L’Etat est le dépositaire de la force.
Logiquement, la société civile n’a pas le droit d’employer la force, l’Etat est le garant du respect de cette interdiction.
Bastiat considère que la force, qui contraint des hommes du fait d’autres hommes, ne peut légitimement être employée que pour rendre la justice. Pour lui, tout emploi de la force pour un autre objet est donc totalement illégitime. J’approuve complètement cette analyse.
Notre Etat, interventionniste en diable, utilise la force pour un oui ou pour un non. Toujours bien sûr en prétendant servir la collectivité, ou pour le moins le plus grand nombre (démocratie oblige). Se faisant, il dépasse ses prérogatives, il s’égare sur les chemins de l’injustice… jusqu’à la terreur.
Prenons un exemple simple, connu et vécu par tous : la route.
Tout le monde s’accorde à reconnaître que perdre la vie sur la route est stupide. Nul ne peut nier que la vitesse est un facteur aggravant les maladresses pouvant provoquer des accidents. La limitation de la vitesse est donc parfaitement légitime.
A partir de ce constat, il y a bien longtemps que les constructeurs automobiles auraient dû être contraints à limiter la vitesse des véhicules qu’ils mettent sur le marché.
Au lieu de cela, les constructeurs ont vanté la vitesse, ils en ont fait un argument de séduction. Ils ne faisaient que suivre l’inclinaison des hommes qui sont attirés par la vitesse, mais reconnaissons que cette attitude est irresponsable et aurait dû être régulée par l’Etat.
Or, l’Etat, « représentant de commerce » des constructeurs, les a laissé et les laisse libres de fabriquer des voitures roulant à des vitesses interdites.
Pour autant, désireux de limiter la casse, l’Etat a limité cette même vitesse, laissant aux conducteurs la responsabilité de sa maîtrise. Evidemment, cette mesure contre nature est peu respectée.
Alors, sous couvert du bien public, après avoir vainement tenté des actions « pédagogiques », l’Etat, générateur de cette injustice de base qui consiste à laisser fabriquer par cupidité des engins par ailleurs interdits d’utilisation, s’est mis à employer la force dont il dispose pour arriver à ses fins : limiter la vitesse.
Aujourd’hui, la route est un espace de terreur.
Derrière chaque arbre se cache un mercenaire, dont le but est de sévir, quelles que soient les circonstances. La justice couvre systématiquement ces mercenaires, nul contrevenant ne trouve grâce à ses yeux. Des milliers de français, parfaitement normaux, sont pris dans cette folie, pour, in fine, se voir interdire un droit élémentaire : celui de circuler librement. En effet, comment circuler lorsque l’on vous a enlevé votre permis de conduire.
Ainsi donc, la carence initiale de l’Etat, face à un problème simple de limitation légitime de la liberté liée au danger de mettre sur la route des véhicules aux vitesses illimitées, finit par l’installation d’un régime de terreur.
Il faudrait rajouter que ceux qui subissent cette terreur sont rarement les initiateurs de la situation. Il en est toujours ainsi quand la terreur s’installe.
Si la vitesse de leurs véhicules avait été limitée dès le départ, les constructeurs auraient trouvé d’autres motifs de séduction. Ils seraient probablement encore valables, alors que la vitesse, dont nous sommes dégoutés par la terreur, n’est plus vendeuse et les met en difficulté. Il faut noter que la terreur s’exprime aussi dans la construction du réseau routier où rétrécissements et pièges se succèdent de façon infernale.
Cet exemple est accessible à tous, car tous le vivent. D’autres sont plus « discrets » parce que ne touchant pas le plus grand nombre.
L’analyse de toutes les contraintes que nous subissons et qui nous étouffent fait toujours apparaître le même processus. D’abord une pulsion naturelle favorisée par l’Etat, dont il est le complice objectif. Une dérive de cette pulsion, entrainant une lente dégradation du tissu collectif. Une prise de conscience tardive, intellectuelle ou carrément violente. L’implication illégitime de la force qui entraine la mise en place de la terreur. Tous alors la subissent avec son cortège d’injustices et de drames personnels.
C’est le cas de la fiscalité, fille de la prodigalité irréfléchie et illimitée de l’Etat. Celui-ci a mis en route, volontairement ou bêtement, la terreur fiscale qui engloutira l’économie de ce pays.
Nous en reparlerons.
Bien cordialement. H. Dumas