Platon et le capital

J’ai lu récemment « Et si Platon revenait… », un livre du professeur Roger-Pol Droit, publié chez Albin Michel.

Cet ouvrage m’a passionné et je m’apprêtais à vous en parler à l’occasion d’une prochaine vidéo pour vous en dire du bien et vous conseiller de l’acheter. Puis, j’ai envoyé un mail au professeur Droit, je lui ai fait part de mon plaisir à la lecture de son livre, de mon admiration et de mon projet d’en parler sur le blog. Il m’a aussitôt répondu, de la façon la plus aimable qui soit, me demandant de surcroît de lui signaler quand  mon article serait sur le blog.

Du coup je me suis senti obligé de faire, à partir de son livre, non pas juste un commentaire en fin de vidéo mais bien un billet.

Grave difficulté pour moi.

Je lis vite et ne retiens que les émotions que me procure un livre. C’est un peu comme à l’école où je comprenais rapidement en oubliant juste d’apprendre. Un peu aussi comme dans ma vie économique où je suis très à l’aise et bon monteur d’opération, mais en oubliant l’essentiel : la constitution d’un capital.

Ce n’est pas une bonne méthode, pas un bon plan.

Cette façon d’être me permet de réfléchir, d’agir, intuitivement, mais pas d’expliquer, d’analyser. Je cherche la vérité, pas la connaissance. Je suis un touriste éternel, un promeneur de la pensée, en balade plus ou moins agréable. Je ne suis pas un homme de pouvoir qui ne s’acquiert que par le poids, puisque que tout en moi n’est que légèreté.

Mais bon, je vais quand même m’y coller.

Le professeur Droit est stupéfiant, pour moi qui le lis pour la première fois. Sa proximité avec la vie simple, sa capacité à lier cette vie avec la somme gigantesque de ses connaissances philosophiques, permet au lecteur de se croire cultivé et intelligent. Convenons que cela est très agréable.

Son livre a deux parties, une où il imagine Platon face à certaines problématiques d’aujourd’hui, une autre où il se positionne personnellement par rapport à la philosophie, à l’individu et à la société. Ces deux parties sont alternativement liées.

La première est amusante, quand la seconde est tout simplement formidable. Dans la seconde partie toutes les clefs, tous les moteurs, du raisonnement sont là.

Je vous incite vraiment à lire cet ouvrage. Plus rien alors ne sera pour vous comme avant. « Ti to esti ? » (page 117) deviendra votre outil de pensée.

Par ailleurs ce livre apporte la preuve que je cherchais (lien)

Bien des fois sur ce blog j’ai essayé de mettre le capital en perspective. Le capital : « Ti to esti ? »

Je défends l’idée que le capital est constitué de deux paramètres, l’accumulation et la transmission. Que, quel qu’en soit le détenteur il ne lui appartient pas, il est toujours un outil collectif sans lequel aucun progrès ne peut voir le jour.

L’ouvrage du professeur Droit participe intensément au capital culturel. Il est assis sur une base de connaissances colossale, accumulées aujourd’hui dans la tête du professeur, transmises avec simplicité à tous ceux qui le souhaitent. Pas de pédanterie, pas d’intimité glauque, ésotérique, que de la générosité.

Notons pour mémoire que le même sujet aurait pu être traité de façon égoïste, élitiste, prétentieuse, bien qu’alors antipathique l’ouvrage aurait aussi fait partie de notre capital culturel.

Le contenu de ce livre procure une impression réelle de capital culturel accessible. Ce capital, bien que propriété du professeur Droit, bénéficie à tous ceux qui lisent le livre, et même, par sa seule existence, à tous ceux qui ne le lisent pas ou ne le liront jamais.

A partir de cet ouvrage, de son contenu si plein, si riche, il est possible d’imaginer le désert intellectuel que peut être l’incendie, la destruction, des bibliothèques, l’éradication du capital culturel par la violence physique ou tout simplement par la censure qui en interdit l’accès au plus grand nombre.

Et pourtant, ce type de comportement est le sport préféré des dictatures de la croyance, de la mono pensée, c’est même leur signature, ce à quoi on les reconnait.

Le capital économique

Il est exactement comparable au capital culturel. Quel qu’en soit le possesseur il bénéficie à tous, sans lui il n’y a pas d’économie possible. Ici aussi des dictateurs à la pensée unique tentent de le détruire.

J’aimerais bien avoir l’avis de Platon sur le capital économique, à son époque et… s’il revenait….

Bien cordialement. H. Dumas

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 4,50 sur 5 (8 avis)
Loading...

A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

2 réflexions sur « Platon et le capital »

  1. moi j’aimerais bien savoir ce que penserait Platon:
    –>du déficit de la France et de l’hégémonie des FONK’S
    –>de l’appauvrissement intellectuel et inversement la jouissance fiscale du fisc
    –>et du mariage pour tous

    synonome hégémonie :
    arrogance ,autorité ,colonisation ,direction ,domination ,empire,influence
    leadership ,maîtrise ,pouvoir , prééminence , prépondérance ,royauté ,suprématie

    comme disait LACAN «cette assemblée de tantouses»

    🙂

  2. La Société française est devenue si malhonnête que la vérité de Platon offense réellement les citoyens mais pas la presse , ni nos politiques quand aux administrations françaises n’y pensons pas . Donc Un rappel historique de 2 préceptes de PLATON , intéressant le Traité des devoirs de Cicéron Il y a + de 2000 ans= Tous ceux qui seront à la tête de l’Etat doivent se souvenir des deux préceptes de Platon: veiller aux intérêts des citoyens en y rapportant tous leurs actes et en oubliant les leurs propres; avoir souci du corps entier de l’Etat en ne favorisant pas une partie aux dépens du reste. ….Ceux qui s’occupent d’une partie des citoyens en négligeant les autres introduisent dans la cité un mal qui doit la perdre, la sédition et la discorde; il arrive que les uns se dévouent pour le peuple; d’autres n’ont de zèle que pour les grands; bien peu songent à tous; de là sont nés à Athènes de grands conflits, et, dans notre république, non seulement des séditions mais des guerres civiles désastreuses.
    « Date et lieu de naissance de Ciceron : Auteur latin et homme d’État romain né le 3 janvier 106 av. J.-C. à Arpinum en Italie, Cicéron fut assassiné le 7 décembre 43 av. J.-C. à Gaète, ville située en Italie. Il meurt à l’âge de 62 ans, sa tête et ses mains furent exposées à la vue du peuple sur ordre de Marc-Antoine. »

    Veritas Thesaurus est ! La vérité est un trésor,
    « Ad augusta per angusta » signifie en français : « Vers les sommets par des chemins étroits ». Il faut comprendre que la gloire ne s’acquiert …

    Jean JAURES disait :Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire, et il ajoutait je ne plierais pas, je ne m’en irai pas en silence, je ne me soumettrai pas, je ne me retournerai pas, je ne me coucherai pas, je ne me tairai pas.

    Amitiés Cher Henri et Merci pour ce projet de lecture..

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *