L’exception économique et fiscale française qui nous mène à la ruine

En France, on ne fait rien comme tout le monde …

Le capitalisme libéral et concurrentiel est la règle de base du fonctionnement de l’économie française comme à peu près partout sur la planète mais avec une … spécificité très française : l’ensemble de la population le rejette et le considère comme quelque chose de nocif et dangereux y compris pour les libertés !?!

De la même façon, le libéralisme est taxé d’ultralibéralisme et la population l’assimile à la loi de la jungle, aux délocalisations et aux pires dérives d’exploitation de l’individu. Ce sentiment s’est d’ailleurs clairement exprimé lors des élections de 2022 puisque les partis anti capitalistes, anti libéraux et étatistes ont recueilli 54% des voix !

Les élites, elles-mêmes, sont des étatistes forcenés puisque l’essentiel des dirigeants français sont issus de l’administration … convaincus qu’ils sont du rôle primordial de l’Etat dont ils sont … les principaux acteurs et … bénéficiaires !

Et,  ces élites ont réussi ce double tour de force de faire croire à la population d’une part que le danger provient du grand capital (ce qui est à bien y regarder une idéologie communiste) alors qu’il provient en réalité de l’administration et d’autre part que c’est cette même administration prédatrice qui les protège contre ce grand capital, ultra libéral, apatride, exploiteur et fraudeur.

Les tenants de l’étatisme ont aussi réussi à persuader les français que les dégâts de la mondialisation étaient les effets du libéralisme ; alors qu’ils sont en fait les conséquences directes de la suradministration française.

Il n’est qu’à se poser la question de savoir qui détient réellement le pouvoir en France ?

Et, là, il n’y a pas d’ambiguïté, on n’a jamais vu un parti libéral au pouvoir en France et c’est bien l’administration avec ses normes, ses directives, ses sanctions omniprésentes … censées protéger des français qui lui ont abandonné leur liberté !

Fatalement, confortés par une presse subventionnée totalement aux ordres et qui s’est largement répandu sur ce sujet, tout ce petit monde s’auto convainc de ses propres arguments avec des résultats édifiants !

C’est ainsi que l’on nous a longuement expliqué, avec beaucoup d’insistance, que Javier Milei, le président argentin libéral, est un dangereux individu d’extrême droite (entendre fasciste voire nazi) alors que c’est un libertarien tenant de l’école autrichienne d’économie qui estime que l’Etat est une nuisance et une source de corruption.

Evidemment, des étatistes forcenés ne peuvent percevoir un ennemi de l’Etatisme que comme un ennemi de leur caste !

Il faut être conscient qu’on se situe en plein langage orwellien (novlang) dans lequel le mensonge devient la vérité puisque la liberté devient synonyme d’oppression. Or, élus et élites français, à bien y regarder et si l’on s’en tient à la définition donnée par Mussolini lui-même, créateur du fascisme, sont bien plus des fascistes que les tenants de l’école libérale d’économie qu’ils dénoncent ; laquelle, rappelons-le, est contre l’Etat et son emprise sur l’économie.

Pas d’erreur : c’est bien Mussolini qui a affirmé : « tout dans l’Etat, rien contre l’Etat, rien en dehors de l’Etat » ; maxime d’évidence en vigueur en France tant l’étatisme, sous toutes ses formes, constitue la base de fonctionnement de notre société.

Précisons quand même que les représentants les plus connus de l’ école autrichienne sont Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Murray Rothbard dont on ne peut pas dire qu’il s’agisse de dangereux fascistes … surtout si l’on considère que les fascistes sont tous des étatistes.

Ce libéralisme économique, perçu en France comme une menace, cesse toutefois d’être dangereux lorsqu’il s’agit d’acheter des biens de consommation produits à bas couts en Chine, en Inde ou au Vietnam. De la même façon, Shein, la désormais sulfureuse plateforme chinoise de fast fashion est vilipendée par les dirigeants pour ses méthodes et ses produits mais la population se rue dans le magasin du BHV le jour de l’ouverture pour profiter des bonnes affaires.

Le citoyen est contre le capitalisme libéral et la mondialisation mais le consommateur est pour !

Comment expliquer de telles distorsions ?

-première piste : En 2023, 21 % des salariés français travaillaient dans le secteur public soit plus d’un salarié sur cinq. Le secteur public occupe donc une place très importante dans l’économie et les salaires publics et prestations constituent une part importante du revenu disponible. On ne mord pas la main qui vous donne à manger !

-deuxième piste : L’essentiel des postes de direction de l’Etat sont occupés par les membres des grands corps (ENA, Polytechnique, Mines).

La haute fonction publique, qui se considère comme l’élite de l’élite, estime qu’il lui revient de droit, mais aussi dans les faits car ce sont « les plus intelligents », de diriger le pays que ce soit au plan administratif, économique et politique dans le cadre d’une organisation qui n’a … rien à voir avec le capitalisme ou le libéralisme.

-troisième piste : L’origine sociologique des élus de l’Assemblée Nationale montre qu’ils n’ont aucune idée du fonctionnement de l’économie puisque que 100% d’entre-eux n’ont jamais créé d’entreprise. Ils sont tous issus de la fonction publique, du milieu associatif ou sont des politiciens professionnels qui n’ont jamais exercé d’autre activité …

Ils vivent donc, en circuit fermé, de la dépense publique et sont par excellence les improductifs du système qu’ils veulent pourtant taxer ; et on en voit les effets lors des « débats parlementaires » à propos de la loi de finances pour 2026 avec un festival de propositions fiscales totalement antiéconomiques et toutes plus stupides les unes que les autres sauf … si l’on se place de leur point de vue !

L’impôt n’est pas perçu par eux comme une simple recette pour faire face aux dépenses mais comme un instrument politique.

-quatrième piste : Cette vision française du monde résulte de 75 ans de propagande intensive de la part de l’administration elle-même au travers de l’enseignement, des partis politiques français, tous noyautés à des degrés divers par des tenants de l’étatisme et qui finalement, à force de propagande, ont fini par inverser la réalité … pour justifier leur mainmise sur la société.

On peut la résumer par cette citation de l’abbé Lacordaire (1802-1861) qui nous a été enseignée lors de notre cursus scolaire : « Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. »

Travestie et abusivement interprétée par un corps enseignant politisé, cette citation avait pour but primordial de justifier l’influence omniprésente de l’administration en stigmatisant la liberté qui serait source d’oppression. Dans les faits, cela s’est traduit par la manie bien française du légalisme ; c’est à dire cette propension à créer des lois pour tout et, pour l’administration, à se retrancher derrière ces lois pour imposer son système à la population.

Ce formatage des esprits a d’ailleurs parfaitement fonctionné puisque les français font massivement confiance à l’Etat, perçu comme protecteur ; même si cette vision est finalement fausse … puisqu’aujourd’hui c’est clairement l’étatisme qui opprime.

-cinquième piste : La suradministration française est  la source d’un immobilisme qui rend aujourd’hui la situation probablement impossible à réformer !

Le système public, contrairement au système privé, fonctionne sur le principe de la dépense budgétaire sans contrôle avec des pertes systématiquement comblées par l’impôt. L’impôt est le maitre de l’économie française puisque le capital n’est pas nécessaire.

Quand vous avez 100% des politiciens et toute la haute fonction publique qui n’a jamais ni créé ni dirigé une entreprise et vivent des impôts extorqués aux autres, on comprend alors que le capital soit considéré comme non nécessaire et puisse être honni et taxé. Cela explique que ces élus et fonctionnaires croient que l’on peut tabasser fiscalement impunément et sans limites les entreprises qui ne sont pour eux que des réserves inépuisables de cash.

D’ailleurs, la production de richesses n’est pas perçue par ces « élites » comme une nécessité puisqu’eux-mêmes ne produisent … rien.

L’effet le plus visible de l’influence catastrophique de l’administration est la désindustrialisation liée notamment au fait que l’industrie française doit supporter les impôts de production les plus élevés de l’Union Européenne avec, à la clé, un manque de compétitivité qui oblige, pour survivre, à délocaliser vers des zones géographiques … moins imposées.

Mais, comment expliquer que cela fonctionnait avant et plus maintenant ?

Ce système de l’économie administrée a « très bien fonctionné » jusqu’à la fin des années 60 voire même plus tard pour certains types de produit. Le prix du pain n’est devenu libre qu’en 1978. Avant il était fixé par l’Etat. Et c’est la même chose pour le prix de l’essence jusqu’en 1981.

En fait, il faut comprendre que cela n’était possible à l’époque que parce que nous fonctionnions au sein d’un système économique peu ouvert à la concurrence étrangère ; autrement dit, nous fonctionnions en circuit fermé avec une faible concurrence interne.

Dès lors, tout était cher (rapporté au salaire moyen) mais personne ne pouvait s’en rendre compte puisqu’on n’avait pas d’élément de comparaison.

Seulement, le monde a changé … il s’est ouvert aux échanges internationaux, que ce soit au niveau intra européen ou au niveau extra européen, avec un effet direct sur les prix de la plupart des produits industriels grand public. Le consommateur en a largement bénéficié … une télé à écran plat couterait probablement dix fois plus si elle était fabriquée en France.

Or, les dirigeants français n’en ont pas tiré les conséquences puisque le système administratif et politique n’a pas changé. Il ne s’est pas adapté ; pire, il est devenu de plus en plus pesant et de plus en plus couteux !

Car, contrairement à une entreprise privée qui disparaît si elle ne s’adapte pas, le système étatique se contente d’augmenter les impôts et c’est ce qu’il fait depuis 1974 alors que la richesse nationale provient exclusivement de la production des entreprises privées ; mais en aucun cas des parasites qui prolifèrent sur le dos de la bête.

Cherchez l’erreur !

Le poids de ce système administratif et politique fait que nos couts de production sont les plus élevés d’Europe et la conclusion (forcément erronée) qui s’impose est que tous les autres membres de l‘Union Européenne (avec lesquels nous avons le plus d’échanges) sont des paradis fiscaux et pratiquent un odieux dumping fiscal à notre encontre !

L’effet le plus visible est la dégradation constante du système français face aux autres économies de l’Union Européenne. Pour faire simple : ce système ne créé pas assez de richesses pour justifier la pression fiscale exercée !

On en arrive fatalement à la question qui fâche : Est-ce qu’un système de cette nature est viable dans une économique ouverte ?

Fatalement non surtout que la pression fiscale en augmentation constante provoque l’exode des plus aisés et des plus diplômés même si les rentiers du système vous expliquent que la dégradation de la situation est due à la … fraude fiscale !

Mais, cela n’empêche pas nos élites et élus de continuer à exercer leur prédation sans scrupules ni remords parce qu’ils ne savent rien faire d’autre !

Il existe pourtant deux solutions simples pour remédier à ces dérives :

-interdire tout mandat électif à une personne qui a un casier judiciaire,

-interdire constitutionnellement le vote d’un budget en déficit.

Quand un système oligarchique et prédateur, déconnecté des réalités, veut absolument maintenir ses avantages envers et contre tout, il tend à user de tous les artifices pour se maintenir au pouvoir ; y compris en ruinant la population !

Nous en sommes là et ce n’est vraiment pas glorieux …

Bien cordialement à tous !

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, diplomé de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage ma vie entre la France et la Grèce. Pour moi, le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

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