Charlie Hebdo n’y va pas de main morte,
et n’a pas de mots assez durs pour fustiger la gestion de cette crise sanitaire…
« Un désastre. C’est tout simplement un désastre que vit actuellement la France.
Le mot « crise » ne suffit plus à définir la situation présente.
La France vit des heures de désillusion aussi profonde que celles qu’elle avait connues en mai 1940. La France pensait avoir le meilleur système de santé du monde, comme elle était convaincue d’avoir la meilleure armée du monde en 1940. Et puis, sous nos yeux, tout s’est effondré à une vitesse inimaginable. On se demandait pourquoi la France avait manqué d’avions efficaces, d’armements modernes comme des chars d’assaut, et pourquoi les soldats portaient encore des bandes molletières alors que les soldats allemands avaient des bottes en cuir.
Aujourd’hui, on s’interroge pour comprendre pourquoi il n’y a pas assez de masques, pourquoi il n’y a pas assez de respirateurs artificiels, pourquoi la France est obligée d’importer les produits réactifs pour fabriquer des tests de dépistage. On perd notre temps à discuter de problèmes d’intendance qui n’auraient pas dû exister si le système de santé français était vraiment le meilleur du monde. Mais le système de santé français n’est pas le meilleur du monde.
La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention. Et en face d’un virus microscopique, l’orgueil et la prétention, ça ne sert à rien.
Une injustice insupportable.
Il faudra alors se poser la question de savoir pourquoi un tel désastre. On ne peut s’empêcher de se tourner vers la fameuse « Étrange Défaite » de Marc Bloch, qui, ayant vécu la défaite de 40 de l’intérieur, se posait la question de savoir pourquoi cela avait été possible. Et cette catastrophe en cours nous amène inévitablement aux mêmes conclusions : incompétence, inorganisation, absence de vision à long terme, improvisation.
En résumé : nullité de nos dirigeants, et en particulier de ceux en charge du système de santé français.
Cette génération de hauts responsables de la Santé en France est en train d’entrer dans l’Histoire comme les généraux de l’armée française en 40. Une caste de petits chefs, de techniciens imbus de leur position, de leur suffisance, qui, face au coronavirus, avaient une guerre de retard, comme la plupart des généraux de 1940, qui se croyaient encore en 1918.
Ceux qui en payent le prix, ce sont les morts de plus en plus nombreux, mais aussi les médecins et soignants qui se sacrifient en y laissant leur peau, pour rattraper des erreurs dont ils ne sont pas responsables.
C’est toujours le troufion de base qui paye de sa vie la nullité de sa hiérarchie.
La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention.
Cette injustice insupportable, il faudra en répondre d’une manière ou d’une autre. Le président de la République a très vite comparé cette épidémie à une guerre. Cela pouvait sembler habile, afin de mobiliser la nation entière contre le terrible ennemi. Mais cette comparaison se retourne déjà contre ceux qui croyaient en tirer parti. Car en face d’un tel désastre, on ne pourra pas se contenter de quelques gerbes de fleurs et d’une distribution de Légions d’honneur.
Le besoin de justice est le sentiment qui structure une société. Quand il est bafoué, ce n’est pas seulement le système de santé français qui s’effondre, mais la totalité de l’édifice. »
Charlie Hebdo
Avec raison et lucidité cette analyse fait honneur à l’équipe de journalistes indépendants ( des pouvoirs) de Charlie : en cela c’est déjà une EXCELLENTE NOUVELLE !…en contemplation de la masse des TV , Le Monde, Liberation et et presse écrite quotidienne régionale ( sauf ? CNews ) qui ont totalement perdu le sens commun qui fait honneur à la liberté d’expression !
Ceci posé, notre histoire française , dans sa profondeur, nous enseigne qu’il ne faut pas désespérer de ses saines et parfois violentes réactions.
Contrairement aux circonvolutions pariétales de Macron et de la plupart des soi-disantes élites de la haute technocratie, l’état de celles des « gens de peu » ( tout en restant prudent et nuancé pour éviter de succomber à une généralisation démagogique trop commode) est solidement ancrée sur le bon sens qui ne…saurait mentir !
J’ajoute que pour le cas Macron, la circonstance de sa pathologie ne fait rien à l’affaire car, dans notre système institutionnel, le Chef de l’Etat porte une espérance qui doit être largement partagée surtout dans les moments à risques…et malheureusement ce point est devenu crucial avec toutes les vicissitudes que nous traversons !
De fait, beaucoup d’entre nous signeraient cet article, des deux mains.
Cet article de Charlie Hebdo est excellent.
J’ai eu l’occasion de connaître Cabu et Wolinski.
Ils étaient intelligents, attachants, en lutte à l’époque contre l’arrogance et la bêtise des classes moyennes bourgeoises alors au pouvoir.
Aujourd’hui leur journal part en guerre contre l’arrogance et la bêtise de la classe des fonctionnaires au pouvoir.
Cette continuité fait honneur à ce journal, que l’on croyait enchaîné à la religion collectiviste.