Si vous ne l’avez pas encore lu, lisez le livre de Dan O’Brien « Les bisons de Broken Heart ».
En 1860, les grandes plaines américaines abritaient 60 millions de bisons. Cette richesse naturelle faisait vivre, au Nord, les Sioux et les Comanches.
Une bande de paysans européens, plus tard nouveaux riches, aujourd’hui maîtres du monde, s’est appropriée cette richesse. Ils poursuivaient deux objectifs : se gaver immédiatement et facilement, mais aussi soumettre les amérindiens en les privant de cette fortune naturelle qu’ils géraient depuis des siècles.
En 1884, plus de bisons. Alors, nos paysans se partagèrent administrativement l’espace et amenèrent leurs vaches et leurs tracteurs. Fin du premier épisode.
La suite eut été dramatique si le monde avait continué à dépendre de l’agriculture, car l’économie des grandes plaines ne survécut pas au pillage. Le climat continental particulièrement dur eut raison des pillards. Les vaches ne surent pas s’adapter aux contraintes naturelles, alors que le bison y était dans son élément. Il en fut de même pour les grandes cultures qui appauvrirent un sol fragile, que le bison savait, lui, entretenir.
Ce fut un fiasco et la misère pour les pillards. Heureusement pour eux, le reste du pays possédait des atouts forts pour l’industrie naissante. Malheureusement pour les amérindiens leur ruine fut définitive, irréversible. Comme toujours, les pillards ne profitèrent pas longtemps de leur larcin, pendant que les pillés en moururent.
Ainsi la richesse, fragile équilibre construit sur une réflexion et un travail de longue haleine, peut être ravie en peu de temps. Mais, sa captation indue génère ensuite une période de misère, jusqu’à ce que d’autres hommes reconstruisent, à force de labeur et de réflexion, une nouvelle richesse.
Aujourd’hui, dans les grandes plaines d’Amérique, des hommes courageux tels que Dan O’Brian réintroduisent les bisons et refont vivre la richesse passée, même si elle n’est pas à l’échelle des richesses qui peuvent exister aujourd’hui dans d’autres domaines.
En réalité, le pillage, quel que soit les motifs avancés, est toujours un drame, évidemment immédiat pour les pillés mais aussi très vite pour les pilleurs. En résumé : le pillard est un connard qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
Les hommes de Bercy, pilleurs des temps modernes, devraient lire « Les bisons de Broken Heart ». Poussés par une bande de pignoufs aveuglés par la richesse et la souhaitant immédiatement, les hommes de Bercy pillent ceux qui l’ont construite depuis des décennies à force de labeur et d’ingéniosité.
Rien ne les arrêtera. Pas plus que la défaite de Custer n’a arrêté les pillards européens dans leur conquête de l’Ouest à bisons, les combats désespérés de groupes épars contre les pillards de Bercy ne les arrêteront pas.
La société n’est pas divisée, comme on veut nous le faire croire, entre droite et gauche, entre musulmans et chrétiens, entre fonctionnaires et indépendants, entre jeunes et vieux, entre pauvres et riches… Elle est divisée, exclusivement, entre pilleurs et pillés, au delà de tout autre clivage. Cela depuis toujours, depuis que l’homme est homme, et probablement avant lorsqu’il était un animal. Pas de progrès sur ce sujet.
La modernité du problème
Par le passé, les choses étaient simples. Le riche, c’était le juif. Donc, régulièrement, les pillards organisaient un pogrom où les juifs étaient dépouillés, puis éliminés. A la décharge des pillards, les richesses étaient cachées, ils devaient se fier aux rumeurs. Celle des juifs riches était tenace. Elle a dû tuer bien des modestes pour rien.
Ces erreurs récurrentes avaient un avantage, évidemment pas pour ceux qui en mouraient, mais pour les survivants qui pouvaient mettre en avant l’injustice indéniable, même pour les pilleurs, du pillage et de la mise à mort de gens modestes dans le feu de l’action.
Il en va différemment aujourd’hui. La fortune est transparente. Les hommes de Bercy, les pilleurs, connaissent au centime près la possession de tous les « riches ». Ils pillent donc de façon ciblée. Cette façon de faire élimine l’erreur de pillage qui permettait de crier au scandale et de finir par attendrir les pillards eux-mêmes.
Car n’allez pas imaginer que le pillard puisse envisager autrement la vie qu’en pillant. Cependant, il lui faut se déculpabiliser, il est indispensable pour cela que le pillé soit riche, le pillage ainsi est légitime. Le pilleur a son honneur : il ne pille pas les pauvres, il fait même semblant d’agir pour eux.
Là est donc la force des nouveaux pillards, de Bercy, ils ne pillent que de vrais riches. Mais cette force fait aussi leur faiblesse, car il n’y a plus de limite.
Le pillage sera total. Il ne restera, sous peu, plus un seul riche, plus de bison en quelque sorte.
La France sera une plaine aride dont les hordes de pillards vont se partager la richesse qu’ils croient bêtement liée aux lieux, alors qu’elle est liée aux hommes que justement ils sont en train de détruire. Sans ces hommes, les pillards finiront dans la misère, c’est leur destin.
Bien cordialement. H. Dumas
PS. : On me signale une manifestation contre la hausse illimitée des impôts ce 30 Novembre au Chatelet. Allez-y. Puis retrouvons-nous à Bercy, pas pour manifester, pour nous recueillir et témoigner, le Jeudi 12 Décembre de 18H à 19H.