Un journal local de notre beau pays se fait l’écho de la nouvelle tonitruante suivante:
« Un homme trouve 8.000€ dans la rue et les apporte au commissariat. »
L’affaire se passe au Brésil, plus précisément à Sao Paulo.
Etre honnête et respecter la propriété d’autrui est, pour ce journal français, un événement mondial qui mérite un encart.
L’étonnement du journaliste laisse supposer qu’il aurait trouvé normal que le découvreur garde le trésor. Sans doute pense-t-il que ces 8.000 €, dans la rue et dans un sac poubelle, étaient un peu troubles. Une arnaque, ou une urgence, ayant perturbé un trafic de drogue pourrait en être à l’origine, se dit-il. Un argent sale n’aurait donc pas, pour lui, vocation à être rendu, tout particulièrement au commissariat.
Mais en plus, constate notre journaliste, l’auteur de la restitution vit sous les ponts. Comme quoi, l’honnêteté ne paie pas. N’est-ce pas un peu ridicule d’avoir de tels principes et de se retrouver dans la rue, cette rue où, c’est bien connu, nul n’est honnête s’il y vit ? Sa mère aurait sans doute mieux utilisé son autorité en lui apprenant à relativiser l’honnêteté, pour lui éviter d’être sous les ponts, plutôt qu’à lui inculquer l’idée de respecter la propriété d’autrui, jusqu’à considérer que, garder ce que quelqu’un a perdu et que l’on a trouvé, est « voler ».
En filagramme, le journaliste se dit aussi que ce n’est peut-être pas au commissariat que cet argent sera en lieu sûr. Déjà qu’en France, lui ne s’amuserait pas à aller jusqu’à confier de l’argent liquide à la police, alors au Brésil….
On sent bien que, pour ce journal, l’événement est mondial car la norme eut été de garder l’argent et de ne rien dire. Argent trouvé, argent acquis.
Effectivement, c’est exactement ce que pense notre élite, nos « Bercynarques » qui ne vivent pas dans la rue ou sous les ponts. Bien que leur repaire ait une forme de pont, enjambant une partie de la Seine….
Pour eux la propriété privée n’existe pas, l’argent qu’ils trouvent sur nos comptes en banque, informés dans notre dos par nos banquiers, est à eux, pas à nous. Par délicatesse ils disent à« la collectivité », mais comme la collectivité ce sont eux, pas de problème.
Nos maisons, nos terrains, ne sont pas à nous. Leurs règlementations débiles, dictées par« l’intérêt collectif » disent-ils, nous en dépossèdent totalement, ne nous laissant que les charges.
Pas question de laisser quelques miettes à nos enfants de notre « capital », qui a pourtant déjà payé l’impôt avant de se constituer, ce serait une insulte à l’égalité, il faut tout leur donner.
De tout cela, le même journal ne voit rien à redire, bien au contraire, il n’est pas de jour sans que nous soyons par lui stigmatisés à ce sujet.
Il est tout à fait certain que si, un jour, l’Etat nous rendait notre argent, respectait notre propriété privée, ce serait aussi un événement journalistique mondial, tant nos journaux considèrent que nos gains sont louches et que prendre sans droit notre« argent louche » est naturel, pour eux ce n’est pas un vol.
Cet état d’esprit est l’inverse des règles de l’économie dont un des éléments essentiels est le respect de la propriété, par conséquent la perception rigoureuse de la notion de vol. On en est très loin.
La presse représentant l’opinion générale, ce n’est pas demain que notre économie pourra redémarrer, accablée par la perversité de telles pensées.
Bien cordialement. H. Dumas