L’emprunt est une créance sur l’avenir. Qu’il soit contracté pour pallier à un passé difficile ou en vue d’un avenir prometteur, il négocie du temps, seulement du temps.
Premier problème :
Le temps humain n’existe pas. Il n’est qu’une convention, un espace virtuel bâti par l’homme sur les récurrences que sont le jour et la nuit. Seule l’horloge biologique s’impose, mais elle est relative et différente pour tous les êtres vivants.
La fabrication d’un temps « Procuste » est un artifice de notre cerveau, dans lequel nous nous persuadons de pouvoir faire rentrer l’universel, ce qui est évidemment impossible. Il n’y a ni passé ni avenir, il y a un instant présent qui contient tout en lui. C’est ainsi que fonctionne le monde de mes deux chiens, ils s’en portent très bien.
Emprunts et dettes ne sont donc qu’une projection cérébrale, la plupart du temps construite sur la cupidité. L’emprunteur espère soit se rétablir d’une situation passée périlleuse, soit engager un avenir qu’il imagine radieux. Le créancier espère des intérêts rémunérateurs. Tous deux sont dans l’imaginaire, le rêve.
Deuxième problème :
L’économie, elle, est une dimension de la vraie vie, de la réalité. Elle inclut toutes les dimensions de la vie, des meilleures aux pires. Sa confrontation avec les fantasmes liés aux emprunts est explosive. L’économie vit le temps biologique, elle n’a que faire du temps humain. De ce fait, l’emprunt est régulièrement un échec dont les conséquences doivent être portées par l’emprunteur ou par le créancier.
Il y a trois sorties possibles :
– tout se passe comme prévu, pas de problème
– L’emprunteur fait défaut, le créancier se paie et le ruine.
– L’emprunteur fait défaut, il nie la créance, voir tue le créancier. Lequel alors perd au moins sa créance, peut-être la vie.
Les dettes d’aujourd’hui :
Elles sont majoritairement en défaut. Rien d’anormal, elles étaient portées par des rêves irréalistes. La réalité se présente ou va se présenter sous peu. Quelle sera la sortie ? Difficile à dire, mais une chose au moins est certaine, ce ne sera pas la version sans problème. Nous sommes donc dans les deux autres cas.
L’emprunteur fait défaut, le créancier le contraint
La difficulté de la contrainte va être de taille. Internet a brisé les frontières, notamment celles de l’économie. Or, pour attraper une poule il faut être dans le poulailler, il faut des grillages, attraper une poule en plein champ, c’est … sportif. Idem pour le débiteur, sans grillage, sans frontière pour le bloquer, il court, il court. A l’échelle des créances existantes, il est peu probable que les créanciers puissent objectivement espérer rentrer dans leurs fonds.
L’emprunteur nie la créance, voir tue le créancier
C’est une méthode vieille comme le monde. Les créanciers sont régulièrement sacrifiés lorsque leurs débiteurs sont puissants. Ainsi, tout rentre dans l’ordre jusqu’à la prochaine fois.
La grande novation, que personnellement je trouve d’une saveur irrésistible, c’est qu’aujourd’hui le débiteur et le créancier sont le même. C’est fort et inédit.
Banquiers et prêteurs de tout poil, ne font plus commerce avec leur argent mais bien avec celui que leur confient, de gré ou de force, leurs clients. Leurs clients se retrouvent donc à la fois préteurs et emprunteurs. C’est pas beau ça ?
On peut comprendre les hésitations du débiteur à éliminer son créancier lorsqu’il s’agit de lui-même. En cette époque où le suicide assisté est sur le point de se voir légalisé, il faudra en étendre le bénéfice à l’économie.
Alors, la dette : richesse ou faiblesse ? Due ou pas due ? Fadaises. La dette est une utopie. Elle fait partie d’un monde virtuel, elle est une vue de l’esprit, un leurre de notre facétieux cerveau. La dette fait partie d’un temps artificiel, elle ne peut qu’exploser sur le temps biologique, universel, en réalité sur l’absence du temps auquel elle se réfère.
Je vous souhaite une bonne fin d’année et je vous dis à 2014 sur « Témoignagefiscal », qui va se transformer avec pour objectif d’augmenter le nombre de ceux qui partagent nos idées.
Bien cordialement. H. Dumas