Histoire d’en rire !

Je livre à votre réflexion cette petite fable du vieux temps de la monarchie qui m’a été adressée par un ami.

Toute ressemblance avec des évènements réels n’est évidemment pas fortuite !

Bonne lecture

Histoire de Raoul de Massalia, l’hérétique.

Or doncques, il advint que le royaume du jeune et sémillant monarque Manu-Henri III et de la reine-mère Catherine de Macaron fut frappé par la peste venue des Indes et du Royaume de Siam. Les sujets de Sa Majesté n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

Le couvre-feu fut bientôt déclaré sans que cela ralentît la diffusion du fléau : en effet, dans les faubourgs des grandes cités du royaume, les jeunes revêtus de houseaux Nike et portant un chaperon en guise de couvre-chef continuaient à circuler en toute impunité pour se livrer à leurs activités favorites — pillages, commerce de poudre du Levant, incendie de carrosses et lapidation de la maréchaussée — sous l’œil paternel et bienveillant des magistrats.

Comme le royaume manquait de gantelets et de heaumes pour se protéger des miasmes mortels, le nombre des victimes s’accroissait chaque jour, surtout parmi les vieillards déjà affaiblis par le jeûne consécutif à la baisse des retraites décidée par Sa Majesté, dans sa grande sagesse.

Devant l’urgence de la situation, le royaume réagit comme il l’avait toujours fait : on convoqua les États Généraux des carabins chargés de nommer commissions et sous-commissions afin d’aboutir à la constitution d’un collège d’experts qui rendrait un rapport préliminaire d’ici 2 à 3 ans.

C’est alors qu’un vieil alchimiste provençal surnommé Raoul de Massalia prétendit pouvoir soigner les pestiférés avec un vieux remède, la quinina, autrefois utilisé par les chevaliers francs lors des croisades afin de se prémunir des redoutables fièvres orientales. On fabriquait ledit remède pour à peine quelques sous et le comte de Nice ainsi que son épouse la comtesse avaient même été guéris en quelques jours de l’affliction qui menaçait leurs vies. Certains serfs, qui faisaient la queue devant le dispensaire du vieil alchimiste, parlaient de miracle, tandis qu’à la cour royale on se gaussait de celui qu’on surnommait déjà le vieux fol : personne ne croyait qu’un remède aussi peu cher et aussi peuchère viendrait à bout du fléau.

Bientôt Raoul fut conchié par les médecins parisiens de la Cour Royale : on lui reprocha d’abord d’être un vilain, un bouseux de basse extraction qu’on ne voyait jamais à la capitale, qui ne mettait même pas de perruque poudrée et déambulait tête nue et les cheveux au vent, ce qui n’augurait à l’évidence rien de bon sur ses compétences médicales.

On lui reprocha aussi d’être un partisan du roi Charles Premier le Grand — dernier souverain de Gaule et vainqueur des chevaliers teutoniques — unanimement jalousé par ses successeurs infoutus de remporter une seule victoire, même contre un loup solitaire aliéné. Les dévots lui reprochèrent enfin de s’être opposé au voilement des femmes sarrasines à l’université, ce qui constituait assurément un blasphème.

A la tête de la cabale, il y avait un trio de la plus haute noblesse : d’abord la duchesse de La Combe, abbesse de l’hôtel-Dieu St- Antoine et de TF1 ; puis l’ancien membre du Conseil Royal, la baronne Agnès Business ; et enfin l’époux de cette dernière, Le baron Yves le Vil, ayant exercé la charge de Grand Apothicaire Royal.

Alors que la peste avait déjà fait des dizaines de milliers de victimes, un cacochyme chenu souffrant de plusieurs tumeurs vint à défunter : il s’était administré 45 gélules 8 fois par jour pendant une semaine du prétendu remède de Raoul de Massalia. On oublia aussitôt tous les autres morts et on ne parla plus que de celui-là dans les gazettes royales qui firent passer l’épidémie au second plan. Les innombrables vilains scrofuleux ou atteints d’écrouelles que Raoul avait sauvés l’accusèrent de sorcellerie. Le parti monarchique, LAREM (la Royauté En Manu), exigea un procès . Menacé d’excommunication et du bûcher, l’alchimiste se rétracta et abjura devant le tribunal de l’inquisition. Certains témoignent qu’en quittant la salle d’audience, toujours aussi hirsute, il marmonna « et pourtant elle soigne !  ».

Heureusement, tout est bien qui finit toujours bien dans le royaume de France.
La reine-mère Catherine de Macaron, ayant contracté la peste en assistant à une représentation au théâtre royal, fut sauvée par la grâce de Dieu et une fiole de quinina que le chevalier Alexandre Filsdedieu avait conservé par devers lui. Ainsi, le bellâtre musculeux tombé en disgrâce redevint connétable du royaume et premier mignon du roi. Il put organiser de grands concerts au Palais Royal pour le plus grand plaisir de Sa Majesté qui aimait entendre troubadours et ménestrels travestis chanter du rap, entre deux parties de bilboquet.

Après un an et demi d’épidémie et autant de morts que pendant la grande peste noire de 1348, la duchesse de la Combe, la baronne Agnès Business et le baron Yves le Vil inventèrent enfin un remède efficace contre la peste. La preuve que ce remède était efficace, il coûtait plusieurs écus d’or. Mais même les plus pauvres s’endettèrent tant la peur de la maladie les taraudait et tant ils avaient vu mourir les leurs, ce qui fit la fortune des laboratoires d’apothicaires, généreux mécènes des nobles la Combe, Business et le Vil.

Quant au bon roi Manu-Henri III, il se montra magnanime et généreux : comme le nombre des retraités avait considérablement diminué, un édit royal annula la réforme des retraites pour les quelques vieillards qui avaient survécu à la peste et à la libération de milliers de gibiers de potence des geôles du royaume par la chancelière de Belle-ou-Bête. En même temps, le roi rétablit la gabelle car il fallait bien renflouer les caisses du royaume et surtout payer les pensions des privilégiés.

Personne ne sut ce qu’était devenu Raoul de Massalia. A la Cour, dame et chevaliers affirment en frissonnant que Satan en personne est venu le prendre pour l’emmener à la Géhenne, et l’on dissimule dans des reliquaires les dernières fioles de quinina au cas où la peste reviendrait. D’autres disent qu’il s’est exilé dans l’Empire Songhaï où il est considéré comme un grand marabout-guérisseur capable de ressusciter les maures atteints de fièvre hémorragique. Alors qu’il est oublié dans le royaume de France, on trouve une statue de Raoul devant le palais de Mac Donald Premier, roi-consul des Amériques, mais il s’agit probablement d’une énième provocation du souverain d’Outre-Atlantique .

 

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

7 réflexions sur « Histoire d’en rire ! »

  1. En quelque sorte, on en est toujours à la querelle moyenâgeuse entre la médecine galénique soutenue la faculté de Paris et la médecine spagyrique soutenue par la faculté de Montpellier.

  2. Les Parisiens sont comme les livres d’une bibliothèque: ce sont les plus haut placés qui servent le moins.

    « Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
    Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
    Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »

  3. Et maintenant la parodie, histoire de continuer à rire :

    Monsieur le Président Monsieur mon député
    Je vous fais une lettre Je vous fais une bafouille
    Que vous lirez peut-être Si vous avez des couilles
    Si vous avez le temps Peut-être vous répondrez
    Je viens de recevoir Je regarde la télé
    Mes papiers militaires Les débats à la chambre
    Pour partir à la guerre Je vous ai élu membre
    Avant mercredi soir Je ne vous vois jamais
    Monsieur le Président Monsieur mon député
    Je ne veux pas la faire Je regrette mon vote
    Je ne suis pas sur terre Et vos belles parlotes
    Pour tuer des pauvres gens S’envolent à jamais
    C’est pas pour vous fâcher Godillot UMP
    Il faut que je vous dise Vous n’êtes pas grand chose
    Ma décision est prise Allez, tenez, je l’ose
    Je m’en vais déserter S’il vous plaît, transmettez

    Depuis que je suis né Monsieur le Président
    J’ai vu mourir mon père Vous êtes légitime
    J’ai vu partir mes frères C’est l’argument ultime
    Et pleurer mes enfants De tous vos claque-dents
    Ma mère a tant souffert De ceux qui sur l’écran
    Elle est dedans sa tombe Confisquent la parole
    Et se moque des bombes Injurient, se croient drôles
    Et se moque des vers Et mentent tout le temps
    Quand j’étais prisonnier Choisi par élection
    On m’a volé ma femme Le seul devoir notoire
    On m’a volé mon âme Le seul obligatoire,
    Et tout mon cher passé C’est la Constitution
    Demain de bon matin Plus de gouvernement
    Je fermerai ma porte Et donc plus de soupape
    Au nez des années mortes Quand vos actions vous sapent
    J’irai sur les chemins Même dans votre camp

    Depuis que je suis né
    J’en ai connu de drôles
    Du grand Charles de Gaulle
    A vous, mon Président
    Si parfois j’ai passé
    Des moments difficiles
    N’allez pas à la guerre
    Subi des inutiles
    Toujours j’ai espéré
    Même en minorité
    J’ai pu garder ma flamme
    J’ai pu garder mon âme
    Toutes mes libertés
    Croire à un chèque en blanc
    Pour votre politique
    C’est une erreur unique
    Et qu’ils pourront tirer
    Rendez-vous dans trois ans
    Ou bien sans doute avant

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