Une chose me trouble, c’est la transformation en mal absolu d’une bonne intention ou d’une règle initiale apparemment bonne. C’est un problème récurrent dont l’implacable processus chaque fois m’interpelle.
Commençons par une aventure ordinaire arrivée récemment à un être qui m’est cher.
Ici, la bonne intention est que lorsque l’on trouve un objet perdu on le rapporte au service municipal anciennement appelé le « service des objets trouvés« .
On apprenait cela enfant. Ce qui est à soi est à soi, ce qui est à autrui et perdu par lui doit lui être rendu. Un concept qui se dilue un peu, il suffit de voir les yeux incrédules du serveur de restaurant que l’on rappelle pour lui dire qu’il a oublié le vin ou le dessert sur l’addition qu’il présente.
Donc, cette personne qui m’est chère sort fatiguée de son tour de garde dans un service un peu chaud et s’arrête dans une banque, qui n’est pas la sienne, pour retirer au distributeur automatique un billet de vingt euros.
Elle reprend sa carte bleue, son ticket et oublie le billet. Elle m’appelle en plaisantant étonnée de tant d’inattention, en me faisant part de sa bêtise d’avoir ainsi perdu vingt euros. Je lui dis d’en faire part à sa banque.
Pourquoi faire me dit-elle ? « C’est perdu de chez perdu ».
Je lui explique, que d’une part il est possible que la machine reprenne le billet non retiré, que d’autre part celui qui est passé après elle a pu rapporter à la banque le billet trouvé. Dans les deux cas il est donc nécessaire que cette dernière connaisse la personne qui l’a perdu.
Elle se rend donc à sa banque, qui n’est pas celle où le billet a été laissé, et déclare son inattention. Son « conseiller personnel » — c’est ainsi que l’on nomme certains guichetiers pour faire croire aux clients que les services bancaires sont toujours personnalisés, alors que les banques d’aujourd’hui ne sont que des administrations anonymes qui récoltent le fric pour l’utiliser entre copains directeurs de ces monstres et hommes de l’Etat — donc, son conseiller personnel lui apprend que, dans ces conditions d’oubli de billets dans la machine, nos banques au grand cœur remboursent immédiatement l’étourdi. Il suffit de remplir un dossier, qu’il lui confie.
Elle me rappelle pour me faire part de la bonne nouvelle. Je m’en étonne, ne comprenant pas pourquoi les banques paieraient une erreur, et avec quel argent, au lieu de se contenter d’assumer un retour naturel, s’il a lieu, du billet perdu. La modernité sans doute.
Elle remplit son dossier, les vingt euros sont immédiatement de retour sur son compte, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Le temps passe puis, soudain, les vingt euros disparaissent de son compte. Étonnement et téléphone à la banque. Le « conseiller personnel » a changé. Le nouveau explique que la banque de retrait, n’ayant jamais revu la couleur du billet égaré, refuse de le payer. Il rajoute que lui-même ne peut pas le prendre en compte et il finit carrément par dire qu’après tout : « qu’est ce qui prouve que ce billet a bien été oublié dans la machine ? » C’est-à-dire qu’il soupçonne l’étourdie d’avoir menti, pour voler en quelque sorte vingt balles.
La boucle est bouclée. Le pire est là. Le mal est fait.
Voyons, une personne se présente à une banque pour signaler un billet perdu afin qu’il lui soit rendu s’il est retrouvé, rien de plus. La banque, sans doute pour se rendre intéressante, fait mine de pouvoir rendre le service de faire réapparaître le billet perdu, ce qui est ridicule. Pour finalement soupçonner le client, qui n’en demandait pas tant, de combine et de vol…. On touche le fond.
Que s’est-il passé ?
A partir d’un principe simple, où chacun est responsable de ses actes et de sa moralité, l’intervenant principal, le banquier, envoie un signal non équivoque d’indifférence à la morale, à la responsabilité, pour séduire. Puis il se fracasse sur la réalité, alors il la transforme et accuse celui qu’il a tenté de séduire en le soupçonnant de vice, en l’accusant d’insincérité. Celui-ci devra vivre avec ce soupçon dorénavant, alors qu’il n’avait demandé aucun avantage.
Cette mécanique se retrouve partout et tout le temps.
On pourrait parler des curés, à qui personne n’a rien demandé, qui se sont fait fort de terrasser leurs pulsions sexuelles, qu’aujourd’hui les catholiques découvrent effarés – enfin peut-être – comme étant en réalité une bande d’obsédés sexuels sautant sur tout ce qui bouge, masculin ou féminin.
Mais surtout, l’analogie peut se faire avec les égalitaristes.
Ces gens qui ont dévoyé le mot égalité. Ce beau mot avait au départ, en 1789 pour nous, pour objet d’affirmer qu’effectivement les hommes sont tous égaux, qu’il n’y a pas d’un côté les esclaves propriété de certains et de l’autre les hommes libres, comme cela était le cas depuis des milliers d’années.
Les égalitaristes ont fait mine de pouvoir donner à ce magnifique mot « ÉGALITÉ » une connotation vulgaire, banale, matérialiste, effaçant du même coup le mérite, le travail, la valeur, réduisant au même niveau tous les hommes, les très bons et les bons à rien.
Ils agissent comme le banquier qui fait croire qu’il est capable de pallier l’étourderie et qui impuissant finit par accuser celui qu’il prétend aider.
Aujourd’hui les égalitaristes sont sur le point de dénoncer, d’insulter et de tenter de détruire ceux à qui ils ont fait croire que l’égalité est une répartition vénale et cupide de biens matériels, au lieu d’une ambition humaine de respect moral hélas pas encore généralisée à l’échelle du monde.
Je pense évidemment aux actuels Gilets Jaunes, crédules et naïfs, qui surprennent leur église égalitariste en pleine razzia, en pleine débauche inégalitaire. Les voilà soudain plus « cathos » qu’ils ne s’imaginent, en tout cas au niveau de l’émotion collective….
Bien à vous. H. Dumas
Il y a une différence essentielle dans les comparaisons : la religion quand elle est déviante, a une influence, oui. C’est moralement insupportable et la prison est bienvenue pour tous ces individus qui doivent être jugés avec les circonstances aggravantes de leur prétentions à prêcher la bonne parole. Mais en face, chacun peut faire semblant, ou faire la part des perversions qu’il a en face de lui, ou fuir, ce qui est plus difficile pour les enfants.
Mais la République, quand elle trahit sa mission et le contrat pourtant clair que nous avons avec elle, elle a la loi avec la force physique publique , pour contraindre quiconque lui résiste et le forcer à payer, d’accord ou pas d’accord! C’est une inquisition qui s’est installée en critiquant l’autre qui date de plusieurs siècles et dont elle a grossi l’Histoire pour se faire 1000 fois pire : en termes de vols, viols, crimes… ET protégés par la loi et la force publique !
Il y a une faille dans les comparaisons : la religion quand elle est déviante, a une influence, oui. C’est moralement insupportable et la prison est bienvenue pour tous ces individus qui doivent être jugés avec les circonstances aggravantes de leur prétentions à prêcher la bonne parole. Mais en face, chacun peut faire semblant, ou faire la part des perversions qu’il a en face de lui, ou fuir, ce qui est plus difficile pour les enfants.
Mais la République, quand elle trahit sa mission et le contrat pourtant clair que nous avons avec elle, elle a la loi avec la force physique publique , pour contraindre quiconque lui résiste et le forcer à payer, d’accord ou pas d’accord! C’est une inquisition qui s’est installée en critiquant l’autre qui date de plusieurs siècles et dont elle a grossi l’Histoire pour se faire 1000 fois pire : en termes de vols, viols, crimes… ET protégés par la loi et la force publique !