Le 14 Avril 1914, le Titanic coule avec 2.200 personnes, 700 rescapés et 1.500 victimes seront décomptés. Ce naufrage vit probablement une multitude d’actions ou d’émotions individuelles. Et pourtant, il ne reste que le « naufrage du Titanic », un événement collectif, alors qu’il implique 2.200 individualités.
Les causes du naufrage sont, elles aussi, collectives, route suivie, communications défaillantes, confiance démesurée dans la technique, orgueil, etc…
Deux ans plus tard c’est le naufrage de l’aristocratie européenne dans un bain de sang, une boucherie qui, d’Aout 1914 à Novembre 1918, fera 9 millions de morts et 20 millions de blessés. La aussi, cette folie collective vécut évidemment d’innombrables actes ou émotions individuelles. Cependant il n’en reste qu’un évènement collectif, alors que des millions d’individualités ont été impliquées.
Les causes de la guerre sont collectives, les peuples voulaient en découdre. Peut-on imaginer que l’économie industrielle, qui prenait son envol et aspirait à se libérer de la tutelle des aristocrates qui maîtrisaient le pouvoir politique et le pouvoir économique, est la responsable ? C’est l’hypothèse que j’avance.
Le 13 Janvier 2012, le Costa Concordia coule avec à son bord 4.229 personnes. Il y aura 32 disparus. Là encore, il est possible d’affirmer que ce fut 4.229 émotions individuelles de courage, de passivité ou de lâcheté qui vécurent ce naufrage. Il n’en reste qu’un drame collectif et un bateau échoué comme une vache sur la côte italienne.
Les causes sont collectives, elles ne peuvent être imputées au seul Francesco Schettino, commandant d’opérette. On y trouverait sans doute la fatuité de tous ceux qui étaient ravis de longer au plus près les côtes toutes lumières et sirènes allumées, la complaisance des employeurs qui préféraient un commandant qualifié en ronds de jambe commerciaux plus qu’en autorité maritime, etc…
Ce dernier naufrage maritime va-t-il, comme son prédécesseur de 1912, être le signe indien du naufrage de notre société.
Cette idée, totalement irrationnelle, quasiment superstitieuse, ne me quitte pas.
Comme en 1914, l’économie a été prise en otage. En France, c’est la technocratie qui s’en est emparée, par l’intermédiaire de Bercy.
Je crois que l’économie n’est pas maitrisable, elle ne supporte que la liberté, ceux qui l’enchainent la voit souffrir, puis, soudainement, briser ses chaînes avec une violence proportionnelle à sa souffrance antérieure.
L’organisation actuelle pense pouvoir la maîtriser. Elle s’y emploie dès la naissance des français. Son alliée est l’éducation nationale, chargée de fournir au pays des éléments bien propres, bien dressés, les autres étant éradiqués. Puis une propagande, instillée jour après jour, décapite toute velléité d’indépendance économique, ventant au contraire une forme d’indépendance utopique qui pourrait vivre hors toutes règles économiques. Les français croient ou laissent faire.
Le résultat est là, des gens modestes endettés au-delà de toute raison, par eux-mêmes ou du fait du pays, des classes moyennes qui supportent toute la charge de ces dettes, des classes supérieures non renouvelées, un cocktail catastrophique.
Cette situation collective est vécue, par les 65 millions d’individualités qui composent la France, comme autant de difficultés personnelles et individuelles.
Alors que les causes sont collectives, les réponses sont individuelles. La distorsion est maximum. La rupture est fatale et peut-être très proche.
La haine s’installe gravement, on le voit ici, sur ce blog, entre ceux qui pensent que les acteurs économiques les volent et ceux qui pensent que ceux qui pensent ainsi sont des assistés, vivant à leur crochet.
Ils leur tardent d’en découdre. La démocratie pousse les élus à exciter leurs troupes. La bombe est là, la mèche en place. Quel événement va l’allumer ?
Je ne sais pas, mais cela me semble inexorable, car les solutions pour l’éviter sont inaudibles.
En fait, il n’y en a qu’une, déposer le bilan de l’entreprise France, laisser le champ totalement libre à l’économie, réduire l’Etat à sa dimension régalienne, attendre que l’économie se refasse naturellement une santé.
Cette solution est la seule réponse collective au drame collectif que nous vivons. Elle impliquera, comme toute histoire collective, des engagements et des souffrances individuelles, mais au bout il y aura l’équilibre économique indispensable à tous.
Or, aujourd’hui, chacun préconise des solutions à travers des réponses individuelles qui flattent tel ou tel groupe d’individus, plus ou moins grand.
Paradoxalement, ces flatteries individuelles sont prononcées le plus vigoureusement par ceux-là mêmes qui se présentent comme soucieux de la collectivité, au point de mettre dans leur appellation des termes trompeurs du type de « socialiste » ou « communiste ».
Trop de mensonge, trop de vice, qui vont faire péter le machin et nous avec.
Bien cordialement. H. Dumas