C’est faire peu de cas de ses ministres et du premier d’entre eux que de considérer le Président de la République comme le manipulateur de chacun de leurs actes. C’est sans doute aussi se tromper lourdement sur les ressorts qui motivent le chef de l’Etat.
La réalité est plus complexe. Ne serait-ce qu’à examiner le parcours de Gabriel Attal.
Il n’arrive à Matignon ni par hasard (à ce niveau, il n’y en a pas), ni par évidence mais par le travail et la volonté. Les marionnettes n’ont pas ce pouvoir. Elles ne sont animées que par les fils invisibles qui les relient aux doigts de leur créateur. Sans ces minces relais, et faute d’énergie, les marionnettes seraient inertes.
Pas de ficelles, pas de spectacle !
Les ministres n’ont pas besoin de ficelles. Ils font assez de bêtises pour que l’inertie ne soit pas le qualificatif qui leur convienne.
Quant au Président, que l’on a assez suspecté de ne rechercher dans l’exercice de sa fonction que son intérêt personnel, il serait assurément mal avisé de ne pas profiter du temps qu’il lui reste pour ne pas préparer son propre avenir. Encore dans la quarantaine en quittant l’Elysée, il aura beaucoup à faire pour s’occuper avant la retraite à 64 ans…
Il ne faut pas voir dans Gabriel Attal un pion mais plutôt un faire-valoir.
Ni un mime, ni un singe savant, ni un perroquet au ramage aussi charmeur que son plumage est chatoyant, mais plutôt le deuxième rameur d’une embarcation dont le barreur est aussi rameur.
À l’arrivée, le Président lui sera aussi redevable que le Premier ministre pourra l’être à l’égard du Président. Si tout, bien sûr, se passe bien.
Au théâtre de marionnettes, c’est toujours Guignol qui gagne, même lorsque le gendarme apparaît et le poursuit avec son gourdin.
Quel le Président joue les gendarmes n’empêchera pas le Premier ministre d’épouser le rôle du héros tandis que celui de Grolouche, le méchant de l’histoire, reviendra toujours à qui empêche la France de danser en rond.
La politique a beaucoup à apprendre du théâtre des marionnettes.
S’il y a un marionnettiste, dans ce spectacle, ce ne peut être que le peuple.