Ce film allemand très émouvant, sorti en 2006, se passe en Allemagne de l’Est. C’est important de se rappeler que l’Allemagne de l’Est : ça a existé.
Que des hommes ont pu en aliéner d’autres au point d’inverser toutes les valeurs humaines pour faire de chacun un espion de l’autre.
La propagande communiste avait engendré une croyance isolationniste, dont la protection, soi-disant vitale, devait passer par la dénonciation.
Quand, par hasard, cette croyance a perdu le pouvoir le 9 novembre 1989, les Allemands de l’Est ont ouvert les yeux sur leurs dénonciations. Quel malaise…
Toute la structure sociale de cette société, sa folie, ne tenait que par la délation.
Les Allemands de l’Est auraient-iIs pu en prendre conscience eux-mêmes, autrement que par leur visite impromptue à l’Ouest ? Rien n’est moins sûr.
Les Coréens du Nord n’auront sans doute pas cette chance. Quand sortiront-ils de leur enfer ?
Les Français sont aujourd’hui persuadés que leur survie passe par la dénonciation de tous ceux qui ne croient pas aux deux dogmes forgés par la propagande des hommes de l’Etat : l’écologie et l’égalitarisme.
Doivent être dénoncées les mauvaises pensées et les mauvaises actions, chaque délateur restant libre de définir, avant de dénoncer, ce qui est dans le dogme ce qui est hors du dogme. Le territoire de la délation est ainsi illimité.
Le grand manitou de la délation est évidemment Bercy, dont c’est en gros l’unique activité.
Faut-il que la croyance rende con pour que toute une population accepte de se faire voler 90% des fruits de son travail, et par-dessus le marché dénonce ses voisins au motif que ce qu’iIs possèdent serait mieux dans la poche des délateurs.
Ce délire délateur tue tout.
Peut-on s’en extraire ? Hélas je ne le cois pas. Pourtant, au bout ne sont que la dépendance à la délation et la haine des autres, pire des situations.
Qui dénonce cette délation devenue institutionnelle, essentielle dans l’esprit de la majorité ? Personne.
Et pourtant, la délation est l’arc-boutant du pillage, c’est elle qui le dissimule. Pendant qu’il dénonce, l’abruti de service n’a pas conscience qu’il est plumé, tout à la joie qu’il est de dénoncer.
Tout tourne autour de la délation, tout est fait pour la faciliter, la provoquer, voir l’inventer. La paix intérieure, l’équilibre lui seraient liés. Pour faire le deuil de nos frustrations rien ne vaut une bonne petite délation. C’est même pour certains la recette magique, c’est exclusivement à partir d’elle que Piketty imagine l’économie.
La délation est pourtant un poison social extrêmement toxique, les Allemands de l’Est peuvent en témoigner. Les souffrances provoquées par la délation sont extrêmes, d’abord pour celui qui est dénoncé évidemment. Mais aussi pour celui qui dénonce, qui va inconsciemment se dévaloriser d’avoir dénoncé.
Je n’hésiterai pas à voter pour le candidat qui réinstallerait le secret professionnel pour les banquiers, les avocats, les médecins, etc… qui établirait une loi sévèrement punitive qui viserait délation et dénonciateurs.
Quant à Bercy, si on lui enlève son droit de dénoncer n’importe qui pour n’importe quoi, les hommes de l’Etat seront bien obligés de se contenter d’un impôt raisonnable que tout le monde paiera avec plaisir, qui éradiquera la délation, par exemple plafonné à 30% des revenus de chacun, payable par tous.
Oui mais me direz-vous : sur ce blog, vous ne dénoncez pas ? Si, mais nous dénonçons les méfaits de la dénonciation… Ah bon, alors…
Bien à vous. H. Dumas
Très beau film en effet. Avec une dimension christique.
Cher Henri la Russie a eu dans la guerre de 1939 à 1945, 20 millions de morts dont il ne faut pas oublier pour l’analyse de la situation. Quant à la France, elle est devenue collaborationniste, et donc la propriété des asministrations et des hauts fonctionnaires de 1940 à 1945. De 1945 à 1970 les résistants ont stoppé cette stratégie mortifaire, mais cela a repris en 1970 ou cet esprit de collaboration a repris le dessus, le pouvoir (comme me l’avait dit JC DELMAS en 1987) et ils vendent à la découpe le pays faisant subir au secteur privé en particulier le déclin inévitable.