Patrick de Casanove me fait parvenir ces extraits de Frédéric Bastiat (1850).
« La loi pervertie!(…) La Loi s’est pervertie sous l’influence de deux causes bien différentes: l’égoïsme inintelligent et la fausse philanthropie (…)
Elle a converti la Spoliation en Droit, pour la protéger, et la légitime défense en crime, pour la punir. (…) Quelles sont les conséquences d’une telle perturbation.(…) c’est d’effacer dans les consciences la notion du juste et de l’injuste.(…)
Oui, tant qu’il sera admis en principe que la Loi peut être détournée de sa vraie mission, qu’elle peut violer les propriétés au lieu de les garantir, chaque classe voudra faire la Loi, soit pour se défendre contre la spoliation, soit pour l’organiser aussi à son profit. (…) cette odieuse perversion de la Loi est une cause perpétuelle de haine, de discorde, pouvant aller jusqu’à la désorganisation sociale. (…)
Mais de quelle Spoliation voulait-il parler? Car il y en a de deux sortes. Il y a la spoliation extra-légale et la spoliation légale. Quant à la spoliation extra-légale, celle qu’on appelle vol, escroquerie, celle qui est définie, prévue et punie par le Code pénal, en vérité, (…) ce n’est pas celle qui menace systématiquement la société dans ses bases. (…) C’est la Loi elle-même qui conduit cette guerre, et ce qui serait, selon moi, à désirer, c’est que la Loi gardât toujours cette attitude à l’égard de la Spoliation.
Mais il n’en est pas ainsi. La Loi prend quelquefois parti pour elle. Quelquefois elle l’accomplit de ses propres mains, afin d’en épargner au bénéficiaire la honte, le danger et le scrupule. Quelquefois elle met tout cet appareil de magistrature, police, gendarmerie et prison au service du spoliateur, et traite en criminel le spolié qui se défend. En un mot, il y a la spoliation légale. (…) Il faut examiner si la Loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas. Il faut examiner si la Loi accomplit, au profit d’un citoyen et au détriment des autres, un acte que ce citoyen ne pourrait accomplir lui-même sans crime. Hâtez-vous d’abroger cette Loi; elle n’est pas seulement une iniquité, elle est une source féconde d’iniquités (…)
La chimère du jour est d’enrichir toutes les classes aux dépens les unes des autres; c’est de généraliser la Spoliation sous prétexte de l’organiser. Or, la spoliation légale peut s’exercer d’une multitude infinie de manières; de là une multitude infinie de plans d’organisation: tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au salaire, Droit à l’assistance, Droit aux instruments de travail, gratuité du crédit, etc. Et c’est l’ensemble de tous ces plans, en ce qu’ils ont de commun, la spoliation légale, qui prend le nom de Socialisme.
Quand une portion de richesses passe de celui qui l’a acquise, sans son consentement et sans compensation, à celui qui ne l’a pas créée, que ce soit par force ou par ruse, je dis qu’il y a atteinte à la Propriété, qu’il y a Spoliation. Je dis que c’est là justement ce que la Loi devrait réprimer partout et toujours. Que si la Loi accomplit elle-même l’acte qu’elle devrait réprimer, je dis qu’il n’y a pas moins Spoliation, et même, socialement parlant, avec circonstance aggravante.
Absence de Spoliation, — c’est le principe de justice, de paix, d’ordre, de stabilité, de conciliation, de bon sens que je proclamerai de toute la force, hélas! bien insuffisante, de mes poumons, jusqu’à mon dernier souffle.» Frédéric Bastiat La Loi (1850)
Ce que j’en pense ?
Voilà un homme qui n’était pas dans le sens de l’histoire, mais cette histoire n’a pas été dans le sens de l’homme.
J’ajouterais la cupidité crasse !
Extrait de » La Supercherie Judiciaire »
« Pour la France d’en bas, qui ne se souvient de cette fameuse fable de La Fontaine qu’il se devait d’apprendre et de réciter « par cœur » à ses petits camarades écoliers pour prôner la vertu du travail ? »
« Travaillez prenez de la peine,
C’est le fonds qui manque le moins
Un riche laboureur sentant sa mort prochaine
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoin… »
« Si la grande majorité des lecteurs qui appartient à la France d’en bas, connait cette « fable », combien d’entre eux sont-ils capables de réciter les vertus diamétralement opposées aux préceptes de LA FONTAINE qui sont enseignées à la France d’en haut, et que BOILEAU dans le même siècle et à quelques décennies d’écart avait exposées dans une de ses satires ? »
« Toi-même, répon- moi. Dans le siècle où nous sommes
Est-ce au pié du savoir qu’on mesure les hommes ?
» Veux-tu voir tous les Grands à ta porte courir ? »
Dis un père à son fils dont le poil va fleurir.
Pren-moi le bon parti. Laisse-là tous les livres
Cent francs au denier cinq combien font-il ? » » Vingt livres. »
» C’est bien dit. Va, tu scais tout ce qu’il faut sçavoir.
Que de biens, que d’honneurs sur toi s’en vont pleuvoir !
Exerce-toi, mon Fils, dans ces hautes sciences,
« Prens au lieu d’un Platon, le Guidon des Finances,
Sçache quelle Province enrichit les Traitans :
Combien le sel au Roi peut fournir tous les ans.
Endurcy-toi le cœur. Sois Arabe, Corsaire,
Injuste, violent, sans foi, double faussaire.
Ne va point sottement faire le genereux
Engraisse-toi, mon Fils, du suc des malheureux,
Et trompant de Colbert la prudence importune,
Va par tes cruautez mériter la fortune. » »
« Pour transposer à notre temps ces vertus d’antan qui corroborent l’analyse de Platon, on pourrait dire que La Fontaine s’adressait à la France d’en bas l’exhortant à « Travailler et à prendre de la peine… » (art de la production) tandis que Boileau constatait que la France d’en haut « s’engraisse du suc des malheureux » (art de l’acquisition violente) !
« Entre ces deux concepts Ô combien modernes, il y a un gouffre, celui de la fracture des civilisations, organisant la planète en pays riches et pays pauvres, en Nord et en Sud, en Tiers et en Quart monde avant de se manifester au sein d’une même nation sous la forme de fracture sociale. »
« C’est ainsi qu’il y a la finance et la haute finance, les fonctionnaires et les hauts fonctionnaires, la fonction publique et la haute fonction publique, les sphères et les hautes sphères du pouvoir…
Les valeurs ne sont plus incarnées que par des voleurs, et les institutions de la Société se terminent par le suffixe « ment » : parle-ment, gouverne-ment, juge-ment… »
Extrait de : Pardo, Ernest. « La supercherie judiciare. » iBooks.
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Je suis auditeur diplômé de l’INHESJ et Je fais suite à un article très intéressant sur La profession d’avocat mise à mal dans un rapport de l’Institut des hautes études de la justice, réalisé avec le Centre de recherche et d’étude des avocats, malmène la profession afin de la pousser à se réformer , car la vérité est dans les injustices, cette vérité là est la seule qui compte, elle est même à l’origine du mot Avocat « ad vocatus – Au secours ! », elle en est le moyen « ad vocare- parler pour ! ». La vérité judiciaire n’existe pas, car la justice n’a pas pour but de dire la vérité, la justice doit seulement la rechercher. Mais trop peu de fois les services judiciaires, l’administration recherchent la vérité .Enfin, un grand avocat et un grand journaliste ne vont pas à la facilité, ils cherchent la vérité non l’intérêt, quand le malade est grave le médecin est grand. » Vous pouvez voir la suite à l’adresse suivante = http://vigiecitoyenne.fr/2017/12/16/profession-avocat-rapport/
Merci Henri car Réfléchir c’est difficile et Frédéric Bastiat l’a fait , c’est pourquoi la plupart des gens jugent hâtivement par intérêt .
Impossible n’est pas français mais imposable oui . Il n’y a pas le pouvoir , mais l’abus de pouvoir .
Frédéric BASTIAT a résumé =« Quand le pillage devient un moyen d’existence pour un groupe d’hommes, qui vit au sein de la société , ce groupe finit par créer pour lui-même tout un système juridique qui autorise le pillage et un code moral qui le glorifie . «