Un monde instable et inquiet

Le monde de la finance est inquiet et appréhende un retournement des marchés boursiers après la plus longue période (10 ans) de croissance ininterrompue jamais vue.

63% des investisseurs institutionnels pensent que la prochaine crise interviendra dans les 3 ans.

Enfin, entendons-nous bien, ce  « monde de la finance » concerne surtout les banques centrales, les Etats surendettés (dont la France), les banques et compagnies d’assurances créancières de ces mêmes Etats, et quelques fonds de pensions.

Des bulles partout

Un tel évènement pourrait provoquer une crise comme on n’en jamais vu avec un dégonflement des bulles financières qui portent principalement sur les marchés d’actions (américain notamment), qui ont atteint des sommets, mais aussi sur les prix de l’immobilier avec des effets collatéraux sur les taux d’intérêts et la valeur des obligations.

En effet, en période d’incertitude, les taux d’intérêts se mettent mécaniquement à monter, tout comme les matières premières au premier rang desquelles on trouve le pétrole.

Par effet de propagation, et, en cas de panique, le phénomène peut devenir complètement incontrôlable, tout le monde essaiera de se débarrasser de ses actifs risqués (actions) ou sous performants (obligations) et cela concernera en particulier toutes les obligations émises à des taux proches de zéro qui … ne vaudront plus rien car les investisseurs et les épargnants voudront s’en procurer de nouvelles offrant des taux supérieurs !

Or, si les taux montent, tous les agents économiques (sur)endettés vont se retrouver en difficulté ; au premier rang desquels on trouve les Etats mais aussi des propriétaires d’immobilier qui ont acheté, cher et à crédit, des immeubles devenus invendables à des prix permettant de solder le crédit ; alors que, d’un autre côté, le crédit plus cher restreindra l’offre de crédit et la capacité d’endettement des agents économiques !

On le voit, tout est lié pour le meilleur et … pour le pire !

D’où vient l’argent ?

En fait, on craint surtout le pire ; sans pouvoir savoir quelles proportions cela pourrait prendre.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, depuis dix ans, les banques centrales alimentent sans cesse les marchés de liquidités car elles ont peur d’une récession qui ferait déraper tout le système et qui pourrait le rendre incontrôlable ; et d’autant plus incontrôlable que les niveaux d’endettement ont atteint des niveaux jamais vus en temps de paix (les dettes mondiales représentent 250.000 milliards de $ et 320% du PIB mondial !).

Compte tenu du risque inhérent à une situation aussi tendue, la devise, non écrite, des banques centrales est désormais : « aucun retour en arrière n’est plus possible, il ne peut plus jamais y avoir de récession, ce serait trop grave, il faut donc l’empêcher à tout prix ! »

La conséquence la plus visible est que les marchés, qui recyclent les émissions monétaires des banques centrales, montent et atteignent des sommets alors que l’économie mondiale … décline ; ce qui est au minimum « surprenant ».

Et cela s’est vu notamment à la fin de l’année 2018 lorsque la Fed (banque centrale US) a voulu normaliser ses taux d’intérêts (à 3-3.5%) alors que l’économie américaine est en pleine croissance ; cette tentative provoquant immédiatement une chute des marchés actions américains et un repli précipité des taux de la Fed vers 1.5% l’an pour éviter un écroulement général !

En effet, l’inconvénient, avec le mode de production capitaliste, c’est qu’il y a régulièrement des crises ; mais, une fois passées ces crises, l’expansion économique reprend sa marche en avant. A tout prendre, cela vaut quand même mieux que le monde communiste avec lequel la seule certitude c’est l’assurance de la pauvreté sans jamais pouvoir en sortir ; avec une pénurie permanente et des prix artificiels !

Un monde fragile

Seulement, aujourd’hui, même les crises cycliques ne sont plus admissibles car les banques centrales redoutent que ce soit tout le système qui s’écroule ; ce qui prouve d’ailleurs la fragilité de celui-ci surtout qu’il convient de souligner que les bourses de valeurs ne sont pas l’économie réelle d’un pays mais juste un lieu de spéculation.

Sans le dire ouvertement, on craint (en haut lieu) une vague de défaillances d’entreprises, de banques et de compagnies d’assurances, et surtout d’Etats, et la crise des subprimes de 2008 a servi d’avertisseur avec un cout officiel de 800 Md$ pour les banques dont certaines ont fait faillite ou ont été nationalisées ou rachetées (Lehman, Nothern Rock, Fortis, Bear Stearns, Merill Lynch), l’assureur AIG ; avec, à partir de 2010, une propagation en Europe aux Etats surendettés.

Seulement, on ne peut pas sans cesse inonder les marchés de liquidités sans que cela ait un jour ou l’autre des conséquences. Et si le dérapage se produit, et il se produira un jour, il faut être conscient que la France sera au premier rang des débiteurs en difficulté. En effet, le niveau extravagant de la dette française et sa progression, à la fois inexorable et de plus en plus rapide, inquiète des milieux financiers qui savent que tout cela ne tient que grâce au QE de la BCE qui … ne peut pas tout !

En gros, si les taux montent, nous sommes foutus sauf … recours par les banques centrales et les Etats à toute une série de techniques d’ingénierie financière qui ressemblent tout à fait à un système généralisé de spoliation !

Cette vision est confirmée par Christine Lagarde, nouvelle présidente de la BCE, qui a clairement exprimé : « On sera plus content d’avoir un emploi plutôt que d’avoir une épargne protégée » tout en prévoyant aussi de verdir ( !?!) l’action monétaire de la BCE !

Vous êtes prévenus : dans les milieux « autorisés » on estime qu’il vaut mieux votre spoliation que la perte de votre emploi … en oubliant évidemment de préciser que vous n’êtes absolument pour rien dans la situation présente, cause de ce dilemme, et qu’il n’y a aucune raison pour que la sauvegarde de l’un entraine nécessairement la perte de l’autre. (La nature de l’emploi sauvé n’a pas été indiquée …).

De cette déclaration, il faut comprendre que la spoliation de votre épargne est d’ores et déjà clairement envisagée par les autorités monétaires, dans le cadre du soutien aux Etats surendettés ; en n’oubliant pas que la politique monétaire est le fait de fonctionnaires, pas de dirigeants d’entreprises.

Qui sera responsable ?

On sait d’ores et déjà qui seront les victimes d’une telle catastrophe !

Ce seront les détenteurs de contrats d’assurance vie qui se verront opposer les règles de la loi Sapin II permettant de bloquer temporairement l’épargne et il y a du temporaire qui … dure, puis les porteurs directs d’obligations qui se verront proposer la conversion en rente à échéance de 30 ans (la durée de vie d’une obligation est de 8 ans) et enfin les détenteurs d’actions cotées qui ne seront pas sortis à temps et qui verront leur portefeuille fondre comme neige au soleil sans pouvoir vendre car d’une part avec le HFT (trading à haute fréquence) vous ne pouvez pas lutter, (les organismes de gestion spécialisés utilisent des algorithmes et réagissent dans la seconde à tout mouvement haussier ou baissier) et d’autre part quand tout le monde vend et que tous les titres dévissent … il n’y a plus d’acheteurs !

Et si la crise est vraiment grave, nous aurons aussi « droit » à la fermeture des banques et des guichets pour empêcher les retraits de cash (vue en Grèce en 2015).

Les victimes seront en fait l’immense majorité de la population qui n’aura d’autre choix que de subir ce que les gouvernants ont décidé ; que leurs décisions soient bonnes (rarement) ou mauvaises (bien plus souvent) !

Et les responsables ?

Fatalement, comme cela est la règle en pareille circonstance, si la crise survient et devant une envolée plus que probable de la fiscalité destinée à boucher des trous béants, il faudra trouver un responsable aux yeux d’une opinion publique chauffée à blanc et facilement manipulable.

En pareille occurrence, il ne faudra pas compter sur les politiciens car, eux, ne sont jamais responsables de leurs actes ! Ils ne font que promettre le bonheur éternel pour tout le monde avec force distributions d’argent gratuit des autres puisque seul l’argent des autres ne coûte rien … forcément ; et on n’a jamais vu un politicien être mis devant ses responsabilités pour ses promesses non tenues ou aux effets catastrophiques !

Il ne faudra pas non plus compter sur les fonctionnaires car, eux, ils ne peuvent pas être responsables puisqu’ils ne font appliquer les décisions prises par les dirigeants … sauf qu’en France, les dirigeants sont le plus souvent … des fonctionnaires et réciproquement et qu’ils jouent alternativement sur les deux tableaux pour justifier leurs actions dans le cadre d’un conflit d’intérêts permanent !

Pour le règlement des problèmes, il faudra donc voir ailleurs …

Et pourquoi pas du côté des riches alors qu’a lieu actuellement, à Davos (Suisse), le grand raout annuel du supposé capitalisme mondialisé, ultra libéral et apatride ?

C’est ce que nous verrons dans notre prochain article « faire payer les riches »

Bien cordialement à tous !

Licence de publication : la reproduction de cet article n’est autorisée qu’à la condition de le reprendre en totalité, d’en rappeler l’auteur ainsi que le site originel de publication.

 

 

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

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