TOUS est-il le contraire de la liberté ?

Je veux vous parler d’une époque où la télévision n’existait pas. Où Citroën fabriquait des « tractions avant » et Peugeot des « 203 ». Où le luxe s’appelait « Facel Vega ». Où les Ponts et Chaussées goudronnaient à tout va, tout en prenant le temps de construire d’innombrables ponts. Où les gardes-barrières surveillaient les passages à niveau, faisant en sorte que trains et voitures se heurtent le moins souvent possible.

A cette époque, la minorité d’automobilistes ne se posait pas de question sur son activité dominicale.

La question n’était pas : qu’est ce qu’on fait Dimanche ? Mais : où va-t-on ? Tous montaient systématiquement dans leur voiture pour une promenade dont le but n’était pas l’essentiel.

L’essentiel se résumait à jouir intensément de la liberté incroyable pour eux, précédemment impensable, attachée au miracle du déplacement individuel en automobile.

L’automobile paraissait un privilège extraordinaire, son arrivée dans une famille était un aboutissement, une plénitude.

Puis, accompagnant la démocratisation, vint la quantité, le temps des bouchons, de l’hécatombe, qui a eu raison de l’émerveillement sans pour autant terrasser l’attirance.

Enfin vint aujourd’hui, le temps de la haine, où l’automobile est synonyme de délinquance sociale, de pollution. Où les successeurs des Ponts et Chaussées ne pensent que ralentisseurs, rétrécissements des voies, chicanes, limitations de vitesse, radars, circulations alternées, etc…

Tous, sauf les « justes-arrivants », ont honte de leur automobile, sont indifférents à ses avantages dont ils profitent toujours, mais plus difficilement et liés à de lourdes contraintes qui finissent par les leur masquer.

Ainsi, alors que tous ont une automobile, cette multiplication, elle seule, a transformé le charme en nuisance, la liberté en contrainte.

Pour retrouver les émotions initiales, il suffit de prendre la route un Dimanche matin d’hiver ordinaire, vers 9H, hors vacances scolaires, pour revivre la liberté attachée aux déplacements en automobile sans la contrainte des autres.

Cet exemple n’est pas unique, au contraire, il est global et s’applique à toutes nos activités, à tout notre environnement.

Ce constat global est-il une vue de l’esprit ou une réalité ? Est-il une aigreur passagère attachée à une génération en voie de disparition, ou correspond-il à une réalité profonde et intemporelle ?

Dans le premier cas, rien de bien grave, il suffit d’attendre. On peut même penser que les lois sur l’euthanasie accélèreront le règlement du problème.

Dans le deuxième cas, c’est une autre affaire. Si TOUS est la source globale de l’insatisfaction, la contrainte indésirable rendant le plaisir inaccessible, on a du souci à se faire.

La recherche du plaisir est le moteur de l’humanité. Sa puissance donne la vie, c’est dire sa force.

Si le nombre est une entrave au plaisir, ce n’est pas ce dernier qui disparaîtra, c’est le nombre qui sera vaincu par lui.

Ne l’oublions pas : le plaisir donne la vie pendant que l’ennui précède la mort. L’humanité ne peut pas s’ennuyer, elle disparaîtrait.

N’est-ce pas justement le nombre qui pourrait être à l’origine de l’ambiance crépusculaire dans laquelle nous vivons depuis quelques années ?

Le nombre qui entrainerait l’humanité vers des raccourcis bien connus pour s’auto-diminuer, et qu’ainsi le plaisir reprenne ses droits. Le nombre en quelque sorte manipulé par le plaisir, par l’égoïsme.

Les barbares, les faiseurs de guerre, pourraient-ils être au service du plaisir caché, égoïste, honteux, de l’humanité souhaitant se débarrasser du nombre sans le montrer, sans le dire ?

Bien des postures trouveraient alors une explication.

Car, si chacun y va de sa petite théorie, tout le monde a bien conscience que la planète est actuellement une poudrière.

Evidemment, chaque faction essaie de faire porter sur les autres la responsabilité de cette ambiance mortifère. Peut-on être dupe ?

En ce qui me concerne, je crois que la responsabilité de la catastrophe qui nous attend est totalement collective. Je crains qu’elle soit liée au nombre.

Je trouve cela parfaitement regrettable à une époque où nous sommes justement en mesure de réguler ce nombre avant l’apparition de la vie, ce qui me parait plus humain qu’après.

Par ailleurs, j’ai bien retenu tout ce que l’on m’a appris sur le sujet : la reproduction doit être naturelle et illimitée. Oui, mais…

Si le prix à payer est la déstabilisation par le nombre au point que la sortie ne puisse se traduire qu’en carnages, je ne suis pas preneur.

J’accepte l’idée que l’on puisse me reprocher dans ce billet de m’éloigner du sujet que je connais : le pillage fiscal. Mais ce serait une erreur.

Il est probable que le nombre augmente exponentiellement la frustration, donc exacerbe l’idée de pillage en la généralisant et aboutit à l’inacceptable : à la guerre.

Ce n’est pas qu’il en ait manqué tout au long de ma vie, mais, personnellement, je n’ai jamais connu la guerre. L’idée qu’elle se rapproche n’éveille en aucune manière ma curiosité.

Bien cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

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