Dans un formidable mouvement d’émancipation, afin de nous persuader que nous étions libres, nous avons d’abord tué Dieu.
Puis, ne sachant que faire de cette liberté nouvelle, nous avons inventé une nouvelle forme d’aliénation sous le vocable de doctrine ou d’idéologie.
La dernière en date est de loin la plus originale. Elle se présente non seulement comme un remède aux inégalités, aux injustices et aux dérives d’emprise de l’homme sur l’homme mais aussi comme une véritable religion sans Dieu ou plutôt vaguement empreinte de mystère sacré et de superstition.
Et, à l’instar d’un parti totalitaire, ses relais médiatiques, syndicaux et associatifs veillent à convaincre les sceptiques, ou du moins à les faire taire.
L’échec des idéologies marxiste et capitaliste a laissé le champ libre à l’écologie.
Comme une religion, elle s’est implantée par la base. Cela fait, elle avait encore deux stades à franchir.
Comme une arme idéologique de conquête du pouvoir elle a fini, grâce aux médias, par s’installer dans les foyers au point de devenir non seulement une commune façon de penser mais aussi un fondement économique.
Il n’en fallait pas plus pour que l’écologie devienne une évidence dispensée de démonstration, un axiome, un acte de foi.
Il lui reste à présent à devenir opérationnelle.
Pour s’emparer du pouvoir qu’elle vise, elle va devoir opérer sa mutation et passer de secte à idéologie de masse. Son avantage concurrentiel est de n’avoir d’autre concurrent qu’un populisme complotiste ou extravagant.
Elle va donc poursuivre le travail de ramollissement des volontés par principe de précaution interposé qu’elle a déjà entamé, pour permettre à la société d’accueillir l’écologie punitive capable de réduire les réfractaires. C’est elle qui inspirera l’idéologie nouvelle, reconnue comme « de nécessité » et susceptible de réunir la nation dans un grand mouvement sociétal de foi commune, où l’évidence l’emportera sur le raisonnement et le slogan sur le discours.
Là, se retrouveront les chantres de l’utopie, les tenants de l’autoritarisme et les adeptes de la délation, réunis pour fonder ensemble la dictature de la solidarité et de la fraternité, présentée comme le havre de notre bonheur commun.
Il n’y a pas de place pour la liberté individuelle dans une société qui choisit de privilégier l’avenir improbable sur le présent.
Nous allons devoir nous habituer à vivre le présent en fonction de ce que pourrait devenir l’avenir si nous n’obéissions pas aux ukases des nouveaux prêtres de l’écologie qui ont défini le bien et les moyens d’y parvenir.
Pas le bien pour les hommes, considérés comme des perturbateurs de la biosphère, mais le bien pour la planète, entité virtuelle construite à l’image de leurs fantasmes. Les dictatures ont toutes et toujours emprunté le chemin de l’idéologie salvatrice. Celle-ci n’échappera pas à la règle.
L’écologie déjà reconnue d’intérêt général se présente bien comme salvatrice du vivant.
Il ne lui reste qu’à imposer son pouvoir. L’échec des idéologies « de libération » devrait le lui permettre.
L’écologie, idéologie apostolique de remplacement, est notre probable avenir.