Le moindre de nos hameaux est équipé d’un monument aux morts célébrant le souvenir de ceux qui ont donné leur vie, plus ou moins volontairement, à l’occasion de conflits collectifs, principalement avec nos voisins devenus nos amis.
Sur ces monuments aux morts on peut lire : Morts pour la France. C’est bien.
Il me semble que de la même manière nous devrions nous rappeler de ceux que la France a tués. Qui n’étaient ni guerriers, ni querelleurs, qui ne voulaient que vivre en paix du fruit de leur travail et que la France, dans ses grandes envolées lyriques et centralisatrices, a détruits en les liquidant financièrement, moralement ou même physiquement. En oubliant de respecter leurs individualités.
Ces monuments voués aux « Morts PAR la France » seraient probablement beaucoup plus nombreux que les autres et le Ministère des Anciens Combattus par la France serait rapidement débordé financièrement s’il se mettait dans l’idée de dédommager les victimes et leurs familles.
Nous serions nombreux sur ce blog à alimenter les listes gravées sur ces monuments.
Car évidemment une colonne serait réservée aux massacres des « Fraudeurs Fiscaux, » qui figureront un jour dans l’histoire des génocides discrets, type Saint Barthélemy du 24 Août 1572, c’est de saison.
Pendant que j’écris ces lignes, le journal GALA — un must — évoque avec gourmandise les avatars fiscaux du restaurant La Rotonde.
La Rotonde est situé à Montparnasse, le quartier chic de la gauche, celle qui commande aux « bobos » parqués dans le marais, voire pire.
La Rotonde, à l’angle du boulevard Raspail et du Boulevard du Montparnasse, est objectivement une bonne adresse. Ce restaurant appartient aux frères Tafanel, qui ne sont pas des inconnus.
Ce sont les descendants d’une lignée d’auvergnats qui donnent dans la fourniture aux bistroquets. Chiffre d’Affaires pratiquement 100 M€, 200 employés. Ce sont de gros poissons.
La Rotonde n’est pas grand-chose pour eux, puisque cet établissement ne fait qu’un chiffre d’affaires de 10 M€ et n’a que 50 salariés. On peut supposer que ce restaurant est à la fois leur danseuse et leur outil de communication discret. Que du classique.
Oui, mais voilà, Gala nous apprend que le 19 Novembre 2013 Bercy a rendu une « visite surprise » à La Rotonde et aux domiciles des frères Tafanel.
En clair, cela veut probablement dire que le 19 Novembre 2013, les frères Tafanel ont eu un réveil difficile dans le cadre d’une perquisition à leurs domiciles et dans leur restaurant. Diable…
Où l’affaire se corse c’est que le même Gala – journal extrêmement sérieux, comme chacun le sait – nous parle ensuite d’une fraude fiscale détectée de 2014 à 2017, soit après les fouilles minutieuses du 19 Novembre 2013. Comprenne qui pourra.
Essayons d’être un peu plus précis.
La danseuse doit coûter cher à la famille Tafanel puisque le 19/12/2017 la société engage une procédure de sauvegarde qui aboutit à la nomination d’administrateurs judiciaires. En gros — si Gala ne nous raconte pas encore des histoires — à la fin du contrôle fiscal concernant les années 2014 à 2017. Pour se protéger ?
Ce contrôle fiscal se serait terminé sur un chiffre d’affaires reconstitué déterminant une fraude de 250.000 €, je suppose par an. Soit 2,5 % du chiffre d’affaires, et non pas 5%.
Peut-on objectivement, par une reconstitution de chiffre d’affaires, arriver à une telle précision ? Non, semble avoir dit le Tribunal Administratif, qui aurait blanchi les frères Tafanel.
Bercy, qui a ses raisons que lui seul connait, s’entête et la Cour d’Appel viendrait donc de décider que oui. On peut, au pif, rétablir des comptes à 2.5% prés.
Quoiqu’il en soit, si l’on en croit toujours Gala, les frères Tafanel sont poissés pour deux millions d’€ de redressement.
S’ils ne cassent pas leur tirelire, les administrateurs judiciaires devraient avoir là le bon motif pour vendre l’entreprise, on connait leurs méthodes….
Dit en clair, dans un langage normal, quelqu’un veut s’emparer de La Rotonde. Est-ce un habillage ou un traquenard, seuls les intéressés peuvent le dire. Ce n’est pas mon propos.
Si ce n’est pas un habillage, les Tafanel sont cuits. Comme l’a été notre ami Emmanuel Bolling, dépossédé de la « Locomotive », son entreprise, avec exactement les mêmes méthodes. Au bénéfice du Moulin Rouge son voisin.
Ce qui me choque est que la chose soit rendue possible en passant d’abord par le traquenard du contrôle fiscal, par l’accusation de « fraudeur fiscal » relayée avec délectation par la presse populiste, délatrice : Gala.
De mauvais souvenirs.
Je me permets de vous conseiller de lire « Les mauvais comptes de Vichy » écrit par Philippe Verheyde. Tout y est.
Quarante mille entreprises ont été, avec les mêmes méthodes, volées aux juifs entre 1940 et 1944. Le livre raconte…
Dans les premiers mois de l’occupation, juste après la défaite, le gouvernement de Vichy organise un plan d’aryanisation des entreprises juives.
L’occupant allemand considère que dans le cadre de la guerre salvatrice qu’il a entreprise, le juif est un ennemi dangereux, une force économique puissante susceptible de contrarier la formidable aventure populaire — d’ailleurs soutenue par la population — du Nazisme. Le gouvernement de Vichy partage cette analyse, une majorité des français aussi.
Bien qu’incapable de décrire « le Juif »– cette entité gênante — des lois sont pondues en série pour le déposséder de son pouvoir économique.
Et voilà que magistrats de haut niveau, haute fonction publique, politiques réputés, se mettent à légiférer et à organiser, le plus sérieusement du monde, accompagnés par une presse et une pensée globale en parfait accord, des lois qui décident que les Juifs ne peuvent plus rester à la tête de leurs entreprises. Toute la machine administrative et juridique va se mettre en route, derrière des lois qui paraissent évidentes, qui s’imposent, au service de cette besogne.
C’est l’élite du pays qui est à la manœuvre, la population approuve majoritairement.
Les juifs doivent se déclarer Juifs, doivent être accompagnés dans un premier temps par un administrateur provisoire qui va aider à évaluer puis transmettre leur entreprise. Largement sous-évaluée celles-ci ne leur seront jamais payées.
Le forfait accompli, cela ne suffira pas, il faudra les éliminer physiquement. Rappelons Balzac : « après le vol vient le meurtre. »
Aujourd’hui tout cela est de l’histoire, mais hier c’était la vraie vie, celle qu’imposait la république. Connaissez-vous les noms de la foultitude des exécutants de cette ignominie ? Non.
Un frisson de terreur
Je ne vois pas de différence entre la grande aventure populaire Nazi et la grande aventure populaire égalitariste, communiste. Les deux oublient l’homme, l’individu, au profit de la pensée commune imposée.
Je ne vois pas de différence entre le statut du Juif et celui du fraudeur fiscal. Probablement que le juif rapace existait, comme le fraudeur fiscal indélicat existe, mais ils ne peuvent pas servir d’excuse à la haine et au pillage. Tous deux ne sont pas définissables globalement, comme appartenant à une race ou à une famille ethnologique. Ils sont d’abord des hommes, dont seule une justice indépendante et libre peut dire s’ils ont individuellement manqué à la bienséance collective.
Alors que le qualificatif de Juif permettait à l’époque d’exclure de la société ceux qui en était affublés, aujourd’hui celui qui est traité de fraudeur fiscal subit le même sort.
L’imprécision de la qualification saute aux yeux de l’histoire en ce qui concerne les juifs, elle saute aux yeux de l’observateur en ce qui concerne les méthodes employées par Bercy pour qualifier quelqu’un de « fraudeur fiscal ».
Comme le Juif à l’époque, le fraudeur fiscal est aujourd’hui traqué par l’Etat, la justice, la haute fonction publique, l’administration et l’opinion publique. Il est ruiné et dépossédé aux yeux de tous et à la satisfaction générale.
Sombre époque qui va alimenter les listes des monuments aux morts par la France.
Ici nous en sommes. Bien à vous. H. Dumas
Je me souviens il y a bien des années avoir demandé aux archives de ma commune à lire les journaux de l’époque 39-45. Période sensible, j’ai dû insister auprès de l’archiviste qui prétextait que les collections n’étaient pas complètes (alors qu’elles l’étaient pour 14-18), fragiles, peu intéressantes etc.
J’ai fini par les avoir en main quand même et je dois dire que cela m’a fait bien réfléchir en voyant certaines photos d’époque montrant les maires, les préfets, les ministres et même les évêques s’afficher tout sourire dans des réceptions avec les officiers nazi, aucune contrainte ne se lisait sur leurs visages.
Les collabos étaient partout, on en a coincé quelques uns à la fin de la guerre, les plus voyants, le journaliste et écrivain Brasillach par exemple, quelques lampistes aussi, pour satisfaire la vindicte populaire mais la majeure partie d’entre eux n’a eu aucun souci et la quasi-totalité des hauts fonctionnaires mouillés jusqu’au cou ont continué leurs carrières tranquillement. La belle histoire de Jean Moulin résistant n’est que l’arbre qui cache la forêt des préfets collaborationnistes.
Cher henri excellente analyse, qui explique très bien l’esprit de collaboration de l’administration de 1940 à 1945 dont les lois perdurent encore . Cet état d’esprit couvert par les lois de Vichy a repris le pouvoir peu à peu depuis 1970 et Jacques Chaban Delmas ami de ma famille de la résistance me l’avait indiqué en 1987 l’or de l’inauguration du centre culturel Gaston Defferre à Haiffa et m’avait conseillé de m’engager pour lutter, ce qui m’a conduit à un engagement citoyen. Il faut donc maintenant plus que jamais agir pour changer cet état d’esprit pour retrouver le goût de l’absolu et du risque. Mais peine perdu l’esprit Nazifié est toujours là et a été plus fort
Le général Charles de Gaulle a été réhabilité grâce à la coalition Russie-USA-Angleterre en 1941, contre les NAZIS européens et des millions de morts. Les résistants au début en 1940 étaient qualifiés de terroristes en France et en 1945 ils sont devenus Résistants grâce à la coalition Russie-USA-Angleterre.
Mais qui et comment va-t-on libérer la France du système médiocratique en 2020 ?!
On se demande quand même où la République a merdé à ce point pour en arriver là.