Pourquoi, peut-être…

Yves Marchand signe un papier qui saisit, avec une grande justesse et un humour glacial, l’invraisemblable situation de notre pays.

Cette situation est-elle une surprise, ou une simple logique inscrite depuis longtemps dans la constitution ?

Je penche pour la deuxième hypothèse.

Il me semble que la constitution de la Vème république visait – en mettant en place le scrutin majoritaire — le bipartisme, qui à l’époque paraissait la méthode la plus rationnelle pour diriger un pays, elle donnait alors satisfaction au maître du monde : les Etats-Unis.

En réalité, le centre y était masqué, mais il gérait le tempo des extrêmes qui se rangeaient derrière lui et teintaient légèrement son appartenance.

Il n’apparaissait pas alors que le bipartisme pouvait avaler le centre et mettre face à face deux extrêmes proches du point de rupture démocratique, faisant alors surgir la menace du pouvoir politique pur et dur, de l’affrontement matériel, de la guerre civile. Pourtant ce n’était que logique.

Et maintenant, réfléchissons, simples hypothèses…

Définissons les pouvoirs en présence.

Ils sont donc trois. Le pouvoir politique, c’est la force, la loi, les fusils. Le pouvoir économique, c’est le commerce et l’industrie qui fabriquent ou échangent tout ce qui est indispensable à la vie, sans lui il ne peut pas y avoir de vie. Et le petit dernier, le pouvoir de l’information, du savoir en règle générale, qui n’est plus accessible globalement par un seul individu, dont l’émiettement et la spécialisation ont multiplié les « sachants ».

Ces trois pouvoirs s’allient ou se déchirent au gré des vents du moment. Le plus puissant est le pouvoir économique, capable grâce à cette puissance de s’allier avec n’importe lequel des deux autres.

L’église catholique, qui a pris d’abord le pouvoir politique par la croyance — comme c’est toujours le cas dans le cadre du pouvoir politique – n’a atteint son apogée que lorsqu’elle a fait main basse sur le pouvoir économique, qui in fine l’a dévorée.

Il arrive la même aventure avec la croyance égalitariste, baptisée socialisme, aux multiples variantes telles que le communisme, l’écologie, le syndicalisme, etc…, qui dans certains pays a scellé le pacte du diable avec le pouvoir économique, voir la Chine, la Russie…

Sont nés de cette fusion des ensembles a vocation hégémonique, d’une puissance incontrôlable, qui risquent de tout emporter, momentanément…

Mais le pouvoir des sachants, le troisième et récent pouvoir, qui avance actuellement masqué, ne peut pas se contenter de faire figuration, alors qu’il se considère — et est peut-être – le plus puissant, le plus indispensable.

Ces conflits de titans entre pouvoirs sont la trame de tout, invisible évidemment.

Stratégie

Les pouvoirs ne sont pas maitrisables, ils n’appartiennent pas aux hommes, même si ce sont eux qui les exercent ou les subissent. Il faut donc les traiter comme des entités à part entière.

L’intérêt aujourd’hui, pour affaiblir l’alliance conjoncturelle et dangereuse entre le pouvoir économique et le pouvoir politique, est de favoriser la venue au grand jour du pouvoir des « sachants ». Ce contre quoi se battent les pays ou l’alliance politico-économique est actée, fixée solidement.

Dans ce cadre, la liberté, toute la liberté, sans limite, des réseaux sociaux, de l’information par tous les canaux possible, l’exigence de la transparence, sont un devoir absolu.

Car il est une constante : le pouvoir doit-être combattu, sous toutes ses formes, c’est la seule façon de le rendre raisonnable, car quoiqu’il lui soit fait il perdure… tant il a des raisons d’être. Mais il n’en a aucune de devenir abusif, ce que pourtant il devient naturellement.

Je rappelle que la résistance est un droit constitutionnel.

Alors, faut-il une nouvelle république, une nouvelle constitution ?

Voilà une énigme affolante. Qui la ferait cette nouvelle constitution ? Pourquoi serait-elle mieux ? Ou plutôt, pour qui serait-elle mieux ?

Peut-on répondre à ces questions ?

C’est une peu : quelle est la meilleure religion ? Aucune, et ce n’est pas la question.

La question est : comment faire pour que les hommes se supportent, éprouvent du plaisir à vivre ensemble ?

La réponse est : c’est un problème personnel, que chacun doit régler avec lui-même, qui ne peut pas être régler par le voisin, aurait-il même des fusil, de la fortune ou une grande culture…

Le libéralisme est une philosophie, pas une définition économique.

Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

3 réflexions sur « Pourquoi, peut-être… »

  1. « Alors, faut-il une nouvelle république, une nouvelle constitution ? » Et si la solution véritable (et d’ailleurs, assez inattendue, puisque personne n’a le courage intellectuel de l’envisager autrement que sous une forme « folklorique », sans aucune portée, quand ce n’est pas sous une forme « réactionnaire », parfaitement ridicule) était bien plutôt…le retour en France d’une Royauté rénovée ; d’une Royauté garante de l’unité du peuple, en tant que dépositaire ultime ou unique héritière de toute la continuité historique ; d’une royauté, essentiellement considérée, cette fois, et avant tout, COMME UNE PUISSANCE d’ARBITRAGE ? Le libéralisme, qui veut faire rentrer le torrent du pouvoir dans son lit naturel, devrait parfois se souvenir de l’étymologie la plus évidente : le périmètre « régalien », au-delà duquel l’étatisme s’installe, est, comme le mot l’indique, le domaine réservé du Roi ; seul un Roi peut donc en cerner exactement les contours et en évaluer précisément l’étendue ! Discernement et clarification avant tout !

    1. Quelle chance pour que le roi possède génétiquement les facultés intellectuelles nécessaires pour maîtriser la sagesse régalienne mieux qu’un conseil constitutionnel ou une Cour suprême ?
      La prise de conscience de chacun par la transparence du pouvoir me paraît plus accessible pour cette mission.
      Bien à vous.

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