qu’il décide serait plus juste : ce n’est pas parce qu’une décision émane du souverain qu’elle est meilleure. Comme les autres, elle vise à satisfaire des intérêts.

LES DEUX MODES DE REDISTRIBUTION : IMPLICITE, PAR LES DÉPENSES PUBLIQUES ET EXPLICITE, PAR LES TRANSFERTS SOCIAUX

On croit souvent que la redistribution est seulement le produit des transferts sociaux, des allocations diverses payées à des bénéficiaires (assurés sociaux, bénéficiaires de HLM, chômeurs, invalides, retraités…).

En réalité, une première part de la redistribution résulte de la quasi-totalité des dépenses publiques, même lorsqu’il ne s’agit pas de transferts.

On dénonce régulièrement les constructions de bâtiments de prestige édifiés aux frais des contribuables par des présidents, des ministres, des conseils généraux ou des municipalités. Les maires, présidents de conseil général ou de région ou les ministres et chefs d’État ont le plaisir, électoralement rentable, d’inaugurer des mairies, salles de sport, musées ou autoroutes construits avec l’argent des contribuables.

Certaines constructions sont inutiles ou excessives, d’autres ont une utilité qui dépasse le prestige. Mais en tout cas, cette utilité est un avantage pour des catégories bien précises et non pour l’ensemble de ceux qui les ont financées. Pour la construction des routes, il s’agira des entreprises de construction et d’entretien, des membres de leur personnel, des habitants possédant une voiture, des habitants des lieux desservis par une autoroute sans péage, des propriétaires d’habitations qui profiteront d’une meilleure mobilité…

Ceux-ci sont les bénéficiaires, actifs ou bénéficiant d’un effet d’aubaine, de ces dépenses. Il est rare qu’ils s’identifient aux pauvres ou aux plus nécessiteux.

Il en est de même des multiples services publics prétendument gratuits ou offerts pour un prix inférieur à leur coût de revient.

Des transports gratuits ou subsidiés, des spectacles offerts ou accessibles pour un prix dérisoire, ce sont des modes de redistribution. Ils profitent, selon le cas, à ceux qui circulent le plus, à ceux qui assistent le plus à des spectacles, comme l’opéra ou le théâtre, ou à ceux qui y exercent une activité rémunérée.

Ces bénéficiaires ne sont évidemment pas les moins prospères ; l’on sait, par exemple, que le public de l’opéra est composé pour une proportion plus importante que dans la population générale, de personnes aisées.

La population apprécie de recevoir des services publics gratuits. Personne ne lui explique que des services gratuits n’existent pas. Il y a des services payés par leurs utilisateurs et il y en a d’autres, dont le coût est supporté par les contribuables. Dans ce dernier cas, ce coût est une redistribution au détriment de ceux qui paient l’impôt, et au profit de ceux, riches ou pauvres, qui utilisent ces services.

À côté de cette redistribution implicite, par les services dits publics, il y a la redistribution explicite par l’impôt et les cotisations sociales, qui financent, notamment mais pas uniquement, des politiques dites sociales, au profit déclaré de certaines catégories de la population.

Là encore, la redistribution ne bénéficie pas nécessairement à ceux qui ont le plus de besoins.

La Sécurité sociale est, à de rares exceptions près, fondée sur un principe d’universalité : elle est financée par tous – ou presque – et, ses prestations sont censées profiter à tous.

UN SYSTÈME À LA COMPTABILITÉ VOLONTAIREMENT OPAQUE

Il en résulte certes une redistribution, mais la multiplicité des régimes, tant pour les cotisations que pour les attributions et des exceptions, rend presque impossible la détermination de tous ses bénéficiaires nets, soit de ceux qui perçoivent plus qu’ils ne paient.

Les allocations familiales, financées par tous, y compris les familles pauvres sans enfants, profitent aux familles, même riches, avec enfants. La redistribution profite donc dans ce cas non pas aux familles pauvres, mais à celles qui ont des enfants, c’est-à-dire une partie des jeunes adultes, qu’elles soient misérables ou prospères.

Les prestations de santé, et bien sûr les retraites, dans un système de répartition, sont essentiellement financées par les personnes qui travaillent. Le système est surtout rentable pour ceux qui vivent vieux, quelles que soient leurs capacités économiques. C’est une redistribution des jeunes vers les vieux, ou encore des actifs vers les inactifs.

Sans doute tous ont-ils l’espoir d’en devenir bénéficiaires un jour, mais ce n’est qu’une illusion, qui ne pourra devenir réalité qu’au prix des sacrifices imposés à la génération suivante, leurs propres enfants. S’ils ont le malheur de ne pas vivre vieux, et même s’ils savent, lorsqu’ils supportent les cotisations, que leurs jours sont comptés, ils ne bénéficieront jamais des retraites mais y auront cotisé. On leur enlève le droit de choisir entre profiter de la vie aujourd’hui et économiser pour demain, et ce même si pour eux il n’y aura aucun lendemain.

Chacun, quel que soit son niveau de revenus, peut devenir bénéficiaire net, ou contributeur net, des multiples systèmes de redistribution existants. Tout est fait pour que le plus possible de personnes croient en bénéficier et pour qu’elles ne sachent jamais si, dans l’ensemble, elles y gagnent ou y perdent quelque chose.

L’État-providence neutralise toute opposition en rendant le plus grand nombre possible de gens dépendants du gouvernement ou en leur faisant croire qu’ils le sont ou qu’ils peuvent le devenir : l’assistance et le besoin s’alimentent réciproquement.

Tant qu’on ne voit pas clair – et tout est fait pour que personne ne sache si le système lui profite ou non –, la remise en cause est presque impossible parce que de multiples groupes cherchent à conserver les avantages, réels ou illusoires, qui en découlent pour eux. Il en est ainsi même si en définitive ils sont perdants : des familles de la classe moyenne conservatrice se battront pour garder allocations diverses, tarifs réduits sur des transports, retraites par répartition, bas prix pour les spectacles… sans voir que les impôts et cotisations qu’ils paient leur coûtent souvent plus que ces divers avantages.

D’autres, comme les entreprises qui profitent de subventions, savent bien que celles-ci leur sont avantageuses et feront tout pour conserver ces privilèges. Lorsque l’État ou une région offrent des subventions ou d’autres avantages pour qu’une multinationale (comme Toyota ou Disney) installe une unité de production sur son sol, c’est une redistribution au profit des actionnaires de la multinationale et des futurs salariés de celle-ci, dont le salaire est indirectement financé par les contribuables. Rien n’établit que ceux-ci, et surtout ceux-là, justifient de motifs sociaux prioritaires expliquant cette redistribution forcée.

Le Catéchisme de l’Église catholique définit le Bien Commun comme « l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection, d’une manière plus totale et plus aisée » (numéro 1906).

Une définition aussi vague permet aux autorités de lui donner le contenu qu’elles décident arbitrairement, en feignant d’ignorer qu’aucun choix ne correspondra jamais à chacun, et que la perfection qu’il s’agit d’atteindre n’est pas de ce monde.

sur le web:  https://www.contrepoints.org/2018/07/24/321019-letat-ne-distribue-que-ce-quil-sapproprie

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Une guerre sinistre sur notre droit à détenir du cash Par F. William Engdahl

Une opération qui a commencé comme une discussion académique assez obscure il y a trois ans est en train de devenir une campagne de propagande massive par certaines des institutions les plus puissantes du monde industrialisé. C’est ce qu’on appelle à juste titre la guerre contre le cash. Comme la guerre contre la terreur, la guerre contre le cancer ou la guerre contre les drogues, son véritable agenda est sinistre et opaque. Si nous sommes assez sots pour avaler la propagande de l’élimination complète du cash en faveur de l’argent bancaire purement numérique, nous pouvons bientôt dire adieu à notre autonomie restante et à notre vie privée. La dystopie de George Orwell, 1984, sera devenue réalité et sous stéroïdes.

Permettez-moi d’être bien clair. Nous ne discutons pas ici de diverses technologies numériques comme la blockchain, appelées crypto-monnaies. Nous ne traitons pas ici des systèmes de paiement privés tels que le système chinois, WeChat. Nous ne discutons pas non plus du commerce électronique ou de l’utilisation de cartes bancaires telles que Visa ou Master Card ou d’autres. Ces moyens sont d’une qualité totalement différente de l’objectif de la sinistre guerre en cours contre le cash. Ce sont tous des services privés non étatiques.

Ce dont nous discutons, c’est d’un complot. Et c’en est un, dirigé par les banques centrales, des gouvernements choisis, le Fonds monétaire international en collusion avec les principales banques internationales pour forcer les citoyens – c’est-à-dire nous ! – à abandonner le cash pour payer nos achats. Au lieu de cela, nous serions forcés d’utiliser les unités bancaires numériques. La différence, aussi subtile qu’elle puisse paraître d’abord, est énorme. Comme en Inde à la suite de la folle guerre contre le cash de Modi, inspirée par les États-Unis, à la fin de 2016, les citoyens perdraient pour toujours leur liberté personnelle de décider comment payer ou autrement dit leur vie privée en termes d’argent. Si je veux acheter une voiture et payer avec de l’argent liquide pour éviter les frais des intérêts bancaires, je ne peux pas. Ma banque limitera le montant d’argent numérique que je peux retirer un jour donné. Si je veux rester dans un bel hôtel pour célébrer une journée spéciale et payer avec de l’argent liquide pour des raisons de confidentialité, ce n’est pas possible. Mais ce n’est que la surface des choses.

Visa se joint à la guerre

En juillet, Visa International a lancé ce qu’il appelle « Le défi Visa du sans cash ». Avec des mots-clés soigneusement calibrés pour montrer la façon dont la technologie a transformé le commerce mondial, Visa a annoncé un programme pour payer certains petits propriétaires de restaurants aux États-Unis s’ils acceptent de refuser d’accepter l’argent liquide de leurs clients en ne prenant que les cartes de crédit. Le site officiel de Visa annonce : « Jusqu’à 500 000 $ de prix. 50 propriétaires de services alimentaires admissibles. La quête du 100% sans cash. » Maintenant, pour une société gigantesque comme Visa avec des revenus annuels dans une fourchette de 15 milliards de dollars, un montant de 500 000 $ est une broutille. De toute évidence, ils croient que cela va faire progresser l’utilisation des cartes Visa dans un marché qui préfère jusqu’à présent l’argent liquide, celui du petit restaurant familial.

Le « défi » de Visa pour atteindre ce qu’il appelle la « quête du 100% sans cash »n’est pas un jeu en toute décontraction. Cela fait partie d’une stratégie très réfléchie non seulement de Visa, mais aussi de la Banque centrale européenne, de la Banque d’Angleterre, du Fonds monétaire international et de la Banque de Réserve de l’Inde pour n’en citer que quelques-uns.

FMI fait bouillir les grenouilles

En mars de cette année, le Fonds monétaire international à Washington a publié un document de travail sur ce qu’ils appellent « la réduction du cash ». Le document recommande que la « suppression complète du cash devra être progressivement échelonnée ». Il constate qu’il existe déjà « des étapes initiales et des mesures largement non contestées, telles que l’élimination progressive des coupures de gros montants, le placement de plafonds sur les opérations de trésorerie et la déclaration des mouvements de trésorerie à travers les frontières. D’autres mesures pourraient inclure la création d’incitations économiques pour réduire l’utilisation du cash dans les transactions, en simplifiant l’ouverture et l’utilisation de dépôts transférables et en informatisant davantage le système financier ».

En France, depuis 2015, la limite pour une personne voulant payer une entreprise en espèces est de seulement 1000€, «… pour lutter contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale ». En outre, tout dépôt ou retrait de cash d’un compte bancaire excédant 10 000 € par mois sera automatiquement signalé à Tracfin, une unité du gouvernement français chargée de lutter contre le blanchiment d’argent, des « étapes largement non contestées » et qui n’augurent rien de bon.

Le document du FMI ajoute encore comme argument pour éliminer l’argent liquide que la « suppression du cash devrait améliorer la collecte des impôts en réduisant l’évasion fiscale ». Dit autrement, vous allez être obligé d’utiliser uniquement des transferts d’argent numériques depuis une banque. Les gouvernements de presque tous les pays de l’OCDE ont aujourd’hui un accès juridique aux données bancaires de leurs citoyens.

En avril, un mois après le document du FMI sur la fin du cash, la Commission européenne de Bruxelles a publié une annonce qui déclare :

« Les paiements en espèces sont largement utilisés dans le financement d’activités terroristes. Dans ce contexte, la pertinence des limites supérieures potentielles de paiements en espèces pourrait également être explorée. Plusieurs États membres ont mis en place des interdictions pour des paiements en espèces supérieurs à un seuil spécifique. »

Même en Suisse, à la suite de campagnes implacables de Washington, leur secret bancaire légendaire a été gravement compromis dans le cadre d’un argument fallacieux d’entrave au financement d’organisations terroristes. Un coup d’œil sur les récents titres de presse européens sur les attaques de Barcelone, à Munich, à Londres, à Charlottesville expose cet argument comme un simulacre.

Aujourd’hui, dans l’UE, suite à la pression de Washington, en vertu de la Loi sur la conformité à la taxe sur les comptes étrangers (FATCA), les banques extérieures aux États-Unis où les citoyens américains détiennent un dépôt, sont obligées de déposer des rapports annuels sur les actifs de ces comptes au Financial Crimes Enforcement Network du Trésor des États-Unis. De manière opportune, les États-Unis en tant que principal paradis fiscal émergent, ont refusé pour eux-mêmes, bien que ce soit spécifié dans la loi, de se joindre à la loi FACTA.

En 2016, la Banque centrale européenne a cessé d’émettre des billets de 500€ en arguant que cela entraverait le crime organisé et le terrorisme, une mauvaise blague, comme si les réseaux sophistiqués de criminalité organisée dépendaient encore des devises papier. Aux États-Unis, les principaux économistes comme l’ancien président de Harvard, Larry Summers, défendent l’élimination des billets de 100 dollars pour la même raison.

Limite de 10 dollars ?

Le but réel de la guerre contre le cash a cependant été souligné dans un journal de Wall Street, OpEd, par l’économiste de Harvard et ancien économiste en chef au FMI, Kenneth Rogoff. Celui-ci fait valoir qu’il devrait y avoir une réduction drastique de l’émission de cash par la Réserve fédérale. Il demande que tous les billets au-delà de 10 $ soient retirés de la circulation, ce qui obligera les gens et les entreprises à dépendre uniquement des paiements numériques ou électroniques. Il répète le faux mantra que son plan réduira le blanchiment d’argent, réduira ainsi le crime tout en exposant les tricheurs qui échappent à l’impôt.

Cependant, l’agenda caché de cette guerre contre le cash, c’est la confiscation de notre argent lors de la prochaine crise financière inévitable, que ce soit dans les pays membres de l’UE, les États-Unis ou des pays en développement comme l’Inde.

Déjà, plusieurs banques centrales ont utilisé une politique de taux d’intérêt négatifs alléguant, faussement, que c’était nécessaire pour stimuler la croissance suite à la crise financière et bancaire de 2008. En plus de la Banque centrale européenne, la Banque du Japon, la Banque nationale danoise adhère à cette politique étrange. Toutefois, leur capacité à baisser encore  plus les taux d’intérêt des banques membres est limitée tant que les liquidités sont abondantes.

Ici, le document du FMI ci-dessus permet de dévoiler le pot aux rose. Il y est dit  :

« En particulier, la politique de taux d’intérêt négatif devient une option disponible pour la politique monétaire si les économies en devises physiques sont découragées et considérablement réduites. Avec la fin du cash, la plupart des fonds seraient stockés dans le système bancaire et, par conséquent, seraient facilement affectés par des taux négatifs, ce qui pourrait encourager les dépenses de consommation… »

C’est parce que votre banque commencera à vous facturer le « service » consistant à vous permettre de déposer votre argent chez eux, d’où il peuvent l’utiliser [comme collatéral, NdT] pour gagner plus d’argent. Pour éviter cela, on nous dit que nous devrions dépenser comme s’il n’y avait pas de lendemain. De toute évidence, cet argument est faux.

Comme le souligne l’économiste allemand Richard Werner, les taux négatifs augmentent les coûts de fonctionnement des banques.

« Les banques répondent en transmettant ce coût à leurs clients. En raison des taux de dépôt déjà nuls, cela signifie que les banques augmenteront leurs taux d’intérêts pour les crédits. »

Comme le note Werner,

« Dans les pays où une politique de taux d’intérêt négatif a été introduite, comme le Danemark ou la Suisse, la découverte empirique est que ce n’est pas efficace pour stimuler l’économie. C’est plutôt l’inverse. Et cela parce que les taux négatifs sont imposés par la banque centrale sur les banques – pas sur le public emprunteur. »

Il souligne que la politique de taux d’intérêt négatif de la BCE vise à détruire le fonctionnement, traditionnellement conservateur des caisses d’épargne de l’UE telles que l’allemand Sparkassen et Volksbanken en faveur du sauvetage en douce des méga-banques géantes et financièrement corrompues telles que Deutsche Bank, HSBC, la française Société Générale, Banque Royale of Scotland, Alpha Bank of Greece, ou Banca Monte dei Paschi di Siena en Italie et beaucoup d’autres. Le président de la BCE, Mario Draghi, est un ancien partenaire de la méga banque, Goldman Sachs.

Pourquoi maintenant ?

La question est pertinente de savoir pourquoi maintenant, soudainement, y-a-t-il urgence à pousser à l’élimination du cash par les banques centrales et des institutions telles que le FMI ? Les roulements de tambour pour l’abolition du cash ont commencé nettement après le forum mondial de l’économie de Davos, en janvier 2016, où les principales personnalités des gouvernements occidentaux, les banquiers centraux et les sociétés multinationales ont été rassemblés. L’offensive de propagande préparant l’offensive actuelle de la Guerre contre le Cash a commencé immédiatement après les discussions de Davos.

Plusieurs mois plus tard, en novembre 2016, guidés par des experts de l’USAID et, et oui, Visa, le gouvernement indien de Narenda Modi a annoncé la démonétisation immédiate ou le retrait forcé de tous les billets de 500 roupies (8 US $) et de 1000 roupies (16 US $) sur la recommandation de la Reserve Bank of India. Le gouvernement Modi a affirmé que cela réduirait l’économie de l’ombre et restreindrait l’utilisation de l’argent illicite et contrefait pour financer les activités illégales et le terrorisme.

Notamment, le Parlement indien a récemment réalisé une étude de suivi des effets de la guerre de Modi contre le cash. Le rapport du Comité parlementaire sur la démonétisation signale que pas un seul objectif déclaré n’a été atteint. Aucune somme importante d’argent sale n’a été trouvée et la démonétisation n’a eu aucun effet sur le financement du terrorisme, les raisons invoquées par le gouvernement pour mettre en œuvre une politique aussi drastique. Le rapport a noté que, bien que la banque centrale de l’Inde se serait attaquée à l’argent noir par démonétisation, la grosse partie de cet argent illégal, qui se trouve dans les paradis fiscaux offshore, a été simplement recyclé de retour en Inde, « blanchi » via des investissements étrangers directs par des groupes criminels ou des entreprises appliquant légalement une pratique connue sous le nom de « Round Tripping ».

Pourtant, le rapport du Parlement détaille que la véritable économie indienne a été dramatiquement touchée. La production industrielle en avril a diminué d’un gros 10,3% par rapport au mois précédent, alors que des milliers de petites entreprises dépendant de leur cash ont fait faillite. Les principaux médias indiens auraient été prévenus par le gouvernement Modi de ne pas publier le rapport du Parlement.

Si nous relions tous les points, il devient plus clair que la guerre contre le cash est une guerre contre notre liberté individuelle et nos degrés de liberté dans nos vies. Forcer notre argent à devenir numérique est la prochaine étape vers sa confiscation par les gouvernements de l’UE ou des États-Unis ou partout ailleurs où la prochaine crise bancaire majeure, comme en 2007-2008, va éclater.

À la fin de juillet de cette année, l’Estonie, en tant que présidence tournante de l’UE, a publié une proposition soutenue par l’Allemagne qui permettrait aux régulateurs nationaux de l’UE d’empêcher « temporairement » les gens de retirer leurs fonds d’une banque en difficulté avant que les déposants puissent créer une « panique bancaire ». un précédent dans l’UE a déjà été vécu à Chypre et en Grèce, où le gouvernement a bloqué les retraits d’argent au delà de petits montants quotidiens.

L’ancien analyste bancaire américain Christopher Whelan souligne dans une analyse récente sur l’échec des autorités de l’UE à nettoyer efficacement leur désordre bancaire depuis la crise financière de 2008, « l’idée que la clientèle des banques – ceux qui généralement ont des montants de dépôts bien en-dessous de la limite maximale assurée – pourrait se voir interdire d’accès au cash assure pratiquement qu’ils vont s’envoler et qu’une contagion plus large se produira en Europe la prochaine fois qu’une institution de dépôt sera en difficulté ». Whelan souligne que neuf ans après la crise de 2008, les banques de l’UE restent dans un état dramatique. « Il reste près de 1 000 milliards d’euros de prêts douteux dans le système bancaire européen. Cela représente 6,7% de l’économie de l’UE. C’est énorme. Il souligne que les prêts douteux des banques en tant que part du PIB pour les banques américaines et japonaises sont respectivement de 1,7 et 1,6%. »

Comme les gouvernements, que ce soit dans l’UE ou en Inde ou ailleurs, refusent de freiner les pratiques frauduleuses de leurs plus grandes banques, cela les oblige à éliminer l’utilisation du cash et à conserver toute les liquidités dans des dépôts numériques auprès des banques réglementées par l’État, ouvrant la voie à une confiscation par l’État de ces biens lorsque la prochaine urgence va survenir. Si nous sommes assez sots pour permettre à cette escroquerie d’être mise en place sans répondre, peut-être méritons nous de perdre tout vestige d’autonomie financière. Heureusement, la résistance populaire contre l’élimination du cash dans des pays comme l’Allemagne est massive. Les Allemands se rappellent les jours de la république de Weimar en 1920 et de l’hyperinflation et que c’est la crise bancaire de 1931 qui a mené au Troisième Reich. L’approche du FMI est celle du proverbe chinois sur les grenouilles que l’on fait bouillir lentement. Mais les êtres humains ne sont pas des grenouilles, semble-t-il ?

F. William Engdahl

Article original en anglais :

A Sinister War on Our Right to Hold Cash

New Eastern Outlook, le 21 août 2017

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

 

Note du Saker Francophone : Il ne faut pas oublier que si seulement 1% à 2% des crédits sont pourris aux USA, la situation n’en demeure pas moins explosive car les premières faillites en entraineraient d’autres, pesant sur la barque, et du fait des effets de levier dans le système bancaire qui provoqueraient la destruction du capital des banques et leur mise en faillite.

F. William Engdahl est conseiller et conférencier en risques stratégiques, il est titulaire d’un diplôme en politique de l’Université de Princeton et est l’auteur le plus vendu du pétrole et de la géopolitique, exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

 

sur le web :  https://www.mondialisation.ca/une-guerre-sinistre-sur-notre-droit-a-detenir-du-cash/5607877

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L’ENA ou L’école des ânes par olivier cabanel

Cette école nationale est connue pour fournir au pays une bonne partie de ses élites politiques, ces mêmes élites à qui nous devons en grande partie le piètre résultat social et économique actuel.

On peut en effet légitimement s’interroger sur l’efficacité de la formation dispensée aux élèves de cette école prestigieuse lorsqu’on en voit les résultats sur le terrain.

Aujourd’hui, les membres de cette école contrôlent en grande partie, la vie politique et économique de la nation. lien

Au programme des sujets étudiés, on trouve entre autres la santé et la sécurité publique, les risques naturels, technologiques, urbains…lien

De Valery Giscard à Lionel Jospin, en passant par Michel Rocard, François Hollande, Edouard Balladur, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Dominique de Villepin, Alain Juppé, Jacques Chirac, il est difficile de dénicher un ministre qui ne soit pas issu de cette institution. lien

Fondée le 9 octobre 1945, par une ordonnance du gouvernement provisoire de la République française, présidé alors par un certain Charles de Gaulle, ce même de Gaulle qui voulait, plusieurs années après, la dissoudre, elle a formé près de 6000 hauts fonctionnaires français, et c’est intéressant de tenter d’analyser les résultats obtenus par quelques uns d’entre eux.

Prenons par exemple Jean-Luc Haberer, énarque notoire, à la tête du Crédit Lyonnais, il est responsable d’un gâchis financier qui se montait à 15 milliards d’euros.

Le Crédit Lyonnais, avec ces 4 365 agences est l’une des banques les mieux implantées dans le Monde, et c’est Haberer qui l’a mené au bord de la faillite.

Plus étonnant, au lieu d’endosser la responsabilité du désastre, cet énarque a tenté de se faire passer pour une victime, se prétendant un « banquier de gauche », tentant de faire porter la responsabilité de son échec à « ses troupes qui n’étaient pas à la hauteur ». lien

Le 23 février 2005, il a été condamné à 18 mois de prison avec sursis, et 1 euro de dommages-intérêts, suite aux bilans bidon qu’il avait publié afin de masquer l’ampleur de la catastrophe financière. lien

Prenons un autre énarque, Jean Marie MessierJMM pour les intimes, qui à la tête de Vivendi a laissé une ardoise de 30 milliards d’euros (lien) alors que d’autres données, encore plus pessimistes poussent le bouchon plus loin en évoquant 72 milliards de perteslien

La longue liste des errements de JMM est sur ce lien.

Dans leur livre, « Qui a ruiné France Telecom ?  », jeanJérôme Bertolus, Jean-Michel Cedro et Thierry del Jesus (édition Hachette 2003), (lien) évoquent un autre énarque, Michel Bon.

À la tête de France télécom de 1995 à 2002, il à provoqué pour l’année 2001 une perte d’environ 8,5 milliards alors que le groupe revendiquait un bénéfice de 3,6 milliards lors de l’exercice précédent.

Finalement, il sera responsable d’une perte de 68 milliards d’euros, ce qui n’a pas empêché qu’il soit nommé officier de la Légion d’honneur.

Etrange école où l’on apprend entre autres à pratiquer la plus efficace langue de bois, à rester droit dans ses bottes, levant fièrement la tête, même lorsque la justice condamne pour escroquerie.

A preuve Loïc le Floc Prigent, un autre énarque, reconnu coupable de détournement de fonds.

PDG, de 1989 à 1993, du géant pétrolier français, il avait été reconnu coupable de détournement de plusieurs centaines de millions d’euros des caisses du groupe Elf et a été condamné à 5 ans de prison ferme, accompagné de 375 000 euros d’amende. lien

Il a mené son entreprise au bord de la faillite avec un trou de 5,3 milliards d’euros.

Certains évoquent aujourd’hui une « promotion Titanic » dans laquelle on ne trouverait que des champions en matière de perte

L’iFrap (institut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) a publié la liste des énarques et des montants perdus : de Michel Albert, àBernard Attali, en passant par Alain Minc, Michel Gallot, et tant d’autres, l’ordre de grandeur des pertes, dettes ou transfert de charges à l’Etat a de quoi laisser sans voix les citoyens à qui on demande aujourd’hui de se serrer la ceinture. lien

N’est-il pas étonnant de découvrir par exemple que l’on donne encore aujourd’hui quelques crédits aux conseils prodigués par Jacques Attali, lui qui se voit reprocher des dépenses fastueuse, comme par exemple le coût de la construction du siège de la BERD (banque européenne pour la reconstruction et le développement) dont les dépassements de budget auraient été supérieurs à la totalité des prêts consentis par la BERD aux pays de l’EST ?

Intéressons nous à un autre cas, celui de Jean-Michel Bloch-Lainé, inspecteur des finances, qui fut président du conseil d’administration de la Banque Worms de 1984 à 1992.

Il a provoqué une perte de 2,29 milliards d’euros, et a finalement avoué «  je ne connaissais rien à la gestion d’une banque (…) je n’étais pas fait pour les affaires  », s’il faut en croire Ghislaine Ottenheimer, dans son livre « les intouchables ». lien

Et pourrait-on passer sous silence Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de Francede 1993 à 2003, qui d’après l’IFRAP responsable d’un gaspillage de 1,5 milliards d’euros par an ? lien

Quant à André Tarallo, le camarade de promotion de Jacques Chirac, surnommé « M.Afrique », il a été soupçonné de recel d’abus de biens sociaux pour un montant de près de 50 millions d’euros : il avait mis en place un système de prélèvement sur chaque baril de brut acheté par Elf, ce qui permettait à de jolis pactoles d’atterrir sur des comptes de sociétés offshore, généralement au Liechtenstein.

Il a finalement écopé de 7 ans de prison ferme, et de 2 millions d’euros d’amende.

Il n’a en fin de compte purgé qu’une peine de 2 mois de détention, et n’aurait rien payé de son amende, pour des raisons inconnues. lien

Pierre Blayau, était un énarque ingénieux.

Après St Gobain, il devient patron de La Redoute, puis PDG de Moulinex de 1996 à 2000.

Il pratiquait la technique des sociétés écran pour rémunérer les dirigeants.

Après le dépôt de bilan de Moulinex, et l’envoi au chômage de 3300 ouvriers, il a empoché un joli chèque de 2 millions d’euros pour « services rendus ».

Il a finalement été mis en examen en juillet 2004 au motif de «  banqueroute par emploi de moyens ruineux et banqueroute par détournement d’actifs  » lors de la faillite du groupe, mais il a pourtant été nommé chevalier de la Légion d’honneur, et officier de l’ordre national du Mérite. lien

La liste des énarques qui ont failli pourrait s’allonger encore, (lien) mais ne serait-il pas temps de changer la donne, et de mettre aux postes à responsabilité des femmes et des hommes qui fassent preuve de sagesse, qui aient une connaissance des difficultés de la vie de tous les jours, qui soient réellement experts dans quelques matières ?

Heureusement, depuis quelques années, on observe une tendance qui laisserait croire enfin que les énarques n’ont plus la même côte de confiance.

Alors qu’en 1995 ils représentaient 20% de l’effectif des grands patrons, ils ne sont plus que 10% en 2008, même s’ils dominent toujours les états major des plus grandes entreprises et en 2006 on comptait encore 13 énarques parmi les PDG, présidents du conseil de surveillance et présidents du directoire du CAC en 2006lien

La chaine Arte a produit une fiction sur le sujet, « l’école du pouvoir » réalisé par Raoul Peck, s’inspirant de la « promotion Voltaire » (1980) et il n’est pas difficile de reconnaitre sous les pseudos proposés, des personnalités comme De Villepin, Royal, ou Hollande, mais c’est l’avis d’un ancien de cette promo, tenant à rester anonyme, qui nous propose l’analyse la plus intéressante, regrettant que ce documentaire ait passé sous silence certains aspects de la formation des énarques, en évoquant « les humiliations permanentes du système, l’absence d’intérêt des matières étudiées, et surtout la distance entre ces jeunes brillants et les réalités de la société… ». lien

Un extrait du film est sur ce lien.

Depuis quelques temps, leur réputation a donc sérieusement pâli, considérés qu’ils sont « d’inadaptés à l’entreprise », « arrogants  », et ayant compris, comme l’assure Christine de Messe, secrétaire général de l’ENA entreprise, « qu’ils souffrent d’un véritable désamour dans l’entreprise, d’un problème d’image (…) on est passé de la révérence au discrédit  »(lien), et Jean-François Roquet, directeur général de « François Sanchez Consultant » de conclure : « non seulement ils ont un égo hypertrophié mais ils considèrent le secteur privé comme une roue de secours  ».

Comme disait André Santini, brûlant la politesse à mon vieil ami africain, au sujet des énarques : « ces hommes dédaigneux qui savent des choses inutiles »

sur le web:  https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-ecole-des-anes-131591

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Economie française : quand une revue suisse nous explique d’où vient le mal Par Claude Sicard,

La France a reculé d’un rang, ces dernières années, dans le classement mondial des puissances économiques, passant de la cinquième position à la sixième, la Grande Bretagne l’ayant devancée en 2014. Le PIB du pays croit sensiblement moins vite que celui de nos voisins, et si l’on examine le rythme de croissance du PIB par tête, on note qu’il a été, depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, sensiblement inférieur à celui de bon nombre de pays européens. Selon la BIRD, qui donne pour tous les pays du monde les évolutions des PIB/tête en PPA (parité de pouvoir d’achat), le multiplicateur entre 1990 et 2016 a été, dans le cas de notre pays, de 2,34, alors qu’il a été de 2,64 pour la moyenne des pays de l’UE. Aussi, le PIB par tête des Français est-il très sensiblement inférieur à celui de bon nombre de pays européens, et tout particulièrement à ceux des pays de l’Europe du nord, pour ne pas parler de celui de la Suisse. Il se situe à 38.253 US$, actuellement, alors que l’on en est à 52.311 US $ dans le cas de la Suède, par exemple, et à 81.314 US$ dans celui de la Suisse. Avec nos voisins helvétiques l’écart est donc considérable.

Autre observation : l’accroissement régulier de la dette extérieure du pays. Quand on compare le taux de croissance des économies de divers pays, on ne doit pas manquer de prendre en compte l’évolution de leur dette extérieure. Celle de notre pays ne cesse d’augmenter. La France est un pays qui alimente sa croissance en augmentant, chaque année, sa dette extérieure. Le PIB est tiré par la demande intérieure, à laquelle s’ajoutent les exportations et l’accroissement des stocks. La « demande intérieure » recouvre les dépenses des ménages auxquelles s’ajoutent celles des administrations publiques et les investissements. Ainsi, par exemple, la demande intérieure finale (hors stocks) en 2016 a-t-elle progressé, cette année-là, de 50,4 milliards €, et la dette extérieure, parallèlement, de 49 milliards €. Recourir à de l’endettement pour accroître son PIB est une technique qui n’est pas saine, et qui a, par définition, ses limites. La dette de la France atteint, aujourd’hui, sensiblement le niveau du PIB, alors qu’en 2000 elle s’élevait à seulement 60 % de celui-ci. Les pays du Nord, en Europe, qui ont des économies qui fonctionnent bien, en sont à des montants bien plus raisonnables : Danemark 36,4 %, Suède 40,6 %, Finlande 61,4 %… L’Allemagne, quant à elle, en est à 64,1 %, et la Suisse, que l’on omet généralement de mentionner dans les études comparatives, à 44,9 %.

On ne peut donc pas manquer de s’interroger pour savoir d’où vient, réellement, le mal français ? Notre pays est un pays qui ne parvient pas à réduire son taux de chômage malgré tous les efforts des gouvernements successifs, il a une balance commerciale très déficitaire, et il est le champion d’Europe en matière de fiscalité, les prélèvements obligatoires s’élevant à présent à 45,4 % du PIB. Le mal, on ne le dit pas suffisamment, vient de l’effondrement de notre secteur industriel qui ne représente plus aujourd’hui que 11,0 % du PIB, alors que la norme en Europe est de 20 %.

Un éclairage intéressant nous est fourni, incidemment, par la revue « Avenir suisse » qui, dans son numéro du 15 juin 2012, a donné une information surprenante, qui se révèle très utile pour confirmer le diagnostic précédent. Cette revue nous apprend, alors qu’on ne s’y attend nullement, que la Suisse est le pays qui, dans le monde, a la plus forte production industrielle par habitant : 12.400 US$ par habitant. La Suède en est à 8.100, l’Allemagne à 7.700, et la France à seulement 4.500 US$. La revue suisse a fait ce calcul pour une quinzaine de pays : en bas de l’échelle on trouve la Chine avec 1.500 US$/tête, et l’inde avec seulement 200 dollars. Vu le très haut niveau du revenu per capita de la Fédération helvétique, cette information donnée par la revue suisse incite à prendre ce ratio, qui ne figure pas habituellement dans la batterie des ratios des économistes, comme variable explicative du revenu par tête des pays. En utilisant les chiffres fournis par cette revue on obtient une corrélation excellente. On doit en conclure que, statistiquement, plus un pays a une production industrielle par tête importante, plus son niveau de vie est élevé.

Ce qui explique donc que l’économie française soit perpétuellement en état de souffrance, c’est l’effondrement de son secteur industriel, la France étant devenue le pays le plus désindustrialisé de tous les pays de l’Union Européenne, hormis la Grèce. Le chômage endémique qui avait fait le désespoir de François Mitterrand s’explique par ce phénomène, de même que le déficit du commerce extérieur, les produits manufacturés représentant toujours 75 % à 80 % des exportations des pays. Quant aux comptes de la nation, qui sont perpétuellement dans le rouge, ils ne font que refléter cette anomalie, devenue structurelle, que constitue une contribution très insuffisante du secteur secondaire, dans l’économie de notre pays, à la formation du PIB.

Tout le problème est, maintenant, de savoir combien d’années vont être nécessaires pour redresser la barre, pour autant que les Français laissent à nos gouvernants la liberté de procéder aux reformes nécessaires. Il s’agit de redynamiser la croissance du pays. Il va falloir, à un rythme accéléré, créer chaque année un très grand nombre de nouvelles entreprisses dans le secteur secondaire, et prendre toutes les dispositions voulues pour qu’elles trouvent, pour se développer, les capitaux qui leur sont nécessaires. Le passage difficile, pour les jeunes pousses, se situe juste après leur naissance, dans la phase des toutes premières années où l’entreprise peine pour en arriver au stade où elle se trouvera suffisamment importante pour pouvoir intéresser les sociétés de capital risque. C’est là, que sont utiles les « business-angels », ce type d’investisseurs qui ont manqué gravement jusqu’ici en France, et qu’Emmanuel Macron espère voir apparaître et se développer, avec la reforme qu’il a faite de l’ISF.

Cette nécessité de disposer, comme en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, de business-angels entreprenants et incités par la fiscalité à agir, reste pour l’instant très mal comprise par l’ensemble de la population pour qui la reforme de l’ISF qui vient d’être faite reste un mystère inexplicable.

Claude Sicard
Economiste, consultant international

Article initialement publié le 22 mai par Les Echos : « D’où vient le mal français »

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Comment la Cour des comptes s’est fait éjecter de l’Assemblée Par Jean Nouailhac

En 2008, les dirigeants de l’Assemblée nationale ont réussi à saboter l’audit de la Cour des comptes. Depuis, la Cour n’a jamais pu renouveler l’opération.

Par Jean Nouailhac

Une fuite dans la presse de la synthèse du rapport des magistrats auditeurs déclenche un psychodrame.

Une fuite dans la presse de la synthèse du rapport des magistrats auditeurs déclenche un psychodrame.
C’est peu dire que les nababs du Palais-Bourbon sont des adeptes de l’omerta, au mépris de toute notion de transparence sur l’utilisation des fonds publics dont ils sont à la fois les gestionnaires et les bénéficiaires… Lorsque le président de l’Assemblée nationaleBernard Accoyer, accepte en 2008 d’ouvrir aux auditeurs officiels de l’État les portes de sa maison, qui n’a jamais été contrôlée depuis sa création en 1789, il ne sait pas trop à quoi il s’engage. Pour lui, le choc va être rude.

Bruno Botella, qui est l’auteur du livre d’investigation Petits Secrets et Grands Privilèges de l’Assemblée nationale paru en janvier 2013 aux Éditions du Moment, parle d’« atmosphère épouvantable ». C’est un homme bien renseigné : il dirige le mensuel Acteurs publics et va raconter dans son essai une histoire qui commence très mal et va se terminer en psychodrame.

Lire aussi Cocasseries à l’Assemblée

Au départ, en 2008, il y a la volonté du président Sarkozy, sur les conseils de son mentor Édouard Balladur et avec le soutien de Philippe Séguin, le président emblématique de la Cour des comptes, de faire contrôler non seulement l’Élysée, ce qui n’avait jamais été fait non plus jusqu’alors, mais également le Conseil constitutionnel, l’Assemblée et le Sénat – des institutions qui, « du haut de leur grandeur, écrit Botella, gèrent leur argent comme elles l’entendent, à l’abri des regards, parfois aux limites de la légalité ».

Psychose

Nicolas Sarkozy sait que l’époque est à la transparence sur certains abus de la fonction publique. Il a décidé de montrer l’exemple avec l’Élysée, dont les portes seront grandes ouvertes aux enquêteurs de la Cour des comptes. Pour le Sénat, c’est non : « Pas question de laisser la Cour venir mettre son nez au palais du Luxembourg, raconte notre auteur, et renifler de près le tas d’or sur lequel les sénateurs sont assis : une réserve qui dépasse le milliard d’euros. » Le Conseil constitutionnel refuse également, son président Jean-Louis Debré déclarant, bravache, aux émissaires de Philippe Séguin : « J’accepterai un contrôle le jour où je pourrai moi-même contrôler la Cour des comptes. »

Après quelques pas de danse, Accoyer accepte finalement que Séguin, qui fut l’un de ses prédécesseurs au « perchoir », lui envoie ses auditeurs, mais à certaines conditions : d’accord pour enquêter sur le périmètre administratif, mais pas sur les affaires des députés et des partis. Un sexagénaire en fin de carrière, Alain Pichon, qui préside la 4e chambre de la Cour, est nommé responsable du dossier et désigne trois magistrats pour ce travail inédit et délicat qui va finir par déclencher un véritable séisme au Palais-Bourbon.

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Première grosse erreur d’Accoyer : il n’a pas mis les questeurs de l’Assemblée dans la boucle. Or, ce sont eux qui ont la haute main sur les finances et en contrôlent les services administratifs. Les trois questeurs, Richard Mallié et Philippe Briand pour l’UMP, et Marylise Lebranchu pour le PS, rechigneront clairement à coopérer avec les auditeurs et ne manqueront pas une occasion de leur mettre des bâtons dans les roues. « La psychose est telle, note Bruno Botella, que chaque service redoute que le bureau d’à côté ne fasse des confessions aux magistrats. » Résultat : les fonctionnaires se barricadent dans leur palais comme les Gaulois d’Astérix dans leur village face aux envahisseurs romains.

Tous les coups bas sont permis : le secrétaire général de l’Assemblée et de la présidence, Yves Michel, primus inter pares des hauts fonctionnaires, ne cesse d’embrouiller les magistrats enquêteurs. Botella : « Un témoin de premier plan affirme qu’Yves Michel a poussé la Cour à la faute » afin que « le rapport d’audit comporte des conneries, car cela permettrait, par la suite, de le discréditer ».

Cataclysme

Après cinq mois de vérifications sur place de dossiers plus ou moins complets ou plus ou moins faisandés, les trois magistrats d’Alain Pichon en sortent un rapport de près de 200 pages dont Bernard Accoyer reçoit cinq exemplaires numérotés afin d’éviter les fuites dans la presse et livrés en main propre par un officier motard de la gendarmerie. Le président de l’Assemblée nationale est effondré à la lecture de cet audit approfondi et laisse traîner les choses sans réagir, au-delà du délai habituel pour la validation d’un rapport de cette importance. Et ce qui devait arriver arriva : une fuite se produisit. Une synthèse de l’audit – 18 pages tout de même – atterrit entre les mains d’une journaliste du Journal du dimanche, Marie-Christine Tabet, dont l’article qui paraît le 2 novembre 2008 déclenche un cataclysme au Palais-Bourbon.

Il y est question, entre autres, du budget colossal de fonctionnement de l’Assemblée (506 millions d’euros), de « curieuses pratiques bancaires », d’une cagnotte de 302 millions d’euros et de rémunérations des fonctionnaires supérieures de 75 % à 150 % à celles de la fonction publique : « Les 24 hauts fonctionnaires les mieux payés de la maison, écrit le JDD, perçoivent une rémunération brute moyenne annuelle de 213 000 euros », soit 17 750 euros par mois. Une claque dans l’Assemblée. Un choc dans l’opinion.

Les salaires et primes mirobolants des fonctionnaires de l’Assemblée

Pour Bernard Accoyer, la coupe a débordé. Les trois enquêteurs sont déclarés persona non grata et leur supérieur hiérarchique, Alain Pichon, est humilié devant tout l’état-major de l’Assemblée réuni au début de l’hiver 2008 à l’hôtel de Lassay, dans les bureaux de la présidence. Il lui est vertement reproché une « rupture de confiance » et « un contrat non respecté » alors qu’il n’a jamais réussi à remplir pleinement et sereinement sa mission, à cause de la levée de boucliers des habitants de cet incroyable village gaulois dont le secret n’est pas une potion magique mais un véritable trésor habilement réparti en cachette entre tous les fonctionnaires, du plus petit au plus grand.

On en restera là dans les révélations sur les privilèges des fonctionnaires de l’Assemblée – les exemplaires de l’audit ayant été officiellement détruits –, jusqu’à ce que, succédant à Bruno Botella, un jeune doctorant en économie de 27 ans, ancien assistant parlementaire, Paul Jossé, à force de ténacité, finisse par découvrir la vérité sur les vraies rémunérations des 1 132 fonctionnaires émargeant dans les registres de l’année 2017. Son étude d’une quarantaine de pages, mise en ligne fin mai par l’Iref, l’Institut de recherches économiques et fiscales, déclenche un nouveau tollé dans le village gaulois retranché au Palais-Bourbon. Il est vrai qu’il y révèle l’énormité des salaires nets mensuels des agents d’exécution, qui vont de 6 465 à 9 449 euros, des « assistants » (de 6 838 à 10 507 euros) et des « administrateurs », les hauts fonctionnaires, qui atteignent des sommets (de 7 920 à 18 736 euros).

Lire aussi Ce rapport qui inquiète les fonctionnaires de l’Assemblée 

Paul Jossé révèle également que les primes de ces fonctionnaires nababs font plus que doubler leurs salaires, dont elles représentent en moyenne 114,5 %, un taux qu’on peut rapprocher de celui qu’avait noté Bruno Botella pour l’année 2011 : 120 %, contre 25,4 % pour les fonctionnaires d’État « normaux ». « Les fonctionnaires parlementaires sont drogués à la prime », écrit Jossé, et les taux de ces primes sont « astronomiques, insensés, absurdes ».

« Une maison de verre »… fumé !

L’actuel président de l’Assemblée, François de Rugy, prend évidemment très mal cette nouvelle affaire, allant jusqu’à qualifier de « mensongères » et de « fausses » les données publiées par l’Iref et reprises par Le Point. Le président de l’Iref, Jean-Philippe Delsol, et son directeur, Nicolas Lecaussin, viennent d’adresser une lettre ouverte à François de Rugy, lui demandant de « rendre publics la déclaration annuelle des salaires, dite DADS (déclaration annuelle des données sociales), de l’Assemblée nationale et/ou tout autre document qui présente la masse des traitements, primes ou forfaits, avantages et autres compléments de rémunération des fonctionnaires parlementaires ».

Il existe une solution encore plus simple : après avoir caché les noms des bénéficiaires, mettre en ligne toutes les fiches de paie de tous les salariés de l’Assemblée pendant une année entière, celle de 2017. Il n’y aurait plus alors le moindre doute, la moindre omerta possible sur la réalité des rémunérations perçues par les fonctionnaires, « l’un des secrets les mieux gardés de la République », selon Bruno Botella.

La Cour des comptes, après son audit mort-né de 2008, n’a plus jamais réalisé d’enquête sur l’Assemblée nationale, se contentant d’un lot de consolation, si l’on peut dire, consistant depuis 2013 à en certifier les comptes annuels à la place des experts-comptables habituels. Cette décision prise par Claude Bartolone, le successeur au perchoir de Bernard Accoyer, l’a autorisé à déclarer ensuite, sans rire, le 25 septembre 2012, qu’elle permettrait de « démontrer à nos concitoyens que leur Assemblée n’a rien à cacher » !

Le même Bartolone n’avait pas hésité à faire une grande promesse trois mois plus tôt, le 26 juin, lors de son élection à la présidence : « Notre assemblée doit vivre avec son temps. Plus que jamais, ayons à cœur d’en faire une maison de verre. Transparente, exemplaire, irréprochable, parce que la force de la loi est subordonnée à l’exemplarité du législateur », confirmant ainsi une nouvelle fois que les mêmes mots n’ont pas le même sens chez les citoyens que chez les politiciens. Quant à « l’exemplarité » du législateur…

 

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Le délire fiscal, une maladie bien française Par Nicolas Perrin.

Le délire fiscal est une maladie française qui sévit à tous les étages de la société — de l’électeur au gouvernement, en passant par l’administration — et qui contamine les instances européen

LE LANGAGE, LA RACINE DU MAL

Vous connaissez le principe : plus on détériore le sens des mots, moins on a d’outils pour réfléchir. La fiscalité ne fait pas exception à cette règle. Je vous propose de revenir sur trois notions de base de la sémantique fiscale.

Contrairement à ce que racontent nombre de commentateurs, les sociétés ne payent pas d’impôts, pas plus qu’on ne taxe les placements. Au final, ceux qui payent, ce sont toujours les individus. Merci au président de la Fédération française de l’assurance pour avoir rappelé cette réalité.

Par ailleurs, ce n’est pas à l’État que « coûte » un prélèvement qui baisse, mais ce sont des contribuables dont le sort est amélioré.

Dire qu’un impôt qui s’allège « coûte » est un non-sens économique. Sauf à ce que le rendement de l’impôt en question devienne négatif, comme cela pourrait par exemple être le cas d’un ISF réduit à sa portion congrue, mais conservé à des fins strictement politiques.

Dernier point, comme l’explique l’économiste Jean-Marc Daniel à propos des « cadeaux faits aux riches » :

Il est assez frappant dans le discours […] que quand on vous rend quelque chose, quand on arrête de vous voler, on vous dit que c’est un cadeau…

Ces quelques éléments de sémantique fiscale ainsi posés, venons-en aux faits.

QUAND L’INNOVATION FISCALE TOURNE AU DÉLIRE AU GOUVERNEMENT

La France est ce magnifique pays où, sans même avoir ingéré de substance hallucinogène, on peut lire sur le très sérieux site de la Revue Fiduciaire qu’ « un bâtiment peut être assujetti à la taxe foncière sur les propriétés non bâties ». L’Institut fiscal Vauban a publié un lexique pour distinguer entre impôts, taxes, contributions, redevances, cotisations et autres prélèvements.

Cette année, c’est la CSG qui nous a d’abord rappelé que nous étions dirigés par des exaltés du prélèvement obligatoire.

En multipliant les seuils d’imposition et les taux (pleins ou réduits, lorsqu’ils ne sont pas intermédiaires), les bidouillages fiscaux successifs aboutissent à un système incompréhensible composé de prélèvements pléthoriques et de centaines d’exonérations. Personne ne payant la même chose que son voisin, ce système est profondément injuste.

Parmi les autres dossiers en cours, il y a bien sûr celui de la réforme de la fiscalité locale portée par Jacqueline Gourrault et Gérald Darmanin. Le premier des deux ministres nous a fait une belle promesse. Quoique la formulation choisie laisse certains commentateurs perplexes

En effet, si le ministre de l’Action et des Comptes publics nous fait le coup du « je ne crée pas de nouvel impôt, je modifie simplement l’ancien afin qu’il rapporte plus que l’impôt aboli », le contribuable sera encore une fois le dindon de la farce.

La « super-taxe foncière » à venir reviendra-t-elle au même que le fameux projet de France Stratégie de taxation du « loyer fictif » des propriétaires, variable en fonction de leurs revenus ? Affaire à suivre…

QUAND L’INNOVATION FISCALE TOURNE AU DÉLIRE CHEZ LES « SOCIALISTES HISTORIQUES »

On va se consoler comme on peut, en se disant qu’avec les « socialistes historiques », ça pourrait encore être pire…

La plupart des sorties de route des socialistes sont dues à deux postulats erronés : l’économie est un gâteau à taille fixe + tout ce qui est à toi est à moi =

Avec ce genre de représentants, on peut en effet être à peu près sûr qu’on aura plus vite fait de résoudre le problème de la mort que celui des impôts…

Tout ce beau monde ignore la loi de Kershner, vous savez, ce principe selon lequel :

Quand un peuple autonome confère à son gouvernement le pouvoir de prendre aux uns pour donner aux autres, le processus de redistribution ne cesse qu’à partir du moment où le dernier contribuable est dépouillé de tous ses biens.

Thomas Sowell, un autre économiste, a apporté la précision suivante :

En résumé, tuer la poule aux oeufs d’or est une stratégie viable en politique, du moment que la poule ne meurt pas avant les prochaines élections et que personne ne peut retrouver les empreintes des politiciens sur l’arme du crime.

Pour ceux qui préfèrent les explications graphiques, on peut résumer les choses comme ça :

Consolez-vous en vous disant qu’on peut trouver plus dingue que les idées de nos socialistes nationaux. Cela exige par contre de s’intéresser à ce qu’il se passe du côté des politiciens d’envergure internationale.

QUAND L’INNOVATION FISCALE TOURNE AU DÉLIRE À BRUXELLES

Bonne nouvelle : Donald Trump a trouvé pire que lui. Mauvaise nouvelle : c’est du président de la Commission européenne dont il s’agit…

Simone Wapler commentait :

Un responsable européen déclare fièrement qu’il veut être aussi bête que son adversaire. On se croirait dans une cour de récréation du primaire…

Rassurés ?

TRANSFÉRER LE POUVOIR AUX DÉLINQUANTS OU AUX ENFANTS ?

Ça n’est pas moi qui délire, cher lecteur. Je ne fais que porter à votre connaissance les idées de nos décideurs.

En France, le gouvernement projette d’employer des délinquants pour modérer internet. C’est une piste…

Entre cette solution et donner le pouvoir aux enfants, j’avoue que mon coeur balance. C’est en tout cas ce qu’envisage de faire le Pays-de-Galles au sujet du Brexit.

Le ministre gallois de l’enfance Huw Irranca-Davies a en effet déclaré mi-mars :

Nos enfants sont notre avenir, il est donc absolument vital de s’assurer que leurs points de vue et leurs préoccupations sont écoutés.

Par conséquent, explique la version locale du Huffington Post :

Les enfants âgés de 7 à 11 ans seront invités à donner leur avis à l’école en présence de leurs enseignants et du personnel de soutien, tandis que les jeunes de plus de 11 ans seront consultés dans le cadre du projet du gouvernement gallois Young Wales. […]

Un rapport sur les résultats de la consultation sera remis au gouvernement gallois à l’automne. […]

Le gouvernement gallois s’est dit attaché aux principes de la convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CDE), qui stipule que les enfants ont le droit de dire ce qu’ils pensent quand les adultes prennent des décisions qui les concernent et que leurs opinions sont prises en compte.

Question au gouvernement gallois : les conséquences du Brexit sont-elles l’unique sujet auquel les petits Gallois seront confrontés une fois devenus grands ? Quid par exemple… des conséquences de la dette publique, tiens ?

Enfin bon, donner le pouvoir aux enfants, ça vaut toujours mieux que remettre les clés de l’Elysée à Jean-Luc Mélenchon, non ?

 

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Le Rapport interne qui révèle (presque) tout sur l’Assemblée nationale Voyage au pays des merveilles par IREP

Tout ce que vous ne savez pas sur le monde secret de l’Assemblée nationale…

Après son Étude publiée il y a quelques jours, l’IREF avait promis de revenir sur le monde secret de l’administration de l’Assemblée nationale. Or, la meilleure façon d’en parler est la transparence et la publication d’une partie des sources. Si l’Assemblée ne le fait pas, nous le faisons. Car les contribuables ont le droit de savoir.

Voici donc en accès libre le rapport interne que l’IREF s’est procuré et qui a été demandé en janvier dernier par François de Rugy, président de l’Assemblée nationale, à deux secrétaires généraux. Il lui a été remis le 16 mai dernier.

Intitulé «  Quelle administration parlementaire en 2022 ?  », il a pour but de préciser les orientations d’une réforme et dévoile une grande partie des nombreux avantages dont bénéficient les fonctionnaires parlementaires.

Derrière la langue de bois inévitable dans ce genre de rapport se cache une impressionnante quantité d’informations sur le train de vie de l’administration de l’Assemblée nationale : salaires, primes, indemnités, forfaits, avantages fiscaux, congés, retraite… Les privilèges sont quand même très impressionnants et confirment les éléments de notre Étude.

Ses auteurs précisent toutefois qu’il reste beaucoup de points à éclaircir surtout concernant les rémunérations et les primes. En effet, de nombreuses zones d’ombre persistent et il faudra connaître la vérité dans le respect de l’information correcte et pour pouvoir réformer.

Car une réforme est absolument nécessaire ! Pour l’instant, profitons-en, sans aucune modération. Voici quelques points importants que nous avons relevés en indiquant les pages correspondantes.

SALAIRES, TRAITEMENTS, PRIMES, FORFAITS, INDEMNITÉS, PRÊTS TRÈS AVANTAGEUX…

  • Des salaires très élevés par rapport aux fonctionnaires de la fonction publique d’État (FPE) jusqu’à 2,5 fois. À affectation équivalente, les assistants de directions gagnent 2,4 fois plus que leurs homologues de la FPE (83 100 € contre 34 700 €) et les agents de l’Assemblée 2,5 fois plus que les adjoints administratifs de l’État (67 800 € contre 26 945 €). Donc : 5 500 euros brut /mois + primes (64% en moyenne) pour les salaires de base, ce qui représente un salaire de base à partir de plus de 6 000 € net/mois. (pp.31-33). Pour rappel, l’indemnité d’un député est de 5 373 € net / mois et le SMIC mensuel brut est à 1 498.47 euros.
  • Absence de grilles de salaires flagrante et assumée« L’Assemblée nationale n’a pas fait le choix d’individualiser la rémunération en fonction des affectations des fonctionnaires et des sujétions qui y sont attachées » car une telle pratique est « difficile à envisager pour les membres du corps généralistes » (p. 33).
  • Reconnaissance d’un taux de primes hors norme« Le poids des primes et indemnités est particulièrement élevé par rapport aux traitements. Ainsi le régime indemnitaire des fonctionnaires de l’Assemblée nationale représente environ 64% de leur rémunération brute » contre « en moyenne 22% pour les fonctionnaires de l’État ». (p. 31)
  • 64% de prime est une moyenne. Une partie des fonctionnaires touche des primes mirobolantes lorsque d’autres perçoivent des primes plus faibles, mais toujours élevées en comparaison de la FPE. Si nous appliquons cette moyenne au net le plus bas (3780 €) on atteint sans difficulté les 6 000 net/mois. (p.32)
  • Primes de nuit accordées à tout le monde. François de Rugy a reconnu que les heures de nuits et les sessions extraordinaires étaient bien payées même si les fonctionnaires n’étaient pas présents : « Si on ne siégeait jamais la nuit, jamais le week-end, ce qui n’est pas le cas, en effet ce serait des primes qui seraient versées en compensation de quelque chose qui n’a pas existé ». (Paris Première, 13/06/2018 et pp.31-32)
  • Forfait (ICSS) plus élevé que dans l’ancien fonctionnement par prime. Il est constitué de deux éléments comptables : « une part de base et une part complémentaire correspondant à un forfait de 165 Indemnités de Travaux Supplémentaires annuelles » (p. 32), soit la moyenne des ITS versées sur la période 2011-2015). Son total est donc variable pour une partie. Il est plus élevé de 2,28 M€ en 2017 par rapport à 2016 (48 893 470 € contre 46 604 099 €).
  • Absence de contrôle de la Cour des comptes. Le rapport est interne, il n’a pas fait l’objet d’un audit externe. L’IREF est heureux d’apprendre que François de Rugy est « pour que la Cour des comptes, qui aujourd’hui certifie, demain contrôle les comptes de l’Assemblée nationale. » (Paris Première, 13/06/2018)
  • Versement d’une indemnité compensatrice des obligations de logement. Cette indemnité représente 7 M€ en 2017 et « est également versée à l’ensemble des fonctionnaires de l’Assemblée nationale. » (p. 34) Le principe est d’indemniser les fonctionnaires qui ne peuvent bénéficier de logements de fonction. Il est surprenant de ne pas la voir apparaître dans les comptes de l’Assemblée nationale.
  • Prêts au logement. Censés être supprimés depuis 2009, « ils subsistent de manière résiduelle pour les fonctionnaires sous la forme d’une « avance remboursable » (p. 43). Le rapport propose de supprimer définitivement ce mécanisme.

LE RAPPORT POINTE LES AVANTAGES FISCAUX ET LES CONGÉS

  • Exonération fiscale sur l’IR des cadres de l’Assemblée nationale. Il s’agit de l’Indemnité compensatrice de l’abattement supplémentaire de 20% sur les revenus imposables » (p. 33). Cette indemnité concerne ceux qui sont « rentrés dans les cadres avant 1999 » (c.-à-d. les administrateurs) : 20% de l’impôt sur le revenu effectivement payé au titre des revenus de l’année précédente sont reversés en prime. Sa suppression est envisagée.
  • Les fonctionnaires ont la possibilité de prendre 10 semaines congés par an.
  • Des congés de fins de carrières généreux
    – La pension proportionnelle avec jouissance immédiate et cumulable : tous les fonctionnaires réunissant au moins 15 années de services peuvent demander à bénéficier de cette pension lorsqu’ils arrêtent de travailler. D’après le rapport « rien ne justifie ce mécanisme dérogatoire au droit commun qui peut, dans certains cas, conduire l’Assemblée nationale à verser plusieurs dizaines d’années une pension cumulable avec un revenu d’activité. » (pp.38-39)
    – Le congé spécial (supprimé dans la FPE) permet aux administrateurs ou aux rédacteurs de comptes-rendus « âgés de plus de 55 ans de continuer à percevoir pendant cinq ans au maximum leur traitement de base et la part fixe de l’indemnité compensatrice de sujétions de services (ICSS) avant d’être admis à la retraite. » (p. 39)
    – La cessation progressive d’activité (CPA) permet aux fonctionnaires de plus de 55 ans (sauf directeurs et conseillers-chefs de division) « de travailler à mi-temps tout en percevant 80% du traitement de base et des indemnités fixes et 50% de la part complémentaire de l’ICSS » (p. 39)
  • « L’accès à l’emploi d’agent, par voie d’examen professionnel, pour les conjoints de fonctionnaires décédés. » (p. 43)
  • Les fonctionnaires parlementaires élus députés bénéficient d’ « une position « hors cadre », plus avantageuse que la disponibilité d’office qui s’applique, depuis la loi organique du 14 février 2014, aux fonctionnaires de l’État. » (p. 43)

L’ASSOCIATION AGRAN EN CHARGE D’UNE PARTIE DE LA LOGISTIQUE PARLEMENTAIRE

(cf. pp 10-11)

  • Il faut distinguer les 21 salariés (personnel de plonge – pas 22) que l’AGRAN emploie directement de l’administration de l’Assemblée qui emploie et rémunère 63 personnes (51 fonctionnaires et 12 contractuels – pas 65) qu’elle met à la disposition de AGRAN.
    « Pour les cuisines et le service en salle des deux restaurants, ainsi que pour les cuisines des deux libre-service, le service de la Logistique parlementaire organise le service en s’appuyant sur une association (AGRAN) qui elle-même emploie les personnels de plonge (21 personnes), encaisse les recettes et procède aux achats. L’administration emploie et rémunère, en outre, 63 personnes, dont 51 fonctionnaires et 12 contractuels qui sont mis à la disposition de l’AGRAN. » (p.11)
  • Le rapport ne dit toujours pas comment sont répartis les 4,9 millions d’euros de subvention destinée à la rémunération d’une partie des employés en 2017.
  • Cette subvention de 4,9 millions d’euros apparaît pourtant dans les comptes et elle est destinée à payer les salariés de l’AGRAN, cela est explicitement écrit dans les comptes
  • Les auteurs du rapport se rendent compte de l’ambiguïté des corps de fonctionnaires travaillant avec l’AGRAN et envisagent leur extinction. À suivre !

« Modeler un nouveau visage pour l’administration de l’Assemblée nationale, accroître son efficacité avant la fin de la législature, pour 2022, la tâche est vaste. Elle est aussi exaltante », écrivent en conclusion les auteurs du rapport (page 44). Il reste maintenant à le faire.

Pour en savoir plus, téléchargez le rapport.

Sur le web

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De leur voiture à leur cercueil, nos élus vous saluent bien par Nicolas Perrin

La semaine passée, nous avons vu que rien ne rend plus heureux nos dirigeants que de disposer de votre argent pour organiser la société comme ils l’entendent : placements, retraites… tout doit y passer. Eux, par contre, s’abstiennent de jouer selon les règles qu’ils établissent spécialement pour vous.

Je vous propose donc, aujourd’hui, de poursuivre notre tour d’horizon des dernières évolutions législatives et réglementaires, ce qui va nous amener à inaugurer une nouvelle rubrique.

Auto-moto : vous reprendrez bien une petite louche d’impôts ?

Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République, avait laissé entendre qu’il était contre l’abaissement de la vitesse de circulation à 80 km/h sur les routes secondaires. Depuis, le gouvernement d’Emmanuel Macron a indiqué qu’il comptait entériner cette limitation sur les routes secondaire à double sens qui ne sont pas séparées par un rail ou par un muret, avec effet au 1erjuillet.

Ainsi, le Premier ministre Edouard Philippe a-t-il adopté, début janvier, la posture du héros épris de rectitude morale pour justifier cette mesure qui permettrait de sauver jusqu’à « 450 vies par an ».

tweet edouard philippe

Officiellement, aucun rapport avec une hausse des rentrées d’argent frais consécutives au probable surcroît d’amendes à venir, dans la lignée du déploiement des mitrailleuses à PV que sont les voitures-radars banalisées. Soyez-en sûr, ces mesures sont pensées pour votre bien.

Depuis, le gouvernement s’est décidé à publier le rapport sur les tests de la baisse de la vitesse à 80km/h qui ont été menés entre juillet 2015 et juin 2016. Le problème, comme le rapporte BFM TV, c’est que « le rapport du Cerema ne livre aucun détail sur l’évolution du nombre de décès et de blessés sur ces trois tronçons, ni sur les causes d’éventuels accidents pendant la période de l’expérimentation ».

Voici ce qu’en conclut le magistrat Charles Prats :

tweet charles prat

Ajoutez à cela qu’Emmanuel Macron (le candidat) avait laissé entendre qu’il n’augmenterait que la taxation du diesel (afin de « réduire massivement la pollution liée aux particules fines ») et pas celle de l’essence, pour finalement augmenter dès le 1er janvier 2018 la fiscalité des deux types de carburants… et vous commencez à avoir de quoi remplir un tombereau de carabistouilles de campagne électorale.

Mais, bien sûr, ces hausses d’impôts frapperont l’ensemble de la population, peu importe que vous soyez un politicien ou un contribuable lambda.

A moins qu’Arnaud Montebourg et ses confrères ne prennent le volant que lorsqu’il s’agit de faire de la communication, par exemple pour mieux convaincre les électeurs que le gouvernement se démène en vue de mener à bien le « redressement productif » de la France.

bfm arnaud montebourg video

Il est vrai que des impôts sont nécessaires… surtout si l’on veut continuer à gaspiller de l’argent public.

Gabegie : l’ »argent public », dépensé avec toujours plus de parcimonie

Le 6 décembre dernier, Edouard Philippe a profité de votre argent pour s’offrir un vol privé dont le coût est estimé entre 350 000 et 480 000 €. « Au cas où vous ne seriez pas au courant, ‘vol’ ne signifie pas ‘larcin’ mais un trajet en avion entre Tokyo et Paris », comme l’a précisé Simone Wapler.

Peut-être l’avion privé utilisé par le Premier ministre disposait-il d’une technologie permettant de « réduire massivement la pollution liée aux particules fines », comme le voudrait notre bon président. Et puis, sans doute, Edouard Philippe devait-il se rendre à une réunion urgente du type colloque sur le manspreading avec Marlène Schiappa… Je préfère ne pas creuser le sujet de peur d’être déçu ou agacé. D’ailleurs, pour vous parler franchement, j’en viens parfois même à me demander s’il ne faudrait pas que je m’offre quelques séances de méditation afin de pouvoir continuer à rédiger cette chronique dans de bonnes conditions.

Le problème, c’est qu’il faudrait que j’abonde de ma poche et qu’au prix de la séance avec un coach privé, je préfère pour le moment m’en passer… Heureusement, un espoir se fait jour : me faire élire député !

des députés veulent lancer des séances de meditation a l'assemblée

La Croix rapporte les propos du député LREM Pacôme Rupin :

 « La méditation est recommandée pour les responsables politiques. […] Un travail sur notre intériorité peut nous aider à prendre du recul et à mieux gérer des situations tendues. »

Après tout, les contribuables britanniques offrent ce type de prestation à leurs parlementaires depuis 2004, alors pourquoi nos représentants n’y auraient-ils pas droit eux aussi, surtout si cela leur permet d’être moins stressés dans leur activité professionnelle ?

A propos de vos élus à l’Assemblée, j’espère que vous avez pensé à leur envoyer un message de soutien après la réforme de leurs frais d’obsèques, et de ce ceux des membres de leur famille.

img 5

Le plus croustillant, c’est que nos élus croulent à ce point sous les privilèges que Le Figaro précise qu’il s’agit d’ »un avantage parlementaire peu connu du grand public et parfois des députés et sénateurs eux-mêmes » !

Car cette allocation funéraire n’est pas spécifique aux députés. Prévue par les règlements des deux chambres parlementaires, elle couvre le décès des députés et des sénateurs qui viendraient à trépasser au cours de leur mandat… ou après celui-ci… ainsi que le décès de leur conjoint… et de leurs enfants à charge.

Le 14 mars, le bureau de l’Assemblée nationale a décidé de réduire le montant de cette allocation funéraire. Son homologue au Palais du Luxembourg n’a pas réagi à ce jour.

Espérons au moins que si elles sont décidées, les séances de méditation à venir permettront à nos députés de mourir détendus et l’esprit libre.

Parenthèse : si vous trouvez que ces mesures relèvent du gaspillage, sachez que Jacques Attali risque de hurler à l’amalgame. L’ancien conseiller d’Etat considère en effet que le gaspillage, c’est avant tout quand l’être humain quitte la planète bleue pour aller voir ce qui se passe un peu plus loin que chez lui…

tweet jacques attali

Au final, en dépit du fait que nos dirigeants et nos élus se servent de votre argent comme s’ils tapaient dans un bol de punch à la garden party de l’Elysée, ils ne parviennent pas à dépenser autant qu’il le faudrait pour que la France maintienne son rang dans la compétition internationale de jetée d’argent par les fenêtres.

Comme les recettes fiscales de 2017 sont supérieures à ce qui avait été prévu – quoi qu’insuffisantes pour couvrir les dépenses de l’Etat – il s’est naturellement trouvé des députés de la majorité pour demander au gouvernement de redistribuer cette « cagnotte fiscale ».

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Même si le président et le gouvernement ont une fâcheuse tendance à confondre baisse des dépenses et ralentissement de leur hausse, l’exécutif a heureusement coupé court aux aspirations de ces apprentis pyromanes. A l’Elysée et à Matignon, l’heure est plutôt à l’innovation fiscale et sociale, comme nous le verrons très bientôt.

 

sur le web  http://la-chronique-agora.com/de-leur-voiture-a-leur-cercueil-nos-elus-vous-saluent-bien/

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Déclaration d’impôts : quand l’impôt sur le revenu s’emballe Par Guillaume Mériat.

Les réductions d’impôt sur le revenu pour les bas salaires ont un effet pervers ; elles entraînent des taux marginaux d’imposition très élevés au niveau du salaire médian français, qui pourraient créer une trappe à pauvreté.
Il est venu le temps de la déclaration d’impôts ! À la manière d’un jeu de rôle particulièrement aride, il s’agit de remplir de nombreuses petites cases afin d’avoir le droit de jouer à une roulette russe tout à fait désagréable. Paierai-je ? Ne paierai-je pas ?

Il faut dire que le calcul de l’impôt sur le revenu est éminemment complexe, même lorsqu’on déclare un simple salaire. Le politique ne pouvait se satisfaire d’un taux d’imposition unique appliqué sur tous les revenus ; il a donc créé l’impôt progressif. En substance, il s’agit de dire que le millième euro de revenu est plus utile que le cent-millième. Il est donc légitime de taxer davantage le cent-millième euro (par exemple à 40%, en en prélevant 40cts) que le millième euro (que l’on taxera à 0%).

LE PROBLÈME DE L’IMPÔT PROGRESSIF

La critique libérale de cet impôt progressif, en matière morale, économique, ou de choix publics, est bien connue et nous n’y reviendrons pas. Le profil des taux d’impositions marginaux qui apparaît dans les communications publiques est le suivant :

Le taux marginal croît avec les revenus. Comme dirait Caius Saugrenus, si toi y en a gagner plus, toi y en a payer beaucoup plus plus.

Malheureusement, nos hommes politiques ne pouvaient se satisfaire d’une idée aussi vieillotte, que Marx et Engels défendaient déjà en leur temps. Il fallait ajouter des bidouilles sur les bidouilles. L’article 197 du Code général des impôts introduit ainsi deux mécanismes de diminution de l’impôt au niveau du salaire médian (oui, deux !) : la décote et la réduction sous conditions de revenus. Passons sur les formules nées dans l’esprit malade d’inspecteurs des finances, le BoFiP présente des travaux pratiques.

Ces réductions vont avoir pour effet de modifier les taux marginaux d’imposition. Imaginons une tranche d’imposition à 10% entre 10 000 € et 20 000 €. À 10 000 €, l’impôt sera de 0 €. À 14 000 € de 400 € et à 15 000 €, de 500 €. Maintenant, mettons en place une réduction de 200 € pour tous ceux qui gagnent en dessous de 15 000 €. À 14 000 €, l’impôt sera de 200 € au lieu de 400 €, à 15 000 €, il sera de 500 €. Les 1 000 € entre 14 000 € et 15 000 € seront donc imposés avec un taux marginal réel de 30% ( [500 € – 200 €] / [1000 €] = 30%) ! Les calculs pour la décote et la réduction d’impôt sont un brin plus complexes, dans la mesure où ils essaient d’amortir certains effets pervers. En effet, entre 14 990 € et 15 000 €, dans ce modèle simplifié, le taux marginal serait de :  [500 € – (499 € – 200 €)] / [10 €] = 2010 %. Il existe donc des lissages pour atténuer la magnitude de ces effets de seuil.

Caius Saugrenus dirait que plus toi y en a gagner plus, plus toi y en a payer plus plus sauf si toi gagner un peu moins alors toi payer rien mais si un peu plus alors toi payer plus plus mais tout de même moins.

Pour un célibataire, les taux marginaux d’imposition auront cette allure (en vert, les taux marginaux légaux affichés en fonction du revenu – 14% et 30% ; en rouge les taux marginaux après décote et réduction ; en bleu le salaire médian dans le privé en France).

TRAPPE À PAUVRETÉ

Ainsi, le taux marginal autour du salaire médian, pour un célibataire, se situera donc entre 30% et 40%. Un euro de revenu net en plus entraînera 30 à 40 centimes d’impôts en plus. En fait, quand vous êtes célibataire au salaire médian, si votre patron vous annonce 1 € d’augmentation, vous en retrouverez quelque chose comme 75 cts en net ; après impôt sur le revenu, il vous restera environ 50 cts. Une drôle de tête de trappe à pauvreté (on parle de l’impôt au niveau du salaire médian !).

In fine, le taux d’imposition global aura cette allure :

Afin de faire sortir de l’impôt sur le revenu ceux qui déclarent moins de 16 000 €, sans que ceux qui déclarent au-dessus de 23 000 € ne bénéficient de réduction, les taux marginaux entre 16 000 € et 23 000 € sont très élevés. Par là-même, la justification originale de l’impôt progressif à partir de l’utilité n’est plus applicable à l’impôt sur le revenu tel qu’il existe aujourd’hui en France.

Bien évidemment, cette même trappe existe pour les familles, avec un décalage du fait du quotient familial. Par exemple, un couple avec deux enfants déclarant 50 000 € de revenu (2 083 € par mois par adulte) paiera 1 517 € d’impôts ; le même couple déclarant 53 000 € (2 208€ par mois par adulte) paiera 2 391 € d’impôts. 6 % d’augmentation durement gagnée entraînent une augmentation des impôts de 58 %.

 

sur le web:  https://www.contrepoints.org/2018/06/07/317662-declaration-dimpots-quand-limpot-sur-le-revenu-semballe

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Les nababs de l’Assemblée nationale par Jean Nouailhac

On croyait avoir tout vu avec les gros salaires et les primes illégales de Bercy, mais il y a encore pire chez les hauts fonctionnaires de l’Assemblée !

L'Assemblée nationale regorge de fonctionnaires très privilégiés...
L’Assemblée nationale regorge de fonctionnaires très privilégiés…

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Plaidoyer en faveur de l’évasion fiscale Par Guillaume Maquinay.

Evasion fiscale : si l’État est incapable d’équilibrer ses comptes et gérer ses deniers, pourquoi devrions-nous participer au gâchis national et entretenir un appareil d’État qui continue à dépenser sans compter ?
On entend dans les médias ce refrain à l’envi : l’évasion fiscale représenterait un manque à gagner pour la France de 200 milliards d’euros par an. Ce montant, repris par de nombreux politiques est alors interprété comme un détournement, voire un vol organisé. Le martèlement opéré sur la population est sans appel : il faut absolument faire la chasse à l’évasion fiscale, que justice soit faite !

Tout d’abord méfions nous des chiffres ronds et des grandes statistiques, surtout lorsqu’ils sont repris par des populistes (j’entends par là les mouvements d’extrême gauche et d’extrême droite) et tentons d’y voir plus clair sur l’évasion fiscale en France. C’est un terme extrêmement vaste qu’il est nécessaire de séparer en plusieurs catégories.

Les niches fiscales sont assimilées à de la défiscalisation sur les revenus individuels ou les patrimoines, et sont présentées comme un manque à gagner conséquent pour l’état (52 milliards). Les gros titres (d’une presse engagée) rappellent les combines dont usent les riches pour devenir encore plus riches et se soustraire à l’impôt. Or il existe une multitude de niches fiscales, certaines étant parfois difficiles à justifier. Ainsi on apprendra avec surprise que les journalistes eux-mêmes bénéficient d’un abattement fiscal de leur impôt sur le revenu, par conséquent ils sont la propre cible de ce qu’ils dénoncent. Idem pour les politiques. Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même ?

RATIONALISER SES CHOIX
La réalité sur les niches fiscales est que l’individu va rationaliser ses choix vers ceux qui sont économiquement les plus avantageux, peu importe ses convictions politiques. Dès lors chacun essaie de tirer le maximum d’avantages des lois, des aides, des déductions qui s’offrent à lui.

On ne parle pas beaucoup des niches sociales, qui sont pourtant de la couverture fiscale et dont le caractère abusif est beaucoup moins dénoncé car politiquement et socialement incorrect. Qui ose vraiment s’attaquer à la fraude à la Sécurité sociale ? On tend aussi à comparer fraude fiscale et sociale alors qu’ils sont éloignés : la fraude fiscale vise à se soustraire en tout ou partie à l’imposition, alors que la fraude à la Sécurité sociale vise à s’approprier des aides et des revenus de manière illégale (ce qui est plus grave).

Le second constat qui vient à l’esprit est que si l’on parle de paradis fiscal c’est que lexicalement on doit pouvoir lui opposer son contraire, c’est-à-dire un enfer fiscal. Cherchez du regard, vous y êtes probablement : la France est un enfer fiscal. Vouloir échapper à l’enfer est bien naturel. Plutôt que de s’interroger sur les véritables raisons de la fuite, on préfère dénoncer le procédé.

LE PARADIS FISCAL RÊVÉ
Dans l’esprit de nos concitoyens, cet argent fuit dans un paradis et dort sur un compte bancaire à l’abri des regards et des impôts. C’est grossièrement l’image du riche qui dort sur ses lingots. Or cet argent pour peu qu’il soit sur un compte est déjà réinvesti et injecté dans la masse monétaire ; en effet le montant affiché sur votre compte de dépôt représente seulement le droit que la banque vous octroie de disposer de cette partie de ses fonds propres.

En d’autres termes, l’argent ne dort jamais et celui de l’évasion fiscale travaille aussi, crée des emplois dans le secteur du luxe, de l’industrie, du bâtiment, sert de venture capital, génère des services bancaires, produit indirectement des impôts etc. ET est rapatrié sous diverses formes dans son pays d’origine. Pour avoir travaillé dans les fonds d’investissements situés dans des paradis fiscaux, je peux vous l’affirmer, le circuit forme bien une boucle.

Troisième constat, on est en droit de s’interroger sur l’appropriation abusive qui est faite de la création de richesse en France. Le système d’imposition moyenâgeux vise à faire confisquer par l’État (le grand seigneur) une partie des revenus redistribuée sous une forme qui nous échappe d’un point de vue démocratique, vu que le contribuable n’a aucune décision sur l’allocation qui est faite de ses impôts.

Pis, Milton Friedman avait montré qu’une partie non négligeable de la redistribution des revenus de l’imposition était avant tout d’ordre politique (notamment les aides en tout genre de type HLM, pensions, minimas sociaux, allocations etc) c’est-à-dire qu’elles visaient à « acheter » des voix et donc à maintenir en place la caste politique au détriment du bon usage de ces impôts. C’est encore plus flagrant à un échelon local.

S’évader fiscalement reviendrait à faire de la résistance contre ce système de démagogie fiscale.

Côté libéral l’évasion fiscale pose un problème moral : la fuite des revenus de l’imposition fait peser sur les contribuables lambda une charge plus importante que ceux qui arrivent à s’exiler, c’est donc un procédé injuste. Si l’on pousse la réflexion plus loin, il y a cependant à parier que les individus qui s’exilent fiscalement ne bénéficient pas d’aides, ou en tout cas qu’ils donnent bien plus que ce qu’ils ne reçoivent. La situation inverse – bénéficier de nombreuses aides et s’exiler fiscalement est, elle, proprement immorale, c’est vers ce cas de figure qu’il faut sanctionner.

Le deuxième problème est la liberté de circulation des capitaux contre la loi en vigueur : dans la grande majorité surtout lorsqu’elles concernent des entreprises, ces fuites fiscales sont légales, même si elles ne sont pas morales.

Si l’État est incapable d’équilibrer ses comptes et gérer ses deniers, pourquoi devrions-nous participer au gâchis national et entretenir un appareil d’État qui lui continue à vivre dans une folie dépensière tout en maintenant un train de vie somptueux ?

Dans le prochain volet je propose de vous parler des vilaines entreprises qui décident de ne pas payer leurs impôts en France.

 

Sur le Web:  https://www.contrepoints.org/2018/05/26/316755-plaidoyer-en-faveur-de-levasion-fiscale

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Une irrépressible envie de fiscal

L’été approche et avec lui, cette période intéressante pendant laquelle, alors que les citoyens, les syndicalistes et les contribuables sont partis se dorer la pilule, le gouvernement va tenter de faire passer toutes les petites saloperies, les petits coups tordus, les petites lois assassines que les Français découvriront, effarés, à leur retour.

Alors que l’année passée, le gouvernement fraîchement nommé entendait toiletter vigoureusement le Code du travail (avec finalement un résultat pour le moins pastel) et l’année encore précédente, on sentait surtout un gros désir de sociétal, les options promettent d’être un peu plus étroites cette année.

Il faut dire que, malgré la flamboyante reprise (mais si) et la baisse palpable et durable du chômage (mais si), l’argent ne rentre pas aussi bien et autant que prévu dans les caisses de l’État qui, ne l’oubliez pas, a un très gros appétit.

Ici, point n’est besoin de s’étendre sur les petits dérapages budgétaires des uns ou des autres et soyons magnanimes : il est par exemple difficile pour nos députés d’être à la fois hyper-pointus dans leurs textes de lois, généralement si bien ficelés, et au top sur la gestion des finances de leur Assemblée. Compte tenu du rythme de galérien auquel ils sont astreints pour réformer la France « dans des proportions jamais vues » (puisqu’ils vous le disent), il était inévitable que le budget de fonctionnement de l’Assemblée dérape de 20 millions d’euros (une broutille), qui seront épongés en tapant dans la « réserve » (qui reste, quoi qu’on puisse dire, les poches du contribuables puisque c’est de là que l’argent provient toujours).

Et si l’on ne se penche donc pas trop sur les petites sorties de routes ici ou là, il reste néanmoins quelques soucis de trésorerie plus généraux à régler.

Eh oui : malgré toute cette flamboyance en pack de douze et ce spectaculaire en shrink-wrap, il faudra bien continuer à ne pas entretenir les routes départementales trouées, y disposer de jolis panneaux « 80 » tout neufs acoquinés à de tout nouveaux radars mobiles, à ne pas renouveler les matériels antédiluviens de l’armée, à distribuer des prébendes et de l’argent frais aux myriades d’associations lucratives sans but qui tètent vigoureusement aux généreuses mamelles républicaines, à produire de la culture française comme on débite de la saucisse industrielle et à éponger les dettes de toutes ces entreprises publiques, para-publiques, EPIC et colégram autres dont le service au public se résume essentiellement à une longue suite d’emmerdes gluantes.

Or, tout ça voyez-vous, ça coûte un fric fou !

Et dernièrement, il a circulé plusieurs informations cocasses qui pourraient introduire une insolente dose d’optimisme chez les Français. Il importe donc de remettre un peu les pendules à l’heure.

D’une part, le prélèvement à la source est toujours d’actualité.

Non, l’idée complètement idiote de Hollande et sa brochette de clowns à roulettes n’a pas été abandonnée et, pire encore alors que Macron avait toute latitude pour envoyer tout ce projet stupide aux oubliettes, le gouvernement actuel a continué sur la même lancée.

Certes, l’aspect désopilant des explications et des tentatives de camouflage qui entourent le projet n’échappera à personne. D’un tweet à l’autre, le comique de répétition s’installe même avec réjouissance.

Amélie de Montchalin

@AdeMontchalin

« L’objectif du prélèvement à la source c’est que le travail paye : désormais un euro gagné est un euro gagné et on n’aura plus besoin d’épargner pour payer ses impôts » @Europe1

Cependant, les dégâts que causeront immanquablement les dizaines de milliers de ratés et les erreurs sur les centaines de milliers de cas particuliers ingérables ne pourront probablement pas être versés au crédit du gouvernement ou de son budget. On peut d’ores et déjà s’attendre à de nouveaux moments de panique budgétaire dans les mois qui suivront la mise en place de l’usine à gaz.

D’autre part, si certains naïfs croyaient bêtement que la taxe d’habitation allait disparaître, ils en seront pour leurs frais.

Je l’avais largement expliqué dans un précédent billet et comme prévu, alors que cet impôt s’éteint doucement, une surtaxe s’éveille. De surcroît, foin de s’éteindre, il est déjà question de remettre en cause la fameuse (fumeuse ?) disparition : c’est bien joli de supprimer cette taxe d’habitation, mais ce serait sans compter sur Super-Bruno, le héros de la Justice Sociale en lycra moulant qui se chargera de rappeler que pour ceux qui ont aussi une habitation secondaire, ce serait vraiment trop injuste qu’ils en soient subitement exonérés : ♩ l’égalité en droit pour tous ♫, sauf les riches ♬, faut pas déconner ♪.

La suppression oui, mais pour tout le monde, non.

Il faut dire que cette suppression pourrait entraîner un manque-à-gagner™ de plus de 24 milliards d’euros. Et par les temps qui courent, avec 24 milliards d’euros, on peut en financer, des radars routiers pour ralentir les voitures, des avions qui ne volent pas et des trains qui ne roulent plus !

Malheureusement, même avec ces petits milliards ici ou là, ces petits arrangements ne suffiront pas pour aider à conserver le train de vie de l’État : miracle des miracles, les dirigeants commencent à comprendre que l’augmentation d’impôts tous azimuts ne peut plus être une réponse à tous leurs désirs humides de projets pharaoniques, de réformes minimales sur fond de communication luxueuse et de conservation des prébendes et autres fromages gras de la République.

Oui, vous l’avez compris : à côté du volet « recette » qu’ils s’emploient pourtant à conserver obèse, ils s’attaquent miraculeusement au volet « dépense ».

C’est d’ailleurs saisie d’un effroi d’ampleur biblique que la presse subventionnée nous relate cette nouveauté et commence l’exténuante description de ce qui pourrait advenir si jamais cette pente infâme était poursuivie : « le musée des horreurs » (ces mesures que personne ne veut prendre – sans blague !) vient de rouvrir et ce seraient certaines prestations sociales qui en feraient les frais…

Eh oui : il semble qu’après 50 années d’ouverture des vannes à argent public, après un demi-siècle de distributions tous azimuts, après des décennies à acheter une paix sociale en donnant à Paul l’argent pris de force à Pierre puis à ponctionner Paul pour en redonner une petite part à Pierre pour mieux le taxer ensuite, après des années à éparpiller de la richesse produite aux quatre vents des lubies sociales, politiques et économiques à la mode du moment, il soit arrivé ce moment tant redouté où l’argent gratuit des autres devient si difficile à trouver qu’il faille enfin réduire la voilure, fermer quelques robinets, assécher quelques sprinklers et couper quelques petits tuyaux d’arrosage.

Ouf. Il était temps, pourrait-on croire.

Hélas.

Parallèlement, tout indique que l’esprit français, énarque même, de nos politiciens n’a, malheureusement, pas bougé d’un iota.

À la complète incertitude fiscale qui se dessine encore une fois, tant au niveau des entreprises qui vont devoir composer avec le prélèvement à la source et les nouvelles lignes (et les polices de caractère plus épaisses) sur les feuilles de paie, qu’au niveau des particuliers qui ne sauront pas avant un moment s’ils vont devoir payer ou non cette taxe d’habitation qui a disparu mais oui mais non mais peut-être, il faut ajouter cette compulsion invraisemblable de nos dirigeants à vouloir absolument régenter, réguler et foutre les doigts de l’État partout où ils le peuvent et où il n’a rien à faire :

Edouard Philippe

@EPhilippePM

Dans le code civil, nous allons introduire noir sur blanc la considération des enjeux sociétaux et environnementaux dans la définition de l’entreprise.

Oui : pendant que les entreprises et les particuliers vont se débattre dans un océan d’emmerdes administratives supplémentaires, le gouvernement par la voix de son Premier ministre semble fermement décidé à en ajouter une couche.

Oui, ce pays est foutu. Mais ce qui ruinera définitivement le pays n’est pas, comme on pourrait le penser, ses syndicats fossiles, son administration pléthorique ou la mentalité de rond-de-cuir gauchiste qui a maintenant diffusé partout dans la société française, non. Ce qui ruinera définitivement le pays, ce seront ses politiciens qui, n’arrêtant pas d’ajouter du malheur au malheur, des lois aux lois et de changer de pied pour danser, finiront par rendre toute initiative impossible.

Immobile, le pays pétrifié sera enfin pacifié de l’intérieur.

Sur le Web:   http://h16free.com/2018/05/21/61009-une-irrepressible-envie-de-fiscal

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Réduire la dépense publique : des pays l’ont fait ! Par Yves Buchsenschutz,

Contrairement à ce que l’on pourrait croire et comme nous allons le montrer, il est extrêmement simple de réduire la dépense publique.

On sait aujourd’hui par les études de l’iFRAP que le taux de prélèvements sur le secteur marchand est de 70% de la richesse produite, et que le nombre de fonctionnaires par habitant en France est parmi les plus élevés d’Europe. Ainsi en France le secteur public distribue gratuitement ou quasiment à la population [1] un certain nombre de biens, de prestations et de services qui sont de fait financés par des prélèvements soit sur les entreprises, soit sur les contribuables de toutes sortes, sous forme d’impôts, de taxes ou de cotisations. Le résultat global est une asphyxie progressive des entreprises qui perdent chaque jour en compétitivité (en particulier sur le plan international) et un exil perlé des contribuables les plus importants, lesquels sont également les investisseurs créateurs d’entreprises potentiels.

Cet effet de ciseaux, augmentation continue des dépenses publiques, diminution des contributions potentielles des entreprises et des assujettis, devrait aboutir logiquement à une paralysie globale du système. Tous les pays du monde, au moins ceux de l’OCDE, ont compris cette mécanique et ont appris à maîtriser ce glissement depuis le pic de « welfare state » de 1995 et la crise de 2008, sauf la France. [2]

Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est comment en sortir ? Tous les pays, la Suède ex-champion du monde du secteur public avant la France y compris, ont résolu le problème en figeant strictement les dépenses dans un univers en croissance. Cela signifiait des recettes supplémentaires à dépense constante, donc progressivement une baisse du poids relatif de l’Etat. Le Royaume-Uni et le Canada, eux, ont agi à la fois sur la croissance des recettes et la baisse des dépenses en valeur absolue, c’est-à-dire ont dégagé l’État d’un certain nombre de domaines. Ainsi la France devrait elle aussi amorcer la pompe : a minima geler les dépenses ! et injecter de l’espoir et de la confiance.

Que pouvons-nous observer depuis l’entrée en fonction de notre président il y a un an ? Une attitude et un climat délibérément optimistes, lesquels ont eu un effet psychologique positif sur les créateurs de richesse et les entreprises. La transformation de l’ISF en IFI, ainsi que l’instauration d’un taux unique de 30% sur les plus-values et les dividendes ont crédibilisé cette volonté d’avancer. L’accumulation des autres projets de réformes a également donné l’impression que quelque chose avait changé. Mais l’effort de la France semble s’arrêter là.

En effet, entre les projets et la réalisation finale, l’écart s’est le plus souvent révélé béant. Un seul exemple : Notre-Dame des Landes ! Que l’État français se contente en définitive de la vague signature de trois barbus et deux égéries pour leur faire cadeau, non seulement d’un projet d’aéroport à 1 milliard d’euros, mais au bout du compte également de la propriété d’un domaine public, voire pire, expropriés à d’autres citoyens, peut rendre perplexe sur notre interprétation de la notion d’égalité et de démocratie.

Et de ce point de vue, les Français voudraient voir des résultats plutôt que des explications.

Ceci sans compter un certain nombre de dossiers plus ou moins discrets qui donnent l’impression de vouloir reprendre d’une main ce que l’on a donné de l’autre : nous rangeons volontiers dans cette catégorie :
 l’augmentation des taxes sur l’essence ; 
 la nouvelle limitation à 80 kilomètres/heure ;
 le prélèvement à la source « délégué » aux entreprises ;
 les déclarations, payantes, de l’actionnaire majoritaire dans une entreprise ;
 l’augmentation des PV ;
 l’augmentation non compensée de la CSG pour les retraités ; 
 la taxe d’habitation des résidences secondaires ;
 la visite de sécurité renforcée des véhicules ;
 etc.

Ce n’est certainement pas comme cela qu’on va y arriver !

Pour résoudre une crise des ciseaux de ce type il n’y a pas trente-six solutions : la première mesure à prendre et au demeurant la plus puissante est d’améliorer les recettes à pression fiscale constante… c’est possible. L’entreprise (et le contribuable investisseur) se mettront davantage en marche s’ils constatent que la machine à prélever est stoppée. De plus, si l’État veut que les entreprises prélèvent l’impôt à sa place, alors il doit compenser cette prestation effectuée par les entreprises. Concrètement, cela veut dire améliorer leur financement, mais aussi les accompagner dans l’innovation, le développement, l’amélioration des marges, et l’exportation. L’augmentation des recettes fiscales viendra, naturellement, du développement de l’activité des entreprises. [3]

De l’autre côté, il faut, à défaut de les faire baisser, au minimum bloquer totalement en euros courants la croissance des dépenses. Si l’inflation est de 1,5% par exemple, il faut, a minima, demander à chaque responsable de budget public de faire un effort de productivité du même montant pour obtenir une production identique avec un peu moins d’argent ou de moyens l’année suivante. Et ceci pendant plusieurs années de suite. L’objectif standard d’un consultant qui arrive dans une société qui n’a pas été examinée depuis longtemps, est une augmentation de productivité d’environ 20% ! Par ailleurs, dans les sociétés normalement gérées, l’effort de productivité annuel demandé à l’organisation globale est le plus souvent fixé aux alentours de 3%. La réserve de progrès accumulée par le fonctionnement public, faute d’efforts, de remise en cause et surtout de concurrence, n’a aucune raison d’être différente.

Une autre fuite, plus subtile, est à tarir : l’État ne cesse de légiférer et de décréter, ce qui se traduit en général par de nouvelles contraintes financières ou règlementaires sur les entreprises ou sur les contribuables. Arrêtons cela, ou alors exigeons que toute nouvelle disposition soit compensée par une baisse des contraintes par ailleurs. [4] L’enfer est pavé de bonnes intentions.

L’amélioration du niveau de vie de chacun vient d’abord de la croissance continue de la productivité : si les agents publics ne sont pas capables ou refusent de faire leur part de cette remise en cause permanente, dérangeante il est vrai, alors il faut envisager sérieusement d’exclure ces agents du bénéfice de l’amélioration du niveau de vie ! Monsieur Macron devrait rouler en carrosse. [5]


[1Et ceci très largement : la mairie de Paris annonce sans vergogne que 85 % des Parisiens sont éligibles à une aide au logement, mais ne le savent pas !

[2A ce sujet, lire l’article d’Olivier Maurice paru le 21 avril dans Contrepoints « la France est un pays socialiste : la preuve par les chiffres »

[3Cela a déjà été constaté sur la fin 2017.

[4Cette disposition en principe existe déjà mais il faudrait la faire fonctionner réellement, voire la compléter.

[5Toute ressemblance avec la position de Monsieur Martinez, responsable de la CGT-SNCF serait purement fortuite.

Sur le Web:   https://entrepreneurs-pour-la-france.org/Edito/article/Reduire-la-depense-publique-des-pays-l-ont-fait

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Le match France-Allemagne : ça s’aggrave ! PAR JEAN NOUAILHAC

En matière de compétitivité, de déficits et de dettes, l’écart continue de se creuser entre les deux pays voisins. Et, en plus, le pire vient d’arriver.

Le match France-Allemagne tourne de plus en plus à l'avantage de nos voisins...
Le match France-Allemagne tourne de plus en plus à l’avantage de nos voisins…

Il s’est passé beaucoup de choses durant la semaine écoulée avec ses deux ponts : usant à plein du système ubuesque des RTT, les Français se sont reposés, tandis que leur président s’est efforcé de convaincre en Allemagne une chancelière réticente, du haut de sa tour d’ivoire, à distribuer à ses voisins des étages inférieurs, dits du « Club Med », les surplus de son économie. Il s’est même permis, l’insolent, de critiquer, en public et en sa présence, son « fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux ». Une séquence inattendue dont le côté cocasse n’a échappé à personne en Europe. Le coq gaulois cherchant à donner des leçons de générosité et de bonne gestion au berger allemand, c’était d’évidence un peu osé !
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Le prélèvement à la source, stade suprême de l’oppression fiscale par Erwan Le Noan

Dans un pays où les dépenses publiques atteignent le niveau record de 53,9 % du PIB en 2017, il est remarquable que cette ponction massive de richesse par les collectivités publiques se passe sans heurt. Cette capacité à porter atteinte au droit de propriété, de façon semi-consentie, illustre l’efficacité de l’administration qui a su développer les instruments pour collecter efficacement l’argent dont elle souhaite disposer. Dernière invention en date : le prélèvement à la source.

D’après Gérald Darmanin, il s’agirait d’ « une vraie simplification ». Le ministre du budget ajoute : « tout le monde y gagne ». Il aurait dû ajouter : « surtout l’Etat ».

Pour les services fiscaux, les avantages sont évidents. L’argent rentrera plus rapidement, plus facilement. L’Etat réalisera des économies (mais aucun poste ne sera supprimé…). Demain, il pourra même faire varier les taux sans que le contribuable ne s’en aperçoive trop !

Agents de l’administration fiscale. Pour le contribuable, justement, c’est une autre histoire. D’abord, il verra sa feuille de paie baisser. Ensuite, il n’échappera pas à la contrainte de la déclaration de revenus. Enfin, dès lors qu’il bénéficie d’une exonération (don, services à la personne…), il se trouvera visiblement dans la situation de devoir payer à taux plein pour n’être remboursé que de longs mois plus tard.

Quant aux entreprises, les voici transformées en agents de l’administration fiscale : demain, ce sont elles qui devront prélever l’impôt de leurs salariés et répondre aux multiples questions légitimes qu’ils auront face à ce mécanisme complexe.

Avec le prélèvement à la source, la société est mise au service de l’administration : c’est un extraordinaire outil d’externalisation de la complexité sur les contribuables. Une démocratie moderne devrait être inversée, l’Etat fonctionnant comme une plateforme de services, dont la vitrine simple et fluide cache un dédale de démarches compliquées, au service des citoyens.

L’Etat contemporain s’est mué en une extraordinaire machinerie dont le but est de prélever efficacement le maximum de ressources sur la société

Régression de la sphère privée. Le prélèvement à la source est ensuite une nouvelle illustration de la façon dont l’Etat fiscal marque un recul lent et inexorable de la liberté. En premier lieu, à travers une régression de la sphère privée. Lorsqu’on lui présenta le projet d’impôt sur le revenu, au tournant du XXe siècle, le Parlement s’offusqua : aller chercher dans les revenus des contribuables était une intolérable atteinte à leur intimité ! Aujourd’hui, les salariés verront leur taux d’imposition généralement révélé à leur employeur, dévoilant des informations jusque-là inconnues de lui. Quant à l’Etat, il continue de collecter, centraliser et accumuler toujours plus de données sur les citoyens…

En second lieu, à travers une progression du contrôle social, au nom de l’efficacité. Les exemples abondent : pourquoi faire la chasse aux particuliers qui partagent occasionnellement leur voiture ou leur logement, si ce n’est pour mieux les taxer ? Est-ce un hasard si, lorsqu’il pense régulation des GAFA, Bruno Le Maire ne parle que de la façon dont il pourra les taxer plus ? Le prélèvement à la source s’inscrit dans cette logique : l’Etat contemporain s’est mué en une extraordinaire machinerie dont le but est de prélever efficacement le maximum de ressources sur la société, sans qu’il soit certain que les prestations fournies en contrepartie soient réellement à la hauteur…Un seul chiffre pour l’illustrer : le taux de chômage des jeunes est supérieur à 15 % depuis 1982 (sauf un trimestre en 1989).

Sur le web   https://www.lopinion.fr/edition/economie/prelevement-a-source-stade-supreme-l-oppression-fiscale-erwan-noan-149450

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