Petit voyage en inaptocratie

Quelle est la catégorie socio professionnelle française qui ne produit rien, qui contrôle tout, qui décide de tout partout et qui vit très bien des impôts payés par le reste de la population ?

La haute fonction publique bien sûr !

L’origine de ces « professionnels » remonte à 1945 avec la création de l’école nationale d’administration par le Gouvernement provisoire de la République française, alors présidé par le général de Gaulle. (ordonnance no 45-2283 du 9 octobre 1945).

Le but, à l’époque, était de créer une organisation de fonctionnaires spécialisés et compétents dans la gestion des affaires de l’Etat.

80 ans plus tard, peut-on dire que le but poursuivi a été atteint et que ces énarques ont fait la preuve de leur efficacité ?

Il est permis d’en douter … et il se pourrait que l’efficacité ne soit pas celle que l’on croit !

En effet, ce système de promotion par le mérite, si bien pensé, s’est totalement dévoyé pour aboutir à un système oligarchique investi de tous les pouvoirs. La cause principale en est que cette corporation, du fait même de la structure jacobine et très étatiste de la France, s’est propagée à tous les niveaux et a fini par prendre le contrôle de toutes les manettes du pays pour passer d’agent d’exécution des décisions politiques, à dirigeant politique et même dirigeant économique par le biais d’une mainmise sur la vie économique directement (la plupart des postes de dirigeants des plus grandes entreprises françaises sont tenus par des énarques) ou indirectement par le biais d’une foule de normes et de directives qui sont imposées aux entreprises.

Les français assistent désormais impuissants au  ballet de ces énarques mélangeant allègrement les genres et les conflits d’intérêts et qui se repassent les maroquins avec des allers et retours entre leur corps d’origine et des fonctions politiques ou de dirigeant de grandes entreprises.

Soulignons qu’il s’agit là d’une spécificité bien française car, pratiquement partout ailleurs, les fonctionnaires sont tenus de démissionner définitivement de la fonction publique avant de se présenter à un mandat.

L’emprise de cette catégorie socio-professionnelle, que l’on peut légitimement appeler caste, est telle qu’elle a organisé un système bureaucratique et technocratique en sa faveur dans lequel elle gagne à tous les coups puisqu’elle … ne peut pas perdre !

Les gouvernements passent mais la haute fonction publique reste.

L’efficacité promise est donc réelle mais essentiellement au profit de cette corporation !

Frédéric Bastiat, économiste français du 19° siècle, dont les réflexions se sont avérées prémonitoires, avait pressenti ce phénomène et affirmé :

 « Quand le pillage devient un moyen d’existence pour un groupe d’hommes qui vit au sein de la société, ce groupe finit par créer pour lui-même tout un système juridique qui autorise le pillage et un code moral qui le glorifie. »

On ne peut pas mieux décrire le système mis en place par la haute fonction publique et le point critique est atteint lorsque l’on sait que ce système se double d’une totale irresponsabilité dans le cadre de l’exécution de ses missions.

Le fonctionnaire, surtout s’il est « haut », est assuré de l’impunité y compris en cas d’erreurs graves de gestion ; d’autant plus qu’on ne lui demande même pas d’avoir la compétence de son poste ( !?!) surtout … lorsque celui-ci est dû à une décision politique !

Fatalement, un tel système permet toutes les dérives …

Le pire, c’est qu’après 50 ans de pouvoir sans partage, les petits hommes gris de l’Etat ont réussi à convaincre la population de la réalité de leur action et, désormais, dès qu’il y a un problème, celle-ci en appelle à l’Etat.

Et, le pire, si l’on peut dire, c’est que même les membres de cette caste y croient !

Souvenons-nous de la déclaration de F Hollande, alors président, selon qui « ça ne coute rien puisque c’est l’Etat qui paie » oubliant que l’Etat n’est qu’une fiction, une organisation essentiellement spécialisée dans l’extorsion fiscale.

Or, en dépit de leurs diplômes et de leur situation enviable au sein de la société civile, les dirigeants fonctionnaires n’ont qu’une compréhension limitée des mécanismes économiques notamment en raison du fait que si les entreprises produisent de la richesse qui bénéficie à tous, les fonctionnaires, eux, ne produisent que des normes …dont la plupart ne font qu’entraver le fonctionnement normal de l’économie.

Cela nous permet de faire un parallèle entre l’Etat et les entreprises.

Les seules ressources de l’Etat sont constituées par les impôts qu’il extorque à la population sous la menace de sanctions et en vertu de lois votées par des représentants du « peuple » ; représentants qui sont la plupart du temps inféodés au pouvoir.

L’Etat stricto sensu n’a pas de clients, il n’a que des administrés.

En outre, contrairement à une idée largement répandue en France, la dépense publique n’enrichit pas le pays, elle l’appauvrit parce que l’Etat ne produit rien à part des règlements et des contraintes. Rappelons que les « moyens » d’action d’un Etat bureaucratique tel que la France se réduisent à 3 : règlementer ou interdire, taxer, subventionner !

Et ce phénomène prend toute son acuité lorsque l’on sait que notre haute fonction publique n’a jamais eu d’autre solution pour résoudre les problèmes que d’augmenter les impôts ou les charges sociales ; solution certes efficace à court terme mais aux effets délétères et néfastes sur l’économie à moyen et long terme.

Ce n’est pas par hasard que la France est championne du monde de la fiscalité, championne d’Europe des déficits et qu’elle perd sans cesse en compétitivité.

De leur côté, les entreprises, qui n’ont aucun moyen de coercition, doivent séduire une clientèle pour leur vendre des produits ou des services qui leur plaisent ou conviennent à leurs besoins et le dirigeant incompétent ou inefficace est très rapidement licencié.

Fort de ces principes, on découvre qu’il n’y a que 3 manières de gagner de l’argent :

-en travaillant,

-en héritant,

-en le volant ou en l’extorquant y compris au moyen de procédés couverts par la légitimité légale car l’impôt n’est jamais qu’un vol légalisé.

Et, fort logiquement, selon la source de vos revenus, votre comportement sera différent.

-Lorsque vous dépensez votre argent pour vous-même, vous le faites judicieusement surtout s’il a été durement gagné,
-Lorsque vous dépensez votre argent pour les autres, vous essayez de minimiser les coûts.
-Lorsque vous dépensez l’argent des autres pour vous-même ou pour les autres, il n’y a aucune contrainte du gaspillage ; c’est de l’argent qui ne coute rien !

Fort de ces principes, on comprend évidemment très vite pourquoi l’État n’est jamais efficace. Il ne recherche pas la meilleure dépense ni même la meilleure allocation du capital puisque l’argent est illimité et gratuit.

En outre, l’administration ne fonctionne pas selon des règles économiques mais selon des règles hiérarchiques (comme à l’armée). Le fonctionnaire est un exécutant des ordres venus d’en haut … et l’argent dépensé ne coute rien … hormis le cout de l’organisation chargée de sa collecte.

Cela explique les innombrables tentatives de l’Etat dans l’informatique, le cloud, et autres services qui devaient concurrencer les GAFAM et qui se sont terminées par de piteux échecs ; mais aussi les fiascos d’Areva, d’EDF renationalisé pour masquer des pertes abyssales …

Il faudrait un livre pour retracer tous ces échecs financés par le contribuable car, à la fin, il y a toujours quelqu’un qui paie, de gré ou de force, les dépenses inconsidérées et c’est une des raisons pour lesquelles les petits hommes gris de l’Etat voient des fraudeurs fiscaux partout !

Il faut boucher les trous !

Curieusement, les français ont une attitude assez ambivalente vis-à-vis de ce système endogène, bureaucratique et pesant dans la mesure où ils sont très critiques à son égard mais le plébiscitent néanmoins parce qu’une partie notable de la population dépend, pour survivre, directement des services de l’Etat fonctionnaire, via des aides sociales.

Certains diront que c’est pour aider les pauvres, ou encore que c’est par égalitarisme, ou plus simplement par idéologie mais en fait il s’agit essentiellement de clientélisme électoral, que l’on peut aussi appeler politique, et pour le coup ce clientélisme ne coute rien à ceux qui le pratiquent puisqu’il est effectué avec l’argent gratuit des autres !

Cela explique que, malgré toutes les critiques et bien que le gouvernement et ses « serviteurs » soient aujourd’hui taxés d’incompétence, ils continuent, comme si de rien n’était, à dépenser l’argent que l’on n’a pas notamment en concédant, de manière injustifiée et irresponsable, aux agents de la SNCF, de la RATP et aux aiguilleurs du ciel, des avantages supplémentaires pour qu’ils n’usent pas de leur pouvoir de nuisance pendant … les jeux olympiques de Paris dont on s’attend à ce qu’ils représentent, malgré les promesses initiales, un puits sans fond de dépenses d’argent public !

On se trouve finalement dans un système où des gens incompétents sont plébiscités par d’autres gens inaptes ou incompétents parce qu’ils leur permettent, à ces deux catégories, de vivre à crédit sur le dos de l’Etat et ce système a un nom : c’est l’Inaptocratie que Wikipedia définit comme « un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en diminution continuelle. »

On ne peut donner meilleure définition de la situation française !

Des exécutants ont pris le pouvoir, ils font tout pour le préserver et s’y maintenir y compris en faussant les règles du jeu ; notamment en faisant croire à la population au caractère efficace de leur action par le biais de la distribution d’aides sociales dont absolument personne ne se soucie de leur origine !

De fait, malgré l’idée majoritaire en France, E Macron et ses ministres ainsi que tous les membres des ministères ne sont absolument pas des libéraux mais bien des jacobins pur jus, des spécialistes du contrôle étatique de l’économie, du capitalisme d’Etat et de connivence, persuadés que leur action est bénéfique et qui persévèrent dans leurs erreurs contre vents et marées …

Car oui, ils ont une action, mais elle est pratiquement toujours négative … et le constat est absolument incontestable : ils ont amené le pays au bord de la banqueroute, avec des services publics qui ne fonctionnent pas, une dette publique qui enfle sans fin malgré une fiscalité excessive et inefficace, un chômage de masse dissimulé, une violence qui monte … et une situation générale qui ne cesse de se dégrader !

Le président E Macron a bien pris conscience de la gravité du problème. Il a décidé d’intervenir pour … changer le nom de l’ENA qui est devenu l’institut national du service public (INSP) !

Il n’est pas sûr que cela soit suffisant …

Bien cordialement à tous !

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

2 réflexions sur « Petit voyage en inaptocratie »

    1. Les chaines publiques sont peuplées de prostituées honteuses des deux sexes : prostituées car elles font n’importe quoi avec la bouche (TV – Radio) ou/et les mains(écriture). Et honteuses car elles se parent du titre de « journaliste », personnes qui informent le « peuple », alors qu’elles ne sont que des putes, ce qu’elles voudraient cacher.
      Toute cette faune ne vit que sur le dos du peuple auquel l’impôt est arraché, tout en s’introduisant (!) mutuellement dans les cercles qui comptent dans le milieu, elle dénigre la France qui les engraissent au lieu de lui être reconnaissante de lui donner les moyens de cette vie de parasite.
      Et vous voudriez que cette faune interlope donne réellement une possibilité de s’exprimer à des personnes qui mette dans la lumière leur mode d’existence?

      J’adore votre humour, mais si ce n’en était pas, ce serait grave!

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