Je ne sais pas tout ce qui a été écrit sur le pouvoir, d’ailleurs je ne sais pas grand-chose de ce qui a été écrit sur tout. Je me contente de partager ce que j’ai vécu, en bien ou en mal, et les réflexions que j’en ai tirées.
Evidemment mon métier m’a mis constamment au contact du pouvoir. Les maîtres d’ouvrage, à partir d’un certain volume d’investissement, sont inévitablement des êtres de pouvoir.
J’ai constaté trois sortes de pouvoir :
– Moral, je dirais les curés, les imams, les gourous de tout poil, que je connais mal. En fait les actifs de la philosophie.
– Politique, là c’est l’abondance et tout le monde connait.
– Economique, c’est plus compliqué. L’apparence ici ne fait pas le pouvoir, ce n’est pas celui qui est le plus visible qui est le plus fort. Je dirais même que c’est le contraire des deux premiers pouvoirs qui se décorent comme des sapins de noël pour s’affirmer. Nous sommes dans le discret, les signes de pouvoir sont perceptibles exclusivement par les initiés.
Ces trois pouvoirs sont en compétition. Leurs troupes respectives sont prêtes à en découdre à tout moment.
Notre spécificité.
Le pouvoir moral en France est en berne. En ce qui me concerne je trouve cela plutôt bon signe tant ce pouvoir, plus que les autres, rogne sur les libertés.
Reste les pouvoirs politiques et économiques. Normalement ils devraient être en opposition, de cette opposition devrait naître un équilibre garant des libertés.
Je veux dire que l’intérêt bien compris de tous est que les pouvoirs s’autolimitent pour éviter qu’ils empiètent exagérément sur nos libertés. C’est d’ailleurs ce que croient les troupes de ces deux pouvoirs qui s’agitent et s’invectivent copieusement dès qu’ils en ont l’occasion, c’est-à-dire tout le temps, en pensant qu’ils équilibrent les forces et protègent leur liberté. Elles vont même voter pour cela, ces troupes.
Oui mais
L’ambiance des troupes n’est pas celle du pouvoir.
Dans la Grande Armée les hommes donnaient leur vie pour la révolution – un peu aussi pour le pillage – Napoléon lui voyait les guerres comme un moyen d’être admis à la table des princes, voire dans le lit de leurs filles.
Aujourd’hui, les acteurs politiques et économiques pratiquent au sommet la connivence. Contrairement à ce que croient leurs troupes, ils avancent la main dans la main. Ils ne sont plus en conquête, ils sont en partage.
Or le pouvoir n’a qu’une utilité humaine, sociétale, c’est sa phase de conquête. Il est alors imaginatif, rassembleur, respectueux de ses troupes dont il a grand besoin, il porte des projets. Alors qu’en phase d’exercice il devient méprisant, paranoïaque, vénal, la connivence accentuant cette nature il s’assoit sur les libertés, bien plus il croit même devoir les soumettre pour sa pérennité.
C’est ainsi que la France est entre les mains de quelques poids lourds de l’économie et de l’élite politique, étroitement associés, pour le plus grand malheur de nos libertés. Il ne s’agit pas d’un complot mais d’une simple facilité informelle, instinctive, dans l’exercice du pouvoir. Pour chacun d’eux il en résulte une somme de pouvoirs supérieure à son propre pouvoir sectoriel.
Cette situation fige la société au point que ne sont cooptés par le pouvoir que des bêtes de pouvoir, des drogués de la combine pour y rester. La fraicheur de la conquête, ses naïvetés, ses échecs pédagogiques, sont de ce fait annihilés.
Face à cette organisation il ne nous reste que la soumission, ou l’exclusion. Toute tentative de conquête du pouvoir est vouée à l’échec.
Prenons Macron, par exemple.
Voilà un gamin qui n’a connu que le pouvoir, qui ne vit que pour le pouvoir, qui en a tous les vices, identiquement aux jeunes rois que la société nobiliaire a fabriqués pendant des siècles, qui une fois aboutis n’hésitaient pas à piétiner la masse, nous.
Ce garçon a pris le pouvoir dès 16 ans en « enlevant » sa professeure de français, qui la pauvre n’y est évidemment pour rien, contrairement à ce que beaucoup croient. Puis il a suivi le cursus du pouvoir, d’abord scolaire, puis politique, puis financier et enfin aujourd’hui total. Il est terriblement dangereux pour nos libertés.
Il ne connait pas le doute, ni l’empathie qui nait de l’échec ou de la soumission, de l’absence de pouvoir.
Il ne se doute pas que la majorité de la population n’a ni envie ni besoin de pouvoir. Il se croit sans doute « destiné à ». Ils sont tous comme ça.
Mais il n’y a pas que lui et, s’il part, son successeur agira de la même façon.
Car ceux qui sont liés par la connivence entretiennent consciencieusement leur association. Ils distillent journellement lois et règlements qui s’infiltrent dans la population, rognent ses libertés, la maintiennent en état de soumission, voire d’esclavage, de telle sorte qu’elle n’ait ni l’énergie ni la possibilité d’être libre, d’échapper à leur pouvoir qu’ils estiment nécessaire.
Poutou a raison, mais il se trompe.
Oui, il y a vol, mais il n’est pas économique. La richesse qui nous est volée c’est notre liberté. Et c’est l’alliance entre les politiques et les acteurs économiques, au sommet, qui pipe les dés, qui vole nos libertés, en bande organisée.
Pourrait-il en être autrement ?
Evidemment. C’est à nos jeunes qu’il faut expliquer comment marche le monde, la politique, l’économie, au lieu de les abrutir avec des matières qu’ils auront tout loisir d’apprendre plus tard.
Aujourd’hui on les jette dans les bras de l’inculture totale qui peut se rencontrer sur le net, pourtant aussi porteur du meilleur de la connaissance.
Pour Poutou c’est trop tard, pour Macron aussi, ce qui fait que pour nous… il va falloir attendre, sans que l’on connaisse les risques à traverser pendant cette attente.
Bien à vous. H. Dumas
Il y a aussi le pouvoir des administrations (donc des fonctionnaires) et donc l’abus de pouvoir que les citoyens subissent