Les pratiques et coutumes dignes de l’ex-royauté sont toujours bien françaises. Qui s’en insurgent? Les médias? Tout est passé sous un discret silence complice. Perso, je ne veux pas que mes impôts servent à leur « bulle », et vous? Merci à Richard Armenante pour cette petite vidéo…
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La France est pour l’heure le pays affichant la plus importante récession économique au monde dans le contexte de la crise du Covid-19. Une crise qui a exacerbé les faiblesses structurelles du pays, notamment quant à l’hypertrophie de l’État. Une situation sur laquelle Charles Gave, président de l’Institut des Libertés, revient pour Sputnik.
«Les crises, ça sert à séparer le bon grain de l’ivraie. La France est en train de montrer qu’elle est incapable de prendre une crise, puisque c’est elle qui ramasse le plus.»
Le Covid-19 sera-t-il à l’administration française ce que fut aux dinosaures l’astéroïde qui percuta la péninsule du Yucatán, il y a 66 millions d’années?
Pour l’économiste et financier Charles Gave, président de l’Institut des Libertés, un think tank libéral, le constat est sans appel: en étant la championne du monde de la récession dès le 1er trimestre (où on ne comptait que deux semaines de confinement), la France prouve à l’occasion de cet épisode économique «de nature darwinienne» que son mode de fonctionnement n’est plus en phase avec la marche du monde.En effet, si les regards se tournent vers l’Allemagne, depuis que Berlin a officialisé le 15 mai être en récession «technique», après deux trimestres consécutifs de contraction du PIB (-0,1% au quatrième trimestre 2019 et -2,2% au premier trimestre 2020), la France fait, avec un PIB en chute libre de 5,8% pour le seul premier trimestre, nettement pire que tous ses partenaires européens et même du monde.
Pour autant, du côté français, on relativise. Il est «trop tôt pour établir des comparaisons sérieuses entre les pays», déclarait récemment Jean-Luc Tavernier au Figaro. Selon le directeur général de l’INSEE, l’impressionnant écart de performances économiques entre la France et ses partenaires européens s’expliquerait par les disparités de méthodes employées par les instituts nationaux pour leurs extrapolations.
Ainsi, pour le haut fonctionnaire, «les révisions s’annoncent très fortes» et les chiffres pourraient ainsi à terme s’avérer comparativement plus cléments pour l’Hexagone.
Toujours dans l’optique de comprendre ce singularisme tricolore, le Figaro souligne également les «conditions très rigoureuses du confinement français». Les Espagnols, présentés comme «les plus confinés d’Europe», affichent pourtant un décrochage de leur PIB moins important que celui de la France (-5,2%). Autres points qui justifient le désarroi économique français, un modèle trop axé sur la consommation ou encore la vulnérabilité causée par sa «spécialisation sectorielle», notamment dans le tourisme, qui pèse pour 7,36% de la richesse nationale en 2018, d’après les chiffres les plus récents (et temporaires) de la Direction générale des entreprises (DGE). Un dernier point plutôt exact, la spécialisation sectorielle étant une réalité pour toutes les économies nationales partageant la monnaie unique.
La France, championne du monde de la bureaucratie?
Toutefois, dans le cas de la France, avec 56% de la richesse nationale générée par l’État lui-même, via 1.318,6 milliards de dépenses publiques en 2018 (selon l’édition 2020 des tableaux de l’économie française de l’INSEE), un simple calcul permet d’établir que le secteur du tourisme représente environ 16,8% de l’activité entrepreneuriale du pays.
Seule une poignée de pays présentent un PIB majoritairement constitué par la dépense publique et la France y tient la première marche du podium. Une hypertrophie de l’État sur laquelle revient l’économiste. Pour Charles Gave, cette disproportion entre le poids du secteur public et celui du secteur privé dans l’économie française souligne cette contraction plus significative de la richesse nationale observée à l’occasion de la crise du Covid-19 d’un jour encore plus sombre:
«Vu qu’il n’y a que la partie “privée” du PIB qui peut baisser […], cela veut dire que la partie “privée” s’est beaucoup plus effondrée. Ce qui veut dire que la partie “privée” du PIB était beaucoup plus fragile en France que dans les autres pays.»
Aux yeux de Charles Gave, un tel effondrement des acteurs économiques privés en France traduit un manque de fonds propres, lui-même dû à une faible rentabilité. «Je crois que la marge brute d’autofinancement des entreprises opérant en France est à peu près la moitié de ce qu’elle est en Allemagne», développe-t-il. Ainsi, peu aptes à faire des profits suffisants pour constituer une marge de sécurité pouvant leur permettre de faire face aux coups durs, les entreprises françaises «ne peuvent pas encaisser le choc» d’une crise telle que celle que le monde traverse actuellement.
Si la charge fiscale en France, la plus forte au monde, apparaît comme une raison assez évidente à cette situation de faiblesse financière des entreprises tricolores, le président de l’Institut des Libertés souligne également le poids important que la bureaucratie fait peser sur les épaules des entrepreneurs tricolores.
«On n’imagine pas à quel point les entreprises et les entrepreneurs français sont absolument étranglés par, certes, le fisc, mais aussi les contraintes administratives, les contraintes réglementaires, les contraintes écologiques, etc. Des amis, petits entrepreneurs, me disent qu’ils passent la moitié de leur temps à remplir des papiers pour l’État, au lieu d’aller chercher des clients et de gagner de l’argent.»
Le nombre de contraintes administratives allant de pair avec la taille de l’entreprise, l’une des conséquences concrètes de cette charge bureaucratique est aux yeux de Charles Gave la réticence de certains patrons à recruter pour ne pas atteindre un seuil qui imposerait de nouvelles contraintes en termes de paperasserie.
Pression fiscale, pression administrative
En comparaison, il évoque la suppression aux États-Unis, par Donald Trump, de centaines de réglementations mises en place par l’administration Obama.
«On pense toujours à la pression fiscale, mais jamais à la pression administrative et réglementaire, qui est gigantesque.» [4: 30] «Comme ils ont du mal à augmenter les impôts, les fonctionnaires –pour s’occuper– [créent, ndlr] des réglementations. La France crève de son État, certes, mais les entrepreneurs crèvent aussi d’un manque de liberté.»
Une situation française d’autant plus inextricable qu’alors que l’on pourrait s’attendre à ce qu’un État aussi lourd soit un État fort, ce dernier s’avère dans les faits moins apte à voler au secours des entreprises affaiblies. En témoignent les chiffres sans appel d’un rapport sénatorial déposé au Palais du Luxembourg le 21 avril et rédigé par Albéric de Montgolfier, sénateur Les Républicains (LR).Ce document de plus de 200 pages souligne, dans un tableau comparatif des mesures financières entreprises par Berlin, Londres et Paris, que la France arrive bonne dernière, avec des mesures de sauvetage de l’économie ne représentant que 2,3% de son PIB, contre 3,9% en Angleterre et 4,9% en Allemagne.
On y constate notamment que les Britanniques, réputés pour leur approche libérale de l’économie, mettent sur la table deux fois d’argent (48 milliards d’euros contre 24 milliards) dans le soutien au chômage partiel des employés. Un ratio qui passe à 4 pour 1 en matière de soutien aux indépendants et aux PME, avec un total de 29 milliards d’euros, là où la France ne mobilise que 7 milliards pour les TPE, qui représentent pourtant 20% des emplois du pays (3 millions d’emplois). Ce n’est pas le moindre paradoxe français et pas le moins destructeur en cette période de crise économique majeure.
Étonnant et « émouvant » article, la semaine dernière, dans Les Echos Start, le site du quotidien Les Echos dédié aux jeunes qui entrent dans la vie active : dans sa rubrique « Travailler mieux », ce qui ne manque pas d’une certaine ironie qui s’ignore, le média lance l’idée que la crise du Coronavirus, en renforçant le rôle de l’État et des collectivités locales, pourrait redonner ses lettres de noblesse à l’ambition de devenir fonctionnaire.
Étonnant, parce qu’avec le recul sur la gestion de l’épidémie dont on dispose maintenant, on n’est pas franchement frappé par l’état de préparation et la réactivité avec lesquels les pouvoirs publics ont abordé la crise sanitaire. On a plutôt le sentiment que les solutions en matière de masques, de gel hydroalcoolique, de respirateurs, de visières etc. sont d’abord venues d’initiatives privées petites ou grandes, même s’il s’est trouvé abondance d’esprits grincheux à droite et à gauche pour y trouver à redire.
Et « émouvant », parce que malgré les lourdeurs bureaucratiques, salariales et managériales dont la liste assortie de multiples exemples constitue quand même la moitié de l’article, les jeunes professionnels interrogés par le journaliste des Échos Start confient tous avoir choisi la voie de la fonction publique « pour se rendre utile ».
On comprend donc que pour eux, l’autre grande forme de travail, à savoir la marchande, c’est-à-dire celle du chiffre d’affaires et du profit, ne permet pas de se rendre utile aux autres et à la société en général.
Pour le dire dans les mots d’Axel, l’un des jeunes en question :
« Je n’avais plus envie de me lever chaque matin en me disant ‘allons faire augmenter un chiffre d’affaires’. »
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Il n’y a évidemment aucun mal à préférer travailler dans la fonction publique et il n’y a évidemment aucun mal à ne pas se sentir fait pour la vente et le commercial, surtout si l’on n’aime pas le produit que l’on doit vendre, comme cela semble avoir été le cas pour Axel.
Mais la formulation du « se lever chaque matin » qui entretient un rapport direct avec le sens qu’on souhaite donner à sa vie laisse poindre une forme de dénigrement moral des activités marchandes qui tombe assez mal quand on sait à quel point la fonction publique est loin d’être ce havre de désintéressement et de dévouement exemplaires fantasmé par l’esprit étatique français.
Si la conscience professionnelle existe et peut pousser parfois à l’excellence, l’absence de mise en concurrence, l’extension bureaucratique permanente ainsi que la sécurité de l’emploi à vie ne sont guère de nature à stimuler l’ardeur au travail :
Effectifs pléthoriques comparativement à nos voisins (5,64 millions d’agents en 2018), absentéisme élevé, laxisme dans les horaires de travail, appropriation des moyens de l’État au profit des petites affaires privées de certains agents, propension aux fiascos informatiques par centaines de millions d’euros, grand n’importe quoi dans la gestion des fonds européens, faible productivité et piètre qualité des services rendus – tout ceci est connu, documenté et mille fois dénoncé dans de multiples rapports qui s’empilent à la Cour des Comptes ou au Sénat.
Tout ceci est connu mais ne compte pas. L’esprit étatique aime d’autant plus à s’octroyer une supériorité morale et une palette infinie d’intentions distinguées en faveur du bien commun et de la justice sociale qu’elles lui permettent de mettre ses politiques à l’abri de toute critique, quels que soient les résultats, puisque finalement, de façon assez pratique pour les hommes de gouvernement, c’est l’intention qui compte.
Une intention naturellement généreuse du côté de l’État qui a été incapable de gérer convenablement un stock stratégique de masques alors que c’était de sa responsabilité en tant que détenteur du monopole de la santé et de la sécurité sociale ; et une intention naturellement sombre et intéressée du côté des groupes privés de la grande distribution qui se sont mis en état de fournir des masques en abondance à leurs clients dès qu’ils en ont eu l’autorisation.
Or comme le remarquaient déjà Montesquieu en 1748, Turgot en 1759 ou Adam Smith en 1776, non seulement l’intérêt particulier agit en faveur de l’intérêt général, mais il agit mieux que toute intervention étatique – l’affaire des masques en est une illustration aussi récente qu’évidente :
« Il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers. » (Montesquieu, De l’esprit des Lois)
« L’intérêt particulier abandonné à lui-même produira toujours plus sûrement le bien général que les opérations du gouvernement. » (Turgot)
« Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, (l’homme) travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler. » (Adam Smith, Richesse des nations, Livre 4, chapitre 2)
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On ne demande pas à nos fournisseurs d’avoir de bonnes intentions à notre égard. On leur demande d’avoir des résultats, c’est-à-dire de nous fournir des produits et des services d’une qualité telle que nous serons d’accord pour les acheter à un certain prix qui les satisfera également. Adam Smith à nouveau :
« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais de l’attention qu’ils accordent à leur propre intérêt. » (Richesse des nations, Livre 1, Chap. 2)
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L’intérêt du boucher ou du boulanger (d’où la photo de couverture 🙂 ), c’est de vendre le plus de viande ou de pain possible au prix le plus élevé possible compte tenu de la concurrence, donc de donner le plus de satisfaction possible à leurs clients : aller chercher les meilleurs troupeaux, les meilleures farines, etc.
Voilà, comment l’intérêt des premiers s’aligne parfaitement sur l’intérêt des seconds et voilà pourquoi la recherche du chiffre d’affaires (et du profit, qui est l’indice d’une bonne utilisation des ressources par l’entrepreneur) n’est pas l’horreur économique décrite par les étatistes mais l’indice qu’on a été utile à ses clients.
Il se trouve que l’hebdomadaire LSA (Libre Service Actualité) daté d’hier 21 mai 2020 donnait la parole à 18 salariés d’entreprises du secteur de l’agro-alimentaire telles que Bel (fromagerie), Fleury Michon (charcuterie) ou encore Roc’hélou (biscuiterie) pour recueillir le témoignage de ceux qui « font tourner les usines » qui ont approvisionné les Français pendant le confinement anti Covid-19.
Des salariés qui seraient certainement bien surpris d’apprendre qu’ils ne se rendent pas assez utiles, car tous expliquent comment leur structure déjà très sensibilisée aux questions d’hygiène en temps normal a rapidement mis en place les gestes barrière et a adapté sa production et sa logistique. Par exemple (cliquer sur la photo pour agrandir) :
« Travailler dans l’industrie agro-alimentaire dans une période aussi complexe est un défi permanent, mais c’est aussi une expérience humaine et professionnelle très forte. Dès le premier jour de la crise, mon métier, la supply chain (logistique d’approvisionnement), a été l’un des maillons essentiels aux côté des usines, cela a été notre moteur et nous en sommes fiers. » (Maria José Tabar, directrice Supply Chain, Bel France)
On a coutume d’admirer les médecins, les infirmiers, les professeurs. Les premiers sauvent des vies, les seconds font accéder les enfants au savoir, c’est évidemment admirable. Les politiciens et les fonctionnaires disent qu’ils se dévouent au bien commun dans l’optique de faire du monde a better place. Tout aussi admirable (mais non dénué d’une certaine forme d’autoritarisme – autre sujet).
Mais médecins, professeurs, politiciens vivent-ils seulement du bonheur de la mission accomplie et d’eau fraîche ? Eux aussi doivent manger, se vêtir, se loger, se déplacer. Eux aussi partent en vacances, vont au spectacle et font du sport. Eux aussi utilisent un ordinateur ou un téléphone portable.
En réalité, dans une économie d’échange, chacun dans son domaine et à son niveau contribue à se rendre utile aux autres. L’idée qu’il y aurait ceux qui se rendent utiles (fonction publique) et ceux qui font du chiffre d’affaires (secteur marchand) relève d’une vision manichéenne très en vogue en France mais sans rapport avec la vie réelle.
Du reste, d’où viendraient les impôts qui paient les fonctionnaires et leurs ambitieux projets solidaires et sociaux s’il n’y avait pas quelque part quelqu’un qui produisait du chiffre d’affaires, c’est-à-dire qui contribuait à la création de richesse résultant de l’échange de biens et services entre personnes libres de leurs choix économiques ?
On peut détester l’idée d’avoir à courir après le chiffre d’affaires et vouloir un métier qui permettra d’y échapper, mais on ne peut passer sous silence le fait que tout, absolument tout ce qui assure notre vie sociale et économique, est payé au départ par le chiffre d’affaires des activités marchandes.
On ne peut passer sous silence que ce sont les hommes et les femmes du chiffre d’affaires qui créent de la richesse tandis que l’État français, secondé par sa police et la force de lois fiscales et sociales spécialement taillées pour satisfaire sa voracité sans limite, se contente d’en accaparer sans risque une part chaque année plus importante – 46 % du PIB en 2018, un record mondial – pour se rendre « utile » aux autres.
28 AVR. 2020 PAR DOMINIQUE VIDAL BLOG : DOMINIQUE VIDAL
À force de la chercher en vain, j’aurais fini par douter de l’existence de cette circulaire du 19 mars qu’évoquait « Le Canard enchaîné » la semaine dernière et qui inciterait les médecins à limiter l’admission en réanimation des personnes « fragiles ». Et voilà que m’est parvenu ce message d’une personne active dans un hôpital.
Appelons-le Matthieu pour lui éviter un licenciement brutal. « La lecture de votre article “Euthanasie ? Non : Euthanasie !” m’a fait repenser – écrivait-il – à un document découvert sur le site de la SFAR portant sur les recommandations relatives à la “Décision d’admission des patients en unités de réanimation et unités de soins critiques dans un contexte d’épidémie à Covid-19”. En lisant ce document, j’ai ressenti un réel malaise avec l’impression que chacun ne pourrait effectivement pas accéder à la réanimation faute d’un “équilibre entre les besoins médicaux et les ressources disponibles” … Je suppose, poursuit mon correspondant, « que vous avez déjà pu lire ce document, mais je vous en laisse le lien ci-contre : https://sfar.org/download/decision-dadmission-des-patients-en-unites-de-reanimation-et-unites-de-soins-critiques-dans-un-contexte-depidemie-a-covid-19/ Quand je l’ai lu, j’ai également pensé que devoir être confronté à un tel choix pour les soignants et accompagnants de personnes âgées n’était pas normal.. »
Publié par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, ce document, effectivement daté du 19 mars 2020, a été « rédigé collégialement par un groupe d’experts régional : Élie Azoulay, Sadel Belloucif, Benoît Vivien, Bertrand Guidet, Dominique Pateron et Matthieu Le Dorze ». Il est d’ailleurs cité comme référence par le ministère des Solidarités et de la Santé (https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_ehpad_etablissements.pdf).
Avant d’en venir au contenu de cette circulaire, je voudrais dissiper une confusion présente dans certains messages reçus sur ma page Facebook. Il y a, selon moi, deux situations différentes :
celle du médecin qui décide du sort de son patient, en tenant compte l’avis dudit patient et de ses proches, mais en en assumant seul la responsabilité en son âme et conscience. Cela existe depuis la nuit des temps et ne pose de problème que si la décision est contestable et fait l’objet d’une plainte ;
celle d‘un groupe de médecins qui, avec la caution d’un ministère, poussent vers la mort des milliers de personnes dites « fragiles » qu‘ils ne connaissent ni d’Ève ni d‘Adam, en incitant le personnel hospitalier à ne pas les admettre en réanimation. Ceux-là, à mon avis, relèvent du tribunal. D’autant que ce dernier disposera d’une preuve à charge : un texte qui, par moments, nous renvoie neuf décennies en arrière.
N’étant pas médecin, j’ai aussitôt consulté le docteur Pierre-Jacques Raybaud, très engagé dans le combat contre le Covid-19 et qui, dans sa pratique de généraliste, s’est heurté à plusieurs reprises, ces dernières semaines, à des responsables hospitaliers refusant d’admettre en réanimation des patients âgés malades du Codiv-19 : il peut en témoigner.
Selon lui, ce texte constitue un appel au « triage systématisé des patients ». Comment, poursuit-il, « peut-on prédire aussi facilement la fin de vie d’un patient ? Tout médecin a connu dans sa carrière des améliorations spectaculaires dans des situations extrêmes ». Raybaud s’étonne aussi de la formule « en raison du caractère extraordinaire, mais personnalisé ». Pour lui, « ce genre d’opposition, c’est le début de la fin. Ce n’est plus de la médecine. Dire une chose, puis son contraire, en dire une autre et l’atténuer par divers procédés n’est pas compatible avec la médecine. » Les auteurs, souligne-t-il, parlent de « décision collégiale », mais plus loin ils écrivent que « la place laissée aux proches risque d’être limitée dans la décision du refus de réanimation ». Bref, conclut le docteur Raybaud, le document prétend se fonder sur « l’attitude individuelle de chaque médecin en son âme et conscience », mais en fait, « tout en prenant la précaution de peser chaque mot, il pousse à la roue d’un triage systématisé ».
C’est en effet l’impression qui ressort de tout le texte, mais en particulier du passage consacré, en page 6, à la « non-admission en soins critiques ». Les médecins évoquent quatre cas, que je cite ci-dessous in extenso :
i. Soit parce que refusé par le patient (et/ou la famille)
ii. Soit du fait d’une absence de signes de gravité pour la réanimation (avec poursuite de la prise en charge par exemple sous couvert d’une oxygénothérapie dans un service classique) ;
iii. Soit parce que l’admission en soins critiques relèverait d’une obstination déraisonnable, définie par des thérapeutiques ne bénéficiant pas au patient, disproportionnées par rapport au bénéfice attendu, qui n’auraient d’autre but qu’un maintien artificiel — et transitoire — de la vie au prix de souffrance pour le patient et ses proches, et d’une détresse des équipes. Une telle admission risquerait aussi de priver un autre patient d’une prise en charge en réanimation, alors qu’elle/il aurait plus de chance d’en bénéficier. Ainsi, nous considérons licite de ne pas admettre un patient en réanimation dès lors qu’il s’agit d’une obstination déraisonnable, y compris si une place de réanimation est disponible.
iiii. Chez ces patients non-admis en soins critiques, les soins ne sont pas interrompus, mais s’intègrent dans le cadre d’un accompagnement en collaboration avec les spécialistes d’une telle prise en charge palliative afin d’assurer une absence de souffrance et une fin de vie digne et apaisée, en présence de leurs proches. »
Vous avez bien lu ? Les signataires n’ont pas le moindre doute sur la destination vers laquelle ils envoient les patients qu’ils refusent en réanimation : « Les soins ne sont pas interrompus, mais s’intègrent dans le cadre d’un accompagnement en collaboration avec les spécialistes d’une telle prise en charge palliative afin d’assurer une absence de souffrance et une fin de vie digne et apaisée. »
Et il s’agit pas là de propos théoriques : selon Le Canard enchaîné, en quelques jours, « les patients de plus de 75 ans en réanimation sont passés de 19 % à 7 % et ceux de plus de 80 ans de 9 % à 2 %. »
On frémit à l’idée que des médecins, dans la France du début du XXIe siècle, se croient autorisés à accompagner vers la mort des milliers de personnes « fragiles ». Certains amis m’ont reproché d’avoir évoqué l’Allemagne nazie. C’est qu’ils m’ont mal compris : je ne pense évidemment pas à la Shoah, mais à la première étape du génocide : la liquidation des malades mentaux. Plus de 100 000 handicapés sacrifiés au nom de la liquidation des « bouches inutiles » et de la libération de lits pour les jeunes soldats blessés.
Comparaison n’est évidemment pas raison. Mais que dire de la sortie de ce vice-gouverneur républicain du Texas déclarant : « Personne n’est venu me demander si, en tant que personne âgée, j’étais d’accord pour prendre des risques si cela pouvait sauver l’Amérique que toute l’Amérique adore et la transmettre à nos enfants et petits-enfants. Si c’est ce que l’on obtient en échange, je fonce » ? Les signataires de la circulaire du 19 mars enrobent leurs directives mortifères dans un discours déontologique politiquement correct. Leur texte n’en transpire pas moins l’eugénisme.
Dominique Vidal.
PS : Une question me taraude : pourquoi la plupart des médias ne semblent pas intéressés par l’analyse du texte intégral de cette circulaire ?
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le mystère de l’incompétence de tous nos fonctionnaires enfin dévoilé. Grands (ENA) ou petits. Il existe des filières d’excellences dans le privé mais dans la « fonction publique », c’est une filière unique qui a fait ses preuves: la filière d’incompétence ou la Kakistocratie.
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La novlangue, ce nouveau langage de nos élites qui ne veut plus rien dire et dont ils abusent à toutes les sauces, nous prenant vraiment pour des cons! Ont-ils raison?
Une commande publique pléthorique, une classe politique à laquelle les réalités du monde de l’entreprise échappent. Alors que l’économie française est mise à mal par la crise du Covid-19, Charles Gave, président de l’Institut des Libertés, revient pour Sputnik sur les raisons qui font de la France la championne du monde de la récession.
Avec une croissance négative de 5,8% pour le seul premier trimestre, la France est l’économie la plus touchée par la récession. Dans la première partie de notre entretien, l’économiste et financier Charles Gave, président de l’Institut des Libertés, revenait pour Sputnik sur les raisons de cet important écart observé entre l’Hexagone et ses partenaires européens, quitte à mettre à terre certaines idées reçues.En effet, dans un récent rapport, le Sénat a mis en lumière le volume d’aides débloqué à l’occasion de la crise du Covid-19 bien plus important au Royaume-Uni, État ouvertement libéral, qu’en France. Des Britanniques plus généreux que les Français? Un constat qui au premier abord pourrait surprendre, dans un pays où l’on n’est habituellement pas peu fier de son État-providence.
«Je me souviens des années Thatcher et Mitterrand, où on nous expliquait que Mme Thatcher était un monstre et que les enfants anglais mourraient de faim dans la rue. Pendant les années Thatcher, les dépenses sociales ont beaucoup plus progressé en Angleterre qu’en France. Pourquoi? Parce que comme la croissance du PIB était beaucoup plus forte, cela permettait à l’État anglais –tout en levant moins d’impôts en pourcentage– d’avoir des rentrées fiscales bien supérieures, ce qui permettait de donner des tas d’avantages sociaux nouveaux», relate Charles Gave.
Comme le souligne l’économiste, difficile de trouver de l’argent frais à partager entre les Français quand le «gâteau» qu’est l’économie (et les retombées fiscales qu’elle génère) ne s’accroit pas… «Ce que les gens ne comprennent pas, c’est qu’il vaut mieux avoir un État à 30% comme en Suisse avec un PIB qui croît de 4% par an qu’être avec un État à 60% et un PIB qui stagne», développe Charles Gave.
«On passe notre temps à essayer de se partager un gâteau fixe, alors qu’il faut prendre des mesures pour qu’il grossisse. Mais il y a un niveau d’incompétence dans l’État français qui est très stupéfiant», s’inquiète-t-il.
Le président de l’Institut des Libertés revient sur les plaidoyers réguliers des journalistes pour «réindustrialiser» la France, regrettant que l’on occulte le fond du problème: «Si c’était rentable d’avoir des industries en France, les industriels ne seraient pas partis les mettre ailleurs», assène-t-il. En témoignent les conséquences observables avec le récent cas de Sanofi.
Des politiciens qui ne comprennent pas les entreprises
En effet, l’indignation suscitée par l’annonce du laboratoire que les Américains bénéficieront du plus gros des précommandes en cas de découverte d’un vaccin contre le Covid-19, en réponse au soutien financier des États-Unis à la recherche de Sanofi, témoigne d’une vision particulière du monde de l’entreprise de la part d’une partie de la classe politique française.Venant principalement de la gauche, les critiques soulignaient le crédit d’impôt-recherche dont a bénéficié Sanofi ou encore que nul ne pourrait prétendre bénéficier en priorité d’une telle découverte. À croire que certains estiment que les laboratoires sont des entreprises philanthropiques.
«Dire que l’on va augmenter les impôts et que l’on va filer des subventions, ça ne marche pas…», tranche Charles Gave, qui souligne que «le Président de la République n’a rien à dire sur la façon dont Sanofi est gérée.»
L’économiste souligne qu’une entreprise telle que Sanofi est «indépendante» et qu’elle reste libre de passer des contrats avec qui bon lui semble. Pourtant, Emmanuel Macron s’est dit «ému» par les propos du président de Sanofi à Bloomberg. «S’ils veulent que le siège de Sanofi déménage aux États-Unis, qu’ils continuent…», ajoute-t-il.
L’économiste ne ménage pas l’actuel Président de la République, rappelant que celui-ci «n’a jamais fait une fin de mois», la carrière de ce haut fonctionnaire de formation se limitant à un très bref passage par la banque Rothschild. Pour Charles Gave, il est capital que les fonctionnaires aient à faire un choix définitif entre l’engagement politique et leur carrière dans la fonction publique, celle-ci n’étant généralement que mise en pause le temps de leur mandat. «Il faut qu’il y ait une différence entre la fonction publique et la fonction administrative.»
Autre exemple de prise de position publique de politique ou ex-politique pour qui l’entreprise reste une abstraction conceptuelle, l’ex-ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem. Devenue présidente France de l’ONG ONE, implantée notamment à Abuja, Dakar, Johannesburg, Ottawa ou encore Paris, elle plaide dans Le Monde pour «un retour à un souverainisme économique sans tomber dans le souverainisme», comme le résument nos confrères. «Ils veulent tout et son contraire, ce qui est complètement idiot sur le plan logique», se désole l’économiste.
«Ce qu’il faut, c’est que ceux qui produisent en France soient sur un terrain de concurrence égal avec les autres pays. La France a 70% de fonctionnaires de plus pour 10.000 habitants que l’Allemagne. C’est le secteur productif français qui paie ces fonctionnaires. Le jockey France pèse 80 kilos et le jockey Allemagne pèse 30 kilos, il ne faut pas s’étonner que ce dernier gagne la course…»
Dernier point pour le moins éloquent, avancé par la journaliste Nathalie Mauret sur le plateau de l’émission C dans l’air, le fait que la commande publique pèse dans le secteur du BTP en France pour près de 70% de sa croissance. Tous secteurs confondus, les chiffres sont rares et surtout divergents fortement. Selon l’Observatoire économique de la commande publique (OECP), la commande de l’État représentait en 2016 près de 84 milliards d’euros. Selon un rapport sénatorial publié en 2015, celle-ci serait de l’ordre de 400 milliards pour une année.
Des chiffres qui ne manquent pas de faire réagir Charles Gave, rappelant qu’habituellement, ce sont les «millions de décisions individuelles qui font le succès ou l’échec d’un produit.»
«Une commande publique aussi élevée ne peut pas ne pas amener à une corruption gigantesque. Ce n’est pas de la concurrence, puisqu’il faut acheter le fonctionnaire qui va acheter votre truc. […] On refait l’Union soviétique, ce n’est rien d’autre», développe l’économiste.
Il plaide régulièrement pour qu’un audit des dépenses de l’État soit effectué, si possible autrement que par le biais d’une institution telle que la Cour des comptes. «À quoi sert l’ambassade française auprès des pôles», s’interrogeait-il en décembre 2019 sur le plateau de Sud Radio, où il évoquait déjà le lien observé à travers le monde entre le poids de l’État dans l’économie et celui de la corruption.
Dans son dernier rapport annuel, le Forum économique mondial (World Economic Forum –WEF) plaçait la France au 7e rang sur 28 en matière de compétitivité. S’ils soulignaient une embellie en la matière, grâce aux réformes entreprises par Emmanuel Macron –malgré des lacunes persistantes en matière de culture du management et d’agilité de l’entreprise– les auteurs du rapport s’inquiétaient en revanche du recul de l’État dans ses fonctions régaliennes.Ces derniers dressent ainsi un tableau au vitriol de la «start-up nation» d’Emmanuel Macron. Au-delà de fermer le classement de 141 pays en matière d’imposition, la France dégringolait en matière de lutte contre le crime organisé, de fiabilité des services de police, d’indépendance de sa justice, ainsi qu’en termes de respect des droits patrimoniaux, ou de réponse au risque terroriste.
Nos élites, politiques ou autres, devraient se méfier. Toutes les « vérités » qu’ils nous assènent sont maintenant, aussitôt gravées dans le marbre et circulent à fond sur les réseaux sociaux pour leur plus grands malheurs. Il n’est pas opportun de se dédire et de raconter le contraire un peu plus tard. Souvent, des internautes, super doués, les transforment en vidéo « vérités et humoristiques ». Celles-ci viennent de tous les horizons et même si politiquement on n’est pas d’accord avec ceux-ci, on ne peut que saluer leur inventivité et leur humour. En voici une, profitez en avant AVIA.
Rigolez bien, pendant que vous le pouvez encore…
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Le pouvoir macronien craint la résurgence d’un mouvement de contestation sociale qui pourrait achever un gouvernement à bout de souffle. En effet, moins d’une semaine après le déconfinement, l’Etat tente d’étouffer la grosse colère du peuple provoquée par sa gestion de la crise sanitaire qui, il faut oser le dire, a été un fiasco.
Depuis bientôt une semaine, les révoltes sociales contre le pouvoir se préparent (en cachette ou ouvertement) sur les réseaux sociaux où le mouvement Gilets Jaunes qui s’était essoufflé peu avant le confinement menace désormais de faire tomber le gouvernement, comme l’avait suggéré Christophe Chalençon, figure Gilet Jaune arrêté et placé en garde à vue le 11 mai au soir.
Macron n’est pas dupe. Il a vu ce qui s’est passé ces dernières semaines dans des pays au cœur de l’Occident où des révoltes contre le pouvoir en place ont déjà commencé. Aux Etats-Unis, des citoyens lourdement armés ont ainsi récemment défié leurs Etats exigeant la fin du confinement et la restitution de leurs libertés individuelles. En Allemagne, depuis le début de la crise, deux vagues de mini-révolte ont secoué le pays et en Espagne, ce 14 mai, des citoyens en colère ont arpenté les rues de Madrid scandant, à coup de casseroles, « liberté ! Liberté ! Liberté !
En France, un tel scénario semble désormais inévitable et l’Etat le sait. Mais, il sait aussi que la renaissance d’un mouvement de contestation sociale aussi virulent et organisé que le mouvement des Gilets Jaunes serait sans aucun doute la fin de son pouvoir et tente d’anticiper.
Dans cette guerre qui se dessine entre le pouvoir et le peuple, le pouvoir part favori. En effet, pour l’heure, le pouvoir macronien peut dormir sur ses deux oreilles car l’Etat d’urgence qui a été prolongé jusqu’au 10 juillet dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 peut encore le sauver parce qu’il interdit tout rassemblement de plus de 10 personnes, éliminant ainsi toute tentative des Gilets Jaunes de se révolter contre le système en place.
Le pays entier est verrouillé et dans pratiquement toutes les villes de France, les préfets ont formellement interdit toute manifestation contre le pouvoir. Paris, Rouen, Montpellier, Angers, Nantes, Toulouse, Lyon, Le Mans…et d’autres villes, tentées de faire trembler le pouvoir, ont été totalement contrôlées au nom de l’Etat d’urgence. Et les organisateurs, s’ils ne sont pas très chanceux, risquent de se retrouver entre les mains de la justice. C’est le cas à Nantes où un collégien Gilet Jaune, âgé de 15 ans, a été mis en examen pour avoir organisé une manifestation.
Cette révolte du peuple intervient au moment où le pouvoir semble très fragilisé. Au plus haut sommet de l’Etat, les deux capitaines du bateau (Macron et Philippe) ne parlent plus le même langage et à l’Assemblée nationale, le groupe parlementaire LREM, très divisé, est en passe de perdre sa majorité absolue suite à la décision de quelques-uns des députés du parti présidentiel de faire scission.
L’Etat français a parfaitement compris ce que beaucoup ont compris d’ailleurs : que sa survie tient désormais à un fil. Oui, la capacité de résilience du pouvoir macronien dépend de la réponse qu’il apportera à ce soulèvement populaire qui est en cours et qui pourrait exploser à tout moment.
Les nombreuses erreurs commises dans la gestion de la crise ont exacerbé une colère populaire qui finira inéluctablement par se retourner contre le pouvoir. Pour le moment, l’Etat contrôle la situation mais pour combien de temps ? Le pire scénario qui se présente devant nous est que les verrous finissent par céder. Si rien n’est fait, ce scénario pourrait se produire dans un futur proche.
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La crise de notre système de santé publique n’a pas attendu le coronavirus pour se manifester. Début janvier, alors que la pandémie n’était pas encore vraiment entrée dans nos vies, plus de 1 000 médecins hospitaliers étouffés par les contraintes administratives qui pèsent sur eux ont menacé de démissionner. Juste avant, c’était la crise des urgences. Juste avant, c’était les déserts médicaux. Juste avant, c’était les grèves du personnel infirmier. Juste avant, c’était les pénuries de médicaments. Etc.
Mais le Covid-19 a incontestablement jeté une lumière plus crue sur les faiblesses de nos hôpitaux, sur leur sous-équipement en matière de respirateurs, de masques, de blouses protectrices et sur le manque de lits en réanimation notamment, alors que les personnels de santé se sont retrouvés en première ligne pour faire reculer l’épidémie. Comble de la petite blessure d’orgueil, il a même fallu se résoudre à transférer des malades en Allemagne, cet horrible pays de l’ultra-libéralisme ultra-déshumanisé…
Le malaise est évident. Quant aux réponses possibles, elles sont généralement peu créatives, car elles consistent surtout, à l’instar des 1 000 médecins cités plus haut, à demander « plus de moyens » – c’est-à-dire, si l’on y réfléchit, à étatiser encore un peu plus quelque chose qui croule et s’écroule déjà sous la bureaucratie :
« L’hôpital doit être réformé, mais il n’y a pas de grande réforme possible sans moyens. »
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Une revendication entendue cinq sur cinq par Emmanuel Macron. En visite vendredi 15 mai dernier à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière sous la pression d’une possible journée de mobilisation de l’hôpital public en juin à l’initiative de la CGT et de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), il a annoncé la tenue prochaine d’un « Ségur » de notre système de santé, du nom de l’avenue qui abrite le ministère de la Santé. Autrement dit, une grande concertation type « Grenelle » (adresse de plusieurs ministères) sur les salaires des personnels soignants et sur les moyens de l’hôpital public.
Aussitôt dit par le Président, aussitôt mis à l’agenda par le ministre concerné. Dans le JDD de ce week-end, le ministre de la santé Olivier Véran fixait le 25 mai prochain comme première date pour réunir les syndicats et autres collectifs de l’hôpital et il donnait un avant-goût des pistes de réforme :
« Le Président a été très clair : nous allons augmenter les rémunérations, travailler sur un plan d’investissement ambitieux et enclencher une transformation profonde de tout ce qui ne tire pas l’hôpital vers le haut. »
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Sachant qu’à l’automne dernier, époque où Mme Agnès Buzyn était ministre de la Santé, l’hôpital public avait déjà été l’objet d’un grand plan d’urgence de 1,5 milliard d’euros sur 3 ans (2020-2022) incluant des primes pour les soignants, tout ceci venant en plus de son budget habituel. Mais aujourd’hui, il s’agit d’aller plus loin en travaillant directement sur les salaires et en introduisant un peu de souplesse dans l’organisation du travail sans remettre fondamentalement en cause les 35 heures.
Or les chiffres dont on dispose depuis que l’OCDE a publié en fin d’année dernière son Panorama de la santé 2019 montrent que la France se situe dans les pays de tête pour les dépenses de santé rapportées au PIB. Avec 11,2 % en 2018, elle est à égalité avec l’Allemagne et n’est devancée que par la Suisse et les Etats-Unis :
Il est vrai que le PIB par habitant étant plus élevé en Allemagne qu’en France, les dépenses de santé par habitant le sont également. Et se pose donc déjà la question assez fondamentale de savoir pourquoi notre pays est ainsi à la traîne en matière de création de richesse…
Mais il n’empêche qu’à ce niveau de dépenses pratiquement inégalé, la France devrait être capable d’affronter tout événement sanitaire imprévu et/ou inédit sinon brillamment du moins mieux qu’elle ne l’a fait avec le Covid-19. Elle devrait être le pays qui accueille les malades des pays moins bien pourvus en cas de coup dur, bref, elle devrait être le paradis de la santé pour ses soignants comme pour ses patients. Or ce n’est pas le cas. Bizarre autant qu’étrange, non ?
C’est là que l’on repense à la célèbre question de la célèbre Jacline Mouraud qui a en quelque sorte donné le coup d’envoi de la colère des Gilets jaunes en novembre 2018 :
« Mais qu’est-ce que vous faites du pognon ? »
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Le pognon de nos impôts et le pognon de nos cotisations sociales, voulait-elle dire – ce pognon qui finit par représenter chez nous 45 à 46 % du PIB suivant les années et qui nous place lui aussi en tête des pays du monde développé. Ce à quoi le ministre des comptes publics Gérald Darmanin répondait :
« On paie des professeurs, on paie des hôpitaux, on paie de la sécurité. »
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On paie des hôpitaux, oui, mais à l’analyse des chiffres de l’OCDE, il s’avère cependant que la France paie plutôt mal ses soignants en dépit des sommes élevées qu’elle consacre à la santé. Par rapport au salaire moyen en vigueur dans le pays, les infirmiers perçoivent seulement 0,9 en France quand leurs collègues allemands touchent 1,1.
On paie des hôpitaux, oui, mais il s’avère également que le nombre de lits d’hôpital pour 1 000 habitants n’est que de 6 en France, ce qui n’est d’ailleurs pas si mal au niveau de l’OCDE, contre 8 en Allemagne, ainsi qu’on peut le constater sur les graphiques ci-dessous, extraits du rapport de l’OCDE sur la santé :
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De la même façon, on constate que la France ne dispose que de 3,2 médecins pour 1000 habitants quand l’Allemagne en compte 4,3 et que la moyenne de l’Union européenne se situe à 3,6.
Du côté des personnels infirmiers, avec un ratio de 10,5 pour 1 000 habitants, la France fait mieux que les 8,5 infirmiers de la moyenne européenne mais elle reste en dessous des 12,9 infirmiers allemands.
→ J’ai récapitulé ces différents points de notre monopole de la santé dans tableau ci-dessous :
Données de notre système public de santé et comparaison avec l’Allemagne
Sources : Rapport OCDE 2019, décliné par pays par l’UE (France – Allemagne)
Rémunération des infirmiers hospitaliers
par rapport au salaire moyen du pays
0,9
1,1
Nbre de lits d’hôpital (‰ habitants, 2017)
6
8
5
D’après un autre rapport de l’OCDE, le taux de personnel hospitalier autre que médical ou paramédical (administratif, cuisine, jardin…) se montait à 33,7 % en France en 2017 contre 25,5 % en Allemagne.
Il ressort de tous ces éléments que le système de santé français que le monde entier nous envie n’est pas confronté à un problème de « manque de moyens » mais à une très mauvaise allocation pour ne pas dire une belle gabegie de moyens plutôt abondants en raison d’un excès de bureaucratie et un manque d’efficience dans l’organisation et l’utilisation des ressources. Le système du tiers payant ajoute à la surcharge sans objet des services.
Les revendications salariales des personnels soignants ainsi que les besoins d’investissement dans certains domaines directement liés à la santé apparaissent donc comme parfaitement justifiés, mais en toute rigueur, ils devraient s’accompagner d’une réorganisation en profondeur du système ainsi que de coupes budgétaires importantes dans tout ce qui ne contribue par directement aux actes médicaux.
Mais en réalité, sans l’effet de la concurrence qui agit comme un stimulant et qui fait réfléchir à l’utilisation judicieuse des ressources, tout système entièrement placé sous la tutelle d’une administration qui agit en monopole finit par détruire la motivation et l’esprit de responsabilité des acteurs et engloutit des montagnes de ressources financières sans jamais délivrer des résultats en rapport.
Le meilleur remède de notre système de santé serait de faire sauter le monopole de la sécurité sociale (exactement comme le meilleur remède de notre système éducatif serait de faire sauter le monopole de l’Éducation nationale), mais les plans d’Emmanuel Macron relayés par Olivier Véran ainsi que les demandes syndicales poussent à la hausse des moyens sans véritable réforme du système en profondeur. Ça promet.
On se demande pour quelles raisons Emmanuel Macron a bien pu choisir Sibeth Ndiaye comme secrétaire d’Etat porte-parole du gouvernement.
Je ne le crois pas assez cynique pour l’avoir nommée parce que c’est une femme noire, il ne serait pas capable d’un pareil coup tordu, ce qui équivaudrait, par exemple, à choisir un ministre de la culture parce qu’il serait homosexuel! Ces manœuvres communautaristes et bassement électoralistes seraient indignes d’un président de la République ayant souhaité que figurent les œuvres du général de Gaulle sur sa photo officielle et qui a fait ajouter une croix de Lorraine sur le logo de communication de l’Elysée.
Je ne le crois pas assez immoral pour l’avoir désignée parce qu’elle savait mentir dans les grandes largeurs – qu’on se souvienne de son: «J’assume de mentir pour protéger le Président ». Un chef de l’Etat qui a choisi L’Immoraliste de Gide pour accompagner le général de Gaulle sur une photo de lui et de son bureau envoyée dans toutes les mairies de France ne saurait couvrir une pareille infamie.
Je ne crois pas non plus que ce soit parce qu’elle fume comme un sapeur sur son lieu de travail et tient élégamment sa clope au bord des lèvres comme Jean Gabin dans un film de Jean Grémillon. Une cigarette qu’elle calcine dans son bureau de secrétaire d’Etat alors que la loi du 1er février 2007 en interdit l’usage. On appréciera que BFM, qui a diffusé malencontreusement les images, se soit cru obligée de présenter des excuses à sa place alors que la contrevenante n’était pas la chaîne mais la fumeuse à qui, bien sûr, une contravention aura été présentée dans la foulée par ceux des policiers qui n’utilisent pas les drones pour débusquer les dangereux contrevenants à la loi d’exception qui marchent dans les montagnes…
Non, le chef de l’Etat, garant de la loi, n’a pas choisi cette femme noire qui ment et fume pour ces raisons-là mais parce qu’elle a dit: «Il y a un rationnel (sic) derrière les décisions que nous prenons». Non pas une raison ou des raisons, on aura bien lu, mais «un rationnel»…
Quiconque s’interrogerait sur ce «rationnel» dans un article publié sur le net pourrait bien tomber sous le coup de la loi de madame Avia qui, avant de se faire connaître en associant son nom à une loi liberticide, avait dans un premier temps obtenu les honneurs des gazettes pour avoir mordu un chauffeur de taxi puis, dans un second temps, pour accusations de sexisme, d’homophobie et de harcèlement au travail sur les personnes de cinq, pas moins, de ses assistants parlementaires. On sait également qu’elle a donné des ordres pour que soit réécrit la notice de son article Wikipédia. Il est vrai qu’on peut y lire ceci après d’autres informations accablantes: «Dans un autre échange, on y trouve la déclaration suivante: «C’est ma copine [mais] elle communique très mal sur ce qu’elle fait. C’est ce qu’il se passe quand tu mets un gay à la com’». Toujours selon ses anciens assistants, la députée insulte souvent, en privé, les députées qu’elle n’aime pas, les traitant de «putes», nourrissant de nombreuses remarques sur leur physique. La députée serait aussi une habituée des humiliations devant d’autres parlementaires, réprimandant et dévalorisant ses collaborateurs publiquement dès que l’occasion s’y prête. Au cours du confinement lié à l’état d’urgence sanitaire provoqué par l’épidémie de COVID-19 en 2020, Libération, avait ainsi rapporté que Laetitia Avia avait demandé à son attachée parlementaire (personne à risque, atteinte d’une maladie chronique, en confinement dans le Gard) de revenir à Paris pour le télétravail. Avia assure ne l’avoir jamais forcée. La collaboratrice dénonce le mercredi 1er avril 2020 à Mediapart une situation injuste et irrationnelle». Ou cela: «Les ex-collaborateurs reprochent également à la députée des tâches sans lien manifeste avec le travail d’assistant parlementaire, comme «brumiser ses jambes» ou «corriger ses copies [de] Sciences Po». Ils lui reprochent également «de méprise[r] ses électeurs» et éviter au maximum le contact avec eux en les faisant recevoir par ses assistants parlementaires». C’était en effet la bonne personne pour proposer une loi contre les contenus haineux sur Internet, une loi votée en plein confinement le 13 mai dernier…
Interrogeons-nous donc sur «le rationnel derrière les décisions» prises par le chef de l’Etat:
1. Le virus est celui d’une grippette, on va donc rechercher les expatriés français en Chine, on remet en permission les militaires qui effectuent le transport sanitaire, on laisse arriver des kyrielles d’avions chinois sur le sol français sans aucun contrôle sanitaire; mais le chef de l’Etat cloue au sol les avions, ferme les aéroports, fait de même avec les gares et les ports.
2. La pandémie ne va pas nous empêcher de sortir, ou d’aller au cinéma, sinon au théâtre comme le font savoir le président de la République et son épouse qui joignent le geste à la parole; mais le chef de l’Etat décrète qu’il faut rester confiné chez soi et met la clé sur la porte des cinémas, des théâtres, des festivals, des salles de spectacle.
3. L’épidémie ne va pas générer la fermeture des écoles, dixit le ministre de l’Education nationale bien informé par le président de la République; mais le chef de l’Etat ferme le primaire, le collège et l’université.
4. Le virus ignore les frontières; mais, après discussion avec chef de l’Etat, ledit virus reconnaît celles de Schengen mais aussi, plus fort, celles des départements français, y compris ceux d’outre-mer – dont la Guyane, une fameuse île selon l’énarque Macron.
5. Le masque est sans utilité, il s’avère même dangereux, difficile à mettre, toxique parce qu’il garde les virus dans ses fibres; mais le chef de l’Etat annonce qu’il faut le porter sous peine d’amende.
6. Les petits marchés du dimanche installés sur les parkings de supermarchés sont interdits; puis le chef de l’Etat autorise en même temps les supermarchés à rester ouvert et à vendre leurs produits.
7. Les masques ne sont pas en assez grande quantité pour les distribuer aux Français, l’Etat annonce en avoir commandé, il prétend qu’ils arrivent, on les attend toujours; mais les supermarché les vendent à prix coûtant afin d’en faire des produits d’appel et se servent de la maladie pour que les gens apeurés viennent acheter des masques en remplissant leurs charriots de victuailles sans que le chef de l’Etat ne songe une seule seconde à les réquisitionner afin de protéger les personnels soignants – à qui il propose en revanche une médaille en chocolat le 14 juillet prochain.
8. Le confinement est total, la police utilise des drones pour traquer le solitaire dans les montagnes, elle verbalise le marcheur seul dans la forêt, la grand-mère qui a rempli son autorisation de sortie au crayon à papier, ou le distrait qui a omis de faire figurer son heure de sortie; mais le chef de l’Etat donne des consignes pour ne pas verbaliser dans les banlieues où le ramadan donne à certains le droit de s’affranchir de ce qui vaut loi pour tous.
9. Le déconfinement est décrété, puisqu’il faut reprendre le travail, le MEDEF s’impatiente. Le métro se fait donc prendre d’assaut par des millions de gens qui reprennent le turbin à la même heure en utilisant les mêmes lignes. Cette promiscuité ne pose aucun problème, il faut juste se tenir à un mètre l’un de l’autre aux heures de pointe dans le compartiment; mais, dans le même temps, des centaines de milliers d’hectares du littoral français balayées par les vents de la Manche ou de l’Atlantique sont interdits au public – avant d’être déclarées accessibles à nouveau.
10. Les messes sont interdites, on envoie même la soldatesque macronienne en armes dans une église pour faire cesser l’office (comme en 1793…) mais on autorise les supermarchés à recevoir du public sans que le ministre de l’intérieur envoie ses pandores au point qu’un ecclésiastique qui ne manque pas d’humour (il mériterait de devenir pape un jour…) a proposé d’aller célébrer l’eucharistie dans un quelconque Leclerc!
Je m’arrête à dix exemples. Cela suffit pour mener une enquête épistémologique afin de savoir ce qu’est «le rationnel derrière les décisions» prises par le chef de l’Etat: c’est tout bonnement le principe du en même temps qui est à la fois la pathologie du chef de l’Etat et son slogan de campagne – on ne pourra pas dire que l’homme aux deux alliances ait trompé son monde! Il a clairement annoncé la couleur.
Cette logique permet donc cette série d’assertions: la bouteille est en même temps pleine et vide; la porte est en même temps ouverte et fermée; une femme est en même temps enceinte et vierge – ce qui s’est déjà vu ailleurs, mais je ne sais plus où…; il a lu un livre en même temps qu’il ne l’a pas lu; il est marié avec Brigitte Trogneux en même temps qu’il n’est pas marié avec elle; il est président de la République en même temps qu’il ne l’est pas; il est l’assistant de Paul Ricoeur en même temps qu’il ne l’est pas; etc.
Chacun aura compris que sa logique est illogique, que sa raison est irrationnelle, que son raisonnement est déraisonnable, que ses vérités sont fausses, que ses erreurs sont vraies, que sa pensée est impensable, que sa cohérence est incohérente, que son Emmanuel n’est pas Macron… Chez Deleuze, qui en aurait fait un personnage conceptuel et un héros de sa philosophie, la chose se nomme schizophrénie et passe pour désirable. Nous y sommes… Il faut bien l’aplomb et le culot d’une Sibeth Ndiaye pour tenter de nous convaincre que tout cela tient debout. Un peu de bon sens suffit à comprendre qu’un bateau ne peut suivre le cap nord en même temps que le cap sud.
Emmanuel Macron parle beaucoup, il verbigère sans cesse. On se demande à quoi servent ses sorties qui le tiennent éloigné du bureau où les citoyens pourraient attendre qu’il y effectue son travail de chef de l’Etat! Des producteurs bretons de fraises hors sol, des instituteurs dans leurs écoles, plusieurs fois des soignants dans leurs hôpitaux, le professeur Raoult dans son bureau marseillais, le fantôme du général de Gaulle sur ses champs de bataille: à quoi bon ces exhibitions si ce n’est pour saturer les médias de sa personne?
A la Pitié-Salpêtrière, il dit: «on a sans doute (sic) fait une erreur sur la stratégie annoncée». Les journaux à son service s’empressent de parler d’un mea culpa! C’est mal comprendre ce qui s’est dit: d’abord convenir que la stratégie ne fut, peut-être, pas bonne, ça n’est pas dire que l’objectif qu’elle visait était mauvais! N’oublions pas le «sans doute» qui est une litote car, au contraire de la chose annoncée, l’expression signifie: peut-être, probablement, mais pas certainement. Une erreur, sans doute, sur la façon de faire n’est pas un aveu que le but n’était pas bon. Si l’on débarrasse cette phrase de sa tournure alambiquée, confuse, obscure, Macron dit: «l’objectif de mettre les hôpitaux au pain sec n’était pas mauvais, mais nous nous y sommes peut-être mal pris pour réaliser ce projet…». Mea culpa disent les journalistes! Aveu naïf et cynique bien plutôt…
Car Macron verse des larmes de crocodile: depuis qu’il occupe l’Elysée, il sait en effet très bien ce qu’il fait en commandant au rouleau compresseur maastrichtien de passer sur la santé publique française, d’écraser l’instruction publique française, de broyer le système de retraite français, de compacter l’industrie française, d’aplatir la culture française, de laminer la civilisation judéo-chrétienne, de compresser l’histoire de France -puisque c’est son programme.
Le pire n’est pas qu’il fasse semblant de confesser une erreur sur la stratégie et non sur l’objectif, mais bien plutôt qu’il mente en disant qu’il croyait bien faire, mais cette conclusion sidérante: «C’est très cruel pour moi-même»! On croit rêver: cette épidémie n’est pas cruelle pour les bientôt trente mille morts, pour les trente mille familles en deuil qui n’ont pas pu accompagner leurs défunts dans les cimetières, pour ceux qui savaient leurs morts dans des entrepôts frigorifiques de Rungis sans pouvoir les y visiter, pour les personnes âgées triées dans les couloirs des urgences hospitalières et renvoyées chez elles, donc à la mort, pour les anciens abandonnés dans les mouroirs que sont les EPAHD, pour les médecins et les infirmières qui, faute de masques et de protections, sont morts au travail, pour les enfants qui sont de ce fait privés de père ou de mère, les maris privés de leurs femmes, les femmes privés de leurs maris, pour les artisans et les commerçants qui ont fait ou vont faire faillite, non, elle était cruelle pour sa petite personne dépassée par les évènements… Peut-on faire aveu plus narcissique ou égotiste? Cet homme est incapable d’empathie, il n’a d’amour que de lui-même. Il n’a que faire de la France et des Français.
Or, Emmanuel Macron qui se plaint n’est pas au bout de ses peines: son calvaire est devant lui.
Charlie Hebdo n’y va pas de main morte,
et n’a pas de mots assez durs pour fustiger la gestion de cette crise sanitaire…
« Un désastre. C’est tout simplement un désastre que vit actuellement la France.
Le mot « crise » ne suffit plus à définir la situation présente.
La France vit des heures de désillusion aussi profonde que celles qu’elle avait connues en mai 1940. La France pensait avoir le meilleur système de santé du monde, comme elle était convaincue d’avoir la meilleure armée du monde en 1940. Et puis, sous nos yeux, tout s’est effondré à une vitesse inimaginable. On se demandait pourquoi la France avait manqué d’avions efficaces, d’armements modernes comme des chars d’assaut, et pourquoi les soldats portaient encore des bandes molletières alors que les soldats allemands avaient des bottes en cuir.
Aujourd’hui, on s’interroge pour comprendre pourquoi il n’y a pas assez de masques, pourquoi il n’y a pas assez de respirateurs artificiels, pourquoi la France est obligée d’importer les produits réactifs pour fabriquer des tests de dépistage. On perd notre temps à discuter de problèmes d’intendance qui n’auraient pas dû exister si le système de santé français était vraiment le meilleur du monde. Mais le système de santé français n’est pas le meilleur du monde. La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention. Et en face d’un virus microscopique, l’orgueil et la prétention, ça ne sert à rien.
Une injustice insupportable.
Il faudra alors se poser la question de savoir pourquoi un tel désastre. On ne peut s’empêcher de se tourner vers la fameuse « Étrange Défaite » de Marc Bloch, qui, ayant vécu la défaite de 40 de l’intérieur, se posait la question de savoir pourquoi cela avait été possible. Et cette catastrophe en cours nous amène inévitablement aux mêmes conclusions : incompétence, inorganisation, absence de vision à long terme, improvisation. En résumé : nullité de nos dirigeants, et en particulier de ceux en charge du système de santé français.
Cette génération de hauts responsables de la Santé en France est en train d’entrer dans l’Histoire comme les généraux de l’armée française en 40. Une caste de petits chefs, detechniciens imbus de leur position, de leur suffisance, qui, face au coronavirus, avaient une guerre de retard, comme la plupart des généraux de 1940, qui se croyaient encore en 1918.
Ceux qui en payent le prix, ce sont les morts de plus en plus nombreux, mais aussi les médecins et soignants qui se sacrifient en y laissant leur peau, pour rattraper des erreurs dont ils ne sont pas responsables.
C’est toujours le troufion de base qui paye de sa vie la nullité de sa hiérarchie.
La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention.
Cette injustice insupportable, il faudra en répondre d’une manière ou d’une autre. Le président de la République a très vite comparé cette épidémie à une guerre. Cela pouvait sembler habile, afin de mobiliser la nation entière contre le terrible ennemi. Mais cette comparaison se retourne déjà contre ceux qui croyaient en tirer parti. Car en face d’un tel désastre, on ne pourra pas se contenter de quelques gerbes de fleurs et d’une distribution de Légions d’honneur.
Le besoin de justice est le sentiment qui structure une société. Quand il est bafoué, ce n’est pas seulement le système de santé français qui s’effondre, mais la totalité de l’édifice. »
Charlie Hebdo
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« Face à une telle tragédie, la colère sera immense et face à des milliers de plaintes pénales venant de toute la France, il faudra rappeler fermement au corps des magistrats, au nom de qui ils doivent rendre justice. Et ceux qui ont failli devront rendre des comptes. »
Emmanuel Macron serait, nous dit le Parisien en « colère froide », excédé par ceux qui sur les plateaux de télévision critiquent sa gestion de la crise, et il considère comme « irresponsable » le fait de saisir la justice pour qu’elle identifie et condamne les fautes pénales commises par les décideurs publics dans la gestion de la catastrophe pandémique connaît notre pays. Ayant décidément du mal avec le débat démocratique, il se fait menaçant faisant dire à un de ces « chevaux légers » la chose suivante : « Quand cette crise sera passée, on aura tous à rendre des comptes. Tous sans exception. La majorité bien évidemment et c’est normal. Mais aussi tous ceux qui ont joué, à certains moments, à un jeu dangereux pour déstabiliser le pays dans une période où l’unité prévalait ».
Bigre, va-t-il demander au Parlement de voter un nouvel article du code pénal réprimant « l’intelligence avec l’ennemi Coronavirus » ? Inquiétantes rodomontades.
LA « GUERRE » POUR CACHER LES FAILLITES
Certes pour l’instant, il s’agit d’affronter dans les moins mauvaises conditions le défi de la catastrophe sanitaire. Incontestablement le peuple français a trouvé des ressources en son sein pour que ceux qui sont indispensables soient malgré les risques à leur poste. « Nous sommes en guerre » nous a martelé celui qui se prend pour Clemenceau et joue les présidents thaumaturges. On lui répondra qu’à la guerre, on juge les généraux incompétents et parfois on les fusille. Et cela, présidents ministre fonctionnaires le savent bien, et manifestement appréhendent l’heure des comptes. Ils savent l’état déplorable du système hospitalier français dont ils sont les principaux responsables, le scandale des masques, des tests, la pénurie de matériel, les mensonges, le criminel premier tour des municipales, les invites Macroniennes à aller au théâtre etc. etc, n’en jetez plus ! Malgré cela, Emmanuel Macron joue « les pères de la nation » et délègue Édouard Philippe au colmatage, qui ose proclamer : « Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement ».
Eh bien Monsieur le Premier ministre, dans un pays démocratique, même en guerre si on doit faire son devoir, on peut aussi critiquer la façon dont nos gouvernants font le leur. Or nous constatons qu’il y a eu du retard en tout et que la gestion a été marquée par le dogmatisme, l’amateurisme, l’imprévision, le mensonge et l’absence de transparence. Pour essayer d’éviter les responsabilités vous inventez la fable grossière « de la crise imprévisible » due au mensonge chinois sur leur nombre de morts. Quiconque a suivi d’un peu près la crise déclenchée en Chine savait ce qui nous attendait. Beaucoup d’experts le disaient, et l’OMS avait tôt lancé l’alerte. Depuis les précédentes épidémies de Coronavirus, tous les dirigeants auraient dû savoir et prévoir ce qui nous attendait. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs en 2010, la France possédait un stock de masques pléthorique.
Jérôme Salomon, l’actuel directeur général de la santé avait remis, un rapport à Macron candidat en 2017 dans lequel il indiquait que la France n’était pas prête pour encaisser une pandémie. Cela n’a pas empêché celui-ci, accompagné du même Salomon, de poursuivre la mise en œuvre de la destruction du système de santé français, en réprimant férocement ceux qui s’y opposaient. Imprévisible la crise ? Alors que raconte Agnès Buzyn dans ses aveux ? Quand elle dit qu’elle savait tout à partir du 10 janvier, qu’elle a prévenu le président, le Premier ministre et le directeur de la santé ? Pendant qu’elle mentait aux Français en leur disant qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter ?
Alors face à la colère qui monte, et à l’exigence populaire de la reddition des comptes, devant le juge pénal si nécessaire, on allume les contre-feux et on menace.
UN LOT D’INFRACTIONS CONSIDÉRABLE
On retiendra de cette triste opération de communication, la lettre signée de six anciens ministres de la santé qui nous disent que le gouvernement a été formidable ! Probablement une façon pour eux aussi de tenter de se dédouaner, car l’affaiblissement méthodique de notre système de santé que nous payons si cher, ils en ont été les exécutants dociles depuis 30 ans. Ils seraient bien avisés de tous raser les murs. Pour ma part je retiens cette consternante tribune signée par deux avocats dans les colonnes de l’Obs où l’on met sans état d’âme ignorance et mauvaise foi au service d’une triste cause. En disant vouloir éviter à la justice de tomber dans le piège qui lui est tendu : juger l’action politique au prétexte d’un procès pénal. Comme si c’était le problème !
La gestion de la crise par le gouvernement et par l’État depuis le début du mois de janvier a été, chacun le sait bien aujourd’hui, calamiteuse. Les aveux pleurnichards d’Agnès Buzyn n’en sont finalement qu’une confirmation. Le comportement de nos dirigeants a été marqué par l’impréparation, la désinvolture, le cynisme, et beaucoup de leurs actes relèvent de l’application du code pénal. Homicides par négligences, mise en danger délibéré de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger, détournement de biens (disparition des stocks de masques et de chloroquine) nous avons affaire à un véritable florilège. Mais il faut bien comprendre que ce sont toutes les chaînes de commandement de l’État qui sont impliquées. Il n’y a pas que les ministres, Jérôme Salomon par exemple est un haut fonctionnaire, il relève quant à lui des tribunaux ordinaires.
On ne va pas ici faire la liste de toutes les infractions que l’on pourrait relever dans la gestion de la crise, simplement donner quelques exemples qui démontrent l’inanité des arguments avancés pour prétendre qu’il n’y en a pas.
Les deux auteurs de la tribune de l’Obs n’hésitent pas nous dire : « Mise en danger de la vie d’autrui ? Elle suppose, selon l’article 223-1 du Code pénal, que le coupable ait violé, de façon « manifestement délibérée », une « obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement ». Quelle obligation « particulière », qu’elle soit légale ou réglementaire, les membres du gouvernement ont-ils délibérément violée ? Aucune : « il n’y a donc pas eu mise en danger de la vie d’autrui. » Pardon ?
Le confinement est une réglementation particulière de sécurité prévue par décret. Il a pour but d’éviter la propagation du virus, et l’extension de la maladie et de la mort aux autres citoyens. Le violer, refuser de l’exécuter constitue bien évidemment cette « mise en danger délibéré » prévu au code pénal. Le Canard enchaîné nous apprend que Monsieur Nuñez aurait refusé de demander aux forces de l’ordre sous son autorité de le faire respecter dans certaines banlieues, ce refus d’accomplir sa mission a exposé les habitants à des risques de maladies et de mort, tout simplement. Si cette défaillance est réelle, Monsieur Nuñez devra être jugé et en répondre.
CALAMITÉS
Et puis il y a bien sûr les homicides et blessures involontaires (article 221–6 et 121–3 du Code pénal), ou pour pouvoir être poursuivi et condamné il faut avoir « violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité » (comme en matière de mise en danger) ou encore « commis une faute caractérisée qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité ». Et nos deux auteurs d’affirmer tranquillement qu’il n’y a eu aucune faute. Pardon ? Tous les contaminés décédés du fait de la carence semble-t-il volontaire de Monsieur Nunez sont morts par hasard ? L’organisation calamiteuse du premier tour des élections municipales qui va entraîner des centaines de victimes, ne serait pas une faute caractérisée ? Alors même que comme l’a avoué Agnès Buzyn elle avait prévenu le présent de la république et le Premier ministre du danger dès le mois de janvier ? Et que dire des saillies lamentables, de Sibeth Ndiaye voix du gouvernement et par conséquent d’Édouard Philippe venant marteler mensongèrement et probablement délibérément sur les ondes « que les masques ne servaient à rien » exposant au risque ceux qui prenaient cela pour argent comptant.
Tant de méconnaissance de la matière sidère. Sans trop insister sur un argument d’autorité, l’auteur de cette tribune rappelle qu’il a écrit plusieurs livres sur le sujet de la responsabilité pénale des décideurs publics, enseigné la matière à l’université Paris II, et traité dans son cabinet plus d’une centaine de dossiers d’agents publics mis en cause sur la base de ces infractions. Il prétend par expérience savoir de quoi il parle.
Et il y a aussi les infractions qui relèvent du fameux chapitre « des atteintes à la probité » du Code pénal qui ne concerne que les agents publics. Juste un exemple, il faudra nous dire ce que sont devenus les stocks de masques et de chloroquine. Il semble bien que ce qui constituaient des biens publics ont été détournés ce que réprime l’article 432–15 du code, sans oublier le 432–16 qui lui punit les fonctionnaires dont la négligence a permis de détournements. N’en jetons plus…
Ministres et hauts fonctionnaires sont des agents publics. Ils devront en répondre comme dans le précédent parfaitement connu du « sang contaminé ».
Et ceux qui ont failli devront rendre des comptes
Ce que l’on va préciser maintenant et que cette reddition des comptes devant le juge pénal est inéluctable et elle aura lieu.
L’article 2 du code de procédure pénale précise qui a intérêt pour agir et se constituer partie civile : « L’action civile en réparation du dommage causé par un crime, un délit ou une contravention appartient à tous ceux qui ont personnellement souffert du dommage directement causé par l’infraction. » C’est-à-dire, que les familles et les ayants droits des personnes décédées, ceux qui garderont des séquelles physiques de la pandémie, mais aussi les victimes économiques pourront déposer le moment venu des plaintes « simples » entre les mains du procureur de la république de tous les tribunaux judiciaires français. Il existe déjà des plates-formes numériques qui fournissent les modèles qui rassemblent les plaignants. On peut légitimement craindre que les parquets qui ont été si actifs dans la répression du mouvement social des gilets jaunes, si zélés dans le refus de poursuivre les violences policières et les infractions commises par membres de l’entourage du président, poursuivent dans la même voie de soutien sans barguigner de l’État Macron. Qu’à cela ne tienne, si ces parquets restent sans réagir pendant trois mois ou classent sans suite, les plaignants récupéreront leur pouvoir d’initiative et pourront déposer des plaintes avec constitution de partie civile. La nomination de juges d’instruction (juges du siège théoriquement indépendants et impartiaux) sera obligatoire. Les instructions pourront se dérouler dans un cadre contradictoire et dans le respect des règles du code de procédure pénale. Il n’est pas temps de dire si tous les gens dont nous parlons serons condamnés, mais en tout cas ils seront jugés.
Face à une telle tragédie, la colère sera immense et face à des milliers de plaintes pénales venant de toute la France, il faudra rappeler fermement au corps des magistrats, au nom de qui ils doivent rendre justice. Et ceux qui ont failli devront rendre des comptes.
: La loi Avia intervient dans un contexte où les débats d’opinion semblent de plus en plus tendus, antagonistes, violents, avec notamment une génération rompue aux échanges vifs sur les réseaux sociaux. Pourquoi cependant cette loi n’est-elle pas adaptée au contexte actuel ?
Anne-Sophie Chazaud : S’il est vrai que les réseaux sociaux sont un lieu où s’échangent parfois des propos agressifs voire violents et s’il semble exister un relatif consensus pour dénoncer ces excès, la volonté de mettre cet espace de libre parole en coupe réglée et sous contrôle inquisitorial ne fait absolument pas l’unanimité.
Les grandes plateformes internet peuvent effectivement servir de déversoir sans filtre aux propos les plus débridés. Chacun de nous en a fait l’expérience : il n’est qu’à lire parfois certains commentaires que peuvent laisser des internautes sous les articles publiés en ligne, sur les publications Youtube, ou encore les noms d’oiseaux qui peuvent s’échanger sur Twitter ou Facebook, avec parfois l’onction de l’anonymat et l’active agitation des trolls (où la Macronie n’est pas en reste), pour admettre qu’on peut à l’occasion avoir le sentiment de visiter des égouts peu ragoutants où s’épand l’absence de capacité à argumenter selon les règles du respect, de la courtoisie, de l’humanisme et du débat contradictoire.
Pourtant, résumer les réseaux sociaux à cette vision caricaturale (dont, du reste, il est facile de se protéger soit en ne les lisant pas, soit en pratiquant des blocages, soit enfin en portant en justice les cas caractérisés de cyber-harcèlement) est une manière bien pratique pour le pouvoir et la pensée dominante de jeter le bébé de la liberté d’expression avec le bain de ses inévitables excès.
Rappelons que les réseaux sociaux sont aussi ce lieu merveilleux de liberté, unique, grâce auquel la pensée non consensuelle peut circuler en dehors des vérités officielles et se confronter au dissensus. Ils sont une véritable agora contemporaine où s’exerce le débat public. Cette liberté a démontré son impérieuse utilité en matière démocratique par exemple lors de l’affaire Benalla, lors de la répression violente des mouvements de Gilets Jaunes, permettant de mettre en lumière sans conteste de nombreuses violences policières dont le peuple français a été l’objet ou encore lors des manifestations hostiles à la réforme des retraites. Sans les réseaux sociaux, la fausse information officielle et propagandiste de la fausse attaque de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, opportunément exploitée par le gouvernement, n’aurait pas pu être démontrée, étant entendu que de nombreux médias mainstream étaient prompts à relayer sans scrupules le discours officiel. Sans les réseaux sociaux, les manigances et l’impéritie des pouvoirs publics français concernant la gestion calamiteuse de la crise sanitaire du Covid-19 n’auraient pas pu être mises en lumière. Songeons notamment à la tragi-comédie des masques, de l’absence de tests, des manipulations d’opinion autour de la question des traitements. Sans les réseaux sociaux, les innombrables scandales de verbalisations zélées lors du confinement n’auraient pas pu éclater au grand jour, comme l’affaire honteuse de cette femme mise à l’amende pour avoir communiqué avec son mari, résident en Ehpad, au travers d’une vitre à l’aide de quelques mots griffonnés tendrement sur une ardoise, ou encore cet homme empêché par la gendarmerie de se rendre au chevet de son père mourant. Les exemples furent innombrables.
Les réseaux sociaux sont à l’heure actuelle un véritable contre-pouvoir et c’est bien ce qui dérange. Prendre le prétexte des excès qui s’y déroulent est donc le moyen commode d’un pouvoir liberticide et autoritaire pour mettre le couvercle sur cette libre agora au moment même où la société française, au bord de l’implosion, en a le plus besoin. Mettre le couvercle sur une marmite n’a jamais fait ses preuves en matière de thermodynamique, non plus qu’au plan de l’intelligence politique. Il est arrivé que cela se termine à la Bastille…
Régis de Castelnau : Une première observation s’impose, la conflictualité est inhérente au politique et elle s’exprime et se résout dans l’espace public. Le propre d’un cadre normatif dans un système démocratique est justement de permettre le débat et l’affrontement des opinions, le juge de paix étant l’élection. De ce point de vue, il ne faut pas se tromper, les débats et les échanges de la période actuelle sont plutôt moins violents que par le passé. J’invite sur ce point à la lecture des débats parlementaires ou de la presse pendant la première guerre mondiale pourtant époque « d’union sacrée », c’est assez impressionnant. Le problème que pourrait poser l’exercice de la liberté d’expression aujourd’hui est celui de l’existence des réseaux numériques réalisant une véritable révolution en donnant une parole en temps réel au plus grand nombre ce qui est quand même qu’on le veuille ou non un progrès démocratique. Cette parole charrie comme toujours le pire et le meilleur, et il est quand même inquiétant que le pouvoir d’État réagisse comme il le fait avec cette succession de lois liberticides. Le texte « proposé » par Madame Avia n’étant qu’un avatar d’une entreprise d’encadrement mise en œuvre depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir et visant à limiter drastiquement la liberté d’expression avec deux objectifs : contrôler l’information, et empêcher la parole dissidente. Il est quand même curieux d’être contraint de rappeler que la démocratie est fondée sur l’égalité de n’importe qui avec n’importe qui. Et que l’accès à l’expression et au débat du plus grand nombre ne devrait pas être considéré comme un danger. Lorsque la IIIe République fut suffisamment solide, et afin de garantir le respect de la déclaration de l’Homme et du citoyen fut adoptée une loi de protection de la liberté d’expression. Parmi ses principes figurait celui que cette liberté fondamentale pouvait être limitée si nécessaire par la loi, mais dès lors que les restrictions étaient strictement proportionnées à l’objectif d’intérêt général poursuivi et que le contrôle de ce nécessaire équilibre n’appartenait qu’au Juge. La loi sur la presse de 1881 fonctionne depuis presque 140 ans et jusqu’à présent on pouvait considérer que la liberté d’expression existait dans notre pays. Malheureusement, depuis le mandat de François Hollande et maintenant d’Emmanuel Macron, la France a dégringolé dans les classements internationaux de la liberté de la presse, « la patrie des droits de l’homme » se trouvant aujourd’hui à la 34e place sur 180 pays… l’inadaptation de la loi Avia au « contexte actuel » est d’abord due à son caractère liberticide.
Laetitia Avia se retrouve elle-même accusée d’avoir tenu des propos discriminatoires à l’encontre de certains de ses anciens collaborateurs, propos qui pourraient parfaitement correspondre à l’appellation de « contenus haineux » que sa loi souhaite interdire. Comment une loi pourrait-elle appréhender le flou de ces notions ? Est-ce souhaitable ?
Anne-Sophie Chazaud : Les propos reprochés à Laetitia Avia, comme le rapporte Mediapart, qu’elle aurait tenus envers nombre de ses ex-collaborateurs, empreints de connotations racistes, méprisantes, de l’esprit de discrimination, de sexisme, mais aussi les pratiques de travail peu respectueuses qu’elle aurait fait régner, démontrent à l’évidence l’éternelle tartufferie des moralistes. Car la loi Avia cherche à réfréner la liberté d’expression sous les motifs les plus vertueux et au prétexte des luttes sociétales minoritaristes et victimaires. Se retrouver mis en accusation, du côté des bourreaux, pris la main dans le pot de confiture, lorsqu’on s’époumone dans de curieuses diatribes à vouloir contrôler la saine morale et la parole d’autrui (songeons à sa grotesque harangue à la tribune de l’Assemblée contre les « trolls, les haters et les têtes d’œuf » (sic), est toujours assez savoureux.
Selon le principe de l’arroseur arrosé, Laetitia Avia fait par ailleurs l’expérience de l’inanité des dispositifs liberticides visant à interdire les « contenus haineux ». Car, en l’occurrence, et au-delà de l’absence de savoir-vivre, d’éducation et de respect d’autrui, les propos qui lui sont reprochés correspondent à des expressions « vulgaires » certes mais qui appartiennent parfois au langage courant. Si l’on ne peut qu’en regretter la bêtise, vouloir à tout prix légiférer sur ce champ relève de l’ineptie intrusive. Invoquer l’aspect privé de ces commentaires peu amènes est du reste impossible puisque, dans sa grande passion liberticide, le pouvoir macronien s’est empressé en août 2017 de prendre un décret permettant la pénalisation de propos discriminatoires et d’injures tenus dans un cadre non public. L’extension du domaine de la pénalisation de l’expression se retourne donc contre son créateur, ce qui en la circonstance est plutôt amusant.
La propension du macronisme à vouloir régenter la parole, y compris la parole « vulgaire » est assez caractéristique de ce côté « maîtresse d’école » typique de la pensée post-socialiste, puritaine, vertueuse et elle-même dénuée de scrupules. On se souvient de la mascarade de la ministre des sports Roxana Maracineanu tentant de faire interdire leschansons paillardes dans les stades de football au motif de leur prétendue homophobie (laquelle ministre moralisatrice était restée bien silencieuse lorsqu’il se serait agi de dénoncer le traitement réservé aux homosexuels en terre islamiste du Qatar lors des préparatifs de le Coupe du monde de football… Mais il semblerait que là où il y a de vrais enjeux et de vrais risques, il y ait subitement moins de passion inquisitoriale et moins de courage anti-haine)…
Le fait que le Parti Socialiste qui avait d’abord soutenu le texte en première lecture, avec les zélateurs de l’extrême-centre –lequel fonctionne comme un trou noir antidémocratique en ce qu’il cherche à abolir la conflictualité propre au politique-, se soit cette fois assez lâchement abstenu, souligne la continuité naturelle existant entre le gauchisme culturel moribond, profondément liberticide et anti-libéral (au sens moral du terme) et le macronisme qui n’en est que le dernier avatar, l’ultime rejeton de l’ancien monde et qui est, rappelons-le, majoritairement issu de ses rangs.
La réaction saine des autres partis d’opposition, de la France Insoumise au Rassemblement national en passant par Les Républicains, toutes tendances confondues, au secours de la liberté d’expression, est toutefois rassurante quant à l’avenir de cette loi qui sera portée devant le Conseil constitutionnel et qui ne manquera pas de rencontrer de nombreuses oppositions lorsqu’il s’agira de la faire appliquer.
Lorsque l’on sort des propos de leur contexte, il est très difficile de comprendre leur nature et l’ambiguïté est de mise. Dans l’article de Mediapart, au sujet du comportement inopportun de Laetitia Avia avec ses collaborateurs, il n’y a pas assez d’éléments pour se faire une idée exacte des propos de la députée. Pourquoi l’ambiguïté de certains propos rend l’utilisation de la loi problématique ?
Régis de Castelnau : La séquence « arroseur arrosée » qui frappe Laetitia Avia au-delà de son côté savoureux, pose très exactement le problème de l’application du texte qu’elle a fait adopter. Des propos prononcés dans un cadre semble-t-il familier, sur l’ambiance duquel on ne dispose d’aucune information, sont présentés comme autant de « dérapages » homophobes et racistes. Il est impossible de savoir si ce qu’elle a dit ou écrit était du premier ou du second degré. Et les témoignages de son entourage sur son caractère et ces comportements ne peuvent pas nous renseigner, permettant seulement de savoir ce qui était déjà une évidence que ladite personne était un modèle de brutalité et d’arrogance. Quant à son discours à la tribune de l’Assemblée, avec sa petite litanie d’insultes elles-même haineuses démontrent à quel point cette soi-disant « lutte contre la haine » n’est qu’un prétexte. Alors ce ne sont pas l’ambiguïté de certains propos qui rend l’application de la loi problématique, c’est le fait que cette loi soit radicalement inconstitutionnelle.
Le texte de 1881 posait un certain nombre de principes et en particulier l’intervention du juge impartial pour définir les limites légales de la liberté d’expression. Celle-ci est totale et ne peut faire l’objet d’un contrôle judiciaire qu’a posteriori. C’est la raison pour laquelle par exemple l’interdiction a priori des spectacles de l’humoriste Dieudonné n’est pas possible. Le fait qu’il ait déjà été condamné ne permet pas de l’empêcher de parler par anticipation. 140 ans de jurisprudence ont permis utilement au juge d’adapter l’application du texte aux évolutions des modes de communication. La révolution numérique a été parfaitement intégrée et l’ordre juridique n’avait nul besoin d’être bouleversé.
Le texte adopté hier comporte un certain nombre d’horreurs et la première d’entre elles est celle relative au fait que c’est l’autorité administrative qui désormais décide de ce que l’on peut dire ou ne pas dire sur les réseaux. La police peut sommer n’importe quel site, quelle que soit sa taille, de supprimer dans les 24 heures des textes qu’elle juge contraire à la loi. La défaillance dans la suppression peut être sanctionnée, non pas par un juge mais par le CSA qui est une « Haute autorité administrative indépendante », c’est-à-dire une officine complètement contrôlée par le pouvoir exécutif. Le montant des amendes peut être vertigineux et dépasser le million d’euros ! Il est clair que les grandes plates-formes comme Facebook et Twitter, non seulement vont poursuivre leur censure a priori qui existe déjà, mais par précaution déférer à toutes les demandes de suppression émanant du pouvoir d’État. Le système d’intimidation ainsi adopté n’est pas destiné à « lutter contre la haine » mais bien à réprimer la liberté d’expression sur les réseaux. Et ce d’autant, que le pouvoir actuel nous a fait une très jolie démonstration à propos de l’expression de la haine dans la fameuse affaire « Mila ». On se rappelle cette jeune fille de 16 ans victime d’une agression raciste sexiste sur les réseaux et répondant vivement en critiquant vertement une religion, ce qui est une liberté fondamentale. Pour faire l’objet ensuite d’un incroyable déferlement d’insultes et de menaces de mort qui se sont comptés par dizaines de milliers. Le premier réflexe du parquet mandaté par Madame Belloubet fut de lancer une enquête préliminaire contre la jeune fille ! Piteuse reculade devant le tollé, mais depuis il ne s’est absolument rien passé sur le plan judiciaire. Les dizaines de milliers d’infractions n’ont eu aucune réponse. Pas une mise en cause, pas une garde à vue, pas de mise en examen et bien sûr pas de condamnation.
Et ce n’est pas l’annonce de la création d’un parquet spécialisé ainsi que d’une juridiction également spécialisée qui vont changer quoi que ce soit en réintroduisant le juge dans le processus. La précédente création du Parquet National Financier a été une belle démonstration de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques dont l’actuel pouvoir est un pratiquant assidu.
L’accusation de haine contenue dans cette loi peut-elle servir à éliminer, sous un prétexte facile, les adversaires ? En quoi ce dispositif de censure partagé entre les pouvoirs publics et les grandes plateformes d’internet est-il dangereux ?
Anne-Sophe Chazaud : L’argument de la « haine », utilisé ad nauseam par les moralistes contemporains, vise à psychiatriser la parole non consensuelle, à la disqualifier et, in fine, à la criminaliser. Il correspond à cette obsession victimaire décrite avec drôlerie par Philippe Muray comme étant une « cage aux phobes » propre à la post-modernité gémissante, prompte à dénicher de l’offense à tous les coins de rue et sous tous les travers de langage.
Cet outil à la fois rhétorique et juridique, visant à étouffer la conflictualité, la dialectique, le contradictoire, tout en décrétant une censure a priori, exempte de toute décision judiciaire, laquelle était de toutes façons déjà préjudiciable à la liberté d’expression, ne fait que souligner un peu plus l’obsession liberticide de cet exécutif.
Une ribambelle de dispositifs se sont succédé, dans un pays déjà sujet à l’inflation législative, visant à museler l’expression ; la loi présentée comme anti fake-news, permettant l’intervention du juge des référés en matière politique représente une véritable abomination antidémocratique. Elle n’a pourtant pas trouvé beaucoup d’opposants sur les bancs de l’Hémicycle. L’esprit propagandiste qui dirigeait l’esprit de cette loi a pourtant été mis en lumière lors des récentes manipulations d’opinion et d’intrusion dans la liberté d’information auxquelles s’est prêté l’exécutif avec sa tentative de déploiement d’un site de « Desinfox » afin de contrôler la bonne parole sur la gestion de la crise sanitaire. La loi présentée comme « anti-casseurs » et qui avait surtout pour objectif de casser la liberté d’expression propre au droit de manifester, en tentant de justifier l’injustifiable arrestation arbitraire et préventive des opposants sociaux et politiques par le pouvoir, n’a pareillement pas suscité beaucoup de réactions hostiles, proposée même par Les Républicains. La loi Avia ne fait que compléter ce système répressif antidémocratique, lequel démontre la nature autoritaire et illibérale du pouvoir macronien. Rappelons également que si chacun semble considérer comme acquis les bienfaits de la fin de l’anonymat sur les réseaux sociaux, celui-là permet pourtant à de nombreux lanceurs d’alerte de diffuser certaines informations. Mais protéger les lanceurs d’alerte n’est pas non plus une grande priorité de cet exécutif qui s’est empressé avec un zèle remarquable de faire appliquer en droit national la directive européenne sur le secret des affaires en mode « procédure-bâillon ».
L’entente entre les pouvoirs publics et les géants d’internet, sociétés privées étrangères auxquelles on va donc confier le soin de régenter la liberté d’expression des citoyens français, sera parfaite, puisqu’il existe une véritable porosité idéologique entre ces différents pouvoirs qui défendent la même vision du monde et les mêmes intérêts.
La censure portera par exemple sur les contenus « religieux », ce qui ne facilitera évidemment pas la lutte contre l’islam politique, que l’on sait très actif par le biais victimaire sur les réseaux sociaux. Le concept fumeux d’islamophobie avait d’ailleurs été employé par Laetitia Avia lors de l’exposé des motifs de cette loi, alors même que la critique voire la détestation d’une religion (distincte de la haine publique énoncée contre des individus) constitue une liberté fondamentale. La nomination cette semaine au nouveau Conseil de surveillance (en vérité conseil de l’Inquisition) de Facebook (et instagram) d’une yéménite fréro-salafiste ou encore d’une membre de la fondation de Georges Soros, particulièrement actif dans l’encouragement de la crise migratoire et la destabilisation subséquente des Etats européens, laisse à penser que la censure permettra un verrouillage supplémentaire de l’opinion publique sur ces questions qui, pourtant, appartiennent au peuple et sur lequel seul lui devrait avoir à trancher. Le modèle communautariste, multiculturaliste qui fonde l’idéologie post-socialiste macroniste est commun à l’exécutif actuel et aux géants d’Internet. Il est vraisemblable que c’est donc peu à peu ailleurs, sur d’autres canaux (retour du fanzine papier ?) ou par d’autres biais numériques (plateformes cryptées et moins visibles ?) que les citoyens français pourront exercer de nouveau leur pleine liberté d’expression, ce qui s’apparente à la mise en place d’une forme de dissidence en régime autoritaire.
Notons enfin que la notion de « haine » permet de condamner la critique de nature politique et sociale. On se souvient d’Emmanuel Macron fustigeant, lors du mouvement des Gilets Jaunes, la « foule haineuse ». Cette sémantique appliquée au champ politique n’est pas anodine et permet d’entrevoir un verrouillage de l’opposition politique et sociale par un pouvoir aux abois.
On en comprend donc tous les dangers multifactoriels.
L’accusation peut devenir une arme pour se débarrasser de son adversaire d’un jour, comme lors d’un divorce. N’est-ce pas le signe qu’une telle loi est de mauvaise facture ?
Régis de Castelnau : Répétons que « la lutte contre la haine » n’est que le prétexte pour mettre les réseaux au pas. Et n’oublions pas que le pouvoir d’Emmanuel Macron est dès le départ un pouvoir minoritaire. Cette minorité est parfaitement assumée, mais a pour conséquence nécessaire pour se maintenir d’une dérive autoritaire qui a pris des proportions plus qu’inquiétantes. L’usage de la police et de la justice contre les gilets jaunes et les autres mouvements sociaux, les grands médias complètement enrégimentés et la destruction méthodique de la liberté d’expression sont les armes utilisées par Emmanuel Macron pour mettre en œuvre sa feuille de route. L’affaire Mila et l’attitude personnelle révélée de Laetitia Avia démontrent la totale hypocrisie de cette séquence.
Il est indispensable de s’opposer, par toutes les voies de droit possible, à cette mise en cause de la liberté fondamentale d’expression. À l’Assemblée, la droite républicaine s’est ressaisie, la France insoumise a fait son devoir, et on notera la « glorieuse » et guère surprenante abstention du groupe socialiste… Il faudra s’en souvenir.
Modifié le 16/05/2020 à 10:09 – Publié le 16/05/2020 à 09:30 | Le Point.fr
Emmanuel Macron se voit en héros politique. Il se range en effet parmi ces « êtres doués originellement et de manière innée d’une flamboyante capacité d’intellection », pour reprendre l’expression de l’historien Thomas Carlyle. Macron ne manque ni de panache, ni de vision, ni d’idéal stoïque. Cette quête de l’héroïsme, le président l’a exprimée avec force dans son entretien fleuve accordé au Point en août 2017. Il ne rate jamais une occasion de célébrer les vertus héroïques dans ses discours. Et, quand il se compare à des personnages du passé, c’est à des héros mythiques.
Comparaison n’est pas raison. En mars, devant un hôpital de campagne à Mulhouse, on l’a vu mimer Clemenceau dans les tranchées. Récemment, à l’Élysée, en visioconférence devant les people chics de la culture, il s’est essayé au lyrisme de Malraux. À force de le voir en représentation, certains ont cru qu’il s’était aussi déguisé en Superman. Une photo sur Instagram le montrait en effet vêtu d’un pull bleu moulant avec un autre, rouge, noué en écharpe… La ressemblance avec le super-héros était troublante.
Le sauveur, l’âge d’or, l’unité…
Macron s’identifie-t-il aux personnages à qui il rend hommage ? C’est le propre de ce genre d’exercice. Mais c’est aussi un moyen pour lui de revisiter quelques-uns des « grands ensembles » politico-mythologiques français définis par l’historien Raoul Girardet : le sauveur, l’âge d’or, l’unité…
Ce dimanche, à Montcornet, le président doit mettre ses pas dans ceux du colonel de Gaulle. C’est dans ce village de l’Aisne que ce dernier tint tête aux panzers le 17 mai 1940. Au menu de son discours, cette fois, l’esprit de résistance, le courage et le refus de la défaite. 2020 est une grande année gaullienne. On célèbre le cinquantième anniversaire de sa mort et le quatre-vingtième de l’appel du 18 Juin. Pour galvaniser le peuple France, sonné par le Covid et la crise économique, le parrainage semble tout indiqué.
Pourtant, ces derniers temps, le verbe macronien a beau évoquer des heures shakespeariennes, il résonne comme un feuilleton de France 3. Il y a un décalage de plus en plus gênant entre le ton présidentiel, l’imaginaire qu’il charrie et le prosaïsme de notre situation. Au début de la pandémie, ses interventions exaltaient valeurs guerrières et vertus chevaleresques. Mais le quotidien des Français, c’était l’attestation de déplacement et la promenade avec le chien dans un rayon d’un kilomètre. Le mimétisme se retourne contre le président. Nous ne sommes pas en 1940 et il n’est pas de Gaulle. Son appel du 16 mars 2020 ? « Il faut rester chez vous ! »
À propos du général de Gaulle, on recommande au président de la République la réédition du livre cinglant que le journaliste et homme politique Henri de Kerillis lui consacra en 1945 : De Gaulle dictateur (Perrin). Kerillis fut le seul député de droite à voter contre les accords de Munich et rejoignit Londres deux jours avant de Gaulle. Farouche opposant de Pétain et de Vichy, l’auteur dissimule mal son amour déçu : de Gaulle le prit de haut. Mais son regard sur le personnage est stimulant, même pour un admirateur de l’épopée gaullienne. Méfions-nous des belles statues ! Face à l’homme du 18 juin, écrit Kerillis, « on se croirait devant une transposition, sur la scène publique, du génial artiste Fregoli qui, pendant près d’un demi-siècle, attirait dans les cirques de France et de l’Europe entière des foules émerveillées à cause de la vitesse prodigieuse avec laquelle il apparaissait sous les déguisements les plus différents ».
Succession frénétique de rôles
Macron est-il notre Fregoli ? Sa présidence donne parfois l’impression d’une succession frénétique de rôles. Comme si le chef de l’État voulait transposer à la scène son « en même temps ». Son vestiaire est riche de costumes historiques qu’il enfile selon les circonstances : Jeanne d’Arc (relire son discours d’Orléans de mai 2016, alors qu’il était ministre de l’Économie), Mendès France, Pompidou… En réalité, Macron se cherche encore. Qui est-il ? Les Français se le demandent.
Macron croit au miracle des rois thaumaturges. En revêtant leurs habits, en prononçant leur nom, il espère capter le pouvoir de guérison qu’on leur attribuait. Il ne se résigne pas à être un leader centriste, rationnel et démocrate du XXIe siècle. Il a besoin d’imaginer des flammes et des bruits de canon autour de lui quand il s’adresse aux Français. Au risque de paraître jouer dans une mauvaise reconstitution.
« Il portait en lui des flots d’espérance. Il jetait dans les âmes la semence d’une future grande moisson d’héroïsme », écrit Kerillis à propos de De Gaulle. La moisson macronienne sera-t-elle aussi féconde ?
La proposition de loi AVIA sur les contenus haineux arrive en dernière étape à l’Assemblée Nationale. Faute d’un accord de la commission mixte paritaire sur son contenu, il revient aux députés de trancher le débat en adoptant seuls ce texte polémique qui causera plus de problèmes qu’il n’en résoudra. Il fait partie de cette galaxie de textes en apparence bien intentionnés et proportionnés, qui dessinent progressivement les contours d’une « démocrature » macronienne qui ne fait pas envie. Progressivement, la liberté d’expression y sera livrée aux caprices d’un pouvoir de plus en plus superficiel et excessif.
La proposition de loi Avia arrive aujourd’hui au terme de son laborieux parcours parlementaire. Elle passe finalement outre tous les avertissements démocratiques et tous les garde-fous que des institutions aussi extrémistes et radicales que le Sénat ou la Commission européenne ont voulu introduire pour en amoindrir les effets liberticides. Mais la majorité En Marche, qui a créé son fonds de commerce sur le combat contre le repli nationaliste et contre les démocraties illibérales, semble définitivement tenir à curiacer méthodiquement des libertés gênantes pour l’épanouissement des lumières jupitériennes.
Un texte qui fait polémique
Rarement une proposition de loi (dont l’initiative revient au Parlement, donc) n’aura suscité autant de critiques non pas politiques mais techniques. Il faut peut-être remonter aux absurdes lois de Cécile Duflot pour retrouver une rupture aussi forte entre les experts d’un domaine et les propositions impraticables et peu adaptées d’un texte de loi porté par une idéologue fermée à tout raisonnement rationnel.
Insistons sur ce point : les critiques contre la loi Avia ne portent pas tant sur les choix politiques du texte, que sur son incapacité technique à atteindre ses objectifs et, au fond, sur l’incompétence de ses rédacteurs. En l’espèce, il s’agit ici de faire plaisir à une noblesse d’État agacée par les réseaux sociaux, qui cherche par tous les moyens (sans toutefois chercher à mettre les mains dans le cambouis technique) à les faire taire. Il ne s’agit pas de lutter réellement contre la haine en ligne, lorsqu’elle survient vraiment.
L’essentiel du texte consiste à ordonner aux réseaux sociaux de retenir dans les 24 heures un contenu qui sera signalé comme enfreignant les règles de la liberté de la presse. Ce retrait devra s’opérer sans intervention du juge. Autrement dit, le contrôle judiciaire de la liberté d’expression, liberté fondamentale en démocratie, cède à la place à un contrôle bureaucratique laissé entre les mains d’opérateurs totalement opaques.
En cas de défaut de contrôle, c’est-à-dire si la plate-forme ne retire pas le contenu signalé dans les 24 heures, elle sera considérée comme auteur d’un délit et s’exposera à des sanctions très lourdes de la part du CSA. Cette criminalisation des plate-formes et de leur politique éditoriale conduira forcément à un excès de surveillance de la part des plate-formes (dont les critères de sélection éditoriale sont tout, aujourd’hui, sauf transparents) pour éviter les sanctions.
Autant dire que des pratiques très répandues comme l’astroturfing (la création de comptes de circonstance pour donner un écho à des campagnes d’influence financées par des lobbies) obtiendront sans problème le retrait préventif de messages gênants, même s’ils ne relèvent pas de la loi.
« les opérateurs de plateforme en ligne au sens du I de l’article L. 111‑7 du code de la consommation qui proposent un service de communication au public en ligne reposant sur la mise en relation de plusieurs parties en vue du partage de contenus publics et dont l’activité sur le territoire français dépasse des seuils déterminés par décret sont tenus, au regard de l’intérêt général attaché au respect de la dignité humaine, de retirer ou de rendre inaccessible, dans un délai de vingt‑quatre heures après notification par une ou plusieurs personnes, tout contenu contrevenant manifestement aux dispositions mentionnées aux cinquième, septième et huitième alinéas de l’article 24, à l’article 24 bis et aux troisième et quatrième alinéas de l’article 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ainsi qu’aux articles 222‑33, 225‑4‑1, 225‑5, 225‑6, 227‑23, 227‑24 et 421‑2‑5 du code pénal. »
Des critiques fortes contre cette démocrature naissante
Cette disproportion dans les limites posées à la liberté de la presse par la majorité En Marche a fait l’objet de nombreuses critiques explicites.
Mais d’autres critiques fortes sont venues du Sénat (qui a, en son temps, annulé les dispositions tyranniques de l’article 1) et de la Commission Européenne elle-même, ainsi que de la République Tchèque, qui a émis un avis circonstancié sur le projet. Dans la pratique, les partenaires européens de la France nous reprochent (et reprochent surtout à Laetitia Avia) de faire cavalier seul en n’attendant pas la fin d’une initiative européenne sur le même sujet. Surtout, ils considèrent que la France viole la libre circulation de l’information dans l’Union en imposant à la France des sujétions spécifiques.
La critique européenne mérite d’être relevée, car la majorité En Marche, et Macron lui-même, font profession d’europhilie, voire d’eurolatrie à tout crin. Mais tout ce petit monde de donneurs de leçons semble très bien s’accommoder du repli souverainiste, voire nationaliste, dès lors qu’il s’agit de défendre des objectifs politiciens à court terme.
Un combat obstiné
Face à ces multiples oppositions, la majorité marcheuse a fait preuve d’une persévérance dans l’erreur tout à fait impressionnante, et qu’on pourrait même qualifier d’inhabituelle et suspecte quand on se réfère à la pratique moyenne de la macronie. Ainsi, alors que, dès le début, le Sénat a supprimé l’obligation de retrait dans les 24 heures, la majorité à l’Assemblée s’est empressée de la rétablir en deuxième lecture, puis en lecture définitive.
Alors que le Sénat a à nouveau aboli cette disposition (essentielle) du texte, les marcheurs n’ont entendu faire aucune concession en commission mixte paritaire. Ils ont exécuté la commande et décidé de procéder à un ultime vote où l’Assemblée impose son texte au Sénat.
On peut quand même s’interroger sur les raisons profondes pour lesquelles le système Macron se fige autant sur une position aussi fragile politiquement, et aussi facilement critiquable, alors qu’il est soumis de toutes parts au feu nourri des soupçons sur le glissement illibéral du régime.
À l’issue de ce séjour, elle envoie un bilan à son équipe. « Il s’agissait d’un plan de carrière hypothétique avec des vrais objectifs et des choses plus fantaisistes », explique William. « Écrire une PPL, mener une réflexion Grand Paris, écouter de la musique actuelle et des séries », retient-elle dans la rubrique « Actions ». « Devenir ministre de la justice, entrer au gouvernement, publier une tribune dans Le Monde, que plus personne ne cite le nom de Sandrine Mazetier [l’ancienne députée de sa circonscription et sur la même liste que Laetitia Avia pour les municipales à Paris – ndlr] – jamais – que je devienne la référence », résume-t-elle dans la rubrique « Objectifs ».
Comment faire carrière en combattant la liberté
Une explication assez simple, pour ainsi dire reptilienne, de la loi Avia tient aux ambitions démesurées de la « porteuse » du projet elle-même. Députée de Paris, avocate accusée d’avoir mordu un chauffeur de taxi récalcitrant au début de la mandature, Laetitia Avia tient à marquer son époque, au besoin en lui infligeant un texte liberticide qui fera date dans l’histoire de notre démocratie.
Rappelons que Laetitia Avia qui, si l’on en croit les documents publiés par Mediapart, pense que les Chinois ont une odeur particulière et que les homosexuels sont des « PD », a reçu d’Emmanuel Macron lui-même la mission d’écrire cette loi, un peu comme Saint-Pierre a reçu les clés du Paradis. Cette timbale fièrement décrochée lui permet d’espérer un jour un poste ministériel et, d’ici là, d’exister médiatiquement.
Comme le révèle Mediapart, Laetitia Avia n’hésite pas à organiser des séminaires avec ses collaborateurs pour réfléchir à la meilleure façon de devenir une référence pour son époque. Nous en citons un extrait ci-contre, particulièrement éloquent sur la manière qu’a la macronie d’utiliser les ambitions égotistes de ses acteurs pour faire le sale boulot.
Tout la question que nous devons nous poser aujourd’hui tient à la dérive autoritaire qui se nourrit de ces ambitions individuelles. Laetitia Avia, avocate, est semble-t-il disposée à soutenir n’importe quel texte liberticide pour progresser dans la carrière. On sait quels noms ont porté les régimes politiques modernes ou contemporains qui se sont appuyés sur ce genre de bassesse.
La lente montée de la démocrature macronienne
Si la loi Avia était une exception, une violation anecdotique de nos libertés, elle mériterait à peine d’être relevée. Tout le problème est qu’elle s’intègre dans un ensemble qui dégage, vu de haut, une vision panoramique de plus en plus inquiétante de cette peau de chagrin qui héberge nos libertés, et qui se réduit à vue d’oeil, au fur et à mesure qu’Emmanuel Macron et sa majorité se sentent menacés par la contestation et la colère qui gronde. Nous citions hier la loi sur l’état d’urgence sanitaire qui prévoyait de légaliser des violations du secret médical finalement invalidées par le Conseil Constitutionnel. Mais on pourrait aussi y ajouter tant de textes, comme celui sur le secret des coffre-forts qui, par petites touches, montrent que nos libertés sont rognées, grignotées, de façon pour ainsi dire insensible, jusqu’à constituer le triste spectacle d’une démocratie illibérale qui n’a rien à envier à la Hongrie ou à la Pologne.
Les élites ont peur. Voilà ce qu’il faut comprendre. Les élites tremblent. Elles sentent que le peuple leur échappe. Et elles sont décidées à faire main basse sur les libertés, à autoriser des flashs totalitaires pour préserver leurs privilèges le moment venu.
Ce qui se met en place n’est pas une dictature au sens pinochien ou franquiste du terme mais plutôt une démocrature. C’est plutôt un régime de surveillance qui vise à permettre aux élites de continuer leur petit business sans être contestées. Reste à savoir si les élites françaises, avec leurs bonnes manières et leurs angoisses de pucelles, sont de taille à affronter l’adversité qui s’annonce…
CHRONIQUE. Premier texte post-déconfinement voté par LREM, la loi contre la haine sur Internet est calamiteuse. La liberté d’expression, Avia, ça vient !
Par Bernard Quiriny
Publié le 14/05/2020 à 11:00 | Le Point.fr
Il y a des coïncidences étranges auxquelles il est tentant d’attacher une signification. En 2017, alors qu’on venait de passer de l’ancien au nouveau monde, l’une des premières lois votées par la majorité LREM portait atteinte à la liberté d’expression : la loi sur la moralisation de la vie politique, partiellement censurée par le Conseil constitutionnel. Nous voici en 2020, on vient de passer au monde d’après. Et paf ! La première loi post-déconfinement votée par LREM porte encore atteinte à la liberté d’expression : la loi contre la haine sur Internet, que le Conseil constitutionnel jugera prochainement.
C’est ce qui s’appelle, j’imagine, revenir aux fondamentaux : dès qu’il est question d’écrire un nouveau chapitre, la majorité commence par attaquer la liberté d’expression. Et dire que des mauvaises langues reprochent aux macronistes de manquer de principes ! On voit qu’ils ont tort.
Toujours au rayon des coïncidences étranges, il se trouve que le vote en dernière lecture ce mercredi, qui aurait dû constituer pour la députée Laetitia Avia l’heure de gloire absolue, a été pollué par la publication d’une désagréable enquête de Mediapart, remplie d’insinuations pénibles à son sujet. Il paraît, figurez-vous, que Mme Avia est épouvantable avec ses assistants parlementaires, prodigue en propos peu amènes envers ses collègues, et insultante en privé à l’endroit de certaines minorités, les mêmes, paradoxalement, que sa loi a pour objet de protéger.
Toutes ces révélations sont assurément ennuyeuses ; ajoutées à la vieille affaire de son altercation avec un chauffeur de taxi, épisode mordant dont sa page Wikipédia préserve amoureusement le souvenir, elles tracent d’elle un portrait pour le moins désavantageux. En même temps, pour une fois qu’une parlementaire porte une loi sur un sujet qu’elle maîtrise, on ne va pas se plaindre.
Dernière perle d’une longue série
Si peu glorieux cependant soit le comportement supposé de Mme Avia, il ne faut pas perdre de vue que son vrai motif de se cacher à jamais dans une grotte reste bel et bien la loi scélérate qui désormais porte son nom. C’est cruel, à propos, d’avoir une loi calamiteuse à laquelle l’opinion vous rattache. D’autres lois mal foutues sont restées anonymes, désignées par un simple sigle. La loi NOTRe de 2015, par exemple, cette ahurissante usine à gaz technocratique que plus personne n’assume aujourd’hui. Il est facile, vu qu’elle n’accuse personne, de s’en désolidariser. Pour Mme Avia, en revanche, c’est fichu : le jour où – à Dieu plaise – elle aura retrouvé ses esprits et regrettera son texte, il sera trop tard ; son patronyme sera pour toujours associé à une loi hostile à la liberté d’expression, comme le pauvre Hercule de Serre à celle, aussi peu libérale, de 1819
Mais quoi ! Cette loi n’est que la dernière perle d’une longue série, après la loi anti-fake news, les délires présidentiels sur le contrôle de la presse, ou la récente labellisation par le gouvernement des informations fiables sur le coronavirus, dispositif supprimé en catastrophe après les protestations des médias. L’air du temps, il faut croire, n’est plus à la liberté d’expression ; nos princes n’auront apparemment de cesse qu’ils ne l’aient comprimée tout à fait. Alors, tant qu’à s’en passer, autant y aller franchement. Pourquoi ne pas adapter pour elle l’excellent dispositif d’attestations que la crise sanitaire a rodé ? Chaque fois qu’on ouvrirait le bec, ou qu’on prendrait la plume, il faudrait produire un document attestant qu’on n’est animé d’aucune arrière-pensée inavouable. Tout propos devrait être justifié par l’un des motifs suivants (cocher la case) : contribution sérieuse au débat public ; expression de sentiments généreux, éloges, robinet d’eau tiède ; humour non stigmatisant ; météo.
« Contribution au débat public »
Des brigades d’anges gardiens, inspirées elles aussi du dispositif anti-Covid, feraient des contrôles au hasard parmi les internautes, avec un pouvoir d’amende. Ce serait incitatif, efficace, et pas plus idiot que de substituer à la répression par le juge une censure a priori par les plateformes, comme le fait cyniquement l’article 1er de la loi Avia. Quant à nous, accoutumés aux attestations à remplir, nous n’aurions pas de mal à nous adapter.
De fait, j’ai préparé mon attestation pour la présente chronique, histoire de m’entraîner. Je soussigné, etc., certifie que ce papier est lié au motif suivant : contribution à un débat public. J’ai ajouté en marge, au cas où, être totalement étranger aux motivations suivantes : ironie, démoralisation, malice, amertume, dérision. On n’est jamais trop prudent, n’est-ce pas.
C’est aujourd’hui que devrait avoir lieu l’adoption de la loi Avia qui va enfin donner un cadre clair, nuancé, adapté et intelligent à la liberté d’expression sur internet : c’en est enfin fini de ce far-west dangereux et d’un ultra-libéralisme débridé où n’importe qui peut écrire n’importe quoi sur n’importe qui d’autre sans en subir la moindre conséquence ! Ouf ! Il était temps !
Avant d’aller plus loin et histoire de situer le calibre de l’auteur de cette loi, on pourra se rappeler qu’elle n’est autre que la députée LREM adepte du croque-monsieur et qui se sera brillamment illustrée en plein confinement en tentant de faire revenir de force une de ses esclaves collaboratrices au mépris de la plus élémentaire sécurité.
Placée sous un tel patronage, cette loi ne pouvait avoir qu’un parcours législatif particulièrement exemplaire : applaudie en première lecture, encensée au sénat, elle revient donc en seconde lecture pour une adoption sous les vivats de la foule et de la députaillerie qui adorera redéfinir ainsi la responsabilité des plateformes de contenu puisqu’en substance, le texte modifie leur régime de responsabilité, en forçant ces plateformes à retirer des contenus « haineux » en 24 heures maximum (voire sous une heure seulement dans certains cas !), sous peine d’une lourde amende de 250 000 euros par oubli…
Ah, ça urgeait vraiment, tant tout le monde avait noté l’échec des douzaines trop rares lois précédentes visant à museler encadrer l’expression d’opinions sur les réseaux : non seulement les gens disent des choses sur internet, mais il apparaît de plus en plus qu’elles ne sont pas toujours raccord avec la parole autorisée du gouvernement, avec la vision officielle de l’Histoire ou pire encore, avec le vivrensemble inclusif éco-conscient que la société sociale-démocrate entend promouvoir, à coups de pelle dans la nuque propagande s’il le faut.
Et ça, ce n’est plus possible : les récents événements ont amplement montré qu’ébruiter des demi-vérités (sur le prétendu manque de masques de protection, sur la soi-disant impréparation du gouvernement, etc.) pouvait coûter très cher ! Combien de discours de ministres totalement ruinés par d’insolentes vidéos satiriques, combien de décrets moqués par leur impraticabilité, combien de responsables politiques raillés pour leur attitude ridicule ?
Tout cela pouvait être évité puisqu’à chaque fois se trouve, à la base, un détournement honteux de la liberté d’expression sur les intertubes pour aller toujours plus loin – et même trop loin à présent – dans la haine, depuis le beaucoup trop douloureux rappel des engagements passés jusqu’au rétablissement de la vérité devant d’énormes bobards gouvernementaux pourtant tendrement confectionnés afin de protéger un maximum de petits culs étatiques. Et puis, il faut se résoudre à l’évidence : on ne peut pas conduire un pays au chaos si, pour un oui ou pour un non, des voix dissidentes se font entendre.
Cette loi arrive donc à point nommé pour prestement « déplateformer » les petits haineux de tout poil, notamment ceux qui ne pensent pas droit.
J’exagère ? Ce n’est malheureusement pas le genre de la maison, comme la lecture attentive du texte ou de ses exégèses permet de le vérifier ; en fait, quasiment toute expression d’une opinion non neutre échoit finalement dans l’une des catégories couvertes par ce texte et tout dépend de l’interprétation, gracieusement laissée à l’administration et pas à la Justice : la moindre blague pourra être qualifiée de sexiste, de provocation à la haine de toute catégorie spécifique de personnes ou de comportements, de harcèlement ou que sais-je etc.
Gravant dans le marbre les lois mémorielles déjà existantes et, par conséquence, l’impossibilité de remettre en cause l’interprétation de l’Histoire, on continue donc d’édicter ce qu’il est permis de dire ou non dans les discours officiels, dans la parole publique. Les dérives sont aussi évidentes que nombreuses et si les lois Gayssot et suivantes furent une catastrophe majeure pour la liberté d’expression en France, la loi Avia représente l’échelon suivant, cataclysmique, qui va achever d’ériger le politiquement correct en pensée unique, seule autorisée.
Le fait que le vote final de cette loi intervienne en ce moment n’a rien de fortuit : l’actuelle période de confinement, avec un maximum de Français occupés à regarder ailleurs, sera l’occasion de la faire passer vite fait pour en finir une fois pour toutes avec la dissidence d’opinion sur internet. En utilisant une définition de plus en plus large, inclusive, extensive et englobante du concept de discours de haine au point que finalement, à peu près tout puisse tomber dans cette définition si vaste, on donne une arme redoutable au pouvoir pour faire taire tous ceux qui le gênent, en autorisant de fait toutes les censures et intimidations juridiques possibles.
Au moins pourra-t-on se consoler en se disant qu’il n’y a pas eu besoin d’un pouvoir ouvertement populiste ou fasciste pour arriver à ce résultat…
Le pompon étant bien sûr l’aspect purement automatique, administratif de la sanction que la loi compte mettre en place, et qui ne passe pas par un juge.
D’une part, nous sommes encore une fois dans le purement administratif, le domaine du cerfa, de la circulaire et des tâcherons à ronds-de-cuir et à coups de tampons un peu trop vifs et nous savons maintenant, après deux mois de confinement, ce que peuvent donner les Forces Administratives de l’Occupant Intérieur lorsqu’elles sont débridées.
D’autre part, les plateformes internet, devant les risques énormes qu’elles courront à chaque publication de contenu, s’empresseront donc de rapidement déplateformer tout quidam un tant soit peu piquant. Twitter, Facebook et tous les autres sites, dont la souplesse vis-à-vis de la liberté d’expression était déjà légendaire, promettent donc de se surpasser…
En fait, nous assistons au mûrissement du royaume de l’arbitraire et de la pure censure bureaucratique qu’il eut été difficile à croire avant l’épisode Covid-19 mais que le développement du flicage bureaucratique de ces dernières semaines montre non seulement possible, mais quasiment désiré par une partie des Français qui ne semblent pas comprendre le piège dans lequel ils veulent s’engouffrer avec gourmandise.
Le pire n’est jamais certain, mais avec l’équipe actuelle, il devient plus que probable.
A été chef d’entreprise au Qatar où il a été emprisonné près de 10 ans, dont 5 ans sans procès. Il raconte cette expérience dans deux livres : InQarcéré – Périple au bout de l’enfer qatarien et Qaptif ! Un Français, otage du Qatar.
Pour Jean-Pierre Marongiu, le détail des statistiques liées au Covid-19 est catastrophique pour la France.
Il n’est généralement pas de mise de décapiter les généraux durant la bataille. C’est bien une guerre que le président Macron nous a vendue dès sa première allocution sur le Covid-19. Or, ce n’est pas à une guerre, à laquelle la France doit faire face, mais à une épidémie. S’il s’avère que la mobilisation générale en temps de guerre
est justifiée, elle demande également une démonstration de force, une stratégie et quelques arrangements avec la vérité. Puisque c’est la vérité la première victime de toute guerre.
LES STATISTIQUES COMME ARME
Nous avons bien eu une mobilisation, et comme toujours, ce furent les plus bas salaires qui répondirent présents et qui sont montés au front. En ce qui concerne la démonstration de force de nos gouvernants, nous n’en eûmes point et à défaut on nous abreuva de mensonges.
Ce n’est pas une guerre, il s’agit d’une pandémie comme la France en a connu d’autres à travers son histoire sans pour cela mettre son économie à genoux et sa population en confinement. Pourtant la gestion de cette pandémie par le gouvernement Macron répond à une logique de guerre.
En période de guerre c’est la propagande qui fait figure de vérité, lors d’une crise sanitaire c’est la lucidité et la rapidité de réaction qui permet d’en sortir au plus vite.
L’art de la statistique comme celui des sondages c’est d’offrir une interprétation de réalités dont est exclue toute vérité
Lucidité et efficacité ce sont précisément deux vertus inconnues de l’exécutif macronien qui s’est retranché dans l’emphase et la grandiloquence guerrière avant de sombrer dans l’humilité la plus franciscaine. Ainsi, avons-nous eu droit, en direct quotidien, à l’arrogance pompeuse du départ en fanfare d’une armée rutilante et à la mine piteuse de la déroute au retour des vaincus. Jamais on n’avait ôté la liberté de circuler à la population française, et jamais un gouvernement n’avait vu ses déclarations démenties dans des délais aussi courts. Ce qui s’était dit le lundi devenant obsolète le mercredi.
L’arme de guerre de sanitaire dont Édouard Philippe dispose sans limitation, c’est la force de frappe statistique. Les experts Excel du gouvernement
s’en sont donné à cœur joie, tordant et triturant à l’envi les données numériques pour en retirer la substantifique moelle. L’art de la statistique comme celui des sondages c’est d’offrir une interprétation de réalités dont est exclue toute vérité. En voilà une qui en vaut bien d’autres : La France est finaliste de la Coupe du monde de la létalité Covid, avec la Belgique.
CE QUE DISENT VRAIMENT LES CHIFFRES
Les chiffres que martèlent le directeur général de la santé et l’ALA (l’association des laboratoires amis) prennent en compte le nombre de
victimes par rapport à une population. Ce qui est une avantageuse interprétation. Avec 24.594 décès la France (au 1er mai) se comporterait donc bien mieux que les USA avec ses 65 000 morts…
Une statistique bienveillante, émanant probablement du comité scientifique des cafés du commerce confinés, négligeant le fait qu’en matière d’infectiologie c’est la létalité qui détermine, à la fois la dangerosité d’un virus et l’efficacité d’un traitement voire la pertinence d’une stratégie sanitaire.La létalité est le pourcentage de mortalité par nombre de personnes infectées.
Il apparaît qu’en France l’on meurt trois fois plus qu’aux USA
Or à ce jeu-là, la France compte parmi les nations les plus performantes, si nous prenons les chiffres de l’OMS. Notre coq national s’agrippant fermement de ses ergots sur un tas de dépouillés coronisés peut fièrement s’enorgueillir du titre morbide de Champion du monde de la létalité Covid-19, avec un taux de létalité de 19%.
Le Classement de la létalité du Covid-19. Taux de létalité moyen dans le monde : 7,09 %
Il apparaît qu’en France l’on meurt trois fois plus qu’aux USA (5,76), et cinq fois plus qu’en Allemagne (4,15) qui se classe dernière (une fois n’est pas coutume) en Europe à égalité avec le Portugal.
PEUT-ON INTERPRÉTER CES RÉSULTATS ?
Sans être grand clerc en la matière, il apparaît que le temps de réaction face à la menace virale a été le facteur prépondérant. Les pays qui ont fermé leurs frontières le plus rapidement sont ceux qui ont eu déploré le moins de décès. À ce jour, la France n’a toujours pas fermé ses frontières, Emmanuel Macron s’accrochant désespérément à sa politique européiste.
Vient ensuite l’état des stocks des outils sanitaires ensuite, les masques, les tests, la capacité hospitalière… là encore, l’exécutif français a été défaillant. Les équipements nécessaires n’arriveront qu’à partir du mois de juin.
STATISTIQUES GONFLÉES…
Quand on évoque le nombre de décès liés au Covid 19, il semble que celui-ci se soit fait le porte-parole des virus et bactéries errant sur le territoire national de l’automne au printemps. En effet, qu’en est-il de la grippe saisonnière du millésime 2020 ?
En France, la grippe saisonnière tue annuellement 10 000 personnes en moyenne, en 2020 a-t-elle fait relâche ? Le coronavirus a-t-il bouté les H1 N1-2-3, etc. hors de France à la manière des truites arc-en-ciel qui sont la cause de la disparition de truites autochtones ?
Il est davantage crédible que le flux des malades infectés par le Covid-19 se soit mêlé au flot saisonnier des grippés de l’année. Et, comme dans l’urgence on ne teste pas les morts, n’aurait-on pas attribué tout bonnement et à des fins de statistiques politiciennes, au coronavirus ce qui ne lui était pas dû ? À des fins de vérité statistique, doit ajouter les 10.000 décès annuels de la grippe saisonnière aux 24600 du Covid-19 ou bien doit-on les déduire ?
La situation dans les Ehpad est encore plus statistiquement confuse. Nous découvrirons probablement une hécatombe dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dès que la crise sera passée. Il est aujourd’hui impossible de se fier aux chiffres transmis par ces établissements. Le confinement ayant réduit le personnel de soin, la fragilité des personnes à risques et le manque d’outils de test rend les statistiques aléatoires. Dans la confusion, les déclarations de décès ont soit été exagérées en les attribuant par facilité et dans l’urgence au Covid-19 par facilité, ou bien minorés
pour ne pas nuire à la réputation de l’établissement.
Une certitude, l’enfumage statistique continuera à rendre la respiration du pays difficile durant des mois
Quant aux 60.000 décès supposément évités par les mesures gouvernementales de confinement sur quelles modalités de collection de données annonce-t-on
ces statistiques ?
Il est déjà difficile de comptabiliser précisément les décès directement liés au Covid-19 sans tests ni autopsies, mais évaluer le nombre de ceux qui auraient pu en être victimes relève d’une imagination sacrément gonflée !
L’apparition des cartes graphiques du déconfinement a fait apparaître un flou artistique des plus paradoxal, alors que la carte de circulation du
virus montre une France majoritairement verte, celle de la tension hospitalière est, pour un énorme quart Nord Est du pays, rouge sang. L’interprétation cette fois-ci est des plus évidente, le déconfinement régional n’est pas lié à une propagation du Covid 19 mais à un manque criant de structures hospitalières.
Ayant fort malencontreusement diffusé en direct ces deux cartes, Olivier Veran a dû ensuite rétropédaler en les fusionnant et en créant des zones orange… Une certitude, l’enfumage statistique continuera à rendre la respiration du pays difficile durant des mois.
L’incompétence de l’État jacobin, doublée de l’arrogance des technocrates et du mensonge d’État, sont chaque jour davantage mis en cause.
Corinne Lepage Avocate, ancienne ministre de l’Environnement, députée européenne de 2009 à 2014, Présidente de CAP21/Le Rassemblement Citoyen
La prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 24 juillet a suscité de la part de certains commentateurs la réflexion que la France était sortie de la démocratie.
Si les questions de crise sanitaire et de crise économique n’en sont plus -seules l’ampleur et la durée restent en discussion- en revanche, le sujet démocratique et institutionnel ne fait que s’ouvrir.
La démocratie a été passablement écornée par les mesures qui ont été prises et surtout par le processus avec lequel le gouvernement y est parvenu. En effet, la loi du 23 mars 2020 a été votée dans des circonstances plus qu’acrobatiques et les dispositions pour la sortie du confinement n’ont pas fait l’objet d’un vote au sens démocratique du terme: aucun temps donné aux parlementaires pour réfléchir, pas de possibilité d’amendement, pas de mise en place du vote électronique pour tous les députés et une absence de la majorité d’entre eux pour des questions sanitaires, etc… le comble de l’absurdité a sans doute été de faire croire qu’il y avait une concession démocratique considérable dans le fait d’accepter de faire voter le Parlement sur le projet de déconfinement….
Quant au contenu même du texte, il est parfaitement anti-démocratique dans la mesure où le gouvernement est autorisé à légiférer par ordonnances pour un temps très long, qui va bien au-delà de l’urgence sanitaire et surtout les mesures qu’il est autorisé à prendre sont sans rapport nécessaire avec la crise sanitaire. En réalité, aucun délai n’est fixé pour la validité des mesures décidées. Cette sortie de l’état de droit a donc permis au gouvernement de nombreux coups de canif dans le contrat: par exemple, permettre aux préfets de déroger à toutes les règles sociales et environnementales et sans aucun contrôle, supprimer le respect élémentaire des droits de la défense… Plusieurs pages seraient nécessaires pour détailler tous les avantages consentis à tel ou tel, demandés mais non obtenus jusque-là, pour des raisons évidentes et qui tentent de passer sous le radar avec l’urgence sanitaire. Qui peut nous expliquer pour quelles raisons la lutte contre la pandémie justifie de telles mesures?
Les Français sont à la recherche d’une autre organisation politique et ce qui se passe sur le terrain dessine incontestablement les évolutions.
Et l’accumulation d’erreurs depuis le début de la crise sanitaire prouve la crise démocratique qui est avant tout une crise de confiance et un constat d’incapacité de nos institutions à intervenir en temps de crise. En effet, derrière la crise démocratique se profile une crise institutionnelle qui justifie une réforme profonde de notre système politique et administratif, voire une révision de la Constitution.
L’incompétence de l’État jacobin, doublée de l’arrogance des technocrates et le mensonge d’État relayé par des médias soit par indisponibilité d’autres informations, soit par faute d’indépendance, est chaque jour davantage mise en cause. Ce matraquage médiatique depuis le début de la crise du coronavirus conduit finalement à une absence de réflexion, ce qui interpelle directement notre système institutionnel. Que tout puisse être décidé par un seul homme, même s’il a été élu, appuyé sur un conseil scientifique (qu’il a lui-même désigné dont la diversité n’est pas la caractéristique première et qu’il invoque selon ses propres souhaits) n’est pas acceptable en principe et ne l’est particulièrement pas dans la crise actuelle. L’opposition politique est inaudible alors que le débat est plus que jamais indispensable et les dérives de la macronie tant en ce qui concerne la faiblesse politique de ses députés que l’inexpérience de ses ministres (à quelques exceptions près) que l’influence des lobbies sont éclatantes. Cette situation remet en cause l’organisation même de nos institutions et ce n’est pas un hasard si le nombre d’initiatives venues de la société civile, de sociétés savantes, et même d’organisations politiques pullulent. Les Français sont à la recherche d’une autre organisation politique et ce qui se passe sur le terrain dessine incontestablement les évolutions:
– une organisation beaucoup plus girondine dans laquelle les territoires se voient reconnaître une réelle autonomie tant réglementaire que financière avec bien entendu de réels contre-pouvoirs tant au niveau des oppositions locales que des organisations citoyennes
– le retour à un équilibre des pouvoirs entre gouvernement et Parlement avec la suppression des ordonnances qui sont des blancs-seings donnés sans aucun contrôle réel, et le passage soit à un régime présidentiel avec un Parlement beaucoup plus puissant (ce qui signifie la réduction massive des outils de rationalisation du parlementarisme c’est-à-dire de réduction des droits du Parlement) ou le retour à un Premier ministre qui gouverne réellement et peut donc être renversé, les pouvoirs du président de la République étant considérablement réduits dans cette deuxième option
– la création d’une véritable chambre de la société civile, dotée de pouvoirs à la fois pour se prononcer en amont du Parlement sur les textes et pour pouvoir saisir le Conseil constitutionnel en aval
– un renforcement de la justice avec non seulement des moyens dignes de ce nom pour le système judiciaire mais une refonte complète du rôle du Conseil d’État qui ne peut plus jouer à la fois le rôle de conseil du gouvernement et de juge de toutes les décisions qu’il prend y compris en matière de libertés publiques. Le Conseil d’État ne devrait garder que le rôle de conseil du gouvernement; les tribunaux administratifs et les cours administratives d’appel intégreraient le système judiciaire et une chambre administrative serait créée à la Cour de cassation à laquelle les membres actuels du Conseil d’État pourraient décider de siéger à la condition bien sûr d’abandonner le Conseil d’État
– une refonte du rôle de la loi et du règlement pour réduire massivement l’inflation juridique qui est une source d’insécurité, d’inégalité et de contraintes inutiles
Bien d’autres propositions pourraient être formulées et il ne s’agit que de pistes. Mais le sujet doit être mis sur la table.
Cette réforme institutionnelle doit se doubler d’une révolution administrative. Chacun a pu mesurer l’inanité des choix effectués depuis des années tous gouvernements confondus, la primauté absolue de Bercy, la captation des fonds publics par des systèmes administratifs au détriment des professionnels chargés de remplir la mission, l’inertie tragique de l’organisation administrative. Tout ceci n’est plus acceptable. Il faut faire le big-bang de l’administration française et c’est sans doute la Cour des comptes qui serait le mieux à même de formuler les propositions issues des multiples rapports de très grande qualité fournis chaque année et qui ne sont quasiment jamais suivis de réponses. Il faut envisager non seulement une réorganisation des ministères et de leurs compétences mais également une règle intangible laissant la très grande majorité des fonds alloués à un service public pour le fonctionnement de ce service et non pour l’administration chargée de l’administrer. L’hôpital qui ne se voit allouer qu’une très faible minorité des fonds publics alloués à la fonction sanitaire et dont les personnels ont pleuré et imploré dans le vide durant des années. Il devrait être le premier bénéficiaire de cette révolution de bon sens: la dépense publique doit aller au service public et non pas à l’administration du service public.
En bref, de cette très grave crise, espérons que nous saurons collectivement non seulement nous relever mais tirer les conséquences de nos erreurs tragiques pour qu’a minima elles ne se répètent pas. La meilleure manière de nous guérir et de réparer est de co-construire ce que nous voulons, faute de quoi la spirale de la violence pourrait nous conduire vers des temps lugubres.
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Délation recommandée même pour des enfants. Un pas de plus…
« On a l’impression que toute forme de critique est interdite », s’est inquiétée Frédérique Rolet, secrétaire nationale et porte-parole du Snes-FSU auprès de Franceinfo.
Des représentants de syndicats d’enseignants se sont agacés de la publication de documents lundi 4 mai sur la plateforme Eduscol par le ministère de l’Education nationale. Parmi ces « documents de référence et des recommandations pédagogiques qui ont pour objectif d’accompagner les professionnels dans le processus de reprise des cours » après le confinement, celui intitulé « Ecouter et favoriser la parole des élèves en retour de confinement Covid-19 » [PDF] a particulièrement fait grincer des dents.
Initialement présenté sur les réseaux sociaux comme une circulaire, ce document est en fait décrit comme une « fiche » par le ministère. Un paragraphe a notamment retenu l’attention : « Des enfants peuvent tenir des propos manifestement inacceptables, peut-on lire dans ce texte de trois pages. La référence à l’autorité de l’Etat pour permettre la protection de chaque citoyen doit alors être évoquée, sans entrer en discussion polémique. Les parents seront alertés et reçus par l’enseignant, le cas échéant accompagné d’un collègue, et la situation rapportée aux autorités de l’école. »
« On nous demande de ne pas remettre en cause la gestion de la crise »
Une recommandation qui agace autant qu’elle inquiète. Sur les réseaux sociaux, de nombreux professeurs craignent une volonté de faire taire les critiques contre le gouvernement.
« On nous demande de ne pas remettre en cause la gestion de la crise », a affirmé Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, auprès de Franceinfo.
Comme d’autres sur Twitter, elle souligne que cette formulation ressemble à celle déjà utilisée dans une fiche pédagogique publiée après les attentats de « Charlie Hebdo », de l’Hyper Cacher et de Montrouge en 2015. Déjà, les professeurs étaient invités à évoquer « l’autorité de l’Etat pour permettre le “vivre ensemble” ». « On ne peut pas comparer la situation sanitaire actuelle avec une situation terroriste »,continue Francette Popineau, qui regrette l’utilisation de termes similaires dans des contextes bien différents.
Pour Frédérique Rolet, secrétaire nationale et porte-parole du Snes-FSU, syndicat national des enseignements de second degré, certaines de ces fiches « posent problème idéologiquement ». « On a l’impression que toute forme de critique est interdite », estime-t-elle auprès de Franceinfo.
« Propos haineux » ou « théories complotistes »
Contacté par « l’Obs » au sujet de la fiche « Ecouter la parole des élèves », le ministère de l’Education nationale précise que les « propos inacceptables » évoqués englobent « des propos haineux en direction d’une personne ou d’un groupe », « manifestant le refus des gestes barrières et le souhait de s’en affranchir », « exprimant une indifférence à la situation, un mépris des deuils »,ou encore « relayant des théories complotistes ».
Le ministère précise par ailleurs que la plateforme Eduscol est « destinée aux professeurs et propose des moyens de répondre en tant qu’enseignant » face à certaines dérives.
D’autres fiches présentes sur Eduscol avaient attiré l’attention des enseignants, comme celles sur le « risque de dérive sectaire » [PDF] ou le « repli communautaire ». Cette dernière explique dans son introduction que « la crise du Covid-19 peut être utilisée par certains pour démontrer l’incapacité des Etats à protéger la population et tenter de déstabiliser les individus fragilisés. Divers groupes radicaux exploitent cette situation dramatique dans le but de rallier à leur cause de nouveaux membres et de troubler l’ordre public ».
La secrétaire générale du Snuipp-FSU Francette Popineau regrette là aussi, auprès de Franceinfo, un « amalgame » laissant penser que « le communautarisme et la façon de comprendre cette crise sanitaire ont un rapport ».
Là encore, le ministère de l’Education nationale tente de se justifier, assurant que la Mission interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives sectaires (Miviludes) l’avait alerté « chaque semaine pendant le confinement » sur « un risque de récupération des peurs par certains individus ou groupes qui prônent des idées (par exemple sur l’alimentation) en dehors des consensus scientifiques, voire pouvant présenter un danger ».
Contrairement à des circulaires, ces fiches pédagogiques n’ont pas de valeur réglementaire. Elles sont destinées à « [souligner] les points de vigilance à porter à certaines situations et l’importance à accorder à la parole des élèves », est-il précisé sur Eduscol. « Elles ne peuvent pas contrevenir à la liberté pédagogique des enseignants », rappelle Frédérique Rolet.
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