Je défends les riches. N’en n’étant pas moi-même un, cela ne me pose pas de problème moral.
Suis-je un naïf ? Je ne le pense pas.
La problématique est simple : le riche possède une tournure d’esprit particulière, un système de pensée qui lui permet de générer un bénéfice où d’autres ne l’auraient pas trouvé. Cela est vrai au moins au départ de sa richesse. L’imagination du riche est un acte créatif nécessaire et indispensable à l’économie. Son énergie, son goût du risque, son courage aussi.
La question qui est habituellement posée est la suivante :
La fortune acquise par le riche sera-t-elle justement répartie si on le laisse libre de la dépenser ou doit-on la lui confisquer pour la répartir équitablement ?
Par exemple : vaut-il mieux que le riche fasse construire un yacht ou que la même somme lui soit confisquée et distribuée par l’ANPE ?
Je suppose que de savants calculs permettraient de comparer les deux solutions. Je n’ai ni les compétences, ni l’envie, de faire ces calculs, il se trouvera bien quelqu’un qui les fera pour me contredire si je me trompe.
Je prends pour hypothèse que la construction d’un yacht, outre la performance technique, génèrera plus de profits pour la collectivité que la simple distribution de l’ANPE et donc, in fine, plus d’avantages pour les plus faibles.
Cependant, tout n’est pas parfait dans le meilleur des mondes. En effet, cette logique est parasitée par des incidents de parcours regrettables.
Lorsque le riche triche
Il peut le faire de deux manières.
La première, qui est éphémère, consiste à tricher au moment des premiers gains. En fait, de les voler à des naïfs au lieu de les gagner en apportant un réel service à la collectivité. Cela s’appelle une escroquerie et, en principe, finit en prison.
Il n’est pas rare qu’un amalgame soit fait entre les escrocs et les entrepreneurs sincères. Ainsi Scorsese dans son film « Le loup de Wall Street » n’hésite pas à faire l’amalgame entre un escroc (éventuellement amusant) et l’ensemble de la place boursière dont l’apport à l’économie est indéniable.
Ce type d’amalgame est ravageur pour le lien social. Il n’est pas l’apanage des gens ordinaires. Je connais des membres de l’élite qui pensent que les gens ordinaires sont tous sots. Je hais ce type d’amalgame qui s’apparente au racisme en cela qu’il juge par rapport à une appartenance et non par rapport à la réalité. Il est des gens biens partout et des sots aussi partout.
La deuxième est plus pernicieuse et plus durable. Il s’agit de la recherche d’une association avec le pouvoir politique (donc la force) par le riche qui souhaite neutraliser la part de hasard qui a provoqué sa richesse en se procurant un monopole. C’est la tricherie la plus grave, la plus destructrice. C’est elle qui crée les situations explosives issues de l’injustice universelle qu’elle engendre.
Lorsque le riche profite de sa richesse alors qu’elle ne découle plus de ses compétences, de ses qualités, mais d’une situation imposée politiquement par la force, il enfreint les lois universelles de l’économie. Les conséquences que cela peut déchainer sont illimitées.
Lorsque le riche ne triche pas
Malheureusement la situation n’est pas très différente.
Sa richesse est alors tout bêtement convoitée. Ceux qui la convoitent abusent le plus grand nombre, qui est consentant à la moindre difficulté. Or les difficultés sont monnaie courante.
C’est donc très régulièrement que des manipulateurs pervers, utilisant l’amalgame, vont stigmatiser globalement les riches, en les traitant d’escrocs, de profiteurs, de bouches inutiles.
Il est aisé de dénoncer ce que l’on ne connait pas comme la cause de ses malheurs. Il ne faut donc pas s’étonner si le monde exclusif de l’économie et de la richesse sert de bouc émissaire au mal-être de notre société, qui oublie dans l’instant qu’elle lui doit tout.
Lorsque des irresponsables entretiennent la confusion
La confusion, c’est l’espace recherché par le prestidigitateur. C’est après avoir créé la confusion dans l’esprit de son public qu’il peut réaliser son tour de magie.
Les politiciens et leurs thuriféraires de tout poil utilisent la même méthode pour ravir le pouvoir. Ils montrent du doigt une prétendue escroquerie globale du monde économique en espérant obtenir la confusion qui leur permettrait de capter le pouvoir.
Ils accusent globalement l’économie de liaisons incestueuses, qui existent effectivement, entre le pouvoir politique et certains capitalistes. Ils leur prêtent une dimension générale et intentionnelle (complot), alors qu’elles ne sont que ponctuelles et circonstancielles.
Ce faisant ils passent à côté des vrais problèmes qui se résument à une hyper-bureaucratie que peu de chose pourrait juguler, et une démocratie vacillante que peu de chose aussi pourrait raviver. Ils nous engagent dans une haine de l’autre dont ils ne mesurent pas les conséquences.
Cela peut-il changer ?
Objectivement je ne le crois pas. J’expliquerai, dans les billets à venir, pourquoi une majorité a basculé dans la haine du riche qui commence aujourd’hui dès le seuil de la « non-pauvreté ».
La pensée globale, asphyxiée par une propagande, peut-être en partie involontaire, liée à une déviance de l’idée de charité, a revisité des règles fondamentales. Nous en reparlerons lors du prochain billet.
Bien cordialement. H. Dumas
Il y a ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas F. Bastiat