Seul l’Etat possède la force, les armes. C’est normal dans un Etat constitué, qu’il soit démocratie ou dictature. Si les armes et la force sont libres, il n’y a plus d’Etat, il y a des bandes armées.
Ce pouvoir des armes est si puissant qu’il peut tout imposer. L’histoire de l’humanité prouve que ce pouvoir n’hésite pas à s’approprier les autres pouvoirs, secondaires, qui lui paraissent complémentaires ou concurrents possibles. C’est ainsi que pendant des siècles l’Etat s’est approprié le pouvoir spirituel, à travers l’obligation de la religion unique et la maîtrise de l’organisation religieuse.
Le pas de géant de l’Occident fut d’analyser et d’imaginer la nécessité de la séparation des pouvoirs. A une époque ou l’économie était encore majoritairement agricole, la séparation des pouvoirs et la propriété individuelle des sols fut un formidable moteur de croissance pour l’Occident. C’est ce moteur, mis tout neuf à sa disposition, qui fit des Etats-Unis la puissance qu’elle est devenue à la fin du 19° et au début du 20°.
Puis, vint l’exponentiel développement du pouvoir économique, d’abord à travers l’industrie, puis la distribution, puis son alliance avec l’invention scientifique. Au début le pouvoir économique fut laissé relativement libre, parce que rien ne laissait supposer qu’il supplanterait tous les autres pouvoirs. Très rapidement l’Etat trouva le pouvoir économique contrariant et n’eut de cesse de le soumettre. Aujourd’hui, il est soumis. Mais de la même façon que la liberté de penser s’étiole sous le joug du pouvoir des armes, du pouvoir politique, l’économie s’étiole sous le même joug.
Il n’y a pas à entrer dans des considérations ou analyses comparées. Qu’il soit appelé « capitalisme-régulé » ou « socialisme-éclairé » la prise en mains du pouvoir économique par la force des armes du pouvoir politique est mortifère pour lui.
Nul besoin d’analyser.
Comme nos grands-parents ont imposé la séparation de l’église et de l’Etat, qui permit l’éclosion de la pensée libre, la suppression de la censure, les formidables progrès de la démocratie, nous devons imposer la séparation de l’économie et de l’Etat. C’est vital.
Nous devons donc soumettre Bercy, les Inspecteurs Généraux des Finances qui en sont les mercenaires et organisateurs en chef, la Caisse des Dépôts, les entreprises nationalisées. La séparation doit être complète entre ces deux pouvoirs, celui du politique armé et celui de l’économie.
Il sera temps ensuite de réguler les excès éventuels du pouvoir économique libéré, si cela s’avère nécessaire, mais rien n’est moins sur. D’aucuns pensent, et je ne suis pas loin de les rejoindre, que le pouvoir économique possède les automatismes nécessaires à son équilibre, par le jeu de la concurrence qu’il inclut évidemment. Tout comme la liberté de penser n’a pas généré l’épanouissement des seuls interdits, la liberté économique ne favorisera pas préférentiellement ses défauts. Cela me parait acceptable comme hypothèse.
L’avantage de la séparation de ces deux pouvoirs, c’est qu’elle peut se faire, comme la séparation de l’Eglise et de l’Etat en son temps, sans effusion de sang, sans violence, démocratiquement.
Il nous suffira de voter pour le candidat qui la proposera. Attendons… patiemment.
Cordialement. H. Dumas