L’Etat providence a fait de nous des handicapés !

L’Etat providence a fait de nous des handicapés !

Le christianisme et la France sont à l’honneur en ce jour où l’on célèbre la renaissance de Notre-Dame de Paris. Le quart des chefs d’Etat de la planète est représenté en ce jour de cérémonie. Le président élu de la première puissance mondiale a fait le déplacement, en toute simplicité. Cet humble pèlerin est arrivé au petit matin à Orly et les dizaines de pauvres charrettes de son cortège ont traversé notre capitale encore plongée dans la nuit pour se diriger vers la modeste fermette qui abritera son séjour.

Comment ne pas ses sentir fier du passé de son pays quand tant de citoyens des autres nations viennent l’honorer ? Comment ne pas éprouver un salutaire entrain en pensant aux belles œuvres que nous allons accomplir pour être dignes de tant d’histoire ? Comment ne pas être submergé par l’émotion qui naît de cette miraculeuse rencontre du passé et de l’avenir ? Comment ne pas oublier les mesquineries qui font le quotidien des hommes pour n’apercevoir que les cimes de la pensée universelle ?

Eh mon petit gars, réveille-toi, me dit une voix de mon enfance, que j’ai reconnue après tant d’années. Je ne sais plus si c’est mon père ou ma mère, ou mon cher oncle qui me couvait comme un objet précieux, ou un de mes bons copains de sport, avec qui j’ai passé tant d’heures de joyeux combats pour une gloire que nous n’eûmes jamais. Ou peut-être ce copain de lycée, qui à force de me dire « Fourre-toi ça dans le crâne » a fini par devenir un éminent neurologue. Toutes ces voix du passé me disent la même chose : Soyons dignes de notre passé. Et organisons-le en avenir.

Force m’est de constater qui si j’ai certes fait tout ce que j’ai pu au plan personnel, aucun de mes efforts n’a su faire en sorte que notre société sache résister à la médiocrité ambiante. Je sais qu’une civilisation est un phénomène qui se construit lentement, et qui subit tous les soubresauts de l’histoire, mais une aussi lente et inexorable dérive que celle de la nôtre doit des explications à ceux qui l’ont vécue. Les générations qui se sont succédé depuis la Libération ont toutes subi le même phénomène : l’Etat providence. C’est un système dont on ne se remet pas, sauf par de rudes efforts de courage et de volonté. Qui d’ailleurs ne peuvent sauver que vous. Pour les autres, c’est à la grâce de Dieu, qui s’est exilé ailleurs.

Historiquement, nous savons fort bien comment tout cela s’est produit. Des penseurs ont pu imaginer une nouvelle ère où les travailleurs, espèce créée par l’industrialisation de nos sociétés, s’attribueraient le pouvoir par la force de leur vertu et surtout par l’organisation de fer d’un parti socialiste ou communiste, adjectifs nouveaux et porteurs de graves conséquences, dont la pire était la disparition de la responsabilité individuelle, née de la philosophie grecque et du christianisme. Les hasards de l’histoire ont fait que cette doctrine a prospéré surtout en Europe, qu’elle a régné sur la moitié du continent et a fortement imprégné l’autre moitié. Au point que cette dernière, si allergique qu’elle fût au collectivisme, l’a enfoui au plus profond de son âme et l’a gardé comme un trésor caché, dont elle s’efforçait de diffuser insidieusement les bienfaits à la société, tout en proclamant son attachement aux valeurs individuelles qui l’ont construite.

Voilà pourquoi l’Europe et la France sont en crise. Rien n’y a fait. A tout moment, nos gouvernants, quels qu’ils fussent, se sont efforcés d’inscrire nos pays dans le collectivisme et nous ont ainsi empêchés d’épouser notre époque. Nous sommes des handicapés. Presque de naissance, si l’on mesure le temps écoulé. Pourtant notre handicap se soigne. Encore faut-il le vouloir. Et connaître le bon traitement. Le dernier épisode politique en date, celui du règne éphémère de Barnier, montre que notre personnel politique est inguérissable. Ce n’est pas très grave en soi. Il suffit de le changer. Mais il va y falloir un peu de temps. Raison de plus de commencer tout de suite.

Si vous suivez les débats sur nos quatre chaînes d’infos, vous noterez qu’aucun des participants, qu’ils soient journalistes ou élus, ne parle jamais de diminuer notre immense dette en réduisant nos dépenses publiques. On ne peut que s’en réjouir, puisque cette sainte abstention laisse en paix l’âme de nos compatriotes. Craignons que le réveil soudain de nos prêteurs ne vienne troubler l’ambiance. Il sera toujours temps alors de courir aux hublots et de les obstruer de ces paillets Makaroff qui ont si souvent protégé nos navires du naufrage. Mais il est fort à craindre que l’équipage entre en fureur et jette quelques officiers à la mer. La mer, la mer, toujours recommencée !

Claude Reichman

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4 réflexions sur « L’Etat providence a fait de nous des handicapés ! »

  1. Faites l’expérience. Quand vous parlez d’expatriation, on vous répond systématiquement sécurité sociale. Ce n’est pas au Rwanda qu’on laisse mourir les gens aux urgences ou qu’on soigne les malades dans les caves de l’hôpital, mais bien en France où l’on dépense des centaines de milliards pour payer des tableaux Excel.

  2. Dans presque tous les pays des environs, chaque spécialité organise elle-même les services de garde dites libérales aussi bien pour les petits problèmes de santé que pour les cas graves.

    Les hôpitaux ainsi soulagés ne recevraient que les cas graves uniquement avec un courrier du médecin chargé de la garde ce jour-là qui a bien analysé la gravité de la situation.

    Dans la plupart de ces pays les actes réalisés par la garde ne sont payés en tiers payant qu’à la fin du trimestre.

    En outre les médecins installés en France ne peuvent au contraire de nos voisins additionner les actes complémentaires réalisés le jour de la garde. Les touristes des pays voisins accidentés protestent du caractère complexe de la prise en charge.

    En France les personnes qui consultaient les services de garde n’avaient en général sur eux ni carte vitale ni de quoi payer en tiers garant le médecin de garde.

    Voilà les principales raisons qui ont entrainé l’abandon silencieux des services de garde de toutes les spécialités installées en libéral. Jusqu’à 2003 et l’abandon officiel.

    Résultat que j’ai vu apparaitre petit à petit (j’ai 85 ans) les syndicats abandonner les gardes. Voilà les raisons principales qui expliquent que les urgences hospitalières continuent d’être saturées par 70 % de problèmes qui auraient pu être solutionnées.

    Le rapport de la Cour des comptes s’il met bien en lumière les dysfonctionnements du système actuel des urgences ne propose pas encore des solutions véritablement efficaces. Quelques additions si vous le voulez bien.

    1- Renforcer la prise en charge de ville pour désengorger les urgences est une bonne idée pour les deux parties. Sous réserve d’un droit de retrait de la garde pour les médecins qui le demanderaient pour des raisons acceptables. Mais aussi au prix d’un effort de l’assurance maladie (Cumul des actes comme aux urgences, tiers payant trimestriel des actes de la garde et autres dispositions). L’Assurance Maladie y gagnerait par la réduction des transports remboursés même couteux. J’ai vu le cas à BLENEAU (Bonne) un désert médical malgré une excellente maison médicale et où le pharmacien seul habilité décidait de multiples évacuations en hélicoptère vers Orleans ou Auxerre.

    Bref La Cour des comptes donne de bonnes idées en rétablissant l’obligation pour les médecins volontaires d’assurer des gardes hors des horaires classiques, comme en 2003.

    2- Le développement d’alternatives aux urgences est également encouragé : infirmiers en pratique avancée, assistants médicaux, et centres de soins programmés. Ces dispositifs, bien que prometteurs, ne vont pas véritablement séduire les différents acteurs de santé compte tenu du financement actuel acte par acte en tiers garanti par une feuille de soins.

    3- Les hôpitaux seront mieux à même de faciliter l’hospitalisation de certaines populations.

    4-Je ne crois pas qu’une meilleure coordination avec les Ehpad et les médecins traitants pourrait annuler mais seulement réduire les passages inutiles aux urgences.

    5-Rendre les urgences plus attractives pour les soignants.

    Ce rapport de la Cour des comptes appelle à une mobilisation générale. Pour les professionnels de santé, ces recommandations ne sont pas sans défis. Elles nécessitent des changements dans les pratiques, des apprentissages en échographie, en radiologie, en pansements sutures et plâtres. Un appel aux vieux médecins autrefois en obligation de gardes pourrait largement modifier les problèmes.

    Une visite d’une semaine en Allemagne donnerait encore plus de solutions pratiques.

    Une pratique abandonnée qui pourrait être reprise : accorder aux médecins isolés dans des écarts le droit d’être propharmacien.

    J’ai fait 14 remplacements de MG dont un de quatre mois chez un médecin propharmacien. La SECU y gagnerait en dépenses déplacements pour chercher une lointaine pharmacie (qui de surplus n’est pas de garde). Elle y gagnerait, en réduction des prescriptions pharmaceutiques. Le médecin donnerait pilule par pilule au lieu d’acheter des boites de 20 dont ne seront utilisées que 8 ou 10.

  3. Plus tu es faux en ce moment, plus ton cercle sera grand. Plus tu es authentique en ce moment, plus ton cercle sera petit.

    A méditer= « Sauf une révolution, les paysans français sont voués à disparaitre. ET Sauf une révolution, la France est vouée à disparaitre. »

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