Nouveau premier ministre, un non évènement

Michel Barnier vient d’être nommé premier ministre.

Est-ce important ?

Non, évidemment car la nomination du premier ministre est l’archétype du non évènement dont la presse fait ses choux gras ; histoire de faire de l’audience en s’imaginant que les français vont être passionnés !

En fait, cela n’intéresse personne ; hormis la petite clique des spécialistes du microcosme politique et des politiciens professionnels qui essaient d’exister aux yeux des français !

-les français s’en moquent, ils savent que ça ne changera rien à leur vie quotidienne,

-tout le monde sait que la réalité du pouvoir, sous la Vème République, est à l’Elysée ; entre les mains d’un monarque élu capricieux, égocentrique …mais aussi entre les mains d’une haute fonction publique qui agit à sa guise sans jamais rendre de comptes à quiconque !

Pour le reste, Michel Barnier est un étatiste pur jus ; même s’il n’est pas issu de la haute fonction publique.

C’est un pourfendeur de « l’ultralibéralisme », un véritable crocodile du marigot politique qui cumule 51 années de politique professionnelle.

J’avais commencé à lire son livre sur le Brexit, puisqu’il était à l’époque commissaire européen chargé des négociations avec le Royaume Uni. Je n’ai pas pu le finir dans la mesure où je ne partage absolument sa vision étatiste du monde.

Le seul avantage, si l’on peut dire, est qu’il connait à fond les arcanes du microcosme politique et qu’il saura déjouer les pièges de la politique politicienne.

Mais est-ce que cela sera suffisant pour faire une politique qui sorte la France de l’ornière ?

Permettez-moi d’en douter …

Rien ne changera, on continuera à faire « comme avant » jusqu’au krach final parce que d’une part il n’est pas un réformateur ni un libéral et qu’il va persister à utiliser les vieilles recettes qui ne marchent pas et que d’autre part il va très vite se heurter à la fois au potentat de l’Elysée et aux motions de censure qui vont forcément être déposées par les groupes RN et NFP.

Par ailleurs, il faut être lucide, sous la Vème République le premier ministre ne sert à rien, il n’est qu’un fusible pour permettre au président de se protéger de la colère populaire.

A preuve, la plupart du temps, même les ministres du gouvernement sont choisis par … l’Elysée !

On est donc en plein dans la comédie du pouvoir avec ses faux semblants !

Le pouvoir présidentiel est l’unique pouvoir et le gouvernement n’est qu’une simple courroie de transmission ou d’exécution. C’est la lettre de cette Constitution voulue par De Gaulle parce que celui-ci ne voulait pas avoir à rendre de comptes vis-à-vis de députés et sénateurs qu’il méprisait !?!

Le premier ministre n’est finalement, en France, qu’une illusion de démocratie, un paravent pour masquer que le véritable détenteur du pouvoir est à l’Elysée et que son occupant est irresponsable politiquement.

L’illusion démocratique n’est qu’une illusion et, bien qu’électif, c’est un système monarchique avec sa cour et … ses courtisans. C’est bien là le problème de la Vème République : le président ne fait face à aucun contre-pouvoir et n’est pas responsable politiquement !

Autrement dit, il peut faire à peu près n’importe quoi sans encourir la moindre sanction ; ce qui est évidement l’inverse de la démocratie !

Pour reprendre une publicité déjà ancienne, la Vème République est à la démocratie ce que le canada dry est à l’alcool !

De Gaulle avait bien compris qu’en se plaçant au-dessus de la mêlée politicienne et de la gestion au jour le jour des affaires de l’Etat, il échappait à la colère populaire en apparaissant comme une figure tutélaire, le deus ex machina au-dessus de la piétaille politicienne tout en tirant discrètement les ficelles de la marionette de Matignon !

Seulement, tous les présidents depuis Giscard n’ont eu de cesse de jouer de leur pouvoir et d’augmenter leur interventionnisme au quotidien ; avec pour conséquence de se mettre au premier plan.

Ces présidents n’ont pas respecté l’esprit dans lequel avait été construite cette République si particulière et N Sarkozy, qui avait déclaré que le premier ministre n’est qu’un collaborateur, en a été un exemple flagrant jusqu’à sa détestation, et son éviction, par les français !

La fonction présidentielle, devenue par la pratique de ces présidents, centre de tout, est devenue, en s’exposant inconsidérément, le totem, la tête de turc, l’exutoire d’un mécontentement populaire de plus en plus vif.

Le piège tendu à tous ces présidents tient en une seule formule : tout pouvoir sans contrepouvoir conduit à l’abus de pouvoir et ils y ont tous sauté à pieds joints par un phénomène que l’on peut définir comme « l’ivresse du pouvoir » !

E Macron en est d’ailleurs devenu une véritable caricature !

Le paradoxe est que cette surpuissance présidentielle, à la fois omnipotente et irresponsable, a débouché à la longue sur tout le contraire de ce qu’elle était censée apporter, à savoir l’efficacité, avec un régime constitutionnel en crise permanente !

Alors, quelle sera l’action de M Barnier dont il faut souligner qu’il n’a pas été choisi par les français mais sélectionné par E Macron à la suite de calculs politiciens que l’on soupçonne particulièrement tortueux ?

Celle qui sera décidée par E Macron et s’il s’oppose à lui, il sera … démissionné d’office car c’est la règle constitutionnelle de la Vème … s’il n’est pas renversé avant par une motion de censure dont la probabilité de survenance est absolument certaine !

E Macron risque-t-il quelque chose dans l’affaire ?

Non, bien évidemment ; il se retranchera derrière la Constitution pour s’agripper à son pouvoir, jusqu’à la fin de son mandat !

Si Michel Barnier échoue, il nommera un nouveau premier ministre …

On l’a bien vu avec G Attal qui a payé pour l’impopularité du président et qui a été dégagé au bout de 8 mois, sans aucun état d’âme alors qu’il ne s’y attendait même pas !

Toutefois, il n’est pas sûr que tout cela soit suffisant …

Fin de l’épisode et du non évènement !

Bien cordialement à tous !

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 5,00 sur 5 (13 avis)
Loading...

A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

4 réflexions sur « Nouveau premier ministre, un non évènement »

  1. Ultime déguisement SUBLIMINAL, trouvé par la haute fonction publique pour mieux duper l’électeur français (tout comme l’investisseur étranger) et à ainsi conserver sa mainmise absolue sur le pays au moyen de mesures, certes, spectaculaires (mais, surtout, inopérantes), le Macronisme demeure encore à ce jour la variante la plus subtile de l’étatisme moderne . Tout bien considéré, il s’agit là d’un centre-gauche réformiste aux soubassements marxistes (ce qui fait de lui un équivalent pour la France du mouvement de Justin Trudeau au Canada). Grâce à cette clé de lecture, on comprend mieux pourquoi Justin Trudeau embrasse fougueusement (et en public) Emmanuel Macron chaque fois qu’il le rencontre quelque part (Narcisse n’ayant d’autre désir que d’étreindre un jour son exact reflet). Aussi, pour parler net et clair, le « juste milieu » de Maître Emmanuel nous apparaît comme une parodie du libéralisme véritable, un « faux libéralisme » (UN CONTENANT SANS AUCUN CONTENU). Or, chose remarquable, ce « libéralisme mimé sans jamais être incarné », ce « libéralisme par contraste », TOUT D’APPARENCE (ET NON PAS DE DOCTRINE), produit publicitaire conçu et lancé par l’Agence parisienne « Jésus et Gabriel », était, dès ses commencements, tellement bien imité et crédible qu’il a réussi à la longue à usurper la place du libéralisme véritable (transformé, au moyen d’une rhétorique captieuse, en « ultra-libéralisme »), et, mieux encore, à totalement discréditer dans l’opinion publique l’authentique pensée libérale (devenue désormais la source de tous les maux). Il suffit d’écouter les cris d’orfraie de ses sectateurs, chaque fois que l’on attaque la majorité présidentielle, pour s’apercevoir à quel point la ruse de 2017 a réussi. Selon M. Karl OLIVE, soutien à toute épreuve du Président, toute critique, si minime soit-elle, formulée contre le pouvoir en place est assimilée à de l’immobilisme ou de l’archaïsme ; à l’entendre, s’il n’y avait plus de Macron aux affaires, la Nation se pétrifierait sur le champ ! Donc, pour rendre de nouveau audible le libéralisme (sans mélange) et retirer une fois pour toute le paravent derrière lequel on l’a trop longtemps dissimulé, il n’est pas de tâche plus urgente et salvatrice que de revenir à l’origine de l’escroquerie d’EN MARCHE et d’en expliquer au public le subtil mécanisme. Premier dindon de cette mauvaise farce, selon l’ordre d’apparition, François Hollande a récemment et imprudemment claironné la fin officielle ou imminente du Macronisme. Ce n’est pour l’heure qu’à demi-vrai : si la comédie perdure et continue de plaire, c’est que le roi n’est que momentanément dépourvu (c’est-à-dire, sans programme), mais nullement nu ou à demi-dénudé, car chaudement et superbement vêtu de ses atours empruntés à d’autres (qui sont ses adversaires de l’ombre… bel et bien libéraux !).

  2. vous l avez dis .. »avant de vous lancer dans une diarrhée magistrale »

    affection politique très fréquente. C’est d’ailleurs un motif de consultation courant. La plupart du temps, il s’agit simplement d’un moment à passer qui guérit en 1 septennat . Cependant, dans certains cas, la diarrhée est un symptôme de la politico entérite, une affection qui peut nécessiter une politisation de droite .
    Si cette affection est généralement bénigne pour la santé économique , il est important de comprendre ses symptômes et ses implications parfois sérieuses pour la santé des finances publique .

    bref comme disait pepin , après avoir ingurgité toute cette tambouille politique c’est de la merde en barre !!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *