Les troupes n’attendent plus qu’un ordre !  

Les troupes n’attendent plus qu’un ordre !

Je n’ai jamais eu le culte du chef, même si je sais que dans l’espèce humaine le mâle dominant est une réalité à laquelle on ne peut échapper. Les sociétés humaines sont des sociétés hiérarchiques, et l’histoire n’est que le récit des efforts de certains pour accéder au statut suprême. Puis pour y demeurer. Voyez les contorsions de Macron pour conjurer la fin de son mandat, fixé à un maximum de dix ans par la Constitution. Il ne cesse de dire que cette mesure est stupide !

Hormis Cincinnatus, retourné à sa charrue une fois son mandat terminé, on n’a guère d’exemples de chefs revenus paisiblement chez eux une fois leur pouvoir résigné. Les sociétés occidentales ont fini par trouver un modus vivendi avec le statut du chef. Nul démocrate ne doit tenter de le conserver s’il n’en a pas le droit. Les choses se passent plutôt bien à cet égard, quelles que soient les tentations. Mais c’est un combat permanent, car il n’est pas de plaisir supérieur à cette « délicieuse expansion du moi » qu’a si bien décrite Bertrand de Jouvenel.

Il n’empêche que la plupart des défaites sont dues à un mauvais chef. Il ne s’agit pas que des défaites militaires. Les échecs économiques, qui sont une forme de guerre, ne font pas exception à la règle. La France illustre parfaitement cette règle. Elle connaît en ce moment un véritable désastre, qui est le résultat de plusieurs décennies de mauvaise gouvernance.

Tout a commencé à la Libération, pour ne pas parler de la grave défaire militaire de 1940 et de l’occupation allemande. Les communistes ont réussi à effacer la période de collaboration avec l’occupant, qui n’était que l’application des consignes soviétiques, et qui prit fin avec la rupture du pacte germano-soviétique. Ils finissent la guerre dans le camp des vainqueurs et pèsent près du tiers des voix aux premières élections françaises suivant la Libération. De plus, note le général de Gaulle, ils sont armés. Leur doctrine va marquer les huit décennies suivantes, jusqu’à aujourd’hui. Et maintenant encore, la France est à bien des égards un pays communiste. Car la prise du pouvoir par les gaullistes en 1958 n’a rien changé à cet égard, bien au contraire.

Bien entendu, De Gaulle n’était pas communiste. Mais il avait le culte de l’Etat. Il voulait certes le limiter au tiers de la production, mais le système légué à ses successeurs a allègrement franchi toutes les limites et a pratiquement doublé sa surface. Avec des prélèvements de près des deux tiers sur la production de la nation, l’Etat est devenu le maître tout puissant des destinées françaises. Plus rien ne peut être fait en France sans que l’Etat n’y intervienne, fût-ce indirectement. Macron passe pour un libéral. Il ne l’est en rien. Pas un de ses projets, pas une de ses interventions ne laisse place à la liberté économique et à l’initiative individuelle. L’Etat ne laisse place à personne. L’Etat, c’est Attila réincarné.

Et comme de juste, ceux qui dirigent l’Etat sont les hauts fonctionnaires, qu’on a formés à cet effet. A ceci près qu’ils ne sont formés qu’à faire obéir d’autres fonctionnaires. Les hommes libres n’ont pas leur place dans ce système. Ils n’ont le choix qu’entre la servitude volontaire et la dissidence. Or celle-ci est sanctionnée férocement par la milice étatique à mesure qu’elle perd le contrôle de la situation et craint d’être emportée par l’émeute. L’Etat ne peut plus compter que sur 250 000 policiers et gendarmes et sur 9 000 juges. La question qui s’impose aujourd’hui est donc la suivante : jusqu’à quand cela va-t-il durer ?

Les bénéficiaires de ce système sont persuadés, une fois l’alerte passée, qu’il durera toujours. Même s’ils savent, dans leur for intérieur, qu’ils survivent plutôt qu’ils ne vivent. Mais en attendant, ils sont toujours là, et en France tout le monde à part eux vit mal. Evidemment, le temps humain se limite pour chacun de nous à la durée de sa vie. Et on peut désespérer de n’avoir plus rien à espérer. Pourtant, parfois, le miracle se produit. Et une nuit, pendant qu’on dormait, le grand soir est arrivé. Mais le temps des incertitudes n’est pas fini. De quel grand soir s’agit-il ? Celui de la liberté ou celui de l’extrême gauche ?

Chacun espère son grand soir et pas celui des autres. Avec l’idée largement partagée qu’il est le meilleur pour tous. Je n’en crois pas un mot. Le seul grand soir bénéfique à l’homme est celui de sa liberté. Toutes les doctrines qui veulent l’emprisonner et le guider sont mortifères. Mais elles peuvent trouver leurs fidèles, leurs fanatiques, leurs bourreaux convaincus qu’il faut tuer pour le bien commun. Les hauts fonctionnaires le pensent aussi. Ils ne voient pas comment leurs décisions pourraient ne pas nous rendre heureux. C’est à tous ces intolérants que nous sommes opposés dans un combat sans merci. Et c’est parce qu’il est sans merci que nous n’avons pas le doit de le perdre. Au nom de l’humanité, qui n’a guère plus que deux à trois millions d’années, ce qui est l’extrême jeunesse dans l’histoire de l’évolution, et qui signifie que notre espèce est encore très fragile.

Notre combat dépend maintenant d’un bon chef. La tentative des gilets jaunes, puis celle des agriculteurs, auraient pu réussir si elles avaient été bien commandées. L’adversaire est fragile. Il n’est fort que de nos maladresses. Ayons l’intelligence de nous doter d’un dirigeant intelligent et déterminé. Les troupes sont là. Elles attendent un ordre.

Claude Reichman

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4 réflexions sur « Les troupes n’attendent plus qu’un ordre !   »

  1. « Un bon chef », c’est un oxymore Claude…
    Nous savons bien que n’est « bon » que celui qui connait parfaitement ce qu’il fait ou ce dont il parle.
    Nous sommes tous mauvais en tout, quelques fois compétents, donc « bons », en une chose ou deux.
    C’est pourquoi nous n’avons pas besoin d’un chef mais d’un arbitre — lui peut être « bon » — qui privilégie les bonnes initiatives et les intervenants de bonne qualité, qui calme les prétentions des autres.
    C’est le sens de la démocratie qui n’est pas faite pour élire un roi.
    Un arbitre laisse les joueurs libres… cela va de soi.
    Troupe, chef, ordre et liberté n’est-ce pas une antithèse ?

    1. Ayant participé à de nombreux combats, cher Henri, j’ai toujours constaté que leur direction par un chef était un élément fondamental. Certes un arbitre convient à des circonstances paisibles, mais il faut un chef aux moments difficiles. Et rien n’est pire qu’un chef incapable (il y en a assez souvent, hélas). L’échec des gilets jaunes vient de l’absence de chef, celui des agriculteurs de chefs acoquinés avec l’adversaire.

      1. Certes Claude.
        Mais les Gilets jaunes ou les agriculteurs voulaient-ils promouvoir la liberté ou simplement ramener les privilèges de leur côté ?
        Il y a si souvent ambiguïté.
        On pourrait se retrouver sur le besoin d’un meneur, d’un coordinateur, d’un entraineur, dans l’action collective, mais ponctuel et éphémère, le temps de l’action, pas plus.
        La nécessité de l’action collective est rare, le plus souvent relative.
        Pour le reste, vive la liberté…. sans chef, cela va de soi.
        Amicalement Claude.

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