Mon dernier billet m’a amené un reproche sur le décalage dans le temps entre l’inquisition catholique (prescrite) et l’inquisition fiscale (actuelle). Ce reproche est justifié. A l’ami qui me le faisait, j’ai rappelé que nous partageons une pensée : le temps n’existe pas.
Mais bon, il a raison, mon exemple peut me faire passer pour un bouffeur de curé, or ce n’est pas mon cas, ils me laissent indifférent.
J’aurais pu prendre l’exemple de la liberté d’expression. J’ai connu la censure. La liberté dont jouissent les créateurs est extrêmement récente. A une époque très proche, la création artistique et le pouvoir politique étaient liés. Cela avait généré un dogme artistique, s’en écarter était synonyme d’exclusion. L’exclu devenait un hérétique, il était poursuivi et harcelé, anéanti. La suppression de ce lien entre le pouvoir politique et le pouvoir artistique a libéré les deux parties. Plus de censeurs, les créateurs en retrouvant la liberté se sont épanouis et, du coup, respectent le pouvoir politique qu’ils abhorraient précédemment, qui de fait est devenu respectable en protégeant la liberté de créer. La séparation de l’art et de l’Etat fut un bénéfice pour tous, un progrès réel.
Ce que j’essaie d’exprimer est que notre situation d’homme nous expose à la contrainte du groupe. Le groupe n’agit pas selon des règles individuelles, mais selon les règles de groupe qu’il s’est donné.
Les chefs de groupe n’ont individuellement aucune marge de manœuvre, contrairement à ce que croit le bon peuple. Ils ne peuvent agir qu’à la marge. Ils ne détiennent même pas le pouvoir de nuire, eux aussi sont les otages de la pensée et des règles du groupe. Ce n’est pas des chefs, même élus, qu’il faut attendre la solution. La solution est structurelle.
La liaison anormale entre l’économie et le pouvoir politique a naturellement créé un dogme économique. Globalement, le dogme (pensée unique) résulte de l’utilisation de la force de l’Etat et de la suppression, de ce fait, des concurrences de pensée qu’induit la liberté. Celui qui s’en écarte devient l’hérétique. Aujourd’hui ce dogme consiste à prétendre, contre toute réalité économique, que le riche est nuisible. Comment l’alliance de l’économie et du politique est-elle arrivée à cette ineptie n’est pas le problème. Le fait est là. Il n’est aucune autre solution pour en sortir que de séparer le pouvoir politique du pouvoir économique.
L’individu subit la pensée du groupe comme il subit la météo. Aujourd’hui il fait beau, demain il fait mauvais, l’individu n’y peut rien.
Si le groupe pense que les riches sont nuisibles, il détruira les riches, même si cela est complètement stupide, aucune individualité à l’intérieur du groupe ne pourra s’y opposer. Il n’y a pas de raison à la survenance de ces dogmes, ou elles sont si complexes que nous n’y avons pas accès.
Inutile donc d’essayer de raisonner, il faut aller directement à la cause structurelle.
C’est pourquoi je milite pour détruire Bercy, c’est là, intellectuellement et physiquement, qu’est le siège de cette alliance politico-économique qu’il faut impérativement supprimer. L’économie a tout à gagner en retrouvant sa liberté, le pouvoir politique aussi.
Cordialement. H. Dumas