Dieudonné

Par la volonté de Manuel Valls, Dieudonné va occuper le devant de la scène en ce début d’année 2014. Qu’en est-il ?

Ce comique, modérément drôle, vit de la provocation. Si ce n’était lui, ce serait évidemment un autre. Il y a donc lieu de réfléchir au contexte général qui voit l’éclosion de son discours objectivement dérangeant et plutôt haineux, quelquefois drôle.

Les chambres à gaz

Pour les jeunes générations l’horreur absolue des chambres à gaz tend à se dissoudre dans l’horreur plus générale du genre humain. Elle est ramenée par le temps qui passe au niveau de tous les génocides qui émaillent l’histoire des hommes hier et aujourd’hui, qui ne sont prégnants que lorsqu’ils sont proches, que la seule distance physique ou temporelle dilue.

L’émotion donc ne suffit pas à maintenir la réprobation de ces horreurs, tant elles font partie du genre humain, tant la morale est d’un piètre secours lorsqu’elles se déchainent.

Seul le raisonnement objectif peut, peut-être, servir de rempart. Je vous propose une tentative à ce sujet.

Le pillage

Les chambres à gaz sont l’étape ultime d’un vaste pillage qui visait les juifs à cette époque, dans la droite ligne de l’observation de Balzac « Après le vol vient le meurtre ».

Le pillage est une composante incontournable de la vie sociale, un excès, une déviance du désir de possession inhérent à l’humanité. L’indignation générée par la découverte des chambres à gaz, de ces outils inhumains, ne doit pas occulter l’origine de leur mise en œuvre : le pillage, le banaliser au profit exclusif de l’émotion.

Lorsque le temps du pillage arrive des signes avant-coureurs sont observables. Les pilleurs deviennent plus visibles, les futurs pillés plus inquiets. L’atmosphère se dégrade, puis la panique s’empare de la société. Et enfin, la violence, indissociable du pillage, se déchaine.

En France, nous sommes au stade de la dégradation de l’atmosphère.

L’Etat

Le désir de pillage qui s’empare de ceux qui convoitent les biens des possédants est irrationnel. Il n’est pas fatalement issu des plus nécessiteux.

Normalement, l’Etat est la structure que se donnent les hommes pour réguler cette émotion. La police et la justice sont les outils confiés à l’Etat pour juger des possessions légitimes et juguler le pillage. A travers ces moyens, l’Etat est le seul arbitre reconnu des droits de posséder. Il est le seul à pouvoir désigner les pilleurs et les pillés, à les trier. Car, sur ce sujet, il faut reconnaître qu’il n’y a pas d’évidence.

Mais, l’Etat n’est pas une structure de droit divin, ce n’est qu’une fiction, une émanation de la pensée majoritaire dans une démocratie. Ainsi, lorsque l’Etat désigne arbitrairement une catégorie de possédants comme illégitime, lorsqu’il s’octroie le droit de piller cette catégorie, quels que soient les motifs qu’il avance, il prend une énorme responsabilité.

L’Etat alors met le doigt dans un engrenage qui va déstabiliser la société.

M Valls

Il est le représentant d’un Etat qui désigne « les riches »à la convoitise des pilleurs, en commençant par les piller lui-même.

Il est ainsi acté que les possédants ne sont pas totalement légitimes, qu’ils doivent donner à l’Etat une partie de leurs biens. Ce simple fait les désigne à la concupiscence des pilleurs.

Désignés comme illégitimes par l’Etat, les « riches »deviennent la cible des pilleurs. Nous entrons dans la dégradation de l’atmosphère, du lien social. Cela d’autant plus que le terme « riche », large et indéfini, peut englober une grande partie de la population. M. Valls est un acteur de ce schéma.

Nous sommes au point, probablement irréversible, où ceux qui sont, qui se croient ou que l’on croit « riches »se sentent menacés. Ce sont les futurs pillés.

Pour les pilleurs, la danse du scalp est commencée, la provocation, la menace, les souvenirs odieux, sont utilisés pour effrayer leurs proies à venir.

Dieudonné

Il fait évidemment partie des pilleurs, il n’y a pas de doute à ce sujet. Ou, du moins, ceux-ci sont la cible qu’il vise et qu’il touche pour séduire ses clients.

Conclusion

La dimension originale du conflit Valls-Dieudonné tient au fait qu’ils sont concurrents de pillage, ils ne se heurtent pas sur le but, mais uniquement sur les moyens.

Cela pourrait être cocasse, si le sujet était moins grave et l’avenir qui se dessine moins dévastateur.

 

Bien cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

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