Lui, là-haut, il comprend !
Prendre sa retraite, en espagnol, se dit « jubilar », c’est-à-dire « jubiler ». Il est dès lors évident que de l’autre côté des Pyrénées prendre sa retraite procure une joie intense. C’est dire à quel point le travail devait être dur. Chez nous, on ne jubile pas en prenant sa retraite. Des esprits taquins diront qu’il n’y a pas de quoi jubiler puisqu’on ne foutait rien. En effet, il y a longtemps qu’en France on ne casse pas les cailloux. On a des machines pour ça. Et ceux qui les conduisent prennent leur retraite avec satisfaction, mais sans jubiler.
Ce bref exposé des retraites comparées n’a strictement aucun sens. La retraite dans nos contrées ne signifie plus depuis longtemps la fin de l’esclavage. C’est devenu un « avantage social ». Les avantages sociaux sont désormais les points cardinaux de nos sociétés. Plus on en a, plus la société est déclarée juste. En vertu de la justice sociale. Qui est elle-même une conquête sociale, un acquis de la politique sociale. Rien de ce qui est social ne nous est étranger. Et même les étrangers bénéficient de la politique sociale.
Le social représente en France les deux tiers des dépenses publiques. Ces temps-ci, on entend des voix s’élever contre cette gratuité généralisée. Le résultat sera immanquablement une nouvelle hausse des dépenses sociales. Parce que nous ne savons pas faire autrement. Et qu’après s’être fait peur, on se rassure. Notre destin est social. Mais quel est le crétin qui a inventé ce mot ? En fait on ne sait pas. Depuis la Révolution française, toute poussée de fièvre populaire s’apaise à coup d’avantages sociaux. Et c’est ceux qui se plaignent le plus de devoir alourdir leur gestion de prélèvements sociaux qui en sont les gestionnaires. Mais oui, le Mouvement des entreprises de France, plus connu sous l’acronyme Medef, cogère la Sécurité sociale avec les syndicats dits ouvriers, même s’il n’y a plus guère d’ouvriers dans notre pays, pas plus que d’usines d’ailleurs.
Certaines émissions à succès se font sur le thème « on est chez les fous ». Il doit bien y avoir un rapport avec la situation française. Ces émissions rassemblent un public à qui il reste un peu de bon sens et qui se demande jusqu’où nous allons pousser la folie collective. Mais le but de ces émissions étant de vous faire rigoler, aucun mouvement révolutionnaire n’en résulte. Les fous qui nous gouvernent peuvent dormir tranquilles, ils ne seront pas dérangés pendant leur sommeil. Ni après.
En ce moment, on cherche en France une solution politique qui permettrait au gouvernement de ne pas être renversé par une motion de censure. L’idée consiste à donner satisfaction à une partie de la gauche qui n’a pas accepté l’allongement du temps de travail, autrement dit la hausse de l’âge de la retraite. Sur les plateaux des chaînes d’information, on discute savamment de ce qui pourrait se faire ou ne pas se faire, et des conséquences de ce qui se fera ou ne se fera pas. Ces conversations passionnantes sont idéales pour provoquer le sommeil. Il s’agit là du sommeil social, une variante d’endormissement que la médecine ne connaît pas mais qui fait le bonheur des personnes âgées, les seules qui ont la patience de rester devant leur poste, fût-ce en ronflant paisiblement.
Les journalistes qui conduisent les débats des chaînes d’information ne sont pas ceux qui les organisent. Il y a des rédacteurs en chef pour ça. Lesquels ne subissent pas les réactions du public, puisqu’on ne les voit jamais. Ils ne rendent de comptes qu’aux taux d’écoute et, par voie de conséquence, aux propriétaires des chaînes qui les ont nommés et qui de ce fait contrôlent étroitement l’information du public. Les quelques milliardaires qui veillent sur les idées des Français n’ont pas la moindre idée de ce qui pourrait être bon pour le pays. Ils savent fort bien en revanche ce qui pourrait leur valoir des ennuis, essentiellement de la part des politiciens. La prudence est donc leur maître mot. Certains emploient même le terme de désinformation.
Il arrive qu’un de ces milliardaires ait quelque idée sur le destin national. Il fait en sorte de les laisser s’exprimer sur ses antennes, mais sans que cela constitue jamais un appel à l’action. Ils agissent comme les choristes d’opéra qui chantent « marchons, marchons » tout en restant immobiles. Certains spectateurs férus de musique fredonnent ces airs martiaux en sortant du spectacle et rentrent sagement se coucher.
Voilà donc un tableau de la triste situation française. Non qu’il faille désespérer. Il faut simplement patienter, sans pour autant rester inactif. J’ai entendu le pape dire à Ajaccio qu’il pouvait certes parfois ne pas comprendre, mais que « Lui, là-haut, il a compris ! ». Eh bien tant mieux, s’il y a quelqu’un qui comprend. Mais le plus dur va être pour ceux qui ne croient pas en Dieu.
Claude Reichman
Rappel= Les retraités du secteur privé qui ne sont pas déficitaires payent 12% des revenus avec la CSG, vient s’ajouter la CRDS et autres taxes qui devaient être provisoire. Vient s’ajouter le non remboursement des soins de santé 30% des sommes compensé en partie par un paiement d’une mutuelle et la retraite du secteur privé qui étaient calculée en 1970 de 75% des revenus est passée à 50%. Les retraites du secteur public sont déficitaire de + de 20 milliards par an car il y a plus de retraités que de cotisants. Alors il faut que certains journaleux et politiques cessent de mentir!
Marc TOUATI le 7/01/2025: 2025 : pire que 2024 ? Comment se protéger du déclin? écoutons= https://www.youtube.com/watch?v=FjU8Qr1b_Dg