Trump et la sagesse du monde !
Les deux cents pays du monde s’étaient à peu près organisés pour faire du commerce entre eux et ainsi vivre mieux et s’enrichir. Quelques-uns avaient refusé cet ordre et préféraient vivre en dictature. Non sans coopérer avec les autres, comme la Chine. Trump a désorganisé cet arrangement. Mais il va bien falloir qu’il accepte un certain ordre mondial s’il ne veut pas jeter son pays dans de graves troubles. Tel est l’enjeu actuel de la vie planétaire. L’arme nucléaire fait que la guerre mondiale n’a pas éclaté, mais la folie humaine fait qu’on n’est jamais sûr de rien.
Ainsi dressé, le tableau du monde a de quoi inquiéter tout le monde. On peut penser toutefois que la raison va se mettre à l’œuvre et construire un nouvel ordre mondial, qui permettra aux huit milliards d’être humains de vivre en paix, moyennant certains conflits régionaux qui ne perturberont que des zones limitées. Bien entendu on ne peut se satisfaire que des peuples se massacrent, mais c’est hélas une constante dans l’histoire de l’humanité et aucune organisation internationale n’est à ce jour parvenue à les éviter. Le bloc occidental va devoir se reconstituer s’il ne veut pas laisser le chaos s’étendre et emporter les hommes dans un maelstrom qu’ils n’ont à ce jour jamais connu.
L’irruption de Trump ne sera qu’un épisode. L’Amérique n’a rien à gagner au désordre des nations. La réaction des Européens a été plutôt intelligente. Les réalités du commerce international pousseront tous ses acteurs à s’entendre, une fois l’énervement initial apaisé. Ce qui ne veut pas dire que rien ne doit changer de l’arrangement actuel. Le principal facteur de trouble est le déséquilibre intérieur des nations. Certaines, comme la France, ont choisi un système qui, sous couleur de générosité sociale, a radicalement appauvri le pays. D’autres, comme les Etats-Unis ont laissé fleurir, sur les côtes, une aristocratie coupée du peuple et dont la détestation a donné naissance au trumpisme. D’autres encore, comme la Suède, ont tant laissé s’installer une tolérance absolue qu’ils ne savent plus comment se débarrasser des violences qu’elle a suscitées.
Le moment est venu d’une mise en ordre générale. Mais celle-ci devra se faire nation par nation, au risque, dans le cas contraire, de se voir massivement rejetée par les peuples. L’humanité ne s’est pas encore débarrassée du socialisme, en dépit des folies qu’il a poussé les nations à commettre. On peut résumer la situation par un chiffre, celui du pourcentage des prélèvements sur la production. Le général de Gaulle disait qu’il ne devait pas dépasser un tiers. Les Etats-Unis ont respecté cet adage, pas la France ni les pays nordiques. A eux de faire machine arrière et de remettre leurs populations au travail. Qu’ils le veuillent ou non, ils n’auront pas le choix car ils risqueraient de se voir largués dans la concurrence mondiale. Certains observateurs pensent que la mondialisation est terminée pour longtemps. Ils oublient que la principale pulsion d’homo sapiens et d’atteindre la ligne d’horizon et de continuer au-delà. Les compagnies aériennes prévoient de doubler le nombre de leurs avions dans les vingt ans qui viennent.
Quiconque réfléchit à la vie et aux hommes sait que l’être humain n’est pas l’aboutissement de ce qui vit. Il est certes un formidable exemple de ce que l’évolution peut produire, mais ses imperfections sont telles, et si durables, que ceux qui croient en Dieu doivent forcément s’interroger. N’oublions pas que si les dinosaures ont pu exister, ce n’est qu’avec la permission de Dieu. Et si de grands conquérants ont pu s’emparer d’immenses territoires, c’est toujours avec la menace divine de l’effondrement final. Il est évidemment plus confortable de ne pas croire en Dieu. Au moins n’a-t-on pas à se prosterner. Et doit-on s’activer de son vivant à faire le bien autant qu’on le peut et à aimer de toute son âme. La sagesse est probablement le sommet de ce qu’un être humain peut atteindre. Depuis que les sages grecs ont écrit leurs découvertes, on n’a pas fait beaucoup de progrès, sauf au plan scientifique. Mais la science ne sait pas rendre l’homme heureux.
Quand on voit un politicien proclamer ses sentences à travers le monde, par le truchement de la technologie qui nous permet de savoir à tout instant ce qu’il se passe à des milliers de kilomètres, on ne peut qu’être frappé par le manque d’humilité des grands personnages. Ne savent-ils pas que leurs conquêtes disparaîtront aussi vite qu’elles sont nées. Une seule exception : la civilisation. Voilà pourquoi on ne doit révérer que ceux qui nous aident à mieux vivre. A chacun son panthéon personnel. Macron a la folle habitude d’installer au Panthéon des personnes dont on ne sait pas vraiment ce qu’elles ont apporté à l’humanité. Il ya un petit parfum de snobisme mortuaire dans ces cérémonies. Surtout quand on eu l’opportunité de connaître certains de ces panthéonisés. Mais quand on médite sur ce qu’un Frédéric Bastiat a apporté à la compréhension de l’économie, ou qu’un Cincinnatus à la vanité du pouvoir, on se dit que les programmes scolaires pourraient être mieux faits et répandre sur nos chers enfants toutes les bonnes pensées qu’on peut avoir sur l’humanité. En laissant dépérir les mauvaises. Tiens, j’y pense, Trump devrait prendre connaissance du merveilleux apologue de Milton Friedman sur le crayon jaune, et tout ce qu’il faut d’efforts et de coopération pour le fabriquer. La sagesse du monde n’est pas morte, mais elle a, en ce moment, un peu de mal à survivre.
Claude Reichman
31 vues